La chute de la productivité en France

Philippe Brindet - 15/03/2024

La productivité est un taux qui rapporte le PIB au nombre d'heures travaillées de la population active.

Le PIB national comprend le PIB marchand qui mesure la valeur ajoutée du secteur privé commercial, biens et services et le PIB non marchand qui comporte principalement les biens et services produits par l'Etat.

Les économistes notent que cette productivité est en baisse constante depuis des années [1]. Leurs analyses concourent à identifier deux causes : tout d'abord des considérations assez vagues concernant l'état d'esprit de la population active qui manque d'implications dans la productivité, et ensuite une baisse de niveau en mathématiques [2].

On ne peut qu'approuver l'identification de ces causes et l'action de principe préconisée pour y remédier. Mais un examen rapide des statistiques exploitées montre que les économistes ne cherchent pas au bon endroit, même s'ils identifient des causes manifestement efficaces. En effet, le PIB national est composé d'un PIB marchand, qui évalue la valeur ajouté du secteur privé en biens et services et d'un PIB non marchand comprenant essentiellement les biens et services produits par l'Etat.

Or, selon plusieurs opinions d'économistes, si la mesure de la valeur ajoutée du secteur privé est relativement objective, fondée qu'elle est sur des données comptables à peu près objectives, la valeur ajoutée du secteur public est beaucoup plus difficile. Par exemple, la valeur ajoutée de l'Education nationale, premier budget de l'Etat, est mesurée par la hausse annuelle de la masse salariale des fonctionnaires de son ministère. C'est une estimation un peu "précaire" ...

Un taux de productivité infiniment plus objectif serait réduit au secteur marchand et en tenant compte uniquement des heures travaillées dans le secteur privé. Pour compléter, il faudrait comptr à part une productivité du secteur public en utilisant le nombre d'heures travaillées des fonctionnaires et agents de l'Etat.

Ayant fait quelques explorations statistiques dans cette direction, je peux former des hypothèses qu'il faudrait vérifier ou bien en identifiant les études "qui vont bien" ou bien en exécutant une telle étude.

Parmi les facteurs de destruction de la productivité que l'on peut d'ores et déjà identifier "a priori", on peut citer :

  1. L'accumulation de lois, réglements et normes, notamment écologiques ou plus généralement "wokistes" ;
  2. La destruction de la propension à travailler par l'effondrement de la rémunération nette perçue par le travailleur ;
  3. La multiplication d'emplois, y compris dans le secteur privé, dont l'intérêt pour le travailleur est quasi nul - les bullshit jobs identifiés par l'économiste américain David Graber ;
  4. La déresponsabilisation du travailleur, emprisonné dans un réseau hiérarchique entièrement dirigé par le respect des lois, réglements et normes précités ;
  5. Le défaut de plus en plus grave d'instruction élémentaire qui se ressent dans tout le spectre de la formation, même supérieure ;
  6. La montée du taux de population immigrée ne disposant d'aucun "affecto societatis" minimal la poussant à limiter son engagement vers des gains de productivité.

Je n'en dirais rien de plus ici tout en reconnaissant que ces 6 causes semblent parfaitement se superposer aux deux causes précitées et identifiées par les économistes.


Notes
[1] Lire Productivité en baisse : quelles en sont les causes ?, Vie Publique.gouv, 31 Octobre 2023.
[2] Lire Cap sur le capital humain pour renouer avec la croissance de la productivité, CAE, 2022.
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Revue C-Politix (c) 15 Mars 2024