La propagande occidentale est toxique pour l'occident

Philippe Brindet - 10 Novembre 2022

Le délire politique qui a saisi les dirigeants de l'occident américanisé se convertit en propagande dès que ces dirigeants tentent d'entraîner les peuples asservis à se soumettre à leur volonté contraire à l'intérêt général. La propagande se double d'une censure totale dès lors que le media censuré dépasse les quelques vues qui permettent aux organes de censure de détecter la moindre contestatation. Si vous atteignez cette page web, c'est qu'elle n'a pas dépassé les quelques vues en dessous desquelles une page web échappe aux radars de la censure. C'était, à peu de choses près, le principe du samizdat des dissidents soviétiques.

C'est dommage. Mais c'est comme çà.

La Russie et la révolte contre le régime occidental américanisé

Dans l'affaire russe, il faut bien comprendre que l'Ukraine n'est qu'un prétexte. Zone économique complètement ruinée depuis la chute de l'Union soviétique, l'Ukraine n'a aucune importance géopolitique. Elle n'en acquière que parce que les Etats-Unis y font régner une dictature destinée à éliminer les populations russophones qui s'y trouvent encore et à amasser des moyens militaires destinés à menacer le front sud-ouest de la Russie.

Or, la Russie est l'unique opérateur qui a su porté la révolte contre l'impérialisme américain et y fédérer - de façon hésitante, mais fédérer tout de même - la majeure partie des Etats du monde. La Russie est le leader dressé contre l'hégémonie destructrice des civilisations qu'est l'impérialisme américain.

Vu depuis l'empire américain, cette révolte des peuples semble hétérogène. Et de leur point de vue, c'est exact. Mais, cette hétérogénité a parfaitement été pensée par le mouvement initié par la Russie. Il s'agit pour la Russie de promouvoir un multilatéralisme qui n'oppose plus un bloc à un autre comme à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, mais, qui fait coopérer des blocs de civilisations différentes sur la base d'échanges libres tant au point de vue économique que culturel et social.

La Russie elle-même est un Etat immense, le plus grand du monde. Et il réunit des économies très différentes, des peuples très différents, des cultures très différentes - au moins quatre religions - et ces blocs de civilisations coopèrent relativement harmonieusement.

Faire cohabiter la Russie avec la Chine ou l'Inde avec la Chine paraît impossible. La force de Poutine est que cette cohabitation existe et fonctionne. Une coopération avec l'Inde et la Chine impossible ? Poutine fait que cela fonctionne. Malgré les différends.

Le régime occidental américanisé doit empêcher toute révolte contre lui

A la différence, le régime américain impose une loi commune à l'ensemble de la planète. Il faut s'y soumettre et si l'on se s'y soumet pas, l'Etat récalcitrant est dénoncé comme un régime autoritaire, et le chef de cet Etat est qualifié d'autocrate. Il subit alors des assauts de propagande destinés à dissoudre chez lui la cohésion populaire, à fomenter des troubles sociaux avec la constitution de groupes politiques salariés des américains.

Mais cette propagande règne déjà dans les Etats vassaux du régime américain. Par exemple, les Etats européens sont entièrement contrôlés par la puissance américaine qui y installe sans vergogne des dirigeants à sa solde comme Von Der Leyen ou Macron. Des organisations politiques salariées du régime américain quadrillent la société locale qui, peu à peu, perd ses particularités nationales et jusqu'à sa langue et sa culture qui se corrompent. Nous voyons cette situation en France où, par exemple, l'Etat soumis au régime américain remplace peu à peu son administration par des cabinets de conseil. Le Parlement supposé faire la Loi, est en pratique remplacé par les instructions du régime américain. Le rôle du Cabinet McKinsey qui a organisé les politiques publiques en matière de santé et en matière de retraites, a été dénoncé au début de l'année. Et c'est le même cabinet qui développe les mêmes politiques, en Allemagne, à l'Union Européenne ou en Grande-Bretagne. Quelque dénonciation que ce soit.

Le régime occidental américanisé ne peut en aucun cas laisser s'étendre la "révolte" initiée par la Russie. Manifestement, en dehors de l'Union européenne et de quelques Etats épars comme le Japon et la Corée du Sud, le Canada, l'Australe et la Nouvelle-Zélande, les autres Etats du monde échappent cependant peu ou prou à l'influence américaine. Tout récemment, ce sont la Turquie et l'Arabie Séoudite qui ont fait preuve de leur intention de dégagement de la sphère d'influence même si les affaires ne sont pas aussi fixées.

Il est donc d'une urgence absolue pour la dictature occidentale américanisée de noyer l'opinion publique des Etats vassaux dans une propagande unique, diabolisant d'abord l'initiative révolutionnaire de la Russie et déconsidérant ensuite la moindre de ses actions de politique intérieure ou de politique extérieure. Bien entendu, cette propagande occidentale n'a probablement aucun effet sur l'opinion publique en Russie, et seulement quelques effets auprès des salariés du régime occidental qui s'y trouvent. Non, cette propagande est essentiellement à destination des populations vassales, d'Europe notamment.

Un premier exemple : la revue Foreign Affairs

La revue Foreign Affairs est éditée par une organisation caractéristique du régime américain, le CFR. Sans lien direct avec l'administration américaine, ni avec le Parlement, les membres de cette organisation sont très souvent des personnalités politiques influentes ou bien dans la haute administration ou bien dans le personnel entourant le Président des Etats-Unis : conseillers, membres du Cabinet, etc. que ce Président élu soit démocrate ou républicain.

Il en découle que la politique étrangère américaine ne dépend que très peu du parti du Président élu. Par contre, l'organisation Council for Foreign Relations - ou CFR - a tous les liens possibles avec la caste des hyper-milliardaires, avec les agences spéciales comme le FBI et la CIA. Il existe des passages constants des uns vers les autres de sorte qu'il existe réellement un régime américain dont le Président n'est pas forcément un membre important. On peut douter que le vétuste Biden soit un membre important du régime américain. Sur son prédecesseur, Trump, on peu être certain qu'il n'était aucunement un membre dirigeant du régime américain.

La revue Foreign Affairs publie donc des articles qui montrent les idéologies qui se forment parmi les cadres du régime américain. Ces idéologies sont beaucoup plus importantes que la "volonté politique" d'un Biden ou d'un Trump. Encore plus importantes que la volonté politique des Représentants élus.

Consultant la page d'accueil de la revue Foreign Affairs le 10 novembre 2022, j'y trouve les titres d'une vingtaine d'articles de "politique étrangère" rédigés par les membres dirigeants du régime américain. L'effet est consternant. Ci-dessous, une copie des titres relevés ce jour :

Most-Read Articles

Putin’s Stalin Phase
Isolated, Paranoid, and Ever More Like the Soviet Dictator
Andrei Kolesnikov

Russia’s Dangerous Decline
The Kremlin Won’t Go Down Without a Fight
Andrea Kendall-Taylor and Michael Kofman

The Return of Red China
Xi Jinping Brings Back Marxism
Kevin Rudd

Can Ukraine Survive the Winter?
What the Country Needs to Hold Out
Melinda Haring and Jacob Heilbrunn



Don’t Panic About Putin
Even Desperate Leaders Tend to Avoid Catastrophe
Dan Reiter

The Weakness Behind China’s Strong Façade
Xi’s Reach Exceeds His Military’s Grasp
Bonny Lin and Joel Wuthnow

The Case for Keeping U.S. Troops in Syria
America’s Presence Helps Check Regional Powers
James Jeffrey

Copies de la première page de la Revue américaine Foreign Affairs

Deux sujets : la Russie et la Chine. Dans l'un et l'autre cas, les titres des articles disent le mépris des dirigeants du régime américain à l'encontre de ces deux Etats. Le premier dirigeant dénigré est Poutine, comparé à Staline et qui serait isolé, paranoïaque et toujours la plus proche copie du dictateur soviétique. Les auteurs de Foreign Affairs ne peuvent pas imaginer autre chose que le déclin de la Russie , même si d'autres auteurs insistent sur la nécessité de l'aide à l'Ukraine contre la Russie. Poutine serait "désespéré" et pour cet auteur, le "désespéré" n'est pas forcément fou : "il sera assez sage pour ne pas employer l'arme nucléaire" ...

Sur la Chine, un seul article, mais il est "ravissant" d'insinuation. Se rapprochant de la Russie, la Chine amorcerait un "retour vers le marxisme". L'auteur n'a manifestement pas compris que la Chine n'a jamais - contrairement à la Russie - jamais quité le marxisme le plus intransigeant.

Il est parfaitement inutile de chercher une quelconque intention de la classe dirigeante américaine. Dans la revue Foreign Affairs, elle se borne à produire une vulgaire propagande en direction de ses lecteurs. Il suffit au CFR que les média qui relayeront sa propagande sachent que Poutine est un dictateur aux abois et que Xi est ... un marxiste. La clé d'une "bonne propagande", c'est de tenir en quelques mots que le public peut retenir et répéter sans avoir à chercher de "preuves".

La contrepartie de cette simplicité est la bêtise de la propagande qui est une constante quelque soit les régimes. Le régime américain ne fait pas exception.

Un deuxième example : la plateforme vidéo YouTube

Un autre haut-lieu de la propagande américaine se trouve dans la plateforme Google. Il y a quelques années, Google a acquis la plateforme vidéo YouTube. Et Google en profite pour infiltrer la propagande du régime américain. Comme sur le moteur de recherche Google, lorsque l'internaute se connecte sur la page d'accueil, son profil Google de navigation permet à Google de lui présenter d'abord les unités d'information qui répondent à son profil ... et aux exigences de la propagande américaine.

Sur la page d'accueil de Youtube, page qui sera différente chez un autre internaute, il y a environs un cinquantaine de "vignettes" avec une vue extraite de la vidéo référencée, un titre et quelques mots descriptifs. Je me suis borné à relever les parties texte des vignettes qui évoquaient la Russie.

La milice Wagner montre déjà ses limites ?
LCI
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La bataille de Bakhmout : « Les Russes envoient leurs soldats
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si les Russes décidaient de défendre la ville" LCI 152 k vues il y a 1 jour

Extrait de la première page de Youtube, le 8 Novembre 2022

On remarque immédiatement que, parmi les 9 vignettes relevées sur le thème de la Russie, toutes contiennent une injure à la politique russe, à tout le moins une appréciation détestable. Vous ne trouverez jamais une information favorable à la Russie et à sa politique. Aucune information simplement factuelle qui permettrait à l'internaute de savoir ce qu'il se passe sur le terrain.

On remarque que les sources de ces informations sont des médias liés à l'Etat français vassal du régime américian, et qui se bornent à relayer servilement la propagande américiane :

  • la chaîne de télévision LCI : 4 vignettes ;
  • le quotidien Le Parisien : 2 vignettes ;
  • la chaîne de télévision publique France24 : 2 vignettes ; et
  • le quotidien Le Monde : 1 vignette.

Il n'y a strictement rien d'autre sur le sujet de la Russie et de l'opération militaire spéciale. Même aucune information venant du camp ukrainien ou des instances de l'OTAN. Rien. Pour y accéder, il faut faire des recherches et YouTube y répond selon sa programmation. Selon la propagande. Autant dire qu'on trouve très difficilement d'autres expressions sur l'affaire ukrainienne ou sur le rôle géopolitique de la Russie. D'ailleurs, les auteurs qui s'expriment contre la propagande occidentale américanisée sont très souvent purement et simplement explusés de la plateforme Youtube, interdits de récupérer leur spropres vidéos et d'y accéder. Ils disparaissent du paysage de Youtube. C'est le cas de deux chaînes françaises Stratpol et Dombasss Insider qui ont été censurées apr Youtube. Là, ce n'est plus de la propagande, c'est de la censure. L'une ne va jamais sans l'autre.


Revue C-Politix (c) 10 Novembre 2022