La République face à des ennemis divisés

Philippe Brindet - 5 Septembre 2024

Il faut toujours retourner vers les classiques. On devrait ne jamais quitter les classiques ... !

Platon par la voix de Socrate commence par décrire les qualités qu'il faut rechercher pour chaque être humain dans la cité idéale et quels sont les vices qu"il faut combattre. Particulièrement, Platon détaille les vertus que les guerriers chargés de défendre la cité doivent développer par l'éducation et maintenir par une sage politique. Il détaille alors les défauts qu'auront les guerriers des autres cités. Il en conclut alors :

Donc, selon les apparences, nos athlètes lutteront facilement contre des hommes en nombre double et triple.

J'en conviendrai avec toi, dit-il, car il me semble que tu as raison.

Mais quoi ! S'ils envoyaient une ambassade à une autre cité pour dire, ce qui serait la vérité : L'or et l'argent ne sont point en usage chez nous ; nous n'avons pas le droit d'en posséder, mais vous avez ce droit.

Combattez donc avec nous et vous aurez les biens de l'ennemi. Penses-tu qu'il se trouverait des gens, ayant entendu ces paroles, pour choisir de faire la guerre à des chiens solides et vigoureux plutôt que de la faire, avec l'aide de ces chiens, à des moutons gras et tendres?

Je ne le pense pas. Mais si dans une seule cité s'accumulent les richesses des autres, prends garde que cela n'entraîne un péril pour la cité qui n'est point riche.

Tu es heureux, dis-je, de croire qu'une autre cité que celle que nous avons fondée mérite ce nom ?

Pourquoi pas? demanda-t-il .

C'est, répondis-je, un nom d'une signification plus étendue qu'il faut donner aux autres cités, car chacune d'elles est multiple, et non pas une, comme on dit au jeu ; elle renferme au moins deux cités ennemies l'une de l'autre : celle des pauvres et celle des riches, et chacune de celles-ci se subdivise en plusieurs autres.

Si tu les considères comme n'en formant qu'une seule, tu seras complètement déçu, mais si tu les traites comme multiples, donnant aux unes les richesses, les pouvoirs, ou méme les personnes des autres, tu auras toujours beaucoup d'alliés et peu d'ennemis. Et aussi longtemps que ta cité sera sagement administrée, comme nous venons de l'établir, elle sera la plus grande de toutes, je ne dis pas en renommée, mais la plus grande en réalité, ne fùt-elle composée que de mille guerriers ; car tu ne trouveras pas facilement une cité aussi grande, ni chez les Grecs, ni chez les Barbares, encore qu'il y en ait ... La République, Livre IV

Très clairement, la cité divisée est réalisée par l'occident. Je n'irai cependant pas jusqu'à affirmer que les ennemis ou adversaires de l'occident réaliseraient la cité parfaite de Platon. Rien ne l'indique en effet.

Mais l'occident esr de plus en plus divisé entre riches et pauvres. Et chaque classe elle-même se divise de sorte que la société politique occidentale, pour autant qu'elle ait une cohésion suffisante pour exister encore, n'a plus aucune puissance pour résister à ses vices d'une part et aux agressions de ses adversaires, d'autre part.

Très certainement, les vertus que développaient le christianisme en occident ont été perverties et les pires vices individuels tant que sociaux se sont donnés librement interdisant la moindre cohésion sociale, liée à cette harmonie que Platon décrit dans sa cité idéale et parmi ses citoyens vertueux.


Revue C-Politix (c) 5 Septembre 2024