Covid-19. Deuxième Confinement. France et Grande-Bretagne. Le rôle des Parlements

Philippe Brindet - 5 Novembre 2020

On sait que le Parlement français n'a, dans la crise sanitaire, qu'un rôle secondaire à jouer. L'état d'urgence, autorisé par lui d'ailleurs, permet au gouvernement de se passer largement de son intervention. Aux détails procéduraux près, il en est de même en Grande-Bretagne. Et le Premier Ministre, Boris Johnson, parfaitement contrôlé par son "conseil scientifique", prend à peu près les mêmes décisions que Macron, lui aussi contrôlé par son "conseil scientifique". On en vient parfois à se demander si nos Etats ne pourraient pas faire l'économie de Parlements et de gouvernements distincts. Il suffirait de ne conserver qu'un seul Conseil scientifique - je propose le Conseil scientifique britannique dont la respectabilité "british" est absolument sans conteste - et qu'un seul Lider Maximo - je propose Macron dont la tête de "premier de la classe" plaît tant aux petits-bourgeois terrorisés par la presse au sujet de l'épidémie, partout en Europe.

En fait, si la plupart des commentateurs notent que les exécutifs se trouvent prisonniers du "principe de précaution", on constate qu'un nombre déplorable de parlementaires tant en France qu'en Grande-Bretagne, payent un lourd tribut à ce Moloch de la vie politique moderne. Ainsi, nombre de "remontrances" adressées dans les deux Etats par les parlementaires à leurs exécutifs sont destinées à "fouetter" leurs attelages sur la piste bourbeuse des mesures sanitaires de plus en plus ahurissantes, de plus en plus contraires au bon sens et tout simplement à la réalité sanitaire.

Ainsi, à l'Assemblée nationale, plusieurs députés de l'opposition tremblent que les mesures de confinement de Macron ne soient pas assez énergiques pour "faire reculer l'épidémie". La même attitude a été adoptée, même par des députés tories - de la majorité de Johnson pourtant - lui demandant d'agir toujours plus vigoureusement.

Dans les deux Etats, France et Grande-Bretagne, la terreur épidémique est telle qu'aucun sacrifice en termes de libertés publiques et privées ne paraît assez lourd aux parlementaires. Avec de telles personnalités, la défense de la démocratie est à peu près abandonnée. Mais, le réalisme et la médecine sont absents renvoyés aux accessoires de théâtre, de ces théâtres dont on sait qu'ils ont été fermés sans qu'on sache bien quand ils rouvriront.

Dans cette désolation pour les démocrates et les médecins, quelques rares individualités osent encore dans les Parlements faire entendre quelques prudentes paroles mais qui sonnent comme le retour peut être du réalisme et de la saine médecine.

Intervenant sur une radio publique, le sénateur Retailleau a condamné l'attitude du ministre de Macron qui avait ordonné d'évacuer les députés opposés aux mesures d'urgence sanitaire qu'il voulait imposer. Le sénateur Retailleau a bien été le seul à protester et il a poursuivi en dénonçant la gestion de la crise sanitaire du gouvernement qui est allé d'erreur en erreur. Il se fait ici l'écho de l'analyse du Professeur Perronne qui a écrit un pamphlet intitulé "Y a t'il une erreur qu'ils n'ont pas commise ?".

En Grande-Bretagne, l'ancienne Première Ministre Theresa May, qui a retrouvé son siège de député, s'est abstenue tristement lors du vote au sujet des mesures de Johnson qui initie un deuxième confinement en Angleterre. Mais Mme May a eu l'audace d'intervenir à la tribune de la Chambre des Représentants. Selon The Telegraph :

She said the prediction of 4,000 deaths a day "was wrong before it was even used". Elle a dit que la prédiction (par Ferguson et le Conseil scientifique) de 4.000 décès quotidiens "était fausse" à la date où elle aurait dû avoir lieu.
We need proper analyses, she said. Nous avons besoin d'analyses correctes, a t'elle déclaré.
"We need to know the details behind these models. Nous avons besoin de connaître les détails derrière ces modèles [épidémiologiques].
We need to be able to assess the validity of those models." Nous devons pouvoir vérifier la validité de ces modèles."
She raised concerns about a lack of data on the costs of lockdown, including on mental health, domestic abuse, non-Covid treatments, "possibly more suicides" and to the economy: Elle a dit son inquiétude sur le défaut complet de données concernant les coûts des confinements, notamment en termes de santé mentale, d'abus dans les familles, de défaillances dans le traitement des maladies non-Covid, sur la possibilité d'un accroissement des suicides, et au sujet de l'économie.
"Jobs lost, livelihoods shattered, businesses failing, whole sectors damaged. What sort of airline industry are we going to have coming out of this? What sort of hospitality sector? What sort of small independent shops will be left?" Les emplois perdus, les vies détruites, les faillites d'entreprises, les secteurs entiers démantelés. Quelle sorte d'industrie aéronautique nous restera t'il à la fin ? Quelle sorte de secteur de l'hôtellerie ? Quelle sorte de boutiques indépendantes restera ?".

Manifestement, elle n'a obtenue aucune réponse et elle s'est abstenue lors du vote de confiance. Mais son intervention souligne bien des aspects non médicaux qui, manifestement n'ont pas été pris en compte pour décider du confinement en Grande-Bretagne. Les mêmes observations critiques de Theresa May valent pour la France de Macron.

Sources