Dans un article du 21 Février 2022 dans The Washington Post, le "romancier d'anticipation" Robert Kagan, marié à la Vice-Secrétaire d'Etat US Victoria Nuland, tous deux d'ascendance ukrainienne, ne se pose aucune question. Vladimir Poutine va conquérir l'Ukraine et il se demande gravement comment l'Otan va pouvoir défendre sa frontière sans l'Ukraine. D'autant que l'Otan - en fait, lisez le clan qui dirige l'occident - doit compter sur la prochaine invasion de Taïwan par la Chine. Tout cela rappelle à Kagan la situation de 1940 où l'Allemagne menaçait l'Europe pendant que le Japon menaçait la Chine. Et Kagan imagine que si les USA étaient préparés à une guerre sur deux fronts - ils ne l'étaient absolument pas - depuis les années 1990, ils ont démantelés leur puissance militaire qui les rend incapables de cet effort.

Pour rafraîchir la mémoire de mes lecteurs, l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe date du 24 Février 2022, 3 jours après la publication de l'article de Kagan. Plus de deux après, la Russie n'a toujours pas occupée l'Ukraine et la Chine n'a pas davantage attaquée Taïwan.

Poutine n'a aucune intention d'occuper l'Ukraine ni aucun autre Etat occidental. Il a trois préoccupations :

• étendre le business entre la Russie et l'Occident ;
• stopper la "marche" vers l'Est de l'Otan ; et
• protéger les populations russophones d'Ukraine contre les ukronazis armés par l'Otan.

Xi n'a aucune intention d'occuper Taïwan - par Traité, elle lui appartient de fait, comme Hong-Kong, et le Chinois est patient. Le Chinois a trois préoccupations :

• étendre le business entre la Chine et l'Occident ;
• stopper la marche des USA et de ses vassaux asiatiques dans le trafic maritime en Mer de Chine ; et
• protéger l'esprit chinois dans la sphère asiatique de l'influence occidentale.

Or, devant l'agression occidental, Xi et Poutine ont été conduit à transférer une part croissante des échanges commerciaux qu'ils avaient avec l'Occident vers eux et vers leurs alliés des BRICS et autres CIS. Ce qui détrut d'autant la suprématie de l'Occident.

Et Poutine est aussi patient que Xi : il n'a aucune intention - actuellement, mais ce pourrait être en train de changer - de prendre le contrôle de l'Ukraine. Il n'a pas "envahi" l'Ukraine. Il a simplement menée une opération de police extraordinaire, qu'il appelle une "opération militaire spéciale". Cela exaspère les occidentaux qui y voient une guerre. Mais les occidentaux n'ont pas compris. Il y a bien un conflit entre la Russie et l'Ukraine, entre la Russie et l'Occident. Mais ce conflit n'est pas encore une guerre. Poutine n'a pas commencée son attaque. Il n'a aucune intention de la commencer, sauf accroissement de la menace occidentale.

L'occident - et Kagan, qui imprudemment peut être le révèle, pourrait être traduit devant un tribunal US pour "entente avec l'ennemi " ... - n'a pas de moyens guerriers. La Russie en est doté.

Le but de l'opération militaire spéciale est de détruire totalement la puissance économique, démographique, militaire, politique du régime Zelinsky, installé en 2014 par les agences spéciales américaines. Sans l'appui occidental, l'OMS russe aurait dû se terminer en Avril 2022 et la Russie aurait trouvé un accord avec le régime occidental ukrainien. Par exemple, il pouvait obtenir une démilitarisation de l'Est du Dniepr, y compris la Crimée, l'ensemble restant ou rentrant dans la souveraineté de l'Ukraine. L'Otan, l'Armée ukrainienne, les milices ukrainiennes renonçaient ainsi à pénétrer dans ses territoires russophones qui recevaient une autonomie dans le cadre de l'Etat ukrainien.

Cela suffisait à Poutine contre quelques garanties internationales. Devant l'Onu notamment.

Or, en Avril 2022, les occidentaux ont interdit à Zelinsky de poursuivre la négociation d'Istanbul avec Poutine. Ils lui ont promis d'équiper et d'entraîner une armée nouvelle ukrainienne, moderne et capable d'aller jusqu'à Moscou. C'est probablement à ce moment que des troupes spéciales US, UK, DE , PL, et peut être FR ont pénétrées en Ukraine, jusqu'à Odessa. Pourtine n'a pas publiquement réagi. Mais, le conflit ukrainien est alors vraiment devenu un conflit entre la Russie et l'Otan.

Et après l'Ukraine, l'Otan a été détruite. D'abord parce que deux armées ukrainiennes successives, équipées, entraînées par l'Otan, peut être même encadrée par des officiers Otan, ont été depuis détruites. Mais ensuite parce que les occidentaux ont découvert que la Russie, forte comme la Belgique dans l'imaginaire occidental, disposait de forces considérablement plus fortes que celles de l'Occident.

Voici ce que - au mieux - les occidentaux pourraient aligner face à la Russie :

Etat occidental	Soldats au front
USA	85.000
FR	25.000
DE	15.000
PL	100.000
EtatsBaltes	20.000
Roumanie	40.000
UK	3.000
Total	288.000

Dans cette "coalition", les 3/4 des hommes n'ont aucune expérience de guerre et pire, ne sont pas physiquement et moralement éduqués pour un effort guerrier. Plus grave encore, sauf les Etats-Unis et la Pologne, ils n'ont pas un équipement militaire moderne en état de marche. La France en dispose, mais à titre "échantillonnesque", L'expression est d'un général français. Plus grave encore : les occidentaux n'ont pas de stocks de munitions, l'énergie chez eux est devenue hors de prix et ils n'ont plus les capacités ni techniques, ni industrielles de produire les armes et les munitions d'une guerre contre la Russie.

Si Zelinsky a l'idée saugrenue de se retourner contre l'Europe, en quinze jours, il occupe Brest et Lisbonne. Avec les restes d'une armée vaicue par les Russes ...

Que va faire alors Poutine ?

La réponse la plus probable est simple. Rien.

En fait, il va seulement continuer l'opération militaire spéciale. Peut être monter une offensive pour avancer à la rive Est du Dniepr. Moins probablement jusqu'à Odessa. Et ce sera tout.

Occuper toute l'Ukraine pour en prendre le contrôle ? Mais pour en faire quoi ? L'Ukraine n'est rien. Autant laisser sa reconstruction à la charge des Européens !

L'Ukraine est économiquement, démographiquement, industriellement, détruite pour longtemps. La puissance militaire occidentale est anéantie pour longtemps, dès lors que l'opération militaire spéciale dure un peu plus.

Que peut faire l'Occident ?

Il doit absolument arrêter la stratégie du choc militaire classique d'armée contre armée. Elle ne parviendra à rien d'utile pour l'Occident.

Il doit au contraire installer la subversion à l'intérieur de la Russie par tous moyens.

Exciter l'islam djihadiste. L'attentat du Crocus Hall en serait peut être un exemple.

Exciter le terrorisme ukrainien : l'utilisation des drones lancés d'Ukraine et guidés probablement par des satellites américains, des pilotes et/ou de l'IA Otan en serait un exemple à généraliser. Les assassinats ciblés de personnalités russes déjà initiés par les ukrainiens devront être étendus. Le sabotage des infrastructures russes, comme les Nord Stream, est aussi une tactique de bon rapport. Le séparatisme politique à l'intérieur de la Fédération de Russie devra être amplifié avec l'aide des services spéciaux US, UK, DE et FR. Probablement ausis à l'aide des ONGs progressistes activés par les hypermilliardaires occidentaux, notamment pour activer une presse et une "culture" progressiste acquise aux pires dépravations occidentales.

Et éviter les professeurs d'université américains, trop âgés, qui imaginent que les recettes de l'Amérique des années 60 qui était parvenue à l'hégémonie mondiale fonctionnent aujourd'hui.

Et les songes creux de Kagan ?

Kagan finit son article avec deux appréciations.

Selon la première :

It is wishful thinking to imagine that this conflict stops with Ukraine.
Imaginer que ce conflit cesse avec l’Ukraine est un vœu pieux.

La seconde appréciation de Kagan est :

The map of Europe has experienced many changes over the centuries. Its current shape reflects the expansion of U.S. power and the collapse of Russian power from the 1980s until now; the next one will likely reflect the revival of Russian military power and the retraction of U.S. influence. If combined with Chinese gains in East Asia and the Western Pacific, it will herald the end of the present order and the beginning of an era of global disorder and conflict as every region in the world shakily adjusts to a new configuration of power.
La carte de l'Europe a connu de nombreuses modifications au fil des siècles. Sa forme actuelle reflète l’expansion de la puissance américaine et l’effondrement de la puissance russe depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui ; le prochain reflétera probablement la renaissance de la puissance militaire russe et le retrait de l’influence américaine. S’il est combiné aux progrès chinois en Asie de l’Est et dans le Pacifique occidental, cela annoncera la fin de l’ordre actuel et le début d’une ère de désordre et de conflits mondiaux alors que chaque région du monde s’adapte de manière fragile à une nouvelle configuration de pouvoir.

La première appréciation de Kagan que Poutine poursuivra sa marche vers l'Ouest est un fantasme. L'article de Kagan est tout entier fondé sur sa croyance que l'Amérique est une puissance orgueilleuse. Fouailler cet orgueil en lui montrant qu'elle a perdu "sa" guerre contre Poutine va restaurer sa puissance. Mais c'est de la méthode Coué pour grands débutants.

Pourquoi Poutine continuerait-il sa marche vers l'Ouest ? Il entre alors dans des pays ruinés par la politique occidentale, en faillite, avec des populations en pleine décomposition. Avec une masse d'une pauvreté telle qu'il faudra les nourrir. Et des riches qui fuiront ...

Laisser l'Union européenne s'effondrer sous le poids de sa faillite est bien suffisant. Poutine et la Russie sont patients. Et méfiants.

La seconde appréciation de Kagan sur la lutte future entre l'Amérique et le reste du monde est encore une fois la vaticination d'un vieux prof de fac' de province qui remâche la grandeur passée de l'Amérique du temps de la guerre "froide". Mais où les prof' de fac' étaient un peu plus malins ...