France Législatives - Avant le Premier Tour. Observations

Philippe Brindet - 28/06/2024

  1. L'état politique après les européennes

    Les Européennes se sont déroulées au début juin. Le résultat a été une victoire de l'extrême droite et une défaite du camp bourgeois. Le problème est devenu compliqué par l'absence d'idées politiques réduites à des slogans sans aucun effet politique, mais essentiellement électoraux.

    Droite, Gauche, centre, extrêmes, tout celà n'a plus aucun sens. La droite et la gauche sont au centre, et l'extrême droite est à gauche. Deux petits partis : LFI et Les Verts, se disputent des idéologies extrêmistes qui sont lointainement de gauche et parfois franchement facistes.

    Et les européennes ont été l'occasion d'enterrer tout débat critique sur l'Union européenne, sur sa géopolitique asservie aux USA et suicidaire pour l'occident. Il ne fallait surtout pas en parler et "on" n'en a pas parlé.

    En fait, le Rassemblement National, aligné derrière deux personnalités : Marine Le Pen et Jordan Bardella, a surjoué une normalisation politicienne qui fait ressembler ses élus à de raisonnables mandarins d'un parti d'ordre bourgeois comme le RPR des années 80 ou le PS des années 90. Il a remporté haut la main la première place en nombre d'élus au Parlement Européen, précédant le parti macroniste.

    Macron a alors tenté une manoeuvre : dissoudre l'assemblée Nationale et convoquer très rapidement de nouvelles élections législatives. Les partis politiques ont été surpris, même si cette dissolution avait été exigée par Bardella lors de la campagne des européennes. Toujours est-il que le désaveu de la personne même du président de la République est complet. Il s'est engagé partout et encore plus pendant la campagne des européennes. L'échec de son parti aux européennes est son propre désaveu, désaveu qu'il renvoie sur ses députés, lamentables sbires, sans envergure.

    L'intérêt de la dissolution de l'Assemblée Nationale pour Macron est de placer la "gauche" face à un combat "formidable" : affronter l'extrême-droite triomphante. En un mot, Macron somme les "forces de gauche" de s'engager à fond pour battre le péril de l'extrême-droite et lui redonner de la vigueur politique pour finir son second mandat.

    L'effet a été immédiat. En quelques jours, les "gens de gauche" ont réussi à sortir du musée le Front Populaire de 1936. Le plus drôle, c'est que le PS s'est cru obligé de fournir le "Léon Blum" de cet agglomérat d'incultes politiques. Il les a donc rejoint puisqu'il voulait être leur "chef". Mais en réalité, le plus virulent des gangsters qui constituent cet attroupement de malandrins s'est proclamé premier ministre de droit. Bien entendu, toute l gauche est furieuxse : "Pourquoi lui et pas moi ?" ...

    Comme le "premier ministre" autodésigné tient à son poste, tout le monde est mécontent, et il est probable que l'union de gauche n'est qu'une mascarade. D'autant que l'antisémitisme des LFI de Mélanchon entre en lutte avec le sionisme du PS autour de Faure et Glucksman, l'ami des dictateurs d'Ukraine et de Géorgie.

    Mais, les petits bourgeois de droite, de la vieille droite, se sont évanouis d'épouvante en considérant le risque que Mélanchon parvienne au pouvoir suprême. Ils se sont rués en ordre dispersé, ou plutôt en franche débandade, dans les antichambres de Le Pen et de Bardella. Que cela à plutôt fait rire. L'effet a été immédiat. Le nouveau parti Reconquête de Zemmour a littéralement explosé en même temps que le vieux parti LRemmené par un Ciotti plus malin que ses lieutenants ahuris.

    Et alors pour quels programmes politiques ? Nous n'en avons pas la moindre idée. Les uns se bornent à lutter contre l'extrême-droite, les autres contre la gauche ... Et çà suffit ...

    Or, Macron n'a pas besoin ni d'un premier ministre - Attal et avant lui Borne, sont des nullités - ni d'un Parlement. Il n'a même pas besoin d'une Administration. Ses conseillers issus du WEF et ses consultants envoyés par les américains ont "avantageusement" remplacés les vieux trucs inutiles d'une République disparue et d'une démocratie moribonde.


  2. Le débat démocratique avant le premier tour des Législatives

    Il n'y a aucun débat et encore moins démocratique. On se borne à des injures publiques et on évite soigneusement tous les sujets qui pourraient faire l'objet de lois utiles. Comme il n'y a plus de république, à quoi sert une loi ? A quoi servirait donc un débat ? Les électeurs se bornent à partager leur détestation de Macron ou leur frayeur que la gauche ou la droite l'emporte. Le reste les indiffère totalement et les partis politiques ne souhaitent pas s'y intéresser de quelque façon que ce soit.

    On va continuer à "sanctionner" la Russie, à soutenir financièrement avec de la dette l'Ukraine, à "faire la guerre économique" avec la Chine et à dicter à l'Iran sa conduite comme si l'Iran attendait les instructions de Bruxelles ou de New York. Personne ne discute ces lubies des psychotiques installés au pouvoir partout en occident.


  3. Le risque de désordres populaires

    Tout le monde agite la peur d'une "révolution" parce que la gauche n'acceptera pas la victoire de l'extrême-droite. C'est parfaitement stupide puisque Mélanchon sera le premier à voter les pleins pouvoir au "Maréchal" Bardella ... dans une sinistre représentation théâtrale du puits des fous de la gauche bourgeoise.

    Macron et ses comparses veulent que les retraités qui votent majoritairement pour eux aient une frayeur monstre de Le Pen. A ce prix, Macron peut rêver de quelques "triangulaires" pour le second tout et ainsi emporter quelques sièges dans les lieux de résidence des seniors ... Ils tiennent celà pour de l'habileté ... Mais, on peut sérieusement douter d'une révolution. Il existe une seule force capable d'une révolution : l'islam. Or, cette dernière a énormément investi dans une submersion pacifique des Etats stupides occidentaux. Il ne va pas perdre bêtement les milliards investis partout pour égorger quelques milliers d'abrutis qui, de toutes façons, lui payent déjà le tribut.

    Le mécontentement populaire ? Il suffit d'un départ en vacances pour le museler. Et cela depuis 1968 et de pire en pire depuis cette époque "héroïque". Maintenant, il faut bien reconnaître qu'une révolution est toujours imprévue et qu'une émeute de temps à autre - pour l'ouverture officielle des JO de Paris par exemple - est une fantaisie dont il serait dommage de se priver.


  4. La certitude d'un effondrement français

    A priori, on s'oriente vers une majorité parlementaire acquise au Rassemblement National. Majorité absolue ou pas, nous verrons. Il est possible que Bardella soit nommé Premier Ministre et qu'il jouera vaillament le rôle sous les coups tordus organisés par Macron avec l'aide de Von Der Leyen depuis Bruxelles et de McKinsey depuis New York.

    Mais, même si Macron laisse Bardella gouverner, ce qui paraît peu vraisemblable, le Rassemblement National a adopté, sans trop l'avouer, une politique économique et sociale totalement alignée sur Bruxelles et sur Macron. Un mixage infect de socialisme à la française et de libéralisme à la Biden, avec subventions pour les éoliennes ...à titre de réindustrialisation. Quant aux agriculteurs, ils entendront les mêmes fausses promesses sur la protection du revenu agricole ... Et Von Der Leyen, probablement dans son second mandat, sera contente. De Le Pen autant que de Meloni ...

    Tous les problèmes posés par l'Amérique, par 'Union Européenne, par la failite économique, par le délitement social, se poseront de manière accrue. Mais comme on a évité soigneusement de débattre de les résoudre, ils empireront davantage rendant certain l'effondrement français.


Revue C-Politix (c) 28 juin 2024