L'Arménie à nouveau frappée par la Turquie

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Le génocide arménien

est un génocide perpétré d'avril 1915 à juillet 1916, voire 1923 (source Wikipedia). Il a été perpétré par des musulmans de diverses ethnies peuplant la Turquie et la Syrie dans le désert de laquelle les autorités voulaient déporter les survivants des massacres. Les chiffres sont effarants et selon de nombreuses sources, non seulement les autorités turques l'ont organisé, mais des éléments allemands appartenant à l'armée allemande notamment, ont assisté les turcs dans leur tâche.

A cette époque, nous avons vu arriver à Marseille de terribles cohortes d'Arméniens qui ont émigré en France notamment. Le compositeur arménien Komitas est mort à Arcueil des suites des terribles tortures qui lui avaient été infligées par les Turcs.

Plus récemment, une guerre s'est déclenchée entre l'Arménie

, une République indépendante enclavée entre l'Azerbaïdjan et la Turquie, et son voisin l'Azerbaïdjan, à cause d'une enclave arménienne le Haut-Karabakh, dans le territoire azerbaïdjanais. En fait, le Narodny-Karabakh est une région autonome érigée en République indépendante, peuplé d'Arméniens et reliée à l'Arménie par un corridor par lequel passe les échanges entre les deux républiques arméniennes. Il faut savoir aussi que une autre région autonome, le Nakhchivan à population azérie, est elle enclavée entre l'Arménie et l'Iran ! On voit que, depuis des dizaines d'années, des diplomates ont opéré un puissant découpage régional ... source d'un mutuel enrichissement ...

Soutenu par la Turquie et les Emirats Arabes unis, l'Azerbaïdjan

a envahi le Haut-Karabakh provoquant l'entrée en guerre de l'Arménie. Grâce à l'implication "clandestine" de la Turquie - notamment au moyen de "djihadistes" internationaux déplacés de la Syrie - et à l'armement des Etats Arabes Unis, l'Azerbaïdjan a mis en sérieuse difficulté l'armée arménienne et celle du Narodny-Karabakh, de sorte que l'Arménie a demandé un cessez-le-feu passé sous l'égide de la Russie, menacée par l'avance turque dans les Etats caucasiens. Les Arméniens fuient les territoires nouvellement occupés. On annonce que les paysans chassés incendient leurs maisons pour qu'elles ne tombent pas aux mains des azéris.

L'Europe et l'Otan se sont limités

à de "diplomatiques" regrets de la situation. Il était manifestement au-delà de leurs intentions d'appuyer l'Arménie et de faire le moindre désagrément à la Turquie. D'autant que la situation n'était pas favorable à la Russie. Tout le monde, depuis les chefs d'Etat jusqu'aux ONGs financés par l'Administration américaine, tout le monde s'est tu et à laisser la manoeuvre turque contre l'Arménie se dérouler.

L'intervention conciliatrice de la Russie

a permis à l'Arménie de stopper la ruée azérie. Un nouveau corridor azéri doit être mis en place en Arménie pour relier l'Azerbaïdjan à sa Région autonome du Nakhchivan et l'Arménie conserve le corridor de Lacin avec sa Région autonome du Haut-Karabakh, amputé de sept districts conquis par les Azéris. Des troupes d'observateurs russes ont été déployées et un centre d'observation russo-turc institué qui ressemble à ce qui existe déjà en Syrie.

Or, les frontières de l'Arménie sont tenues par l'Armée russe depuis 2010. On peut donc estimer que la Russie est complètement partie dans le conflit, même si, d'après nos informations, les azéris et leurs alliés ont évité de se confronter avec elle. Un hélicoptère russe a été abattu par les troupes azéris. Mais il semble que ce soit une erreur que Moscou a renoncé à utiliser comme prétexte pour entrer dans le conflit. Or, il existe des liens anciens entre l'Arménie et la Russie. Au moins depuis l'époque soviétique, puisque l'Arménie a été une République soviétique. Mais depuis sa sortie de l'Union soviétique, l'Arménie est aussi partenaire de l'Otan. Elle a aussi tenté de se rapprocher de l'Europe. Devant l'absence de soutien de l'Europe ert de l'Otan dans l'actuel conflit sur le Haut-Karabakh, on voit mal que l'Arménie ne se tourne pas davantage vers la Russie. Or, ce renforcement des relations conduit inévitablement à attirer la Russie dans un conflit armé direct avec la Turquie ou indirect à travers l'Azerbaïdjan.

La patience diplomatique de la Russie

à l'égard des menées déstabilisatrices permanentes de Erdogan en Syrie, en Méditerrannée, en Azerbaïdjan, est simplement stupéfiante. De ce point de vue, on peut penser que la Turquie fait le jeu géopolitique des Etats-Unis en se "déguisant" en ennemi des Etats-Unis. Mais, Erdogan semble aussi jouer un jeu "propre" de restauration de la grandeur ottomane. Et il travaille très "subtilement" avec les oppositions dans sa région. Deux pas en avant et un pas en arrière. Achetant les missiles russes S-400, Erdogan a été rejeté du programme d'avion furtif américain, S-35. Il a fait savoir à Biden qu'il était prêt à discuter avec lui d'un programme de "collaboration" entre le S-400 et le S-35 !

Mais comme le pense un général anglais fort stratège, l'accumulation de moyens militaires et la multiplication de conflits locaux, conduira inéluctablement à une inflammation des rapports guerriers. Et, une fois de plus, nous ne sommes pas prêts.


Revue C-Politix (c) 15 Novembre 2020