L'affaire de Conflans

Philippe Brindet - 17.10.2020

La société américanisée a un énorme problème que n'a peut être pas la société américaine. La société américanisée, bien entendu, c'est nous ... et je le regrette profondément. Bien.

L'affaire de Conflans

Donc l'autre jour, un individu a décapité un être humain dans un terrain vague du côté de Conflans-Sainte-Honorine. La police présente sur les lieux et considérant le tueur comme dangereux, l'abat de deux balles dans la tête. Bien.

Ca, c'est une réaction typique de la société américaine. C'est brutal, mais, çà, çà marche.

Et maintenant n'en parlons plus.

Le problème, c'est que nous sommes une société, non pas américaine, mais "américanisée". C'est-à-dire que nous la copions, mais avec des habitudes anciennes très loin de la culture américaine.

Chercher des raisons à un tueur

Par exemple, nous tentons absolument de comprendre les raisons du tueur. Elles n'ont pourtant strictement aucun intérêt. Il a tué, il a été descendu sur le champ. Quel intérêt présente la question de savoir la motivation de son acte ? Chercher s'il a une excuse à son crime ? Même pas, puisque immédiatement, on le taxe d'"islamisme" - un élément de langage qui n'a strictement aucun sens - et on en déduit que son élimination policière, bien que regrettable, puisqu'elle nous prive d'un "bon petit procès" (Alice au Pays des Merveilles), est légalement justifiée. Donc tout va bien.

Le "truc en plumes" de la liberté d'expression

Et puis, on trouve des trucs insensés pour augmenter la "bonté" de l'élimination du tueur, comme l'agitation frénétique du fait que la victime défendait la liberté d'expression, se hissant de ce fait à la hauteur d'un martyr de la démocratie. Du coup, comme la victime était enseignant, on se demande si cette liberté d'expression était celle de montrer des caricatures de Mahomet à des élèves - mais alors pourquoi enfermer un enseignant qui montrerait des photos porno à ses élèves - ou si c'est celle des gens dont l'enseignant disait qu'ils publiaient des caricatures de Mahomet pour démontrer leur goût de la liberté d'expression.

Si pour illustrer la "bonté native" de la liberté d'expression, notre société américanisée n'a pas d'autre chose que d'agiter des caricatures de Mahomet, alors, cette société a un réel problème. Et nous savons tous que son problème est réel, même ceux d'entre nous qui s'y sentent "bien".

La recette délétère de l'islamisme

Alors pour tenter de résoudre le malaise, les bourgeois tartuffiés ont inventé la stigmatisation de l'islamisme. Entendez par là qu'il y a des bons musulmans qui "adorent" les caricatures de Mahomet et les mauvais, le contraire, et ce sont eux les "islamistes".

Il y a un seul problème que les tartuffes qui nous dirigent ne semblent pas percevoir. C'est qu'il n'y a pas un seul bon musulman qui accepte les "caricatures de Mahomet". De même qu'il n'y a pas un juif, bon ou mauvais, qui accepte les caricatures du "juif Süss". De même qu'il n'y a pas un chrétien, bon ou mauvais, qui accepte les "caricatures de Jésus ou de Marie". Et pas un seul démocrate qui accepte les caricatures de la démocratie. Et comme, dans notre société américanisée, c'est la démocratie qui nous unit, il n'y a pas un seul démocrate qui devrait supporter les caricatures de Mahomet. Ou de Süss. Ou de Jésus. Et pourtant, si ...

Et c'est cette incohérence, cette tartufferie qui nous démontre que notre société américanisée, plus du tout démocrate, est en train de se décomposer. Cela prend du temps, mais elle se décompose, pourrie par sa tartufferie, sa veulerie et son absence d'intelligence civilisationnelle.

Des choses simples et réelles, plus des idéologies contournées et mensongères

Le seul acte qui laisse un peu d'espoir, c'est la réaction de la police qui a abattu le tueur de Conflans. Ce dernier n'est pas un islamiste, ni un musulman. Ce n'est pas un démocrate, c'est un tueur. Il a été abattu en rétribution de son crime d'assassinat. D'un martyr de la liberté d'expression ? Non ! D'un homme, tout simplement.

Pour progresser, une société a besoin de choses simples, partagées, réelles, qui se voient, se sentent, se comprennent.

Notre société agite des idées libidineuses, stupides, inventées, fabriquées, auxquelles personne ne croit ni ne s'attache et encore moins ne partage. Une société en agonie.


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