Guerre en Ukraine - Quelques observations1 - Nouvelles du frontIl semble que les contre-attaques ukrainiennes soient déjà éteintes. Il faut attendre pour évaluer la situation. L'armée russe vient d'effectuer la suppression de la poche ukrainienne dans la forêt de Dibrova à l'E de Lyman et au N de Sieversk. La forêt est maintenant à 90% sous le contrôle des russes. 2 - Agitations occidentalesLa situation géopolitique peut se dépeindre de la façon suivante. La Russie a épuisé les capacités militaro-industrielles de l'Occident et les capacités humaines de l'Ukraine de Zelinskyy. Le conflit peut durer quelque temps encore. Mais il devra migrer dans une guerre terroriste de sabotages et de coups de mains sur le territoire russe, parce que les occidentaux n'ont plus de moyens pour soutenir une guerre militaire. L'Amérique "great again" de Trump va tenter de masquer une possible défaite en accordant à l'Ukraine une "protection" similaire à celle de l'Article 5 du traité OTAN sans faire entrer l'Ukraine dans l'Otan. On va laisser Poutine occuper ce qu'il occupe déjà et tenter de "geler" de reste. Cela ne sera possible que si l'armée ukrainienne conserve une apparence de puissance. Et c'est tout le problème de Zelinskyy. Il veut rester en guerre militaire aussi longtemps que possible pour permettre aux européens Starmer, Merz et Macron de lui fournir les matériels et peut être les hommes dont il a besoin pour soutenir son armée. Or, ces trois individus n'ont absolument aucun moyen de fournir ce que Zelinskyy attend d'eux. Le trio infernal d'Européens imagine en réalité que Trump n'est pas aussi mauvais pour laisser Zelinskyy sans les ressources dont il a besoin. Les occidentaux font ainsi une erreur circulaire. Zelinskyy croit que les européistes vont l'assister tandis que les européistes imaginent que Trump finalement va assurer le "job" tandis que Trump se frotte les yeux de surprise en se demandant quand les européistes vont-ils se réveiller. En fait, les russes ont choisi une guerre longue parce qu'ils savaient que les moyens des occidentaux ne leur permettraient pas de la soutenir, alors qu'une guerre rapide pouvait être à la portée des occidentaux. Ils l'auraient certainement perdue, mais il fallait que ce soit les russes qui la fassent. Ces derniers ne sont pas tombés dans le piège. Ils font une guerre longue. Commencée en 2014 en Crimée, puis dans le Donbass, elle s'étend en 2022 à l'Ukraine entière pour la contraindre à la négociation. La stratégie des russes allait réussir quand les meneurs de l'effondrement de l'Occident, Johnson puis Sunak, mais aussi Scholtz, Macron, ...ont fait capoter la négociation d'Istanbul. La Russie a alors repris une guerre lente en appliquant 8 à 10 fois plus de moyens militaro-industriels que les occidentaux. Aujourd'hui les arsenaux occidentaux sont vides et la Russie a mobilisé le complexe nord-coréen - probablement l'arbre qui cache la forêt chinoise - et le complexe iranien. Inéluctablement, la guerre d'Ukraine se dirige vers la destruction de l'armée ukrainienne et du potentiel militaro-industriel occidental. Quand l'armée ukrainienne s'effondrera - simple hypothèse aujourd'hui - les soldats russes envahiront toute la région allant du Donbass au Dnieper et la zone sud d'Odessa pour y gagner une connexion directe et terrestre avec la Transnistrie et la Gagouazie, territoires russes autonomes de Moldavie, aujourd'hui très menacées par l'oppression. Il semble cependant que les Russes désignent ces régions comme celles devant appliquer un statut de neutralité au sujet duquel je n'ai pas d'informations. C'est peut être ce que comprend Trump et il en est alarmé. Les autres occidentaux semblent vivre dans une fiction charmante dans laquelle ils se sont "persuadés" que Poutine terminera sa carrière au bout d'une corde dans une arrière cour du Tribunal Pénal International de La Haye ... Or, ce que Trump voit, c'est que, s'il ne parvient pas à arrêter Zelinskyy et le trio infernal des "volontaires", le plan terrifiant de Poutine va se réaliser. Trump a tenté à Anchorage de bloquer Zelinskyy et le trio européiste en convainquant Poutine de faire la paix tout de suite. De toute façon, avant qu'il ne sorte du Donbass vers l'Ouest ... Mais, Trump n'a pas réussi à proposer à Poutine un avantage quelconque pour le décider à arrêter maintenant la guerre. Le "grand négociateur commercial" n'est pas parvenu à convaincre le petit kgbiste à la retraite ... Peut être Poutine lui a proposé d'échanger le Donbass contre ... l'Alaska ! D'ailleurs Trump a confié aux journalistes le soir de l'entrevue d'Anchorage qu'il rentrait aux Etats-Unis ... Je voudrais insister sur un autre chapitre de la géopolitique américaine : celui des "tarifs douaniers". Ces tarifs douaniers sont un outil d'une importance capitale pour plusieurs aspects. Le premier aspect est que les tarifs douaniers décident de la faillite de la globalisation amorcée par Nixon et Kissinger. Cette globalisation se base essentiellement sur la suppression des barrières douanières. Cette suppression a été l'arme de destruction massive de l'agriculture et de l'industrie françaises. Même chose pour les Etats occidentaux, l'Allemagne étant en train de perdre avec vingt ans de retard les mêmes secteurs économiques. Le deuxième aspect est que les tarifs douaniers font rentrer un argent "réel" - pas un argent "dette" - dans les caisses de l'Etat fédéral américain qui va pouvoir en vingt ans annuler sa dette abyssale. Sous ce deuxième aspect, les tarifs douaniers sont l'arrêt de mort du capitalisme mondialisé, échappant à la Loi des Etats dans lesquels ce capitalisme exploite l'économie. C'est la mort de Apple, de Tesla, de Pfizer, de ... Par contre-coup, c'est la mort des hyper-milliardaires qui, devant relocaliser leurs actifs dans des Etats ayant des lois très contraignantes, vont devoir payer leurs impôts - principalement aux Etats-Unis. Mais, il se présente un troisième aspect. Les tarifs douaniers obligent les Etats-Unis à se réindustrialiser. C'est-à-dire qu'ils vont être en mesure de reconstruire - peut être - un complexe militaro-industriel susceptible de soutenir un effort de guerre contre ... la Chine. Actuellement, l'industrie manufacturière américaine représente 6% du PIB américain. Autant dire, rien. La France, c'est 9%. Et l'industrie militaire produit essentiellement des prototypes pour salons d'exposition - genre F-35, mais il n'est pas le seul cas - incapables de tenir une production de masse et une opérabilité en conditions de guerre. Trump a du travail avant que Boeing ou Lookheed puissent produire des matériels acceptables dans une confrontation avec la Chine. Mais Trump sera aidé par un effet secondaire des tarifs douaniers. Reconstruisant une industrie américaine d'un côté, les tarifs douaniers épuisent de l'autre côté les industriels chinois, obligés de les payer et réduisent leur part de marché au profit des industriels américains. De ce fait, la Chine est industriellement et secondairement, militairement, amoindrie devant la montée de la puissance militaro-industrielle américaine. Et c'est là où se situe le grand danger. Jeffrey Sachs aime dire que les américains sont des joueurs de poker sous 1 minute, les russes, des joueurs d'échecs sous 1 heure et les chinois, des joueurs de go sous 1 jour. Autrement dit, la Chine n'a pas besoin de mon analyse géopolitique pour prendre des mesures convenables à une telle situation, pour autant qu'elle soit apparue. Ce qui signifie que les Chinois disposent d'une brève fenêtre - de trois ou quatre ans peut être - pour attaquer les Etats-Unis. Passée une certaine date, les chinois seront devant des Etats-Unis plus puissants qu'eux. On comprend - pour autant que cette analyse soit bonne - que Trump n'a que faire de la Russie en Ukraine. C'est, pour lui et les stratèges américains au pouvoir depuis cinquante ans et plus, un simple conflit régional dans lequel il ne souhaite pas gaspiller ses ressources. Mais, dans cette aventure, la Russie joue objectivement le jeu de la Chine et probablement de l'Inde contre les Occidentaux. On conçoit ainsi que toute agressivité des USA à l'égard de la Chine mobiliserait l'alliance Russie - Inde - Uran et bien d'autres contre les Occidentaux. Le conflit ukrainien serait ainsi une étape dans la conflagration à venir. |