Un premier résumé de lecture de la République de Platon

Philippe Brindet - 27.07.2025

Ecrit vers 380 avant Jésus-Christ, La République de Platon a traversé les millénaires jusqu'à nous avec une autorité que peu d'oeuvres ont eu et auront dans le futur. Ecrit de manière éblouissante, l'ouvrage décrit la cité idéale selon le philosophe et explique comment cette cité est déclinée, non seulement au cours du temps, mais surtout par l'incapacité de l'homme à atteindre la vraie sagesse.

C'est ce qu'expose Platon tout au long de l'ouvrage, un dialogue savoureux entre son maître en philosophie, Socrate, et de jeunes penseurs pleins d'intelligence comme Glaucon. Nul doute que c'est leur participation active à la discussion qui pousse Socrate à édifier sa cité idéale.

Par constitution, Platon n'entend pas vraiment la loi suprême que l'on entend aujourd'hui, même si un certain légalisme existe déjà chez lui. La constitution réfère à l'acte même de construction de la cité et cette construction est le fait d'hommes de sorte que cette constitution dépend du degré d'avancement de ses constructeurs dans la philosophie. Ce qui a fait dire que la cité idéale de Platon est une cité de philosophes et qu'elle est en réalité une épouvantable dictature ...

Mais, la cité idéale de Socrate n'est pas prévue pour être réelle. Elle est un modèle imaginaire, idéal plutôt, qui doit guider toute construction d'une cité.

Le premier point notable de La République de Platon se trouve dans la parfaite adéquation entre la cité et ses constructeurs. Tel constructeur, telle cité. C'est donc sur la sagesse des hommes que le succès de la cité repose d'abord et c'est cette sagesse que Socrate interroge d'abord pour parvenir à construire par étapes successives avec de nombreux retours en arrière qui rendent plus complexes l'ouvrage. Mais du fait, moins effrayant que ce que l'idéalisme platonicien la fait paraître.

Après avoir lu La République on retient d'abord que celui qui édifie et qui dirige la cité doit avant tout être un dialecticien rompu à l'examen de ce que Platon nomme la chose en soi, la chose intelligible. Dégagée de l'apparence et des opinions verstatiles des vains humains, la contemplation de la chose intelligible est réservée à celui qui a été extrait de la caverne et est remonté à la lumière éclatante pour voir enfin les choses dont les prisonniers de la caverne ne voient que les ombres projetées sur les parois de la caverne.

Un troisième objet capital pour celui qui construit ou contrôle la cité est la compréhension étendue du bien, en tant que chose intelligible. Selon Platon, le bien comporte notamment la justice, pour ce qui concerne l'édification de la cité. Et Socrate montre à Glaucon comment l'intelligence éclairée perçoit le bien absolu qui doit entièrement guider le constructeur de la cité ou son gardien.

Un cinquième objet de l'examen socratique réside dans la construction de la cité ou de ses éléments essentiels, de ses habitants, des grands actes de son fonctionnement. Cette analyse permet à Socrate d'établir ce qui dans les choses intelligibles doit être pris en compte par l'esprit éclairé du constructeur de cité - Socrate parle des gardiens.

Enfin, une sixième chose triste montre que Platon ne pensait probablement pas que sa cité idéale existerait un jour ou qu'elle durerait longtemps. Socrate expose la lente décadence de l'idée de cité en cinq époques. La première époque est celle de la fondation sur le bien avec des philosophes régnant sur la cité, une sorte de royauté de l'intelligence. Partant de là, les hommes perdant le sens du bien, le réduise à s apremière apparence, le mérite. Et la cité royale décline en cité timocratique.

Descendant toujours plus au fond de la caverne, les hommes remplacent le mérite par la richesse et fondent alors une cité oligarchique. Du fait de la possession de richesse, d'autres citoyens deviennent pauvres et la lutte des pauvres et des riches conduit alors à la démocratie.

Enfin stade ultime de la décomposition de la cité du bien, la discorde établie entre les riches et les pauvres, d'abord calmée par le partage du pouvoir dans la cité démocratique, se renforce encore par la vanité et l'appât des richesses et la cité démocratique finit en tyrannie.

... la démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux qui reste le gouvernement et les charges publiques ...p 316)

Le même mal qui, s'étant développé dans l'oligarchie, a causé sa ruine, se développe ici avec plus d'ampleur et de force du fait de la licence générale et réduit la démocratie à l'esclavage . ... Ainsi, l'excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude et dans l'individu et dans l'Etat. (p. 323)

Quelle leçon pour l'Occident finissant !


Revue C-Politix (c) 27 Juillet 2025