Europe, Agriculture, Industrie, Travail, ... fermetures pour congés sans solde

Philippe Brindet - 17/11/2024

Nous nous lamentons de ce que la politique est devenue un désordre sans fin. Or, nous avons confié démocratiquement le contrôle total de la société à la politique. Comment alors se désoler de ce que l'Europe est en ruines, l'Agriculture est en crise, l'Industrie en faillite.

"La Fortune se rit de ceux qui chérissent les causes de leur malheur" disait-on du temps des moralistes. Le dernier est probablement au tournant du millénaire, fatigué de prêcher dans le désert.

Sans la chérir, ne parlons pas ici de la politique. Laissons là en repos un instant, d'autant que la tentation est grande de trouver un responsable à exécuter comme bouc émissaire.

L'agriculture est moribonde

est-il souvent écrit et dit. Ceux qui s'en rendent compte ont seulement été gênés certain jour par le blocage d'un rond-point par un groupe de tracteurs klaxonnant. Les autres disent que les agriculteurs se plaignent tout le temps ... Et la plupart pense et dit tout bas qu'après tout "nous n'avons jamais été aussi bien nourris ..."

Oui, les agriculteurs se plaignent. Et ils ne se plaignent plus des saisons, du temps qu'il fait, du prix de ceci ou de celà ... Ils se plaignent tout simplement qu'ils sont condamnés à la mort d'ici quelques mois. Guère plus. Seules quelques très grosses firmes agro-industrielles auront le droit d'exister et elles serons essentiellement entre les mains de la finance internationale. C'est exactement ce qui s'est produit en pharmacie où la pléthore de petits laboratoires des années 1980 a complètement disparue au profit de grosses firmes financiarisées à outrance qui n'ont plus de liens avec la médecine et tout avec la chimie la plus destructrice qui soit. C'est l'avenir des firmes agricoles de demain.

D'ailleurs, les paysans ont politiquement commis la même erreur que les médecins et leurs pharmaciens. Ils ont fait confiance à l'Etat, imaginant que, par leurs organisations professionnelles, corporatistes et syndicales, ils garderaient le contrôle sur leur situation. Comprenant que ces "professionnels" étaient à la fois très paresseux et très bêtes, l'Etat - en fait la classe politique - les a vendu au pouvoir financier. Celà s'est produit à cause de la grande distribution qui a "volé" les clients naturels des agriculteurs : les familles, les artisans de l'ailmentation, ... Les premiers n'ont pas eu le choix, les seconds ont été éliminés.

Une fois terminée la massification de la distribution agro-alimentaire entre les mains d'une demi-douzaine de grandes marques, le maintien d'une agriculture diversifiée et morcellée devient une "aberration économique". A quoi sert un éleveur de 200 moutons dans le Jura quand je peux vendre la viande de 50.000 moutons achetés au prix le plus bas sur le marché mondial ?

La grande tromperie de l'Europe - et des fonctionnaires français depuis l'ère Chirac, Chirac qui a été le Grand Exécuteur de la paysannerie française qui ne sait toujours pas comment l'en remercier ... - a été de faire croire à la corporation des agriculteurs qu'elle aurait accès au marché mondial pour vendre ses excédents. La chose que la glorieuse corporation des agriculteurs n'a pas vue venir, c'est que elle n'aura jamais eu d'excédent, l'Union Européenne s'étant arrangée à ce que les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, la Russie, bref tout le monde ... puisse vendre en Europe les produits des agriculteurs français à prix cassés ...

La tromperie s'est organisée par deux canaux : les gros agro-industriels français - qui se sont empressés d'aller voir ailleurs si le marché était meilleur ; c'est leur raison d'être - et les syndicats et autres mutualités et coopératives agricoles. Ces dernières, d'idéologies socialistes - souvent à la mode Vichy d'ailleurs, mais qui s'en inquiète - étaient persuadés de négocier d'égal à égal, entre grandes personnes. Le cousin était souvent fonctionaire au minsitère de l'Agriculteur et le gendre dan sun bureau à la Commission de Bruxelles. On était entre nous.

Avec ces tactiques du temps de la Troisième République, les agriculteurs français se sont faits laminés. Laminés et éliminés. Et ils ont de la chance. C'est exactement la même chose pour leurs anciens concurrents allemands, hollandais, anglais et ... américains ! L'Occident est en train de se débarrasser complètement de son agriculture. A coups de normes écologistes plus stupides les unes que les autres. Mais de plus en plus à cause de lois fiscales et foncières destinées à exproprier le maximum d'agriculteurs et de grosses firmes agro-industrielles elles aussi poussées à la destruction ou à la délocalisation !

L'état de l'agriculture occidentale est tellement faible que nos maîtres de New York et de Bruxelles en sont passés maintenant à interdire les potagers des citadins et des péri-citadins de façon à être certains que pas un gramme de matière alimentaire ne puisse entrer dans un être affamé qui n'ait été produit, intoxiqué, dénaturé, par le soin des divers partenariats public - privé qui président maintenant à nos économies exsangues et soumises au délire totalitaire.

Il n'y aura jamais de restauration d'une quelconque agriculture en occident. Par contre, nous aurons une alimentation artificielle de "médicaliments" produits par des Pfizer ou des "alicaments" produits par des Monsanto. A terme, il n'est pas impossible qu'il pousse des nageoires à nos enfants, mais peut être ne le verrons nous pas ...

L'industrie est morte,

... entend on dire et lit on. Beaucoup de citoyens occidentaux sont choqués par une telle allégation. Ils sont tellement certains que l'occident est l'astre autour duquel le reste de l'univers gravite. Alors, comme la modernité est fondée sur l'industrie .... En réalité, l'industrie est morte en occident. La part de l'industrie dans le PIB de la France est tombée à 9%, et la France est dernière en Europe, ex-aequo avec la Grèce. Et encore, la France compte comme production nationale des assemblages réduits parfois à la pose du seul emballage ... Le reste est importé ! ... Le Royaume-Uni est en train de fermer sa dernière aciérie et les Etats-Unis produisent actuellement moins de 10% de l'acier qu'ils consomment. Ils se sont aperçus récemment que plusieurs matériaux essentiels à la fabrication de leur chasseur furtif vedette, le F-35, ne se trouvent qu'en Chine ...

L'Allemagne a tué son industrie en quinze ans et même moins avec deux moyens : l'écologie et les sanctions contre la Russie. Le premier moyen a fermé les usines, le second a fait disparaître l'énergie. Et l'économie sans énergie a un nom : la misère noire.

En France, l'industrie a été tuée par l'écologie, c'est certain. Mais elle a assi été éliminée par l'idéologie. Par une certaine idéologie très en vogue dans la classe politique à la fin du XX° siècle et qui fait encore partie des croyances des retardés mentaux en activité. Selon ces phares de l'économie, "il n'y a rien de plus idiot qu'un ouvrier". Alors, les français sont devenus si intelligents qu'il n'est pas possible d'en trouver un pour faire un ouvrier. Par contre, les français sont si brillants qu'ils ont le droit de devenir communiquants, financiers, politiciens, écologistes, .... il y a le choix. Laissons l'industrie à la tourbe du Tiers-monde ....

Au début de la mondialisation qui a découlée de cet axiome foireux, c'était l'idée de brillants économistes de dire que "la valeur ajoutée se trouvait dans la "recherche-developpement" ..." Il suffisait donc d'implanter les usines chez les idiots : l'Afrique, l'Europe centrale, l'Asie, ... et de garder les "laboratoires de recherche" ... En moins de deux ans, il fallait fermer le "laboratoire de recherche" et il s'installait dans l'usine à l'étranger.

De fait, il n'y a pratiquement plus aucune industrie de production en France et très peu ailleurs. Seuls les Etats d'Europe centrale et dans une certaine extension les Etats du Sud, Italie, Espagne et Portugal conservent des secteurs industriels. Alors, pour maintenr le mensonge, on compte comme "industrie" des activités de service comme les télécommunications et le traffic commercial de données, genre moteurs de recherche, "intelligence artificielle", ... Les gens sont tellement déformés par le mensonge occidental qu'ils en viennent à désigner le tourisme ou le cinéma comme de 'l'industrie" ... Le verbiage et la communication sont les deux outils du mensonge ...

Le travail est mort

... L'emploi en occident est de plus en plus réduit. La situation est la même presque partout, mais surtout dans les anciennes puissances : Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni et France. La situation semble meilleure ailleurs. Dans les anciennes puissances, le travail est de plus en plus médiocre et de plus en plus insuffisant pour espérer une vie décente. Ainsi aux Etats-Unis, la Bank Of America estimait que plus de 52% des ménages américians étaient incapables de faire face à leurs dépenses obligatoires. Le recours au crédit est toujours croissant et de plus en plus pour assurer les dépenses les plus essentielles : alimentation, logement, santé, ... En France, le salaire moyen est inférieur à celui nécessaire pour trouver un logement locatif. Par ailleurs, de moins en moins de français disposent de ressources nécessaires pour acheter. Plus grave encore, les autorités politiques oeuvrent depusi quelques années pour que les français ne puissent plus devenir ou rester propriétaires de leurs logements. L'un des outils de cette contrainte effarante est bien entendu la fiscalité.

Il existe de moins en moins d'emplois disponibles et les autorités dissimulent la vérité en prétextant que des emplois ne sont pas pourvus par exemple dans la manutention ou dans la restauration qui sont en génral des emplois précaires et extrêments mal payés. Mais cette "lubie" des autorités sur les emplois "non pourvus" sert de prétexte pour imposer une imigration forcée de plus en plus rejetée par la population y compris les anciens migrants récemment installés. Le démenti des mensonges des autorités se trouvent dans les chiffres du chômage dans les populations immigrées, chômage triple de celui des populations indigènes ...

Mais, il y a pire. Les emplois offerts par l'économie française sont de plus en plus médiocres. Pour donner un exemple, les médecins sont surchargés de charges administratives, notamment liées à l'exploitation de la Sécurité Sociale. Leurs relations avec les patients deviennent de plus en plus problématiques à cause d'une "barbarisation" de ces populations, de moins en moins éduquées. Le problème est recontré aussi par la plupart des professions exposées au contact avec le public, ce qui est normalement le cas de nombreuses professions.

De plus en plus de salariés, mais aussi de professions libérales et artisanales, se plaignent que leurs tâches professionnelles ne présentent plus d'intérêt professionnel. Cette critique est de plus en plus fréquemment exposé par les jeunes générations issues d'études de plus en plus longues, exposées à des idées générales excessives qui ne supportent pas le feu de la confrontation au réel de la vie moderne, médiocre et mensongère. Les jeunes diplômés critiquent un perte de sens à leurs "premiers emplois" qui les poussent à se reporter sur des activités exotiques et pas toujours économiques ou professionnelles.

C'est la généralisation des "bullshit jobs" dénoncée il y a plus de 20 ans par le sociologue américain David Graeber.

Le problème du chômage est largement occulté par le mensonge statistique des autorités politiques, soutenues par le monde économique des employeurs et des autres offreurs d'opportunités. Le mécontentement monte dans la population confrontée au manque de ressources de plus en plus gênant. En réalité, tout se passe comme si dans une certaine mesure, le travail était "mort".

Pendant la pandémie de Covid-19, la plupart des Etats occidentaux ont imposé un arrêt complet des activités économiques. Et beaucoup de gens simples ont constaté qu'on vivait très bien sans travailler. Le retour au travail est difficile comme en témoigne la résistance à abandonner le travail à domicile, les salariés tentant par là d'échapper certainement à l'ennui mortel des trajets de travail d'une part, mais aussi à l'environnement professionnel de plus en plus détruit par des normes qui rendent l'exercice professionnel impossible, ou encore par la répétition de tâches professionnelles de plsu en plus improductives et même dégradantes, d'autre part. On peut citer l'inadmissible augmentation des heures de réunion ou encore l'oppression du "reporting" ...

Mais, il faut bien comprendre que dans un monde économique sans agriculture et sans industrie, le nombre d'emplois gratifiants pour une expérience professionnelle se réduit considérablement. Et dans le même temps, les tâches professionnelles des activités, commerciales notamment, mais pas seulement, qui sont le support des activités agricoles et industrielles, si elles se transfèrent sur l'importation perdent beaucoup de valeur ajoitée et donc d'intérêt professionnelle.

Il est probablement impossible de restaurer le travail économique sans agriculture et sans industrie. Or le renforcement de l'agroculture devient de plus en plus impossibble. Parce que l'agriculture exige des générations de paysans qu'il est impossible de remplacer par des promotions d'universités fussent-elles "agricoles" ou plus, "agro-industrielles". L'agriculture exige des paysans qui connaissent leur terre, le soleil, les bêtes les pkantes ... Et ces paysans n'existent que par leurs familles, leurs villages, ... Reconstituer un peuple d'agriculteurs prend plusieurs générations et beaucoup de sacrifices. Ce n'est pas pour demain.

Il resterait 400.000 agriculteurs soit 1,5% de la population active. Ils étaient 1,6 millions en 1982, soit 7,6% de la population active selon l'Insee (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806717). Et un paysan a besoin de dizaines de professionnels qui assistent son activité. Des vétérinaires par exemple, et aussi des mécaniciens, ...

La suppression du secteur industriel en France date d'il y a au moins 30 Ans. C'est donc une génération complète qui sera incapable de transmettre le savoir-faire humain. Pire encore, la destruction de l'industrie a écarté la plupart des étudiants qualifiés des formations supérieures de techniciens et d'ingénieurs. Aujourd'hui, ces étudiants à fort potentiel s'orientent vers des métiers proches de la banque et de la finance. L'arrêt en 1992 de la filière nucléaire détruit lui aussi des compétences dans l'industrie nucléaire. Elle ne pourra pas reprendre avant de longues années et il lui faudra l'aide de techniciens étrangers venant de Chine ou de Russie. Mais les filières chinoises et russes ne sont pas celles de la France de sorte que leur emploi sera difficile et imposera des choix technologiques. L'utilisation des technologies de type SMR est questionnable encore aujourd'hui.

Toutes ces circonstances montrent combien le travail en occident, et particulièrement en France, est menacé, réduit.


Revue C-Politix (c) 17 Novembre 2024