L'Union européenne en est certaine. La Russie est vaincue. Sans discussion
Philippe Brindet - 25/11/2025
Le plan de paix en 28 points de Trump a été rejeté par l'Union Européenne et à la suite, par Zelinskyy qui a déjà été lâché par les américains. Les européistes ne sont pas partie à la négociation entre les USA et la Russie mais ils se sont imposés à toute négociation entre Zelinskyy et la Russie. La Russie qui ne veut pas négocier avec Zelinskyy puisqu'il n'est plus le chef légal de l'Etat ukrainien. Un "détail" qui horripile les occidentaux qui n'en sont plus à un près. Mais qui, pour les russes, est incontournable.
Le plan en 28 points a été rédigé par les américains, par Steve Witkoff suite à des discussions de ce dernier avec les ukrainiens et les russes - probablement Kirill Dimitriev. Et de fait, le Kremlin a fait part de son accord sur le plan qui ne lui a pas été directement souis, mais qu'il connaît probablement par Dimitriev. Et Poutine a immédiatement encouragé Trump dans la voie de son plan, tout en affirmant que ce plan était condamné parce qu'il ne pourrait jamais avoir la quittance des ukrainiens. Poutine déclare lui-même :
| However, we can see that there is a certain pause from the American side following the talks in Alaska, and we understand that this is connected with Ukraine's de facto rejection of the peace plan proposed by President Trump. I believe this is precisely why a new version has emerged, essentially an updated plan consisting of 28 points. |
Nous constatons toutefois une certaine hésitation du côté américain suite aux pourparlers en Alaska, et nous comprenons qu'elle soit liée au rejet de facto par l'Ukraine du plan de paix proposé par le président Trump. Je pense que c'est précisément la raison pour laquelle une nouvelle version a émergé, un plan actualisé en 28 points. |
| We have received this text through the existing communication channels with the US administration. I believe it could also serve as a foundation for a final peace settlement. However, it is not being discussed in detail with us. And I can guess why. |
Nous avons reçu ce texte par les voies de communication habituelles avec l'administration américaine. Je crois qu'il pourrait également servir de base à un accord de paix définitif. Cependant, il n'est pas discuté en détail avec nous. Et je peux imaginer pourquoi. |
En fait, les américains ont eux-mêmes rédigés le plan sans consulter les ukrainiens, et encore moins les européistes. Ils mènent cette consultation maintenant sans les russes bien entendu. De ce fait, tout ce qui semble "pro-russe" est supprimée dans la consultation avec les ukrainiens et avec les européistes.
Le plan sorti de la négociation de Genève avec les ukrainiens comporterait seulement 19 points - soit 9 de moins que le plan initial. Je n'ai pas trouvé de texte revendiquant son contenu. Mais, selon diverses sources comme le Financial Times, tout ce qui réduirait la souveraineté de l'Ukraine serait purement et simplement supprimé et l'accession de l'Ukraine à l'OTAN serait à nouveau envisagée. De plus, des détails comme la taille de l'armée ukrainienne sont remis dans le sens à la fois des ukrainiens et des européistes. Ainsi, le solde de l'armée ukrainienne envisagé à 600.000 hommes - soit trois fois l'effectif au jour de l'invasion russe - serait porté à quatre fois, soit 800.000 hommes. Or, l'une des exigences de la Russie est la démilitarisation de l'Ukraine ...
Tout celà constitue des bravades destinées à faire échouer la tentative de Trump d'échapper au conflit avec la Russie en Ukraine. Elles ne reflètent pas la réalité du terrain qui semble évidente aux russes - et largement aux américains - mais qui est niée par les "européistes" et - par conséquent - à Zelinskyy qui ne peut pas sembler moins ukrainien qu'un Macron ou qu'un Starmer ! Il a va de sa vie s'il retourne à Kiev.
Je voudrais faire plusieurs observations sur la situation.
La stratégie russe de l'Opération Militaire Spéciale échoue à cause de l'Union européenne
Cette thèse est celle de l'américain Paul Craig Roberts qui écrit en juin 2025 :
| I am pleased to see Gilbert Doctorow's concurrence with my longstanding position that the greatest threat to peace is Putin's reluctance to bring the conflict in Ukraine to a quick decisive end. Putin's ongoing war is a direct road to wider war. |
Je me réjouis de constater que Gilbert Doctorow partage ma position de longue date selon laquelle la plus grande menace pour la paix réside dans la réticence de Poutine à mettre un terme rapide et décisif au conflit ukrainien. La guerre que mène Poutine conduit inévitablement à un conflit plus vaste. |
| In his ever-widening war Putin has done nothing to prevent the Kiev government from continuing the war. I have suggested that Putin hoped to use peace negotiations to achieve a wider understanding with the West. Others have attributed Putin's inaction to his concern that if Russia acts decisively, the result will be to unite the West to more hostile action. Still others attribute the never-ending conflict to Russian weakness. Whatever the cause, the longer the war continues the more it spins out of control. Although dismissed by Putin, the attack on Russia's triad is a very serious matter. |
Dans cette guerre qui ne cesse de s'étendre, Poutine n'a rien fait pour empêcher le gouvernement de Kiev de poursuivre les hostilités. J'ai suggéré que Poutine espérait utiliser les négociations de paix pour parvenir à une meilleure entente avec l'Occident. D'autres attribuent son inaction à sa crainte qu'une action décisive de la Russie n'entraîne une ralliement de l'Occident à une action encore plus hostile. D'autres encore imputent ce conflit interminable à la faiblesse russe. Quelle qu'en soit la cause, plus la guerre s'éternise, plus elle devient incontrôlable. Bien que minimisée par Poutine, l'attaque contre la triade russe est une affaire très grave. |
Source : Is Putin's Soft Touch Bringing War in its Train?, Paul Craig Roberts - 10/06/2025
La stratégie russe consiste en fait à "user" ses adversaires directs - l'Ukraine - et indirects - l'OTAN, l'UE et les USA. Devant la liste des dégâts, Poutine et ses stratèges étaient assurés d'obtenir une négociation de paix en position favorable. Trump a plus ou moins admis cette position. Mais Zelinskyy se moque éperdument des destructions opérées par les russes dans son pays et dans son peuple. Et les politiciens européistes ou otaniens s'en moquent encore plus. Même le coût de la "guerre" ne les effaye pas : ils ont l'habitude de faire de la dette. Beaucoup plus ne les dérange pas !
Ainsi, des commentateurs comme Roberts, mais aussi Doctorow ou Helmer, craignent que la stratégie de l'OMS russe ne pourrisse la situation jusqu'à un élargissement mondial du conflit.
En pratique, Poutine n'a pas compris cette indifférence des européistes - Johnson, Starmer, Scholtz, Merz, Hollande ou Macron - devant les dégâts provoqués par l'OMS. Trump se rend compte du problème parce qu'il est un commerçant. Mais il est soumis à la pression monstrueuse des néocons qui règnent d'ailleurs à l'OTAN et à l'UE. Du coup, il fait un pas dans le sens de la raison - "comerciale" pour ce qui le concerne - et un pas dans le sens de la guerre contre la Russie, la Chine et l'Iran, ou toute entité qui remet en cause l'hégémonie de les USA.
Pour que les Russes aient une chance de l'emporter, ils doivent accroître les inconvénients de la guerre pour les européistes. Or, Poutine veut reprendre un commerce avantageux avec l'Occident, une fois réglée selon sa doctrine l'avance de l'OTAN vers la Russie. Il ne peut donc pas accroître la pression sur les occidentaux.
E de fait, nous marchons lentement vers la guerre mondiale. Sans arrêt.
Pourquoi l'Union européenne veut-elle la guerre avec la Russie ?
Il y a de nombreuses causes :
- l'Europe n'a pas la première ressource militaire pour mener la guerre à la Russie :
c'est la meilleure situation pour initier une guerre qui sera perdue militairement. Mais, l'intérêt de cette guerre perdue est, en attendant la défaite, de faire régner une discipline de fer sur une population destinée à faire cette guerre pour l'empêcher d'avoir un intérêt politique qui détruitrait le regime des politiciens iniitiant la guerre ;
- l'idéologie des politiciens européistes est viséralement ennemie du régime russe :
cette idéologie est identique à celle des démocrates américains, écartés du pouvoir par Trump - et par erreur ... - et elle est clairement identifiée sous le vocable de "progressisme woke", cette extension du vieux progressisme du XX° siècle par les folies psychratiques du XXI°;
- les politiciens ont besoin de la guerre avec la Russie pour renforcer leur tyrannie sur leurs populations et annuler la dette insoutenable qui les maintient au pouvoir. Ils savent qu'ils vont perdre, mais un certain nombre parviendra à se fondre dans le chaos et à réapparaître ensuite comme "sauveurs" ou autrement.
La haine de la classe politique européenne à l'égard de la Russie conduit inévitablement à la guerre directe. Macron est de plus en plus net à ce sujet et celà d'autant plus que la France n'a aucun moyen pour mener lammoindre guerre, tout au plus quelques opérations de "police de maintien de la paix". Elle n'a ni l'argent, mi l'industrie pour soutenir le moindre effort de guerre. Son armée actuelle est - sauf quelques régiments spéciaux représentant certainement moins de 10.000 hommes - uniquement destinée à de la représentation. Elle ne dispose plus de réserve d'armes et de munitions dont le peu qu'elle avait a déjà été donné aux Ukrainiens qui n'en ont pas été "épatés".
Paradoxalement, ainsi que je l'ai déjà affirmé, c'est cette impuissance militaire qui rend la guerre inéluctable et cette impuissance est exactement la même en Allemagne et au Royaume-Uni, don tle régime politique est exactement celui de l'Union Européenne et des autres Etats membres.
Il y a une autre raison bien connue en science politique. Dans un régime tyrannique - ce qui est le cas de l'Union Européenne - le tyran ne se maintient que par la force et pour entretenir cette force, il a besoin de ressources. La guerre lui donne le moyen de capturer les dernières ressources de la population tyrannisée à son profit. Ainsi, Avant le mois de mai 2027, si Macron déclare la guerre à la Russie, par exemple pour occuper Odessa ou Kiev, il peut alors déclarer l'état d'urgence, annuller les prochaines élections présidentielles, concentrer tous les pouvoirs entre ses mains et rester en place indéfiniment. Les français et les populations sur son territoire seront contraints de lui donner toutes les ressources dont il a besoin pour conserver sa tyrannie.
La situation est exactement la même au Royaume-Uni et en Allemagne où la faillite des Etats est au moins aussi grande qu'en France, et la tyrannie aussi bien installée, fédérée à Bruxelles entre les mains de Von Der Leyen.
Que serait une guerre entre la France et la Russie ?
Une guerre atomique est hautement impronable et il y a peu de chances qu'on puisse vérifier si la prophétie est fausse. La première raison ne serait pas la raison de Macron. Il serait risqué de parier à ce sujet. La Russie n'a aucun avantage à raser Paris ou le plateau du Larzac (il n'y a plus que des chèvres âgées ...). Par contre, la chute malencontreuse d'un missile hypersonique sur un bâtiment français peut toujours intervenir.
Non la guerre de la France à la Russie consistera à engager 5 ou 6.000 hommes de la Légion Etrangère, renforcée de quelques sociétés de mercenaires que Macron est en train de former en catastophe, sur la ville de Kiev ou encore celle d'Odessa. Dans ce cas, la Russie ne déclarera même pas la guerre à la France qui fera à ce propos ce qu'elle voudra. Seulement, quelques drones et missiles russes pourront de temps à autre s'écraser "malencontreusement" sur un casernement ou sur un navire. Cela permettra à Macron de faire une belle cérémonie aux Invalides et de ponctionner quelques milliards supplémentaires sur les français, "enthousiastes à soutenir l'effort de guerre de notre Président". Et on restera là, et Macron aussi.
Changez "France" par "Allemagne", Macron par Merz, et ce sera pareil.
Ah ! Un détail. Il ne sera pas avisé de publier des lignes de texte de ce genre ... Si ce n'est déjà imprudent.
Quelle stratégie pour Trump dans le cas de l'échec de son plan de paix ?
En réalité, le plan en 28 points était calculé par les américains pour montrer à Poutine quel devait être son souci du compromis. Par exemple accepter que la moitié des avoirs russes capturés par les Européens soit investi au bénéfice des américains dans la reconstruction de l'Ukraine.
Mais, Trump n'avait pas consulté les Ukrainiens sur son plan. Il fallait qu'il le fasse maintenant. Il comptait sur deux circonstances : la très grosse affaire de corruption qui frappe son régime et l'effondrement inexorable de l'armée ukrainienne. Et Zelinskyy a tremblé, c'est vrai. Il a failli accepter. Mais, Macron, Starmer et Merz se sont rués sur lui pour lui promettre l'engagement de leurs pays en remplacement des Etats-Unis. Et il semble que Zelinskyy les ait cru. D'autant que la corruption par les Européens en Ukraine s'est d'un seul coup accrue pour prendre la place des corrupteurs américains. Et du coup, redonner de l'appétit aux caciques du régime de Zelinskyy.
C'est ainsi que le "patron" du Parlement ukrainien vient d'indiquer que son pays ferait la guerre jusqu'à reprendre la Crimée ...
Quelle sera la réaction de Trump ?
Il peut utiliser plusieurs voies :
- Retirer le dernier soutien de l'Amérique à Zelinskyy : essentiellement le renseignement ;
- Doubler les droits de douanes sur les Etats européens, couper l'alimentation en gaz liquéfié, geler les armes Otan par "kill switch" ou par arrêt de la maintenance ;
Ces deux mesures seraient destinées à contraindre Zelinskyy et Macron à accepter le pan en 28 points et c'est possible surtout si les russes acceptent l'essentiel du plan en 28 points.
- Faire une paix séparée avec la Russie sur le dos de l'Ukraine et de l'UE : cette "paix" séparée permettrait de restaurer le commerce entre les USA et la Russie et laisserait les coudées franches à la Russie pour éiminer le problème ukrainien. Probablement avec la prise de Odessa et la capture de l'Ukraine sur toute la rive droite du Dniepr.
- Les Etats-Unis se retirent totalement du conflit et laisse les coudées franches aux Européens contre la Russie. Trump se concentre alors sur le marché intérieur américain, le Venezuela et le Groenland .... avec en ligne de mire, la Chine ....
Sources :
- Trump has called Europe's bluff, Wolfgang Munchau pour Unherd - 24/11/2025
- Boris Johnson Urges Ukraine To Continue War, Martin Armstrong sur ArmstrongEconomics.com - 25/11/25
- Europe's Counter-Plan For Ukraine Peace Leaves Door Wide Open For NATO Admission, Tyler Durden sur Zero Hedge - 24/11/25
- EU And Whose Army?, Benjamin Picton, senior market strategist at Rabobank sur Zero Hedge - 24/11/25
- In Ukraine, a Bad Peace Won't End the War"”It Will Prolong It, Kaush Arha dans National Interest - 24/11/2025
- Trump Administration is Letting Europe Kill Its Proposed Russia/Ukrainian Peace Plan
Larry Johnson sur Sonar21.com - 24/11/2025
- US and Ukraine draft new 19-point peace plan but defer biggest decisions, The Financial Times - 24/11/2025
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Steve_Witkoff
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Kirill_Dmitriev
- Meeting with permanent members of the Security Council,, Wladimir Poutine sur le site de la Présidence russe - 21/11/2025
- The Current State Of The 28-Point Plan, Moon Of Alabhama - 24/11/2025
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