L'économie idéologisée du 'stakeholder Capitalism'

Philippe Brindet - 09/03/2024

De quoi s'agit-il ?

Je m'en suis aperçu il y a quelques années ... De grandes entreprises ouvraient des départements spécialisés dans la lutte contre les discriminations, pour le genrisme, pour la lutte contre le réchauffement climatique, ... En fait pour toutes les pires idéologies du progressisme occidental.

Un bref article [1] de l'économiste Martin Armstrong m'apprend que ce "nouveau capitalisme" date en fait des années 30. Il a bien été "restauré" par le World Economic Forum qui l'utilise pour prendre le contrôle du monde occidental à l'aide de manipulations à très grande échelle qui comprennent notamment :

  • le partenariat public - privé qui permet au secteur privé de soumettre les affaires publiques nationales aux intérêts privés mondialisés ;
  • la mesure des avancées du "stakeholder capitalism" [2]

L'idée centrale du capitalisme libéral exploite une sorte de loi d'airain : les entreprises du capitalisme libéral reçoivent l'épargne privée - ou publique - pour former leurs capitaux à l'aide desquelles ces entreprises peuvent exercer leur action économique sur les marchés. Il en découle une plus-value qui doit nécessairement être redistribué en dividendes pour tous les actionnaires.

Pour une entreprise capitaliste donnée, on sait que l'assemblée de ses actionnaires décide chaque année la part des bénéfices réalisés dans l'investissement de l'entreprise et la part qui doit être distribuée en dividendes au prorata des parts détenues par chaque actionnaire.

Sortir de ce schéma, de cette loi du capitalisme, c'est dériver dans des aventures au mieux moins efficace que le capitalisme libéral, au pire c'est ruiner les actionnaires ...

Or, le capitalisme libéral est depuis ses origines combattu par des économistes et surtout par des politiciens ou des sociologues qui estiment que les actionnaires ne sont qu'une composante de l'économie et que, à la limite, on peut s'en passer.

L'Histoire économique des deux derniers siècles montre que de telles aventures économiques conduisent à des désastres comme de celui de l'économie collectiviste ou l'économie dirigée ou encre le mélange de pkusieurs désastres ... Mais, de nombreux courants accusent le capitalisme libéral, s'il assure la fortune des actionnaires, assure aussi la ruine d'autres acteurs économiques, au premier rang desquels on doit citer les salariés, les concurrents et les fournisseurs, quand il ne s'agit pas des clients ...

Nous ne résoudrons certainement pas cette dispute ni dans ce bref article, ni ailleurs ...

Le Stakeholder Capitalism est probablement dans l'esprit de ses promoteurs et adhérents un moyen de résoudre la "crise du capitalisme libéral", crise affirmée par les uns, déniée par les autres ...

Pour les tenants du Stakeholder Captitalism, l'entreprise capitaliste a certainement le devoir de "distribuer des dividendes" à ses actionnaires. Mais, elle est soumise à un dévoir supplémentaire : celui de emplir ses obligations sociales , ces obligations sociales que les forces sociales agissantes lui dictent en permanenec et à l'écoute desquelles l'entreprise doit se tenir disponible.

Par exemple il est indéniable que la société contemporaine exige que les entreprises du capitalisme libéral contribuent de manière active à réduire le réchauffement climatique. On peut multiplier les exigences sociales actuelles : net zero, décroissance, suppression des énergies fossiles, inclusivité, non discrimination des minorités, ...

Le Stakeholder Capitalism est une escroquerie en bande organisée

La lecture des informations quotidiennes en matière économique montre que le "Stakeholder capitalism" est organisé selon deux grands mouvements :

  • le mouvement ESG pour Environment, Sustainability, Governance ;
  • le mouvement DEI pour Diversity, Environment, Inclusivity.

En pratique, l'entreprise est libre d'adhérer au mouvement ESG, plus managérial ou au mouvement DEI plus idéologisé. Mais à partir du moment où l'entreprise a reçue des menaces des mouvances activistes que ce soient des indigénistes, des racialistes, des féministes des homosexuels, des réchauffistes, des ennemis du pétrole, des ... l'entreprise doit leur demander protection. Pour celà, l'entreprise doit principalement :

  1. adhérer à l'une des chartes qui dictent ses obligations, ses "responsabilités sociales", ...
  2. engager des agents activistes appartenant aux organisations qui "tiennent" les chartes, ces agents activistes étant préposés à appliquer dans l'entreprise les obligations de la charte à laquelle l'entrerpise a adhérée ;
  3. appliquer les politiques financières, économiques, salariales, commerciales, techniques qui appliquent les oligations de la charte ESG ou DEI, ...

L'un des outils utilisés par les activistes DEI ou ESG est fondé sur un réseau d'agences de notation souvent déternues par des hypermilliardaires, comme Gates ou SOros, et qui fournissent leur cotation sur la base de la soumission de l'entreprise aux obligations de sa "responsabilité sociale". Mais, cette cotation est alors utilisé par exemple pour interdire aux entrerpises de diffusion de publicité d'accepter les publicités de l'entreprise contrevenante à ses "obligations". A l'inverse, en payant des sommes souvent peu identifiables, l'agence de notation améliore la note de l'entreprise rackettée.

Un autre outil de rackett des entreprises est constitué par des "alliances" auxquelles les entrerprises d'un secteur sont "obligées" d'adhérer au risque des pires rétorsions. Deux réseaux ont ainsi été récemment mis en surveillance par la Justice d'une quinzaine d'Etats républicains.

L'une de ces alliances est identifiée de la manière suivante :

Net-Zero Insurance Alliance> c/o UNEP Finance Initiative
Avenue de la Paix 8-14
1211 Genève 10
Switzerland

Dans une lettre de mise en demeure adressée par 15 General Attorneys d'Etats républicains, la NZIA et ses dérivations comme la NZOA, est définie de la façon suivante :

NZIA brings together "leading insurers and reinsurers representing a significant percentage of the world premium volume globally." NZAOA is a coalition of 85 insurance companies and pension funds with $11 trillion under management whose intent is to "utilise state-of-the-art tools and align with various initiatives led by asset owners who have demonstrated leadership on the topic of decarbonisation," La NZIA rassemble « des assureurs et réassureurs de premier plan représentant un pourcentage important du volume mondial des primes ». NZAOA est une coalition de 85 compagnies d'assurance et fonds de pension avec 11 000 milliards de dollars sous gestion dont l'intention est « d'utiliser des outils de pointe et de s'aligner sur diverses initiatives menées par des propriétaires d'actifs qui ont fait preuve de leadership en matière de décarbonation ».
Dans cette lettre les GA décrivent très clairement le rackett exécuté par la NZIA :
In January 2023, the NZIA released its first "Target-Setting Protocol," which explains your responsibilities as a member. While this protocol insists that it is "non-binding" and that you are "free" to meet the protocol’s requirements "independently and unilaterally," it goes on to instruct that NZIA members must follow its directions on a "comply-or-explain basis." Likewise, the plain language of the document ultimately requires you to take several, concrete and coordinated actions to alter your business. En janvier 2023, la NZIA a publié son premier « Protocole de définition d'objectifs », qui explique vos responsabilités en tant que membre. Bien que ce protocole insiste sur le fait qu'il est « non contraignant » et que vous êtes « libre » de répondre aux exigences du protocole « de manière indépendante et unilatérale », il poursuit en indiquant que les membres de la NZIA doivent suivre ses instructions de manière « à se conformer ou à expliquer ». base." De même, le langage simple du document vous oblige en fin de compte à prendre plusieurs actions concrètes et coordonnées pour modifier votre entreprise.

Détaillant une autre action qui oblige les assureurs à transférer sur leurs assurés les contraintes de la politique "climat" de la NZIA, les GA américains expliquent :

to meet NZIA’s "engagement target," you must either try to increase the share of your clients who have set their "own science-based [net-zero] targets" to 100% by 2040, or you must actively pressure "selected clients" to adopt and implement their own climate "transition plans and decarbonisation strategies." On this second "engagement" option, the protocol includes examples like "supporting [personal motor vehicle insurance clients] in their efforts" to go green "by transitioning to electric vehicles; [using] other forms of low or zero-emission transportation; [and] reduc[ing their] vehicle use." Finally, to meet NZIA’s "insuring the transition target," you must progressively increase the proportion of your business that insures "climate solutions," such as mitigation or adaption activities. pour atteindre « l'objectif d'engagement » de la NZIA, vous devez soit essayer d'augmenter la part de vos clients qui ont fixé leurs « propres objectifs scientifiques [net zero] » à 100 % d'ici 2040, soit vous devez faire pression activement sur les « clients sélectionnés » pour qu'ils adoptent et mettent en œuvre leurs propres « plans de transition et stratégies de décarbonation » climatiques. Sur cette deuxième option « d'engagement », le protocole comprend des exemples comme « soutenir [les clients de l'assurance automobile personnelle] dans leurs efforts « de passer au vert » en passant aux véhicules électriques ; [en utilisant] d'autres formes de transport à faibles émissions ou à émissions nulles ; [et] réduire[ing their] utilisation des véhicules. Enfin, pour atteindre l’objectif « d’assurer la transition » de la NZIA, vous devez progressivement augmenter la proportion de votre entreprise qui assure des « solutions climatiques », telles que des activités d’atténuation ou d’adaptation.

Les GA américains décrivent alors le problème juridique qu'ils identifient dans le racket de la NZIA :

We, the undersigned attorneys general, have serious concerns about whether these numerous requirements square with federal law, as well as the laws of our states, as they apply to private actors. Under our nation’s antitrust laws and their state equivalents, it is well-established that certain arrangements among business competitors are strictly forbidden because they are unfair or unreasonably harmful to competition. Nous, procureurs généraux soussignés, avons de sérieuses inquiétudes quant à la compatibilité de ces nombreuses exigences avec la loi fédérale, ainsi qu'avec les lois de nos États, dans la mesure où elles s'appliquent aux acteurs privés. En vertu des lois antitrust de notre pays et de leurs équivalents étatiques, il est bien établi que certains accords entre entreprises concurrentes sont strictement interdits parce qu’ils sont déloyaux ou déraisonnablement préjudiciables à la concurrence.

Prenant l'exemple de la Lloyd britannique qui adhère à la NZIA, les GA américains dénoncent le racket qu'elle subit et qu'elle fait subir à ses associés :

Put differently, Lloyd’s is using its "central position in the insurance industry" to force insurers to adopt net zero, whether they want to or not. As noted above, this has the practical effect of increasing costs and decreasing productivity for real companies, most notably those in the oil, gas, and energy industries, and causing inflation and higher prices for consumers. En d’autres termes, Lloyd’s utilise sa « position centrale dans le secteur de l’assurance » pour forcer les assureurs à adopter le net zéro, qu’ils le veuillent ou non. Comme indiqué ci-dessus, cela a pour effet pratique d’augmenter les coûts et de diminuer la productivité des entreprises réelles, notamment celles des secteurs du pétrole, du gaz et de l’énergie, et de provoquer de l’inflation et des prix plus élevés pour les consommateurs.

Fin 2023, de nombreuses entreprises du secteur de l'assurance ont quitté la NZIA et ses affidées effrayées d'une part par les menaces judiciaires des procureurs généraux américains, mais d'autre part par des résultats commerciaux désastreux.

Les entreprises rackettées ESG ou DEI découvrent qu'elles perdent de l'argent

C'est le cas de Morgan and Chase Manhattan Bank, de Black Rock ou encore de State Street Global Advisors (SSGA) de se retirer d'une autre alliance wokiste, l'alliance Climate Action adossée à l'ONU.

Après plusieurs années d’enthousiasme autour des investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), certains experts financiers deviennent de plus en plus pessimistes quant au retour sur investissement. Il y a eu beaucoup de battage médiatique autour des investissements durables ou ESG en 2020 et 2021, alors que les gouvernements du monde entier ont montré un grand soutien à une transition verte mondiale. Les sociétés d'investissement ont rapidement qualifié bon nombre de leurs fonds de durables et ont créé de nouveaux fonds ESG pour attirer les entreprises cherchant à « passer au vert ». Cependant, le faible retour sur investissement de ces dernières années a incité de nombreux experts financiers à hésiter à continuer d'investir dans ce type de fonds, car ils ne sont pas disposés à adopter une approche attentiste.

Selon des données du Morning Star, les investisseurs ont perdu 5 milliards de dollars des fonds négociés en bourse (ETF) dans des fonds financiers de type ESG au quatrième trimestre, marquant le cinquième trimestre consécutif de sorties nettes. Sur l’ensemble de l’année, les investisseurs ont cédé 13 milliards de dollars d’ETF ESG américains, ce qui a plus que compensé les flux positifs en Europe et plongé l’ensemble du secteur mondial dans la tourmente. Il s’agit de la pire année civile pour ces fonds depuis que Morningstar a commencé à les suivre il y a dix ans. Plus grave encore, la sous-performance de l'investissement ESG survient alors que les entreprises américaines ont réduit le nombre de mentions du terme « ESG » ou de synonymes liés à l'ESG lors des appels d'investisseurs cette saison des résultats.

La dynastie des banquiers Rotschild s'est lancé dans le "Stake Capitalism" et à imposer le type ESG dans les entreprises qui gravitent autour d'elle. Lynn Forester de Rothschild a ainsi créé une alliance "Council For Inclusive Capitalism", le CIC. Dans un article fulgurant, B. Smith écrit :
Le CIC est intimement lié à des institutions comme le Forum économique mondial, l’ONU et le FMI, mais il s’agit avant tout d’une tentative de lier plus étroitement toutes ces organisations au monde des affaires dans une manifestation publique de collusion. Le groupe favorise la propagation de ce qu'ils appellent le « capitalisme des parties prenantes » - l'idée selon laquelle les entreprises internationales ont la responsabilité de participer à l'ingénierie sociale et qu'elles sont tenues (au nom du bien commun) de manipuler la civilisation par le biais de sanctions économiques et de récompenses.

Notes

[1] Martin Armstrong, Armstrong Economics 101 :

[2] On peut lire la section du site Web du World Economic Forum consacré à la "métrique du 'stakeholder capitalism'' : Measuring Stakeholder Capitalism: Towards Common Metrics and Consistent Reporting of Sustainable Value Creation.

A lire :

  1. Dimon: Working Class Should Support Neocons - Martin Armstrong - 04/12/23
  2. BlackRock's woke capitalist vision is failing: here's why, LifeSiteNews.com - 13/12/23
  3. South Carolina Treasurer Removes Disney From Portfolio Due To 'Far-Left Activism', Tyler Durden - 06/12/23
  4. The Forces Behind ESG's Blacklisting Effect, Stone Washington - 25/11/23
  5. After Failing 6 Audits, Pentagon Wants $114 Million For Diversity, Equity, & Inclusion, Stephen Kruiser - 23/11/23
  6. Consumer Watchdog Lists 5 'Woke' Companies To Avoid During Holiday Buying, Naveen Athrappully - 22/11/23
  7. Lettre des Attorney Generals de 14 Etats américains aux "asset managers" des entrerpises financières de leur Etat, 30 mars 2023
  8. US Attorneys - Antitrust action against Net zero & ESG Insurers (150523)
  9. As DEI gets more divisive, companies are ditching their teams, Washington Post, 18 February 2024
  10. ESG Bubble Further Deflates As CEOs Ditch Green Lingo On Earnings Calls, Tyler Durden - 07/02/24
  11. Rothschild Admits ESG Failure As Globalists Shift To 'Inclusive Capitalism' Agenda, Brandon Smith - 13/09/23

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