Guerre en Ukraine - Faits divers

Philippe Brindet - 27.10.2025

1 - Nouvelles du front

La guerre en Ukraine a deux aspects depuis longtemps :

  1. sur un front très étendu de 1500 kms, de très faibles mouvements de troupe excitent une ligne de feu établie par artillerie, drones, missiles, bombes planantes, ... sous la surveillance de puissants moyens d'observations rendans totu mouvement presque impossible ; et
  2. sur de très vastes superficies - 100% du territoire ukrainien - 30% du territoire russe; des bombardements aériens par drones et missiles détruisent les infrastuctures civiles et militaires.

Ces derniers temps, les ukrainiens tentent des contre-offensives avec des forces parfois plus importantes que celles des russes. Aucune de ces dernières offensives n'a obtenu de véritable succès tactique. Les russes poursuivent méthodiquement leurs conquêtes de villages et plus rarement de villes avec la tactique du chaudron - dit aussi piège à feu ou nasse. Poutine a annoncé hier que l'armée russe était parvenue à enfermer une armée ukrainienne de 5.000 hommes dans une nasse organisée à Kupiansk que les russes ont presque complètement conquise et une autre armée ukrainienne de 5.500 hommes dans la nasse de Pokrovsk et Myrnograd plus au sud.

Ces dernières nasses ont été refermées par la conquête de terres élevées sur trois côtés et par la fermeture du quatrième côté le plus étroit par l'intervention de petits drones FPV en nombres considérables. Selon les informations recueillies par les chercheurs indépendants qui surveillent les publications des deux camps, les russes sont parvenus à mettre en oeuvre une tactique originale selon laquellle des milliers de drones sont déposés sur une bande de terrain de fermeture de nasse de quelques kilomètres carrés. Ces drones sont tenus en alerte 24 heures sur 24 et un par un, ils sont lancés contre toute unité ukrainienne traversant la zone. Ce harcèlement incessant, joint au bombardement intensif dans la nasse, interdit toute entrée d'approvisionnement ou de renforts dans la nasse mais aussi toute évacuation de troupes ou de matériel.

La stratégie de maintien à tout prix des troupes ukrainiennes enterrées dans des villes et villages fortifiés et dans des lignes de tranchées très mal protégées coûte des pertes terribles à la partie ukrainienne.

Il est irrationnel de prévoir la fin de la guerre. Mais une hypothèse est de plus en plus possible. L'armée ukrainienne pourrait s'effondrer d'un seul coup. Ce serait un mouvement catastrophique peut être créé par un évènement d'apparence anodine, on ne sait ni quand ni comment. Or, très manifestement, les occidentaux, américains surtout, se doutent de cette circonstance. Trump essaye désespérement de bloquer l'armée russe sur un front déterminé par un cessez-le-feu, que Poutine n'a strictement aucune raison de négocier.

Dans cette confrontation entre Occident et Russie, les militaires des premiers sont des politiciens idéologisés, tandis que pour la seconde, les politiciens laissent les affaires militaires conduites par des militaires. Par de vrais militaires.

2 - Agitations occidentales

On a vu la cause des dernières agitations pccidentales. Trump essaye de contraindre Poutine à accepter un cessez-le-feu préparatoire à une négociation, on ne sait trop laquelle. Poutine veut initier une négociation directement sur les conditions qu'il a dictées et amodiées ces derniers temps. Or, les occidentaux n'en veulent à aucun prix.

D'abord parce que les néocons sont - enfin - parvenus à prendre le contrôle de Trump sur la question russe. Ils l'ont persuadés que la Russie est au bord de l'effondrement militaire, économique et financier. Il suffit de faire "un petit effort supplémentaire" et donc c'est le moment pour Poutine d'accepter un cessez-le-feu ...

C'est parfaitement faux. Mais, prononcé avec conviction devant un Trump mégalomane, cà marche assurément. Oublié le "je-fais-la-paix-avec-Poutine-en-un-jour". Oublié le "Zelinskyy-est-un-vaurien".

En réalité :

  1. Trump n'a aucun pouvoir. Il a bien le pouvoir présidentiel. Mais aux Etats-Unis, entre l'organe qui exécute et le pouvoir suprême, il y a des centaines de "pouvoirs intermédiaires", dont une partie obéit à Trump, tandis que l'autre n'en a aucune intention. D'où cette impression de vague, d'incertain, d'irrésolu ...
  2. depuis les années 90, la stratégie américaine est très simple. Elle se base sur l'appréciation un rien shématique selon laquelle l'Union soviétique était un "tigre de papier". L Russie qui lui succède est "naturellement" une colonie américaine peuplée d'hydrocéphales alcooliques ... Trump est tellement conditionné par cette stratégie qu'il a resorti la qualification de "tigre de papier" au sujet de l'armée russe de 2025. Or, cette qualification est évidente pour des centaines d'officiels civils et "militaires" aux Etats-Unis et encore plus en Europe qui sont persuadés que le plus corrompu des ukrainiens va "écraser Poutine" !

3 - Comprendre la stratégie russe.

Très clairement, la puissance de la Russie, économique et militaire, est en phase de croissance depuis 1999. La capacité de Poutine de mener une politique de très long terme est actuellement improuvée. Mais, il est l'homme "pancarte" de cette croissance étonnante. Il en récolte l'avantage incomparable de servir de "tête à claques" pour les clowns ricanant des officines de propagande qui se dissimulent sous les étiquettes de la presse. Or, ce qui apparaît chaque jour davantage, c'est que Poutine n'est pas l'autocrate, unique et tyrannique, que décrit la propagande occidentale. Il est très certainement le produit d'un mouvement de fond de la société russe, multinationale, multiethnique, multiculturelle, multireligieuse que l'Occident a été incapable de mettre en oeuvre.

Il n'y a probablement pas un Poutine, mais dix. Ou cent. Et parmi tous les "Poutine", Wladimir est certainement l'un des plus modérés.

La classe dirigeante de la Fédération de Russie a parfaitement analysée les forces et les faiblesses des parties en présence. La Russie sait ses propres faiblesses et elle sait les forces de l'Occident. Et de fait, sauf en de rares époques, elle a joué la supériorité manifeste de l'Occident, des Etats-Unis en particulier. La Syrie est certainement un échec. La Géorgie en est un autre, même si la situation est encore susceptible d'évoluer. Dans le domaine de l'industrie nécessaire à assurer un effort de guerre, la Russie a progressivement augmentée sa puissance industrielle et cette augmentation de puissance industrielle en fonction de la montée en puissance militaire qu'elle développe actuellement en Ukraine.

L'ordre de mise en exploitation du missile de croisière Burevestnik qui vient après l'usage extensif de missiles hypersoniques, puis du missile hypersonique multi-ogines Orestchnik, montre cette escalade à la fois dans la puissance industrielle et dans la puissance militaire. Selon la doctrine russe, il ne sert à rien de se précipiter sur une "proie". Il faut la traiter en relation avec divers environnements. Mais l'objectif de la Russie est finalement de mettre en échec la stratégie de destruction de la Russie mise en oeuvre par les Etats-Unis, en réalité par une faction comprenant des politiciens, des financiers et des propagandistes qui sont actuellement relativement empêchés dans la marche intéreure des Etats-Unis, mais qui se donnent libre cours en France, Allemagne ou Grande-Bretagne.

Trump est - sur le plan intérieur - contrôlé par une faction ennemie des mondialistes au pouvoir en Occident depuis trente ans, faction relativement représenté par le vice-président J.D. Vance et par le flamboyant ELon Musk, qui a pris un sérieux coup à cause du retrait de Trump du marché du véhicule électrique. Ce qui explique ses actions virulentes et très inattendues contre le progressisme woke et la mafia du deep state". Mais sur le plan extérieur, Trump est principalement contrôlé par le mondialisme des hyper-milliardaires et des néoconseervateurs, représentés par le Secrétaire d'Etat Rubio et par des hommes comme Bessent ou Witkoff qui ne peuvent en aucun cas laisser survivre la Russie et le dangereux exemple de son multilatéralisme.

Les actions de la Russie dans la conduite de la guerre en Ukraine se trouvent contraintes aussi par ces éléments géopolitiques.

Liste des Sources consultées

  1. W Poutine - Visit to the Joint Force command post du 26.10.2025
  2. Putin triggers WWIII fears as he boasts of 'Flying Chernobyl' missiles with unlimited range which could kill millions -Dailymail - 26/10/25
  3. Russia Just Launched the World’s Longest Ranged Missile: Burevestnik Can Fly Around the World Thousands of Times Before Striking - MWM - 261025
  4. Vladimir Poutine annonce la réussite d'un essai final pour le missile de croisière à propulsion nucléaire, bientôt mis en service, Le Figaro avec AFP - 26/10/25
  5. Donald Trump ne veut pas "perdre son temps" à rencontrer Poutine sans accord en vue sur l'Ukraine, Le Figaro avec AFP - 25/10/25
  6. Western Analysts Continue to Push Delusions About Russia Larry Johnson - 24/10/25
  7. There Will Be No Ukraine Peace Deal: Putin Should Quickly Win the Conflict Before It Leaves His Control. Otherwise, a Big War Is in the Making- Paul Craig Roberts - 241025
  8. Troubled British Destroyer Returning to Service After Over Eight Years Under Repair, MWM - 241025
  9. On Russian assets, Europe fights with one hand tied behind its back, Financial Times - Martin Sandbu - October 19 2025
  10. Five Reasons Why Trump Is Once Again Escalating Against Russia, Andrew Korybko - 23/10/25
  11. NOW THE NEW PHASE OF THE ELECTRIC WAR, John Helmer - 24/10/25
  12. Trump Now 'Fully On Warpath With Russia' With Oil Sanctions, Medvedev Says, Tyler Durden - 23/10/25

Revue C-Politix (c) 27 Octobre 2025