La France de Macron, vers une militarisation forcée

Philippe Brindet - 20/11/2025

Macron a nommé il y a quelques semaines le général Mandon, chef d'état-major général des armées. Il était précédemment chef de l'état-major militaire personnel de Macron. Et avant, simple colonel. Il est à la tête d'une armée avec très peu d'hommes et avec encore moins de matériel. Avec une arme nucléaire dont on ignore l'efficacité.

Le général Mandon a reçu l'ordre de rencontrer les Maires de France lors de leur Congrès annuel qui se déroulait il y a deux jours. Le discours du Général Mandon doit être l'exécution d'un ordre explicite du Président de la République, puis celui-ci est le chef des Armées.

Le discours de Mandon ou de Macron peu importe a été publié. Il comporte l'énumération de menaces :

  • la Chine ;
  • le désengagement des américains ;
  • la Russie "à partir de 2030" ;
  • le terrorisme en Afrique.

Les politistes se sont posés plusieurs questions sur cette intervention du chef d'état-major. La première question est celle de la Russie. Comment Mandon - et donc Macron - peuvent ils envisager un conflit avec la Russie alors que le Parlement n'a - à la connaissance générale - jamais été consulté à ce sujet. Or, seul le Parlement a le pouvoir constitutionnel de déclarer la guerre

Certains répondent alors que ce n'est pas la question. La France fait partie de l'OTAN et l'article 5 impose à l'Etat membre France de se porter au secours d'un autre Etat membre attaqué par la Russie. C'est le problème posé par l'élargissement de l'OTAN et sa marche vers l'Est. Il est clair que depuis les années 90, nous nous approchons d'une guerre directe avec la Russie. Depuis que les américains tentent de changer le régime en Russie, le risque de guerre avec la Russie s'accroît d'autant. Traité Otan ou non, la guerre avec la Russie devra être déclarée par un vote du Parlement.

D'autres commentateurs estiment que la déclaration de Mandon concerne une mise en condition du pays sous un régime dominé par les affaires militaires. Mandon déclare :

Moi, j'ai besoin de vous aussi parce que, aujourd'hui, mais encore plus potentiellement demain, si on est en situation de crise, vous êtes la base arrière des armées et nos soldats se battront l'esprit libre s'ils savent que la base arrière tient.

Peu avant, il a indiqué :

j'ai besoin que vous puissiez partager cette vision. Elle va susciter des inquiétudes et des questions. Vous avez des correspondants défense. Je pense qu'on est dans un moment où les correspondants défense ont un rôle majeur. Il y a des périodes de paix dans lesquelles cette fonction-là a pu être une des dernières priorités dans vos mandats ou dans vos choix. Aujourd'hui, la défense a un rôle clé dans le débat.

Mandon déclare ainsi :

Vous avez des délégués militaires départementaux qui sont également à votre disposition, dans chaque département, pour faire le lien entre vos préoccupations et, j'en ai bien conscience, un monde de la défense qui est complexe, qui a son langage pas forcément facile à comprendre. Vous avez des commandants de régiment, des commandants de base, des commandants de base navale, qui sont également là pour être à votre disposition et faciliter ce travail de pédagogie vers nos concitoyens. C'est la mission que je leur confie et il ne faut pas hésiter à les solliciter.

Selon le discours de Mandon, le quadrillage de la France implique la force armée dans une mesure qui n'a rien à voir avec les institutions républicaines déterminées par la Constitution.

On ne peut pas admettre une telle politique ni ses présupposés, ni ses conséquences.






Revue C-Politix (c) 20 Novembre 2025