Il assassine à Annecy. Et alors ?

Philippe Brindet - 10/06/2023

Il y a quelques jours, dans des circonstances qui ne sont pas à retenir, le Président de la République française, qui n'est pas plus française - elle est européenne- qu'elle n'est une République - elle est une zone économiquement faible sous domination américaine - a parlé de la société comme d'une "décivilisation". Les uns ont hurlé que c'était un mot infect d'extrême-droite quand les autres ont décidé que ce n'était qu'un "gros mot" de plus qui, chez Macron, remplacent des actes.

Et puis quelques jours plus tard, un Suédois sans domicile fixe - c'est très courant : ce sont les SSDF - revendiquant d'être un "chrétien-d-orient", se munit d'un bénin Opinel, et attaque tous les landaux et poussettes d'enfant qu'il rencontre dans un square au bord du Lac d'Annecy. Pour faire bonne mesure, il tente de trancher la gorge de quelques paisibles retraités qui profitaient de la douceur printannière sur un banc ombragé. Résultat : quatre bébés grièvement blessés et deux vieillards choqués.

La police est très vite sur les lieux et l'individu est pris en chasse par un jeune homme qui, armé de son seul sac à dos, parvient à écarter le Suédois de ses proies. Cet intervenant cocasse est immédiatement présenté comme un héros au courage vertigineux. Il faut reconnaître que la plupart des gens, convenablement éduqués, savent que la violence légitime est l'apanage de la puissance publique. Ils déduisent de celà que l'attitude citoyenne et convenable est la fuite. Ce qu'ils ont fait une fois de plus.

Henri, c'est le nom du jeune héros, n'a fait qu'écouter son instinct. Furieux de l'attitude anti-sociale du Suédois, il s'est précipité contre lui, et à coups de sac à dos - sa seule arme par destination - il a repoussé le Suédois qui a fui à petit trot pour tomber nez à nez avec une patrouille de police qui l'a intercepté et, avec quelques violences, modérées je vous rassure, l'a interpellé.

Voilà toute l'histoire.

La presse, sentant la torpeur estivale des rédactions commencer à monter, s'est précipitée sur l'événement. Elle a d'abord brodé sur le thème de l'horreur absolue de l'égorgement de jeunes enfants. Puis, elle s'est précipitée sur l'attitude du public, affolé par l'agression et s'égayant ou, ne comprenant pas, continuant son jogging à petits pas autour du Lac. Enfin, estimant tenir un débat majeur de société, elle découvre que le Suédois est en réalité un migrant syrien, installé et marié en Suède qui, chassé de Suède pour des fraudes aux aides sociales, a abandonné femme et enfants - parce qu'il a femme et enfants en Suède, et une maman aux Etats-Unis . Creusant le filon, la presse découvre alors que le Suédois est installé en France depuis le mois de Novembre 2022, qui'l a déposé une demande d'asile politique en France parce qu'il s'estime Syrien, ce que l'Etat français ne peut reconnaître puisqu'il est suédois ...

Du coup, la presse découvre que le Suédois SDF - ou SSDF - a vu sa demande d'asile refusée par les autorités françaises quelques jours avant son odieux attentat. Et donc que le SSDF n'avait aucun droit de se trouver sur le territoire français qu'il a régulièrement rejoint par l'Accord original Schengen qui ouvre ce droit à tous les citoyens suédois, ce qu'est notre SSDF. Les progressistes - furieusement pro-immigration - sont furieux de cet incident de parcours pour leur stratégie datant de cinquante ans tandis que les conservateurs, furieux du laxisme de l'Etat, cherchent des coupables dans le personnel politique.

Tout celà sent le ranse et la bêtise. Limitons nous à quelques obervations

  1. Henri devrait être poursuivi pour voie de fait contre un citoyen suédois

    L'intervention violente d'un citoyen n'ayant aucun mandat de l'Etat paraît une atteinte au régime légal qui réserve la violence à l'Etat français. Principalement aux forces de l'ordre qui d'ailleurs étaient présentes sur les lieux de l'intervention de Henri. Henri s'est longuement confié sur ce qui a motivé son intervention : il a parlé d'une réaction instinctive. Peut être que Henri n'aime pas les migrants. Cela n'excuse pas sa réaction instinctive. L'avocat du SSDF pourra utilement tirer sur ce fil ...

    Bien entendu, cette remarque est "idiote". Pourtant elle a été régulièrement fondée depuis des mois. Lorsque les manifestations contre la réforme des retraites se sont développées, certains opposants au macronisme ont prétendu que leur violence en manifestations provenait du caractère souverain qu'a le peuple de la démocratie. Et les conservateurs et autres macronistes ont alors répliqué que l'Etat était le seul à disposer de la violence légitime ...

    Quelques semaines plus tard, Henri s'attribue le droit de faire violence au SSDF d'Annecy. C 'est bizarre ..


  2. Le SDF suédois n'est pas un migrant, ni un étranger, danger pour cette cause. C'est un dingue de plus ...

    Beaucoup de gens qui se sont émus de l'attentat d'Annecy, se sont fixés sur le fait que le SSDRF était un migrant d'origine syrienne et que la France ne voulait plus accueillir "la misère du monde". Beaucoup ont alors brodé sur ce thème. Ce n'est pas faux, c'est mal. Si vous préférez, ils dénoncent un vrai problème : celui de l'immigration depuis soixante dix ans. Mais c'est une généralité alors que l'attentat d'Annecy est un cas particulier. Si on attend des cas particuliers d'y trouver une solution à un problème général, on va droit dans le mur. Ce que nous faisons par ailleurs pour d'autres raisons.

    Très clairement, le Sudéois de l'attentat d'Annecy n'a pas son bon sens. On évitera certainement de le faire passer pour fou, parce que c'est devenu chez nous un régime de faveur. Le Suédois d'Anncecy, si la justice ne le tient pas pour fou, va se trouver enfermé dans un maelstöm judiciaire de plusieurs années. Et le Suédois d'Annecy va certainement avoir le gîte et le couvert assuré pour plusieurs années pendant le temps que de pompeux magistrats vont gravement interroger les motivations de ses actes depuis des années pour aboutir à la question de confiance du procès final : "Que comptiez-vous faire avec ces coups de couteau ?" ...

    La belle question ! Si le Suédois n'est pas un fou, c'est que notre régime politique, judiciaire en l'occcurence, est complètement dingue. Tout çà, parce qu'un citoyen Suédois a commis quelques délits mineurs : une fraude aux prestations sociales comme il y en a des millions en France chaque année.


  3. Le régime politique qui contrôle la France n'a les commandes pour rien ...

    Si la France était sous l'empire d'un régime politique sain, le Suédois d'Annecy aurait dû être abattu sur place par la police de deux balles dans la tête. Pas par deux coups de sac à dos appliqué par un gamin émerveillé par la beauté de l'architecture gothique. Mais plutôt deux coups d'un pistolet Manurhin à dix mètres.

    A parte : je ne reproche pas aux policiers de ne pas l'avoir fait. Ils obéissent aux ordres du régime politique en place. Je pourrais leur reprocher de confondre le régime politique en place avec celui de la République française, ce qu'il n'est plus depuis longtemps. Et ceci explique celà. Le régime politique a prévu depuis des années les moyens qui lui permettent de faire régner la peur sur nous autres les petites gens, en désorganisant méthodiquement, toutes les activités régaliennes qui revenaient à l'Etat du temps de la République :

    • la sécurité : 140 attaques au couteau chaque jour ;
    • la justice : dix ans pour une instance normale ;
    • la défense nationale : capacité de tenir 70 kilomètres de front de bataille défensive pendant 8 jours ;
    • l'instruction : l'illettrisme règne dans le niveau élémentaire et l'ignorance dans le niveau supérieur ;
    • la culture : y règnent le wokisme, la cancel culture ... ;
    • la santé publique : prenez du Doliprane ...
    • le travail : 16 millions de français ne travaillent pas suffisamment pour subvenir à leurs besoins vitaux , les autres en majorité ne suffisent plus à leurs dépenses contraintes.
    • la destruction de l'économie : plus d'énergie nucléaire, plus d'agriculture à qui on ordonne de supprimer 300.000 vaches, une industrie moribonde représentant moins de 9% du PIB à qui on demande 11 ans de procédures pour ouvrir une usine !

Mais comme le dit toujours Mademoiselle Cunégonde à Candide : "Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes".


Revue C-Politix (c) 10 Juin 2023