Contre le passe sanitaire la grève généraleLe passe sanitaire délivré contre preuve de vaccination en cours de validité ou contre un test Covid négatif de moins de 24 heures est une mesure révoltante. La réplique des petit-bourgeois à une telle déclaration est immanquablement : "vous n'avez qu'à vous faire vacciner". Les plus rusés - et il en existe quelques uns - ajoutent que "les tests sont aussi une bonne mesure à laquelle le gouvernement paternel sous l'empire duquel nous vivons aurait pu s'opposer. Il ne l'a pas fait. Ce qui montre sa bonté native ..." En Italie, le passe sanitaire est maintenant obligatoire pour tous les salariés du secteur public et du secteur privé. A défaut, le salarié n'a pas le droit de travailler. La réplique a été longue à venir. Mais, il y a deux jours, les dockers du port de Trieste, suivis par ceux de Gênes et de quelques autres ports marchands , se sont placés en grève à outrance [1 jusqu'à ce que le passe sanitaire soit retiré, non seulement pour eux dockers italiens, mais pour tous les travailleurs [2]. Par ailleurs, la FISI, un collectif de syndicats intercatégoriel appelle à une grève générale du 15 au 20 octobre 2021 [3]. Cette solidarité qui était naturelle en France, il y a quarante ans, a complètement disparue chez nous. Saluons l'esprit de rebellion des travailleurs italiens opprimés et leur beau souci de solidarité pour l'ensemble des italiens opprimés par l'imposition du passe sanitaire. En France, le passe sanitaire n'est pas imposé avec une telle extension. Mais, il pourrait sans difficulté technique être étendu à toutes catégories y compris les enfants et les retraités. Aussi, les professions soumises à l'obligation du passe sanitaire qui étaient et sont menacées de suspension de salaires, auraient dûs immédiatement organiser une grève générale en mobilisant aussi les vaccinés. Il n'en a même pas été question. Du moins, la question n'a pas franchie la censure exercée par la presse lourde. On croit savoir - les autorités sciemment communiquent très mal sur le sujet - que 15.000 soignants soumis à l'obligation du passe sanitaire ont été suspendus [4]. S'ils s'étaient mis en grève, un certain nombre de leurs confrères vaccinés les auraient rejoint. D'autres catégories sociales auraient pu rejoindre la dynamique. Cela n'a pas été fait à temps, c'est-à-dire avant que les soignants obéissent aux injonctions du pouvoir en se ruant sur la vaccination. S'ils donnent leur accord, comment leur en vouloir ? Mais, c'est à désespérer de l'esprit de lutte contre l'arbitraire. D'autant que les soignants devraient savoir que la vaccination covid ne protège pas contre le fait d'être infecté, ni celui d'être infectieux [5] ! Pourtant, il y a eu une réaction sociale autour des Gilets Jaunes d'une part et des Patriotes de Philippot d'autre part. Mais cette réaction sociale a eu très peu de tentation d'une action de grève, préférant des manifestations qui sans être négligeables ont seulement averti le régime que le mécontentement était réel. Mais les manifestations ne sont qu'un instrument de mobilisation d'une classe populaire. Si vous n'en faites rien, cette mobilisation accroît la frustration des opprimés sans faire peser la moindre contrainte sensible sur le régime. En fait, les gens sont tellement exclus de leur propre travail qu'ils n'ont plus l'idée qu'il constitue un formidable outil de pression sociale sur le régime. A condition d'être organisé. Or, cette organisation manque. Les syndicats sont maintenant des instances servant au régime pour enterrer le mouvement social. C'étaient les syndicats qui, autrefois on l'a pratiquement oublié, organisaient les luttes des travailleurs. Mais, les travailleurs ont été "atomisés" en ce sens qu'ils n'ont plus la conscience que, agissant ensemble, ils pourraient avoir une action sur le régime oppresseur. Ils croient confusément que le problème sera résolu "aux prochaines élections" et ils attendent l'homme providentiel qu'ils éliront pour les sortir du marasme auquel le régime les condamne. Sincèrement, qu'ils n'attendent rien, ni de Zemmour, ni de Mélanchon ! Le jeu démocratique - il vaut mieux prévenir les gens - n'apportera aucun changement. Le passe sanitaire a été imposé aux politiciens qui se présentent aux élections. Aussi, que personne ne compte sur les élections pour obtenir un retrait du passe sanitaire. Du coup, les manifestations n'ont absolument aucune chance de faire fléchir les politiciens. Ils risquent leur place s'ils n'obéissent pas à l'ukase qui les contraint çà imposer le passe sanitaire. L'émeute ? Prolongement naturelle de la manifestation, elle est absolument sans aucun intérêt aujourd'hui. Même sans l'action vigoureuse des CRS, elle serait immanquablement éteinte par les prochaines vacances ... Cependant, une action violente contre les organes de contrôle du passe sanitaire serait de nature à perturber le régime. tout en mobilisant ses opposants. La grève, elle, serait un moyen de pression sur les forces qui contraignent les politiciens. Mais aussi d'autres actions évoquées par certains opposants comme Florian Philippot. Parmi ces actions, il y a le boycott. Mais son organisation est devenue très difficile depuis le public parce que les agents économiques se dissimulent sous le brouillard numérique. C'est peut être aussi leur faiblesse. Les actions en justice ? Devant les juridictions administrative ou constitutionnelle, l'échec de toutes les interventions du public est patent. Ces juridictions protègent par principe le régime en acceptant comme une donnée incontestable une urgence sanitaire qui permettrait tous les errements. En attendant, regardons avec attention l'expérience des dockers italiens. Ils ont peut être le moyen de changer la politique. Notes :[1) Lire Revue C-Politix, 13.10.2021, Frémissements de luttes en Italie contre le passe sanitaire. [2] Lire Green Pass, è il giorno del caos da Trieste in giù, Riccardo Cascioli - 15/10/21. [3] Sciopero generale dei settori pubblici e privati dal 15 al 20 ottobre, INPS, 14 ottobre 2021. [4] Vaccination obligatoire : environ 15.000 soignants suspendus, selon Olivier Véran, LCI, 13 octobre 2021. [5] On peut lire Conseil d'Etat Recours 449759 du 3 mars 2021, dans lequel le gouvernement reconnaît : "d’une part, l’existence d’études récentes invitant à la prudence quant à l’absence de contagiosité des personnes vaccinées, d’autre part, l’incertitude scientifique sur l’immunité conférée par la vaccination en cours à l’égard des variants du virus,". Dès le 3 mars 2021, le gouvernement était conscient que la vaccination Covid n'était pas efficace. |