Guerre en Ukraine. Nouvelle de l'offensive ukrainienne

Philippe Brindet - 10/05/2023

Selon diverses sources - des sources OTAN et des sources russes - l'offensive ukrainienne a déjà débuté. Mais elle s'est heurtée à la résistance russe.

La première étape de l'offensive ukrainienne a consisté à lancer plusieurs brigades mécanisées "fraîches" sur Bachmut :

  • 2 colonnes à quelques kilomètres au nord de Bachmut ;
  • 1 colonne sur Bachmut par Chasiv Yar et Ivanitske ;
  • 2 colonnes au sud de Bachmut.

La possibilité de cette première étape avait alerté le patron de Wagner, le groupe de mercenaires russes, qui a exigé du Ministre russe, vers le 20 avril, le renforcement des flancs Nord et Sud de Bachmut, qu'il estimait menacé. Il semble avoir été entendu.

Cependant, les Russes sont loin d'être à l'abri par leur contre-offensive. Et encore moins par leur possible victoire finale à Bachmut. En effet, une nouvelle colonne ukrainienne depuis 2 jours attaque un peu plus au Sud de Bachmut et a franchi le canal orienté Nord-Sud derrière lequel s'appuyait la ligne de défense russe à l'ouest de Klishchiivka, village à environ 20 kilomètres au sud de Bachmut. Comme la précédente offensive, cette colonne aurait deux objectifs :

  • soulager le siège de Bachmut en attirant des troupes russes ; et/ou
  • réaliser un contournement des troupes russes par une avancée au sud de Bachmut, suivie d'une remontée au nord pour couper Bachmut du reste des forces russes.

Il semble que les troupes ukrainiennes se soient emparées d'une poche de 3 kilomètres de large sur 1 kilomètre de profondeur. Ce n'est pas une avancée majeure. Elle est néanmoins encourageante. On ignore l'ampleur des forces ukrainiennes et pas davantage celle des forces russes.

Plusieurs autres colonnes ukrainiennes se sont avancées :

  • à traverser le Dniepr à Kherson ;
  • de part et d'autre de Ugledar ;
  • dans le secteur de Koupiansk.

Toutes ces incursions ukrainiennes auraient mis en manoeuvre des troupes réduites, de l'ordre d'un groupe de reconnaissance. Elles ont toutes été arrêtées notamment par l'artillerie russe.

Mais, l'ensemble des sources est d'accord pour faire état de très grandes concentrations de troupes, de munitions et de matériel du côté ukrainien. On parle de 9 brigades accumulées à l'arrière du front de Zaporiziia et de 4 à 5 brigades au nord d'Odessa.

C'est la raison probable de la campagne de bombardements massifs des forces russes sur des villes comme Odessa, Dnipro, Pavlograd, Krivoï Rog, Kramatorsk, Severodonetsck. Mais aussi partout en Ukraine, jusqu'à Lvov. Le retard que semble prendre l'offensive majeure des ukrainiens proviendrait de l'état des terrains détrempés et de la violence des bombardements russes.

Il semble que l'attaque majeure devrait avoir lieu sur le front de Zaporiziia. Les Russes auraient ordonné depuis quelques jours l'évacuation complète des civils de cette partie du front.

L'objectif de cette offensive serait d'atteindre une ligne de front vers Mélitopol à 40 kilomètres du rivage de la Mer d'Azov. De cette ligne de front, l'artillerie kiévienne pourrait bloquer les communications entre la partie sud russe et sa partie nord. La suite de l'offensive viserait les ports de Marioupol et de Berdiansk, ainsi que l'isthme de la Crimée. Cette dernière serait l'étape finale de l'offensive ukrainienne. On note que cette stratégie est prévue par les Russes qui auraient installé un immense fossé antichar qui démarre au Nord-Est de Mélitopol sur plus de 80 kilomètres vers l'Est.

Par ailleurs, selon certaines sources, la colonne ukrainienne la plus à l'ouest du front de Zaporiziia se dirigerait plutôt vers l'ouest pour prendre à revers la centrale nucléaire de Energodar, qui serait aussi atteinte par le Dniepr depuis Nikopol. Pour limiter les risques, les russes auraient déjà désactivée la centrale. Peut être ont-ils neutralisés les réacteurs nucléaires, ce qui limite le risque d'explosion. Mais pas celui des fuites radioactives.

La concentration de troupes fraîches au Nord d'Odessa peut indiquer deux offensives possibles :

  • la plus probable rejoindrait Mikolaiev et Kherson pour rejoindre la Crimée en coordination avec l'offensive de Zaporiziia ;
  • la possible prendrait l'offensive sur la Transnistrie, notamment pour occuper le plus grand dépôt de munitions de l'ère soviétique, pour réapprovisionner les vieux équipements de l'armée ukrainienne.

Ces deux offensives ne seraient pas exclusives d'une offensive pour reprendre Bachmut par l'Ouest, ou Soledar par le Nord. Et aussi une offensive sur Koupiansk. Cependant, la doctrine militaire de l'OTAN semble plutôt favoriser les fronts "étroits". Et celui de Zaporiziia ferait déjà 150 kilomètres de Energodar à l'Ouest à Fedorivka à l'Est. Avec une douzaine de brigades - dont 9 "fraîches", cela représenterait environ 30.000 hommes ce qui fait peu pour un front aussi large. La question est de savoir si l'artillerie russe suffira à stopper leur avance ou si les nouvelles troupes russes de la conscription de décembre 2022 seront suffisamment formées pour parvenir au front de Zaporiziia avant son effondrement. Il semble que la prochaine offensive ukrainienne tente de prendre de vitesse ces nouvelles troupes russes en formation.

L'idée d'une contre-offensive russe, par exemple sur Kharkov au Nord est très contraire aux objectifs russes, même si elle semble dans la théorie militaire une option normale. De même, une nouvelle offensive russe sur Kiev serait extrêmement dangereuse pour les ukrainiens. Mais elle aussi serait une remise en cause de la stratégie russe actuelle. Le plus vraisemblable sera une intensification de l'artillerie et des bombardements aériens et drones sur les avancées ukrainiennes jusqu'à leur totale destruction. Le but des russes n'est pas de vaincre l'Ukraine avec laquelle la Russie n'a pas déclaré la guerre (!...) mais de détruire définitivement l'armée otano-kiévienne. Y compris les forces européennes.

Autrement dit, si l'armée otano-kiévienne atteint le rivage de la mer d'Azov, la stratégie russe aura échouée. Et même si l'armée otano-kiévienne atteint le fossé anti-char de Mélitopol, la stratégie russe peut encore triompher.

D'un autre point de vue, selon certaines sources, la nouvelle offensive serait le fait d'une "troisième armée otano-kiévienne". La premère avait été détruite en Juillet 2022. L'Otan avait fournit des armes et des conseillers pour la deuxième armée otano-kiévienne, dont les hommes et le commandement de base étaient ukrainiens. Elle aurait été détruite en Février 2023. Et la troisième qui va entrer en action serait entièrement otanienne sous commandement Otan avec des troupes polonaises et baltes ainsi que des contractants américains et britanniques.

Les prochains jours vont montrer la validité de certaines hypothèses.






Notes

Parmi nos sources, nous citerons dans la presse écrite :

  • Le Courrier des Stratèges, notamment des articles de Edouard Husson qui livre des recensions de nombreuses sources éclairées ;
  • les médias "lourds" comme The New York Times, The Washington Post, The Telegraph, The Guardian, Le Monde, ou Le Figaro, qui ne sont d'aucune utilité à cause de leur état lamentable ;
  • les analystes indépendants comme M. K. BHADRAKUMAR (( lire par exemple Whither Ukraine’s counteroffensive?, Posted on May 2, 2023) ou encore Pepe Escobar, Andreï Matyanov, ...

On notera que le journaliste américain Gonzo Lira, résident à Kharkov a été kidnappé chez lui par les services spéciaux ukrainiens et a disparu. C'est l'un des auteurs les plus lus dans la sphère pro-russe en occident.

Mais le principal de nos sources sont les vidéos sur YouTube de plusieurs chaînes :



Revue C-Politix (c) 10 Mai 2023