Emeutes trumpiennes au Capitole de Washington

Philippe Brindet - 07 Janvier 2021

1 - La prise d'assaut du Capitole de Washington

Selon les informations [1], les Représentants en séance réunis pour prononcer la désignation de Joe Biden comme Président des Etats-Unis ont été assaillis par une foule d'émeutiers réclamant la victoire de Trump. Il s'agit du fait le plus grave contre une démocratie depuis très longtemps.

2 - Le discours de Trump incriminé

Quelques heures avant l'assaut, Donald Trump a tenu un discours [2] au cours duquel il a affirmé qu'il ne reconnaîtrait jamais les élections truquées en faveur de Joe Biden. Il semble que le camp démocrate se contente de cette assertion pour en déduire que Trump a ordonné un assaut de ses partisans contre le Capitole.

On peut trouver l'assertion légère.

Il n'en demeure pas moins vrai que le Capitole en séance a bien été pris d'assaut par des émeutiers.

3 - Un doute sur l'origine de l'assaut

La presse lourde dénonce l'implication des "Proud Boys", qualifiés d'organisation d'extrême-droite au prétexte qu'elle soutient outrageusement les positions politiques de SDonald Trump. Or, il semble que la veille, leur chef a été arrêté par le FBI et est indisponible, étant en maison d'arrêt.

Or, il semble que les "Proud Boys" serait en réalité un groupuscule d'environ 200 personnes, en effet quelque peu excités par le climat politique. Il semble que l'assaut contre le Capitole soit un objectif largement au delà de leurs capacités "militaires". Par contre, ils ont été formés vers 2016 pour se "confronter" avec la mouvance d'extrême-gauche dite les Antifas [3]. Il semble que certains d'entre eux auraient projeté d'attaquer le Capitole le 6 janvier, déguisés dans la tenue noire des Antifa [4].

Cependant, plusieurs photos du tumulte dans le Capitole ont été diffusées dnas la presse et on n'aperçoit pas de tenues "Antifa". Par contre, plusieurs photos représentent un "démonstrator" déguisé en indien avec tête de bison et peintures de guerre qui aurait été vu notamment lors d'émeutes animées par les Antifa à Portland en 2019 [5].

4 - Le problème d'une démocratie polarisée

Plusieurs commentateurs dénoncent un glissement des Etats-Unis vers une Fédération ingouvernable à cause de la bipolarisation excessive entre les Républicains et les Démocrates d'une part, mais aussi entre les Antifa et les alt-rights d'autre part. Il semble que la société américiane n'ait plus aucun "affecto societatis".

On note que la situation est semblable partout en occident américanisé. Le fait est patent lorsque l'on examine le débat ou l'absence de débat entre le régime et son opposition sociétale au sujet de la Covid-19. Très clairement, une partie de la société est satisfaite des évolutions progressistes tandis que l'autre partie est farouchement attachée à des traditions, des usages, des valeurs héritées des âges passés. Cette opposition entre progressistes et conservateurs - qui a pris le relais de la division droite - gauche - existe depuis une vingtaine d'années. Malheureusement, l'âpreté du débat n'a fait que s'amplifier lors des cinquantes dernières années qui a vu la majorité de la société occidentale américanisée, passer de la passivité conservatrice à la passivité progressiste. De part et d'autre, des activistes progressistes tentent d'emmener la société plus loin et plus vite, tandis que des activistes conservateurs leur résistent.

Il n'y a que deux solutions : la révolution ou l'élimination physique de la réaction conservatrice. La société occidentale américanisée est bien engagée dans la seconde voie. Et tout porte à croire que Trump a réellement perdu la partie. Mais de quel côté était-il ? Du sien.




Notes

[1] Lire notamment : Inside the Capitol, the Sound of the Mob Came First, New York Times du 6 janvier 2021 ; This Is The Exact Moment Ashli Babbitt Was Shot While Storming The Capitol, Tyler Durden le 7 janvier 2021 qui rapporte le tir mortel contre une manifestante pro-Trump dans le Capitole par un officier de police.

[2] Lire sur les appels de Trump à ses partisans a empêcher la session du capitole du 6 janvier : Jan. 6 protests multiply as Trump continues to call supporters to Washington du Washington Post du 31 Décembre 2020, relayé par MSN. Lire aussi : Trump Urges Protesters "To Go Home Now" In Video Blasting "Stolen Election", par Tyler Durden sur ZeroEdge du 6 janvier 2021. Durden note dans un autre article que Twitter a bloqué pendant 12 heures le compte de Trump pour l'empêcher de s'adresser aux manifestants pro-Trump massés sur la place du Capitole. Seule une minorité se serait introduit dans le Capitole.

[3] Lire l'article de wikipedia sur les Proud Boys. Il semble que le groupuscule soit agité par de profondes dissensions internes presque depuis le début. Leur mécanisme d'initiation en quatre degrés rapporté par Wikipedia fait douter de leur capacité à occuper le Capitole.

[4] L'information est "instillée" par Proud Boys flock to Washington 'incognito' for Jan. 6 protests de Fox News, du 2 janvier 2021.

[5] Le fait est rapporté par le blogueur catholique Raymond Martinez, dans un article ""Were they Invited Inside?": "WAS IT STAGED? " du 6 janvier 2021. Martinez se base sur un tweet https://twitter.com/KelemenCari/status/1346929418455842816. Ce tweet a été marqué "manipulé" parTwitter (https://twitter.com/i/events/1347027827426611200/?=&lang=en) qui réfère des protestations de la presse lourde estimant qu'il n'y a aucun antifa dans le Capitole, que l'affirmation du contraire est une "manipulation d'extrême-droite" et que le "démonstrator" serait un fasciste " is identified as a frequent MAGA world protester known as “Q Shaman,” and another is Matthew Heimbach, a well-known white nationalist, according to Buzzfeed News". La guérilla de l'information politiquement correcte fait rage.
Dans l'après-midi du 7, The Telegraph identifie l'"indien" comme un membre de la mouvance Qanon : The ‘QAnon shaman’ from Arizona at the heart of the Capitol riots. Il se nommerait Jake Angeli et "travaille" comme comédien dans les manifestations de l'extrême-droite américaine depuis 2017.





Revue C-Politix (c) 7 Janvier 2021