La Commission de Bruxelles et autres clubs européistes

Philippe Brindet - 15.09.2025

Le politologue Nicolas Baverez a publié une Tribune dimanche, dans laquelle on ressent une certaine exaspération. Le titre de la Tribune est « Les États doivent reprendre le contrôle de l’Union européenne ». Mais sa conclusion est légèrement différente : "la seule solution consiste à replacer l’Union et la Commission sous le contrôle des grands États européens"

Les grands Etats ? La France ? L'Allemagne ? L'Italie ? Ne rions pas ! C'est tragique.

Ne serait-ce pas plutôt les Etats-Unis d'Amérique ? Ne pleurons plus ! C'est trop tard.

Nicolas Baverez fonde son analyse sur le récent discours de Ursula Von Der Leyen devant le Parlement Européen, dont personne n'a vraiment parlé en France, dont la plupart des gens ignorent jusqu'à l'existence. Je pense qu'il y a moins de 1 français sur dix qui sait qui est UVDL, la caricature de ... au fait de quoi ? On ne sait même pas !

Or, l'Union européenne s'est placée - même avant le "règne" de UVDL - dans une situation politique, économique et sociale intenable. Le seul avantage de UVDL c'est qu'elle a franchi une étape considérable : le régime de l'Union européenne est devenu une tyrannie qui fonctionne dans l'indifférence des européens eux-mêmes. Cette tyrannie fonctionne et se développe à l'abri de cette paresseuse indifférence, à peine troublée par les exactions de l'immigration parfaitement contrôlée par cette même Union européenne.

Pour l'instant, le quart des populaces qui encombrent la surface de la vieille Europe, vit encore confortablement. Une moitié fait semblant de vivre dans le "meilleur des mondes" et un dernier quart s'est effondré dans une misère de plus en plus complète.

C'est le premier quart qui vote Macron, Merz ou Meloni. Mais aussi pour Starmer qui n'est "plus" dans l'Union Européenne. Il y est même "plus" ... La plupart des politiciens sont appuyés par moins du quart de la population des Etats qu'ils contrôlent dans une entente mafieuse avec UVDL qui, c'est une justice à lui rendre, n'a été élue par personne. Le contraire ne changerait rien à l'affaire d'ailleurs.

Comment un régime qui se targue d'être démocratique peut il parvenir à se maintenir avec un soutien de moins du quart de la population ?

C'est le coeur du problème européen. C'est le coeur du problème américain. C'est le coeur du problème occidental. Ailleurs, je ne sais pas et c'est beaucoup moins mon affaire.

Quel est ce coeur de problème politique de l'Occident ?

Je consens qu'il est complexe et que celui qui cherche une cause unique, un responsable unique, ne comprendra rien de l'affaire occidentale.

Bien entendu, la responsable de la catastrophe européenne n'est pas UVDL ! Elle n'en est, à la rigueur - qu'une illustration que nous relaye Nicolas Baverez : "l’ego démesuré d’Ursula von der Leyen"

Pour parvenir à une réponse moins critique que les autres, on peut penser à deux impératifs :

  • Tout d'abord, ne pas utiliser les deux voies qui sont certainement incapables d'apporter une solution : la voie révolutionnaire et la voie réformiste. Ici, nous sommes trop avancés dans la catastrophe pour espérer corriger, réformer, ... Mais nous sommes devant un monstre tellement important qu'il est difficile de le renverser ou de chercher à le renverser.
  • Ensuite, ne pas croire ni en des solutions miraculeuses et encore moins en un "homme providentiel", l'une et l'autre voies conduiront à un chaos renforcé.

Ceci assuré, je dirais qu'il faut examiner complètement l'état politique, économique et social des nations et de l'Europe et des USA. C'est un peu long et je ne m'y livrerai pas ici. Sauf pour affirmer que nous sommes dans un état de ruine absolu, sans égal, même lors des deux guerres "mondiales" du XX° siècle. Et nous ne le savons pas.

La tyrannie ooccidentale provient d'au moins deux causes. D'autres s'y ajoutent. Mais celles-ci sont essentielles.

Le régime politique original de l'Occident est la République, c'est-à-dire un régime politique fondé sur le bien public tel qu'il est défini, non pas l'arbitraire, mais par la Loi et par rien d'autre. Et de fait la République c'est essentiellement la formation de la Loi, la décision de justice fondée sur la Loi et l'exécution de la Loi. La triade républicaine du Législateur, du Juge et de l'exécutif.

Or, la volonté de l'Occident a été de mêler à l'institution républicaine l'intervention de la démocratie essentiellement pour la désignation des autorités qui dirigent la République. Cet ajout se constate par exemple dans la rédaction de la Constitution de la Cinquième République française. C'était une porte entrouverte à la tyrannie si on ne la contrôlait pas avec rigueur..

Peu à peu, les autorités élues de la République - que ce soit en France ou dan sle reste de l'Occident - se sont entendues avec des intérêts privés que ce soit du secteur financier ou du secteur des médias pour détruire la République et la démocratie. Voilà deux causes essentielles de la chute de l'Occident.

Quelle démocratie existe quand en France, nous ne pouvons choisir qu'un candidat à l'élection présidentielle, l'autre étant vilipendé et banni. Et cette situation survient au moins depuis l'élection de Jacques Chirac en 1995, il y a trente ans. Depuis, Sarkozy, Hollande ou Macron nous ont été imposés par la Caste des intérêts idéologiques, financiers et médiatique.

La même situation se reproduit dans toutes les nations occidentales, y compris aux USA ou en Europe. Et elle ne se limite pas aux chefs d'Etat, mais s'étend aujourd'hui à toute l'étendue des autorités républicaines. La démocratie est morte, largement de manière volontaire. Par la volonté d'une Caste agglomérant des politiciens professionnels n'ayant rien de commun avec le peuple, des financiers aux ambitions démesurées et des médiacrates aux ordres des politiciens et des financiers alliés.

Comme la démocratie a été éliminée par les intérêts privés, la République comme expression du Bien public est morte.

Il n'y a pas grand chose à ajouter. Et la reprise de contrôle de la Commission de Bruxelles par des Républiques ruinées ne changerait rien à l'affaire. Cependant, que Nicolas Baverez et de nombreux politologues la réclament montre que, confusément, ils comprennent que la République et la Démocratie sont mortes. Au moins au niveau européen.


Revue C-Politix (c) 15 Septembre 2025