Observations concernant le chasseur US F-35

Philippe Brindet - 04.09.2025

Le chasseur US F-35 est devenu le chasseur standard de l'US Air Force et de l'US Marine. Les américains tentent de l'imposer en standard dans l'OTAN et partout parmi leurs "alliés". Mais de ce point de vue, le F-35 présente deux sérieux inconvénients :

  1. c'est un avion très couteux à l'achat : on parle de 185 millions de dollars et cette somme dissimule beaucoup d'autres problèmes comme ceux des équipements informatiques au sol permettant de soutenir l'avion ;
  2. C'est un avion très coûteux à l'entretien : les sommes sont exhorbitantes pour chaque heure de vol effectuée.

Mais ce qui vaut pour la "santé" vaut pour l'aviation de chasse ...

Pour le moment, la France n'est pas concernée par le F-35 parce qu'elle a encore le Rafale de Dassault et elle peut résister encore au représentant de commerce de Lookheed, le constructeur du F-35. Au fait, ce représentant de commerce, c'est Donald Trump dont l'argumentaire est très simple : "Tu m'achètes 128 F-35 au prix fort, sinon je te met 100% de droits de douane ..." C'est primaire mais, dit avec conviction, çà peut marcher ...

En fait, les deux inconvénients précités - qui devraient suffir pour qu'un pays souverain écarte la proposition du F-35 -ne sont rien en comparaison des défauts techniques du raffiot. Monomoteur, il manque de puissance et de fait il a un modeste plafond d'altitude et il ne vole pas très vite.

Mais, trente ans après le début de son étude, le F-35 - qui n'est donc pas de première jeunesse - présente encore plusieurs centaines de défauts techniques. Il y a trois ans, un rapport du Congrès américain, notait la présence de plus de 850 défauts.

Au cours de l'été, les vassaux de Donald Trump se sont aperçus que le F-35 ne pouvait pas voler sans la présence d'un officier américain pour valider le vol. Et pire encore, toutes les données de vol et les données liées au système d'armes sont immédiatement transmises aux Etats-Unis. Une simple rupture du canal de liaison satellite suffit à mettre l'avion au tapis...

Deux événements récents rappellent le F-35 au "bon" souvenir des alliés des USA :

  1. la fronde d'une partie croissante de l'opinion et des parlementaires suisses contre l'adoption actée du F-35 dans l'armée suisse ;
  2. la publication d'un rapport d'enquête du Congrès américain concernant l'accident subi par un F-35 qui s'est écrasé au sol.

Le futur difficile du F-35 en Suisse

La situation en Suisse au sujet de l'achat des F-35 est difficile. Certains veulent renoncer à l'achat d'autres veulent en rester au petit nombre de chasseurs déjà commencé, d'autres craignent des rétorsions commerciales des ETats-Unis. Mais, il semble qu'un certain consensus est conduit par la volonté des Etats-Unis de Trump de laisser les européens, dont les Suisses, se débrouiller dans la guerre contre la Russie. Dans cette optique, beaucoup imaginent qu'un armement avec un chasseur européen serait beaucoup plus cohérent.

Cependant, Trump a imaginé laisser la conduite de la guerre contre la Russie aux Européens sous la condition que ce soit en achetant du matériel américain. La géopolitique est maintenant réservée aux marchands de tapis ...

Le F-35 qui gèle vole comme un fer à repasser ...

Le rapport d'enquête du Sénat US sur l'accident du F-35 sur un aéroport militaire révèle plusieurs défauts du F-35 qui n'étaient pas encore apparus. Dans ce rapport, il semble que le F-35 est un avion terriblement fragile qui doit être stocké - lorsqu'il n'est pas en vol - dans un local protégé et thermostaté à 21°C ! Le F-35 qui s'est écrasé a été contraint d'attendre un long moment sous des températures inférieures à -10°C. Lorsqu'il a enfin décollé, le pilote s'est aperçu - des capteurs le lui ont signals - que les jambes de son train d'atterrissage avaient gelées. Il a alors demandé l'autorisation de faire un atterrissage avec toucher de sol pour "décoincer" le train d'atterrisage et un envol immédiat pour vérifier si le train avait repris une configuration normale.

Le F-35 s'est élevé rapidement lorsque, soudainement, il est devenu tellement instable que le pilote a préféré s'éjecter en urgence. Le F-35 s'est immédiatement mis en vrille descendante et s'est écrasé sur la base aérienne.

L'enquête suite au crash a confirmée le gel des jambes du train d'atterissage, ce qui est clairement un défaut de construction supplémentaire du F-35. Mais, l'enquête a révélé deux faits nouveaux assez catastrophiques.

Tout d'abord, la cause de l'instabilité de vol du F-35 lors de son redécollage après le toucher de sol provient d'un capteur qui s'est mis en fonction après le toucher de sol. Le capteur a indiqué à l'ordinateur de vol que l'avio était au sol et cette constatation - erronnée - a conduit l'ordinateur de vol à configurer les gouvernes et le réacteur dans une phase de roulage au sol. Dans cette phase, le F-35 ne se comporte pas mieux qu'un vieux fer à repasser s'il est en l'air ! ... Ce qui s'est produit et a entraîné la chute et la destruction de l'avion.

Les pilotes de F-35 ne volent pas assez

Ensuite, la compétence du pilote a été examinée par la commission d'enquête sénatoriale. Le militaire était un pilote hautement qualifié qui avait été pilote de F-35, puis instructeur sur F-35 et depuis plusieurs mois, devenu évaluateur de pilotes de F-35, un degré supérieur de pilotage de F-35. De fait, la compétence du malheureux pilote n'est absolument pas en cause. Il était des meilleurs ...

Sauf que la commission sénatoriale a été trop curieuse ... Elle a recherché le nombre d'heures de vol du pilote accidenté sur F-35. Le résultat de cette recherche est consternant : il avait volé 500 heures sur le F-35. Il n'avait jamais volé sur F-22 mais seulement quelques 400 heures sur un F-16 et 2.200 heures sur un avion d'attaque au sol le A-10, très bon avion au demeurant mais ayant la même parenté avec le F-35 qu'un trente-cinq tonnes avec une Ferrari ...

En recoupant les périodes pendant lesquels le pilote accidenté avait volé, la commission d'enquête avait conclu que ce pilote avait un taux de pilotage par semaine moitié moindre que celui du standard OTAN ... Ce n'est plus un défaut technique du F-35, mais un défaut d'expérience de ses pilotes.

Pour expliquer ce manque d'expérience de pilotes US de F-35, on doit relever que le coût de l'heure de vol de F-35 est considérable. Ce coût doit, même à l'US Air Force, limiter le nombre d'heures de vol.

Mais on peut aussi noter que le F-35 n'est en moyenne disponible que le tiers du temps, parce que, pourles 2/3, il est en état de maintenance.

Eh bien, malgré cela, il est des Etats pour acheter le F-35 et même pour en racheter d'autres. Est-il possible que ce soit pour faire la guerre ou autre chose ?

Liste des Sources consultées

  1. F-35 Slammed as Too Costly to Fly: Program Suffering $10 Billion Funding Gap Over Next Five Years, MWM, September-13th-2020
  2. Yet Another British Emergency Landing Continues to Harm the F-35’s Reputation, Military Watch Magazine Editorial Staff, August-10th-2025
  3. Capitol Hill Isn’t At All Happy with the F-35: Engines ‘Don’t Work’ and Purchases Could Be Cut, MWM, May-11th-2022
  4. La Suisse peut-elle renoncer à acheter les avions de combat F-35 des Américains?, Youtube, RTS Info le 29 août 2025
  5. CRASH DE F-35 EN ALASKA : L'EAU DÉTRUIT UN AVION DE 5ÈME GÉNÉRATION ?, Youtube, ATE CHUET le 30 août 2025

Revue C-Politix (c) 04 Septembre 2025