La politique en occident américanisé. Idéologisation sans dialectique

Philippe Brindet - 23 Novembre 2021

Nous vivons une époque extraordinairement dangereuse. Certainement pire que février 1917 à Moscou ou avril 1931 à Berlin. Peut être que tout peut encore basculer du bon côté. Mais à relire Bernanos, on craint qu'il ne soit trop tard.

Un centriste, petit-bourgeois satisfait et repus, estime qu'un non-candidat à la Présidence de sa République devrait recevoir une balle dans la tête tirée par un autre politicien, décédé il y a vingt ans ou presque. Les politiciens actuellement au pouvoir sont devenus fous furieux.

Dans le même temps une caste dirigeante estime qu'il est de son devoir d'installer dans l'esprit des gens des idéologies d'une stupidité ahurissante comme si la stupidité était le plus sûr moyen de contrôler les esprits faibles. Wokisme, genrisme, réchauffisme, décroissantisme, sanitarisme, racisme, féminisme, ... tout aujourd'hui vise à un véritable suicide sociétal. Et pas seulement français ...

Il y a vingt ans, guère plus, la société occidentale avait encore une allure nationale e,t ce qu'une nation empruntait ou se faisait imposer par une autre était de nature à créer au mieux du débat au pire un rejet violent, par l'action dialectique. Le libéralisme s'opposait à l'étatisme, tandis que le marxisme prétendait s'imposer au capitalisme. Libéralisme et marxisme se sont effondrés et on nous a réservé étatisme et capitalisme. Enfin pour la classe dirigeante. Parce que, pour ce qui nous concerne, nous les peuples, nous ne sommes conviés ni aux prétendues décisions de l'étatisme ni aux fantasmiques délices du capitalisme.

Non. A nous le peuple, il est imparti un socialisme étatiste tandis que la caste des hyper-riches contrôle l'étatisme capitaliste qui nous opprime. Avec le service d'une classe politique et administrative qui s'est vassalisée à la caste des hyper-riches pour mieux nous opprimer.

Pendant ce temps, les petit-bourgeois imaginent nager dans le bonheur parce qu'ils habitent un immeuble avec un hall d'entrée en faux marbre. Parce qu'ils partent quatre fois l'an en vacances aux Galapagos ou au Maroc dans des charters qui ressemblent aux cales des navires de la traite négrière. Et que la majorité des gens luttent pour leur survie dès le 15 du mois courant.

Je ne résiste pas à la tentation de recopier ce petit texte de Georges Bernanos :

« L’idée qu’un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque l’Etat jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée. »
En 1945, dans La France contre les robots

75 ans déjà. Sommes-nous arrivés ?


Revue C-Politix (c) 23 Novembre 2021