Observations des élections législatives allemandes de 2025

Philippe Brindet - 20/02/2025

Dimanche avait lieu les élections législatives convoquées par le Chancelier Olaf Scholtz, mis en minorité au mois de Novembre 2024.

Le parti socialiste de Scholtz a été battu à la fois par le groupe CDU - CSU des "chrétiens" et par l'AfD, le parti conservateur de réputation d'"extrême"droite" parce qu'il est opposé au régime européiste. Et encore, de façon très modérée ! Le résultat publié est le suivant :

RangGroupetaux élect.Députéstaux Députés
1.CDU/CSU28,5%20833%
2.AfD20,8%15224%
3.SPD16,4%12019%
4.Verts11,6%8514%
5.Gauche8,7%6511%
Tot.-86%630100%

Le but des élections législatives est de fournir des députés à la Chambre allemande, appelée Bundesrat. Le système électoral est presque aussi compliqué que le système français puisqu'il y a un découpage par circonscription. Et les partis qui, aux élections, obtiennent moins de 5% des voix sur l'ensemble des électeurs, n'obtiennent aucun député. Cette règle vient de rejeter deux partis :

  • le FDP, qui sont des "libéraux" encore plus "wokistes" que le SPD ;
  • BSW, le nouveau parti de gauche de Sarah Wagenknecht, anti-immigrationniste et pour la paix en Ukraine, et qui est une scission du parti de gauche, Die Linke.

Le groupe CDU-CSU est relativement comparable au mouvement macroniste en France. Il est composé de socialistes (CSU) et de bourgeois de centre-gauche (CDU). Il était le second parti de la coalition dont la têté était le SPD qui a porté Scholtz à la Chancellerie. Les CDU/CSU sont dirigés par Merz, héritier de Angela Merkel partie à la retraite, et qui est l'ancien patron de la firme américaine d'investissements Black Rock. L'arrivée au pouvoir promis à Merz est donc une poursuite du régime de Scholtz.

Merz, qui avait tenté une offensive pour rallier les électeurs conservateurs en choisissant des thèmes anti-immigrationistes et avait tenté un rapprochement avec l'AfD en pleine ascension dans l'opinion publique allemande. La réaction du régime allemand a été brutale : l'AfD est actuellement menacée de dissolution par le noyautage des institutions fédérales par les pires salariés du "wokisme". Et Merz a dû jurer qu'il ne retomberait plus jamais dans la faute d'un rapprochement avec l'AfD.

On remarque qu'en nombre de députés, l'alliance CDU/CSU & AfD parvient à 57% des voix du Bundesrat. L'alliance serait donc politiquement viable. Par contre, dans l'électorat, l'alliance CDU/CSU & AfD - qui n'arrivera jamais - est en dessous des 50% (49,3% ...)

Merz est actuellement en pourparler avec Scholtz pour former un gouvernement CDU/CSU & SPD. Les deux groupes réunissent 52% des députés du Bundesrat. C'est peut être insuffisant sur certaines opérations parlemantaires. Mais l'alliance CDU/CSU & SPD peut certainement compter sur une partie des Verts comme force d'appoint. Il est donc possible que le gouvernement Merz pourra compter sur une discipline de votes au Bundesrat qui lui accorderait la majorité.

On note que 14% des électeurs allemands sont privés de représentation au Bundesrat.

A la différence de la France, deux partis dépassent les 20% en Allemagne et trois partis deux à deux obtiennent la majorité au Bundesrat. De ce fait, la technique de la coalition fonctionne en Allemangne et semble presque impossible en France.

On note qu'en France aux Législatives 2024, le parti de Zemmour obtient 3,61 % des voix et 0 siège, tandis que le vieux parti socialiste obtient 3,78 % des voix et 28 sièges. La disparité de la représentation des voix des électeurs en France est donc encore bien plus importante en France qu'en Allemagne.

Enfin, le vote allemand pour l'AfD révèle une très importante situation politique. Sauf omission, l'AfD n'obtient aucun député en Allemagne de l'Ouest et occupe la plupart des sièges des circonscriptions de l'Allemagne de l'Est et la totalité des sièges de deux des cinq Länder de l'Est. L'unification de l'Allemagne est donc actuellement dans une impasse politique grave. Personne ne semble l'avoir relevé.




Revue C-Politix (c) 25 Février 2025