18 juin 1815 - Waterloo

Philippe Brindet - 18/06/2023

Le 18 juin 1815 se déroule la bataille de Waterloo qui scelle la fin de l'aventure politique et militaire des Cent-Jours : quatre jours plus tard, Napoléon abdique à Fontainebleau et se dirige vers la Rochelle où il compte embarquer avec un sauf-conduit anglais pour "traverser" les croisières du blocus britannique et rejoindre la Louisiane.

La bataille démarre tardivement parce que l'état des sols est détrempé et les troupes, mais aussi l'artillerie, ont éprouvé de grandes difficultés à franchir des routes et des champs bourbeux. C'est l'été sans été qui suit la fameuse éruption du Tambora ce volcan qui a répandu dans l'atmosphère des milliards de tonnes de poussières favorisant un régime de pluies sur l'Europe.

En face de lui, l'Empereur a le duc de Wellington, fort de 20.000 britanniques et de 60.000 alliés : allemands, hollandais. Les forces françaises sont de 65.000 hommes, mais l'artillerie française est beaucoup plus forte que celle des anglais. Et à l'Est, le maréchal Grouchy avec une armée de 33.000 hommes, composée de nombreuses unités de cavalerie, chasse vers le Nord les débris de l'armée prussienne battue à Ligny le 16 juin.

Pour commencer la bataille, Napoléon lance une attaque de diversion à l'Ouest du front de bataille. Puis, il lance le 1er Corps d'armée au centre.

Mais Wellington dispose de la possession des hauteurs et, plus encore, met à l'abri des tirs tendus de l'artillerie française la plus grande partie de ses troupes. Wellington a mis en oeuvre deux superbes intuitions militaires :

  • il a refusé de livrer une bataille de mouvements à la fois de par sa position en hauteur et du fait que le terrain humide n'était pas favorable à des mouvements ;
  • il va enfin déterminer le meilleur moment de l'attaque de ses hommes.

Et Napoléon va subir trois trahisons :

  • sa santé le rend incapable de monter à cheval pendant la bataille alors que son génie a besoin de se rendre compte par lui-même de l'évolution d'une bataille. Pire, il va s'endormir pendant près de deux heures, juste après le début de l'assaut du 1er Corps.
  • Ney, le "fidèle" des fidèles qui avait promis à Louis XVI de ramener Napoléon dans une cage de fer, "profite" du sommeil de Napoléon pour s'emparer du commandement et, présumant que le 1er Corps a besoin de renforts pour emporter la victoire, lance la Jeune Garde assez peu expérimentée et des troupes plus aguerries dans la bataille. Cette troisième phase de l'attaque française, à nouveau à cause du terrain et du génie défensif de Wellington, se transforme en déroute.
  • Grouchy, qui deux mois auparavant, avait dîné avec Wellington à Paris, refuse obstinément de faire face à l'Ouest pour attaquer Wellington par l'Est. Ses lieutenants ne parvinrent pas malgré des efforts désespérés à retourner sa décision de ne pas intervenir.

On a souvent - à la suite par exemple de Chateaubriand - considéré que les Cent-Jours étaient une stupide aventure militaire initiée par un despote en mal de pouvoir. Ce n'est pas une appréciation juste. Notamment, lors de sa traversée des provinces méridionales pour remonter à Paris, Napoléon a découvert que, s'il était abandonné par les classes supérieures françaises, il était adulé par le peuple. Et notamment par le peuple républicain. Il a alors compris qu'il pouvait fédérer autour de sa personne un mouvement populaire et patriote contre les royalistes et leurs alliés de l'étranger détestés par le peuple. En recentrant l'Empire sur un régime républicain, Napoléon pouvait espérer aller au-delà d'une aventure.

Trente ans plus tard, l'aventure de Louis-Napoléon va montrer que Napoléon Ier en ouvrant la bataille de Waterloo, n'avait pas si tort qu'on l'a dit. Et un siècle plus tard, De Gaulle va lui aussi porter la même aventure. Nous vivons toujours sur cet élan. Sans renouveau hélas.


Revue C-Politix (c) 18 Juin 2023