Observations concernant un discours du Vice-Président US à la Conférence de Münich

Philippe Brindet - 15/02/2025

J.D. Vance est le Vice-Président américain. Jeune et catholique, peut être équilibre t'il le Président Trump, vieux et protestant ... Vance a fait un premier discours avant la Conférence de Munich dans lequel il a averti les européistes qu'ils devraient assurer eux-même la sécurité de l'Union européenne, les USA désirant s'impliquer dans la défense contre d'autres menaces. Ce n'est pas aussi explicite qu'on pourrait le souhaiter. Mais la plupart des observateurs occidentaux en ont déduit que l'UE allait devoir payer pour assurer sa propre défense.

Certains, en France notamment, en ont déduit, les mains tremblantes d'excitation, que c'était une chance pour l'industrie de l'armement française. Je crois qu'on ne peut se tromper avantage. La "sortie" de Vance ne signifie rien de tout celà. Trump n'est pas de Gaulle : il ne compte pas - du moins je l'imagine - "sortir" de commandement intégré de l'OTAN ... Pire encore, il est bien décidé à ce que l'UE paye les USA en leut achetant un matériel militaire hors de prix autant que dépassé ... Ce dont les européistes sont incapables de se rendre compte.

Bref, les européistes, une fois de plus, n'ont rien compris à ce que Vance leur avait raconté. Et dans son discours suivant lors de la Conférence de Münich sur la Sécurité, il a prononcé un autre discours qui n'a manifestement pas été du tout compris non plus.

Je passe à mon lecteur deux liens vers une transcription du discours de JD Vance :

  • en anglais (langue originale) publiée par le britannique The Spectator : et
  • en français (traduction) par le Figaro.

1 - Que déclare JD Vance

Son discours est fait trois parties :

  • l'évocation très européiste de "la démocratie de nos valeurs" ;
  • l'évocation des atteintes européistes à la liberté d'expression ; et
  • aucun gouvernement moderne ne peut survivre s'il ne se soucie pas de ce que pense son peuple. Sur l'immigration par exemple.

Particulièrement, Vance déclare :

Mais tandis que l'administration Trump se préoccupe beaucoup de la sécurité européenne et pense que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l'Ukraine - tout en considérant qu'il est important, dans les années à venir, que l'Europe prenne de façon significative en main sa propre défense - la menace qui m'inquiète le plus en Europe n'est ni la Russie, ni la Chine, ni celle d'aucun autre acteur extérieur. Ce qui m'inquiète, c'est la menace venant de l'intérieur. C'est le recul de l'Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, les valeurs qu'elle partage avec les États-Unis d'Amérique.

Comme atteinte à la démocratie commune entre l'UE et les USA, Vance cite :

  • l'annulation des élections en Roumaine parce qu'elles ne convenaoient pas à l'UE et que l'UE serait disposée à recommencer en Allemagne si le vote ne lui convient pas ;
  • les commissaires de Bruxelles qui ont l'intention de couper l'accès aux réseaux sociaux pour les "discours de haine" ;
  • De la meme manière que l'administration Biden a semblé prête à tout pour faire taire ceux qui exprimaient librement leurs opinions, l'administration Trump va faire précisément l'inverse, et j'espère que nous pourrons travailler en ce sens.

Et Vance conclut son discours en évoquant la personnalité de Jean-Paul II et déclare : "Que Dieu vous bénisse."

2 - Comment ont réagi les européistes et quelques autres

La plupart des politiciens au pouvoir en UE ont explosé de colère contre Vance. Le Chancelier allemand a qualifié le discours de Vance d'ingérence. Le ministre de Bayrou, Barrot, a déclaré sur X : "Personne n'est obligé d'adopter notre modèle, mais personne ne peut nous imposer le sien" évoquant le discours de Vance.

La socialiste macronienne Nathalie Loiseau, apparatchick du régime français, a déclaré : " A Munich, après le discours scandaleurx du vice-président américain, cela faisait du bien de retrouver la présidente de Géorgie, Zourabichvili, une dirigeante qui croit à l'Europe, sait d'où viennent les menaces et par qui nos démocraties sont attaquées". Or Zourabichvili refuse le premier ministre de Géorgie, nommé par le Parlement nouvellement élu, au prétexte qu'il est pro-russe et veut suspendre l'adhésion de son pays à l'UE.

Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a vivement critiqué la description que Vance fait des politiques européennes :

"J'avais préparé un discours aujourd'hui ... Il était censé porter sur la sécurité en Europe. Mais je ne peux pas commencer comme je l'avais prévu au départ... Cette démocratie a été remise en question par le vice-président américain. ... Il compare la situation de l'Europe à ce qui se passe dans les autocraties. Ce n'est pas acceptable."

Karin Keller-Sutter, la présidente de la Confédération helvétique, présente à la Conférence de Münich est la seule a déclarer son soutien au discours de Vance dans un entretien avec le journal suisse Le Temps de samedi :

"[JD Vance] a parlé de valeurs à défendre et que nous partageons comme la liberté et la possibilité pour la population de s'exprimer. C'était un plaidoyer pour la démocratie directe. On peut le lire ainsi ...Il a aussi affirmé un principe très libéral que je partage : il ne faut pas simplement partager les opinions des autres, mais il faut aussi se battre pour qu'ils puissent les exprimer".

3 - Quelques observations

Même si le ton de Vance est relativement courtois - il a cette "habitude" catholique de ne pas brusquer ses interlocuteurs ... - certains observateurs ont identifié une véritable menace du même ordre disent-ils qu'un précédent discours à la même conférence de Münich, en 2007. D'un certain Vladimir Poutine. Le discours de Poutine avait été accueilli par la colère des dirigeants européistes de l'époque. Ils n'avaient rien compris. Vance recommence peut être la même chose.

Pourquoi Poutine et - peut être - Vance font-ils des discours que les européistes ne comprennent pas alors qu'il suffirait dêtre clair, direct, pour se faire comprendre ?

Il y a deux réponses qui ne s'excluent pas. Selon la première réponse, les européistes sont des gens d'une incroyable stupidité. La plupart ont juste l'intelligence suffisante pour parvenir à un poste politique de première importance et pour s'y maintenir un temps. Les gens stupides se désignent un ennemi à haïr. Orwell explique très bien celà. Ils réagissent alors nécessairement de manière stupide à cet "ennemi". La seconde réponse tient à ce que les politiciens européistes tiennent pour certaine l'idée qu'ils se font d'être le "camp du bien" et qu'ils sont les seuls à avoir le droit de désigner le "camp du mal". Dans ces conditions, la clarté du discours de Vance - si pour autant elle n'était pas - ne parviendra jamais à pénétrer leur cervelle embrumée par le hashich de la bêtise.

S'il faut retenir une chose du discours de Vance à Münich 2025 ce serait : "Ce qui m'inquiète, c'est la menace venant de l'intérieur."

Or, très certainement, les enquêtes de Musk avec son DOGE, participent de l'action directe de lutte contre les menaces de l'intérieur. Autrement dit, le discours de Vance devrait alerter les politiciens européistes : s'ils ne changent pas, la révolution trumpienne les détruira. Or, j'ai dit plus haut que les politiciens européistes étaient stupides. Ils ne changeront rien et ils seront détruits. En 2007, ils n'ont pas entendu Poutine. En 2025, ils se trouvent hors jeu après avoir perdu leur "guerre" qu'ils croyaient mener contre "l'autocrate Poutine".

Il faut bien comprendre que le combat contre Poutine qui a été perdu par les européistes a été perdu par la défaite de Biden - Harris, qui "tenaient" l'héritage de Clinton - Obama. De ce fait, la menace intérieure dénoncée par Vance est exactement celle qui a provoqué la défaite de l'Occident "woke" face à la Russie.

Le discours de Vance annonce probablement le combat des dix prochaines années : la destruction du progressisme "woke" avec l'aide de l'Amérique de Trump et peut être - mais c'est encore trop tôt pour la prévoir" - la participation active de la Russie. La négociation de la paix en Ukraine entre Poutine et Trump nous renseignera sur la possibilité d'une telle coopération. Mais, déjà, à l'intérieur de l'Europe, tout un mouvement anti"woke" s'organise et Vance a montré que le combat européen anti-woke commence contre l'immigration massive. Evoquons Orban et Fico, Weidl et Zemmour, Farage et Meloni, ...

L'observation de l'avenir nous montrera si cette analyse est juste.


Revue C-Politix (c) 11 Février 2025