La classe moyenne dépossédée par les patriciens

Philippe Brindet - 2 Novembre 2022

La classe moyenne

Initialement, une tripartition

Il faut s'entendre sur l'idée d'une classe moyenne. Statistiquement, elle devrait être composée des individus n'appartenant pas à la classe ouvrière et ne ressortant pas de la classe supérieure. Il s'agit d'une "tripartition" floue de la société contemporaine.

Or, jusqu'à la fin du XX° siècle il existait indubitablement une classe ouvrière, dans laquelle se trouvaient employés et ouvriers, travailleurs agricoles et petits commerçants. Ses membres avaient plutôt appris un métier manuel dont ils tiraient leurs moyens de subsistance. La classe moyenne était celle des cadres du commerce et de l'industrie, et celle des professions libérales, médecins, avocats, enseignants, ... Les membres de la classe moyenne, sans être tous de formation supérieure, tiraient plutôt leur revenu d'un métier intellectuel. Au-dessus, sans beaucoup de liens avec les deux autres classes, sauf épisodiques, il y avait une classe de gens souvent riches, et dont le travail ne constituait pas la base de la fortune.

La disparition de la classe ouvrière

Avec l'entrée dans le III° millénaire - c'est étrange que les gens hésitent à évoquer ce troisième millénaire, préférant l'appeller le 21° siècle, comme si ce dernier millénaire ne pouvait durer que cent ans - la classe ouvrière a pratiquement disparu. Elle s'est agglomérée à la classe moyenne, de sorte qu'aujourd'hui, plus personne ne revendique appartenir à la classe ouvrière et même les pires représentants du capital n'osent pas vous répertorier dans cette classe des "maudits de la terre". Mais, l'usage est continu de l'expression de classe moyenne. Même ceux qui travaillent essentiellement de leurs mains sont aussi possesseurs d'une certaine formation intellectuelle. Ainsi nous avons depuis plusieurs années, dépassé le seuil de 80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat.

Nous sommes entrés dans une société dans laquelle ou bien vous êtes dans la classe supérieure, ou bien dans la classe moyenne.

Pour conclure cette brève description, il faut reconnaître qu'il existe depuis quelques années un nombre de plus en plus élevé de gens qui n'appartiennent ni à la classe moyenne, ni à la classe supérieure. Il s'agit par exemple de migrants clandestins, mais aussi de gens n'ayant aucune fortune et aucun travail rémunérateur, ou parfois très peu rémunérateur. Ces gens, qui sont en réalité hors la société, sont souvent assimilés à la classe moyenne parce que c'est la seule classe à fournir les bataillons de "sans classe" par l'exclusion décidée par le régime occidental.

Cependant, dans la classe moyenne d'aujourd'hui, un professeur agrégé de l'Education Nationale, en fin de carrière, touche un traitement net avec primes "normales" de 3.269 € [1], tandis que le SMIC mensuel net est de 1.267,12 € [2] ce qui signifie que le professeur agrégé touche 2,5 SMIC. Le salaire moyen d'un Juriste d'Entreprise est de 71.000 € brut par an (soit 4.150 € net par mois), 1.810 € (+77%) de plus que le salaire moyen en France [3], soit 3 SMIC et un quart. La classe moyenne est donc composée :

  • des gens qui gagnent moins de 1 SMIC et qui sont réputés ne pas exister ;
  • des gens qui gagnent de 1 à 4 SMIC; et
  • quelques exceptions mieux rémunérées.

Une classe supérieure impossible à comparer à la classe moyenne

Au contraire, la classe supérieure est composée de gens dont la fortune les met à l'abri des nécessités du travail, même s'ils occupent des fonctions qui pourraient s'apparenter à des occupations professionnelles, parfois même salariées. Ils servent alors de paravent à une caste d'hyper-milliardaires dont les noms sont bien connus de parvenus enrichis dans des trafics ignobles, comme Soros ou Gates, Zuckerberg ou Bezos. Il existe un nombre très élevé de gens qui ne sont pas des hyper-milliardaires et qui ne ressortent plus de la classe moyenne. Ils bénéficient de postes ou de fonctions, notamment médiatiques, politiques ou culturelles qui les rendent utiles pour la protection des intérêts de la classe supérieure dont ils sont membres par adoption. Ces fonctions sont souvent rémunérées par des montants sans commune mesure avec les rémunérations de la classe moyenne.

Dans cet ordre d'idées, on connaît les salaires des Président de groupes industriels ou financiers. Il s'agit du bas de l'échelle de la classe supérieure. Pouyanné, P-DG du français Total, a perçu un salaire de 5.940.000 € en 2021 [4], soir 391 SMIC ou le salaire de 185 agrégés. Et ce chiffre est loin d'être un chiffre élevé pour la classe supérieure. Cette classe supérieure associe donc les milliardaires à leurs laquais. Ces laquais qui sont chargés des basses besognes; Essentiellement faire régner un ordre de fer sur la classe moyenne. Politiciens, stars, mediacrates, ... Moins de 1% de la population.

Voilà pour schématiser une représentation de la classe moyenne. 99% de la population, et peut être davantage.

Dépossession ? Quelle dépossession ?

La dépossession de la liberté économique

La classe moyenne, enserrée dans des revenus très étroits, avec des charges très importantes - les dépenses incompressibles - n'a aucun avenir parce que ses rémunérations n'ont cessés de décroître quand ces charges se sont accrues. Elle ne dispose plus du moyen de financer ses propres projets sur le produit de son travail, ce qui était le but social de la classe moyenne depuis des siècles. Ses charges vont continuer de croître, tandis que ses rémunération vont se réduire dans l'avenir.

Certains rétorquent que le financement de projets par le crédit est la solution naturelle du capitalisme. C'est en pratique une forme d'esclavage, puisque le membre de la classe moyenne qui s'y soumet - quand il y parvient - devient le sujet de son créancier. A l'inverse, un travail permet de financer la liberté. Mais, l'extrême faiblesse des rémunérations de la classe moyenne lui interdit tout espoir de financer elle-même ses projets. Or, cette situation provient essentiellement d'une direction très claire imposée par le régime occidental. Pour des raisons économiques complètement spécieuses, le régime occidental a imposé à la classe moyenne le modération de sa rémunération. Et dans les années 80-90, la classe moyenne a accepté ce diktat. Pourquoi ? Comment ? La réponse à ces questions dépasse notablement le cadre de cet article. Mais la chose est claire.

Pour interdire tout échappatoire, le régime occidental a par ailleurs ruiné la rémunération de l'épargne des membres de la classe moyenne, avec l'imposition "technocratique" des taux d'intérêt très bas. Les gens ne peuvent plus financer de projets demandant des montants importants relativement à leurs revenus. Or, ils sont contraints par des charges toujours croissantes : impôts, taxes, dépenses contraintes, ... Pour la classe moyenne, le socialisme dictatorial. Pour la classe supérieure, le capitalisme bourgeois. Bienvenue chez les kazis, les capital-socialistes.

La dépossession de la religion

La classe moyenne - 99% de la population dans les pays occidentaux - a été dépossédée de sa religion. En France, c'était le catholicisme, comme en Italie ou en Espagne. Le protestantisme au Royaume-Uni ou l'Allemagne. Dans les cinquante dernières années, ces pays ont vu plusieurs religions s'installer en concurrence. Le judaïsme d'abord, l'islam ensuite. De plus, selon les pays, plusieurs confessions du christianisme co-existaient : catholicismes, protestantismes. Il s'agit évidemment d'un facteur d'affaiblissement des religions. Pourtant, elles étaient en co-existence relativement pacifiques, avec des démarches d'ouverture pacifique. Surtout entre le christianisme et le judaïsme.

A cause de divers facteurs - trop difficiles à analyser ici - à côté d'un anti-théisme terrible, persécuteur, du christianisme, s'est instauré un a-théisme "tranquille". De plus en plus de gens vivent sans aucun souci de religion. Il s'agit d'un facteur de dissolution qui produit une dépossession de la classe moyenne. Sans religion, ou avec des religions tombées dans la plus extrême décrépitude, comme c'est le cas de la plupart des confessions du christianisme, la classe moyenne a été dépossédée de ce qui faisait sa réalité.

L'idée que le laïcisme ou que le culte de l'Etat de droit pourrait servir de religion est une idée fausse. L'Etat n'a de pouvoir que parce qu'il dispose d'une police et de prisons. La religion est l'exact opposé de cette technique de manipulation des peuples. Sans religion, ils sont dépossédés d'une part d'eux-mêmes. La plus haute.

La dépossession de la culture

La société occidentale contemporaine est largement l'héritière du christianisme. Un héritage que, depuis la Révolution française, la classe supérieure s'est ingéniée à faire disparaître. Un héritage que, depuis le tpurnant des années 90, cette classe supérieure refuse de reconnaître. Qu'on se souvienne des hurlements de haine quand il s'est agi de faire inscrire cet héritage dans les institutions européennes. Pourtant, dans cet héritage, il y a la Bible, partagée selon un degré variable, mais partagée avec les religions qui ont survécues en occident. Cette Bible qui est un bien culturel essentiel et dont la classe moyenne est maintenant presque totalement dépossédée.

Mais la classe supérieure est responsable de la destruction systématique de toutes les avancées culturelles de la civilisation qu'elle est en train de ruiner. Les arts, les sciences, tout celà est dans un état de ruine invraisemblable. Et depuis cette rune, l'instruction elle-même a été complètement détruite, remplacée par une infâme propagande qui détruit les structures mentales des hommes qui y sont soumis.

La lecture et l'écriture sont pratiquement inconnues dans la classe moyenne, et très peu pratiquées dans la classe supérieure. Un hyper-milliardaire comme Gates est un quasi illettré qui ressasse dans ses écrits et ses interventions médiatiques quelques propos trop savants et mal compris. La lecture des ses "pensées" est une expérience absolument consternante. Même constat chez un Georges Soros, empêtré dans un prétendu héritage de Karl Popper ... Parmi les politiciens, Biden est un demi-fou, frappé de sénilité et Macron est une espèce d'éphèbe, fier de son ignorance. Même constat dans le domaine médiatique où un amateur de jeux vidéo peut s'instaurer "fact-checker" en médecine.

Pourtant, l'illusion de la culture est présente dans les cercles bourgeois. Ainsi, la dernière Prix Nobel de littérature, une domestique ignorante, se vante de ne pas savoir écrire deux mots. On se colle les deux mains sur un tableau de Vermeer, et on tourne des films qui illustrent des représentations de la corruption la plus inculte. Partout règne une barbarie inexpliquée, de meurtres sordides et d'agressions sans fin. La classe moyenne se laisse asservir dans une effrayante inculture entre cancel culture et "wokisme", agitée de soubresauts hystériques au gré des modes comme le genrisme ou l'écologisme. Sans aucun repère, sans science aucune. Des cerveaux disponibles aux manipulations techniques comme la pandémie de Covid-19.

Quel avenir pour la classe moyenne ?

La réponse est simple : la servitude comme l'humanité n'en a jamais connue. Probablement avec un effondrement démographique produit par l'avortement, les mesures policières de santé publique et l'euthanasie. Nos maîtres veulent mener contre nous une dépopulation rapide.

Or, quelque réaction la classe moyenne opposera à ses agresseurs ignobles, elle ne se sauvera qu'à trois conditions : qu'elle restaure le travail, la religion et la culture. La classe moyenne ? Pas seulement. Les peuples de l'occident.


Diverses sources

[1] Consulter https://www.education.gouv.fr/la-remuneration-des-enseignants-7565.

[2] Consulter http://www.smic-horaire.com/.

[3] Consulter https://fr.jobted.com/salaire/juriste-entreprise.

[4] Consulter https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/le-pdg-de-totalenergies-patrick-pouyanne-devoile-son-salaire-et-se-fait-brocarder-sur-les-reseaux.



Revue C-Politix (c) 2 Novembre 2022