Covid-19 - Et un respirateur artificiel citoyen, un ... |
Un projet citoyen pour ne pas manquer d'air ...En parcourant le Web, je découvre un projet industriel intéressant : MakAir. L'objectif du projet : réduire la pénurie constatée le 20 mars 2020 en respirateurs artificiels pour sauver les cas graves de Covid-19. Le projet MakAir a le même objectif que le projet de PSA uni à Valeo et Air Liquide. Mais ce dernier projet est de type industriel alors que le projet makAir est "citoyen". Et cela change tout. Une petite revue de presseC'est comme cela que j'ai découvert makAir :
On remarque que, si on excepte le podcast quasiment publicitaire de Le Monde, il n'existe presque aucun article de presse sur le projet makAir après le 28 avril 2020. C'est interrogeant ... Où en est la réalisation makAir ?Le site makAir indique au 13 octobre 2020 10 prototypes fabriqués. Selon le podcast du Monde cité plus haut, on serait en séquence 2 des essais cliniques. Le site de dépôts de documentation GitHub, coeur du monde open source , indique très clairement : MakAir and Makers For Life should not be held resposible — at any time, for harm caused to human life (eg. lung damage or loss of life). By building your own MakAir, you are held responsible for its safety validations & use (https://github.com/makers-for-life/makair/) Selon le principe de l'open source, ce n'est pas le collectif makAir qui est responsable de la diffusion, ni même de la production des respirateurs makAir, mais les utilisateurs eux-mêmes, à la limite ... les patients eux-mêmes. C'est-à-dire que chaque utilisateur d'un makAir devrait fabriquer son respirateur et demander son homologation à l'ANSM ... Un projet très contestableD'emblée, le projet makAir est très sympathique. Des techniciens qui se passionnent pour la question technique qu'ils se posent. Ne serait-ce pas les prémisses suffisantes d'une aventure industrielle ? Malheureusement, il y a de l'idéologie là dessous. Et la réalité ne supporte pas l'idéologie. Moi non plus. Tout d'abord le "modèle" industriel de l'open source ne marche pas. L'idée d'agglutiner des contributeurs est absolument contraire à la réalité industrielle de la R&D. On rétorquera que l'Open source en logiciel est un succès industriel par exemple dans le domaine des serveurs. Cela fait très longtemps que l'industrie des serveurs informatiques a échappé aux geeks et à ses contributeurs. De même pour le domaine de OS comme Linux ou Debian. Il s'agit maintenant de produits industriels mal ficelés - au passage certains OS classiques ne le sont pas tellement mieux - mais qui n'ont plus rien à voir avec l'Open source. D'ailleurs à partir d'une certaine taille - par exemple évaluée en nombre de lignes de code - l'accès libre aux sources d'un logiciel ne présente plus aucune espèce d'avantage. Le bénévolat qualité de l'open source est une cause d'errance industrielle L'industrie du logiciel présente des particularités qui rendaient intéressantes certaines caractéristiques du "libre". Aujourd'hui, ces particularités sont disparues. Mais, plus grave encore, l'idée d'un "open source médical" notamment tel qu'il est conçu par makAir, est un amateurisme dangereux. Les acteurs de makAir estiment que leur coût de production est compris entre 1.000 euros et 1.500 euros alors que les produits industriels seraient vendus de l'ordre de 40.000 euros. C'est bien entendu une tromperie à la limte de l'escroquerie si on n'excuse pas leur inexpérience ... Tout d'abord la comparaison d'un prix de fabrication avec un prix de mise sur le marché ne présente aucune espèce d'intérêts. Ensuite, le produit makAir à 1.000 euros ne présente aucune preuve de sa fiabilité, non seulement matérielle, mais tout simplement médicale et ce ne sont pas les "essais cliniques" suivis par l'ANSM qui changeront la réalité. D'ailleurs, les agents de makAir qui ont posté leurs plans sur Github sont parfaitement conscients des limites de garantie qu'ils peuvent donner : les copieurs de leurs plans le feront à leurs risques et périls ... Et vous appelez cela un produit médical ? Un produit de grade médical ne peut pas être ni conçu, ni produit par la méthode "sympathique" de l'open source et d'un agglomérat de bonnes volontés participant à un "projet". Il ne peut être envisagé que par une équipe de spécialistes de plusieurs disciplines qui sont en fait complètement étrangères aux contributeurs ou qui ne peuvent pas être correctement prises en compte par un simple appel à des "contributeurs" bénévoles. L'Etat - ministère des armées (on se demande de quoi se mêle-t'il) - a donné 425.000 euros. Manifestement, le CEA, un CHU de province et quelques entreprises cherchant un coup de comm' ont aussi apporté quelques fonds. Comment des personnes responsables peuvent elles confier de tels fonds à des gens sympathiques, mais sans expérience dans le domaine du matériel médical ? Le résultat est simple : il accrédite l'idée que la R&D ne demande strictement aucune compétence ou que celles-ci sont à très bas prix. Le projet makAir méprise le domaine de l'industrialisation : il lui jette dédaigneusement un projet sans aucune validation de niveau professionnel et lui laisse éponger les problèmes. Comment qualifier une telle entreprise ? Elle participe à la décadence de l'industrie et à la décrédibilisation de la compétence technique. Cette dernière devient gratuite et, à nouveau, le seul avantage est celui de l'écrasement des coûts. Pensez : 1.000 euros à comparer à 40.000 euros ! Respirateur artificiel entre Covis-19 et détresse respiratoireIl existe une autre question à laquelle je n'ai pas encore de réponses sérieuses. La détresse respiratoire des malades les plus graves de la Covid-19 pourrait avoir été une partie du montage idéologique qui a présidé aux incroyables errements de santé publique. Je sais bien que la question dépasse largement le problème de makAir. D'ailleurs, peut être pouvait on en mars 2020 se tromper sur ce problème de détresse pulmonaire. Toujours est-il qu'il semblerait d'après certaines sources médicales que l'utilisation du respirateur artificiel a été erronnée dans une partie importante des cas de détresse respiratoire, surtout quand elle était évaluée par la mesure de la saturation en oxygène dans le sang. Malheureusement, l'idéologie préside à la politique de santé publique partout dans le monde du moins dans le monde américanisé. Selon cette idéologie, la détresse respiratoire aigue est le syndrome le plus grave de la Covid-19 et son traitement utilise protocolairement le respirateur artificiel. Qui d'ailleurs n'a jamais réparé les poumons. C'est à cause de l'idéologie que l'on perd les guerres. La ligne Maginot était, par principe idéologique - la doctrine Maginot - infranchissable. La question du respirateur artificiel - et n'étant pas médecin, je peux me tromper d'outil - pourrait être la "ligne Maginot" de la Covid-19. Or, aujourd'hui, il semble que le recours au respirateur artificiel soit moins systématique. Les réanimateurs utilisent plutôt des anticoagulants dans des indications plus proches de la thrombose pulmonaire. Dans ces indications, le respirateur artificiel pourrait avoir pour effet de "brûler" les poumons ... Mais, l'idéologie régnant, il est hors de question de laisser supposer que la ligne Maginot serait franchissable ... et le projet makAir poursuit à l'allure d'un escargot sa voie "royale" vers l'utilisation. Du moins le pensent ses promoteurs. Et la raison vient de ce que l'idéologie régnante impose le postulat que le respirateur artificiel est nécessaire pour traiter la Covid-19 au moins jusqu'à ce que le Vaccin - lequel, ne le demandez pas - ait été inoculé partout dans le monde ... Revenir là dessus serait l'aveu d'une défaite. Il n'en sera jamais question. Idéologie, idéologie |