La ruine du système politique français (suite)Macron, chef de l'Etat, ne doit pas investir l'exécutif et encore moins le pilier législatif de la République.Arrêtons nous un instant sur la "troisième" occurrence de la dégradation de la démocratie par Macron dans la crise de la réforme des retraites. Selon la Constitution, le Président de la République est réellement le chef de l'Etat. Il n'est donc pas l'inaugurateur des expositions de chrysanthèmes dont on dit que c'était son rôle sous la Quatrième République. Avec quelque exagération ... Mais, il est clairement expliqué et les créateurs de la Cinquième République y ont insisté : le chef de l'Etat doit se faire l'expression de la volonté populaire et le premier ministre gouverne l'exécutif. Si dans ses décisions, l'exécutif rencontre disons l'incompréhension de la population, le chef de l'Etat doit prendre les mesures qui rétablissent cette compréhension. Notamment en limogeant son premier ministre qu'il nomme à son gré. Même si la réforme des retraites est une impulsion du chef de l'Etat, c'est le premier ministre qui devait "porter" cette impulsion et la mettre en pratique entre le Parlement et ses ministres. Devant la réaction furieuse de la majorité des français, c'était alors au chef de l'Etat - au-dessus des partis - d'en déduire les mesures qui s'imposent. Mais Macron a préféré ne pas écouter la colère de la majorité du peuple qu'il devait lui-même identifier, puis calmer non pas par la violence "légitime" - qui n'a aucun sens républicain. Il devait limoger son premier ministre et retirer la loi de réforme des retraites. Un chef de l'Etat ne dirige pas l'Etat contre la volonté du peuple français et, pour la paix sociale, la concorde, la paix publique et ce genre de choses, il ne doit pas prétendre attendre la prochaine élection présidentielle au nom du "respect des institutions" dont Macron trahit et la lettre et l'esprit. Sans aucun remord. Le problème de la résistance à l'autorité de l'EtatIl existe cependant un problème. Il est clair qu'un certain nombre de citoyens sont attachés aux décisions et inspirations du chef de l'Etat et d'autres qui sont attachés au sens de l'Etat qui est pour eux celui de l'obéissance à l'ordre républicain. Ces gens-là sont attachés bien sûr à l'ordre qu'ils estiment troublé par la revendication majoritaire contre la réforme des retraites. A l'instar de Zemmour qui s'affiche en même temps opposant à Macron, ils exigent que l'Etat recoure à la "violence légitime" qu'il détiendrait pour imposer silence à la protestation contre la loi sur les retraites. D'autres rétorquent que le droit de manifester son opposition à une réforme est inscrit dans la Constitution. La question de savoir si ces manifestations légales restent possibles contre une loi adoptée reste débattue. Le problème de la République, c'est qu'elle - ou ses institutions - ne dispose d'aucune "violence légitime". Il existe seulement une force - une violence admettons - légale. Et à quelques amodiations près, la force de la loi s'impose à tous dès la promulgation de la Loi. Il suffit donc que Macron envoie sa gendarmerie contre les manifestants opposés à sa loi sur les retraites, pour qu'elle exerce une "violence légitime". En fait, il s'agit d'un cas spécial de "tyrannie" de la majorité légale contre la minorité légale. La particularité de ce cas spécial réside en ce que la minorité légale serait de fait la majorité du peuple français [1]. La difficulté se situe au niveau de l'évaluation de cette "majorité factuelle". Le recours au sondage est douteux et il n'est pas prévu - sauf erreur ou ommission - par aucune disposition républicaine. Une autre possibilté concerne l'organisation d'un référendum. Lui est prévu par la Loi républicaine. Mais même sa tenue est douteuse. Le dernier référendum tenu en France a été annulé par une décision législative et on n'y a plus jamais recouru. De toute façon, dans le cas de la loi sur les retraites, la question se pose de ce que peut faire le chef de l'état dans la période comprise entre la promulgation de cette loi et la proclamation du résultat référendaire. La réaction à la réforme des retraites ne dépend pas de la "légitimité" de quoi que ce soitLe problème commence à apparaître dans la lutte contre la réforme des retraites. Le chef de l'Etat compte assister à un match de footbal ce soir et les opposants à sa loi comptent manifester leur contestation lors de ce match. L'Etat a pris des mesures exceptionnelles pour protéger le chef de l'Etat. En pratique, interdire la manifestation. Mais le trouble public sera certainement évident et public. Et beaucoup d'analystes politiques estiment que les événements médiatiques des prochaines années - Coupe du monde de Rugby et Jeux Olympiques d'été - seront certainement perturbés par les opposants à Macron. Parce qu'il existe un autre problème que les "légalistes" ne peuvent pas comprendre ou dont ils ne veulent pas prendre conscience. La réforme des retraites est en réalité une non-réforme. Tout le monde s'en fiche. Ce qui compte, c'est que la majorité des électeurs de Macron "haïssent" l'affairisme du chef de l'Etat. Beaucoup sont conscients que le chef de l'Etat n'agit pas ici avec une inspiration politique originale. Il ne fait qu'obéir à des donneurs d'ordre apparents et à d'autres cachés. Macron obéit largement aux fonctionnaires de l'Union Européenne qui estiment que l'Etat français est responsable du régime des retraites ce qui est aujourd'hui moins faux qu'il y a dix ans. Ces fonctionnaires européens estiment donc que l'Etat français accroît son déficit et son endettement en finançant une régime de retraites que ces mêmes fonctionnaires estiment autoritairement déficitaire. Les retraites françaises sont déficitaires en bloc, par principe, parce que les fonctionnaires de Bruxelles en ont décidé ainsi. En réalité, Macron se moque éperduement de l'équilibre du régime des retraites qui est de toute façon géré par les partenaires sociaux. Ces derniers, s'ils ne disposent plus d'assez de cotisations doivent simplement baisser le niveau des pensions servies. Et si en 2020, la pension moyenne des nouveaux retraités était de 1.400 EUR nets [2], il existe des disparités énormes entre retraités. Ainsi, les femmes nouvelles retraitées ne perçoivent plus que 1.150 Eur nets de pension moyenne et les retraités plus âgés encore moins par nature ! Ce que ces derniers ignorent ... Et les actifs encore plus. En pratique, Macron en accord avec la classe dirigeante européenne, obéit aux impulsions des financiers qui l'ont placé à la tête de l'Etat par un tour de bonneteau électoral. Le futur des retraites est de gager l'effarante dette de l'Etat en passant à la gestion déléguée confiant à des entreprises comme les deux géants américains BlackRock et Vanguard. L'instillation par la réforme Macron que les retraites seraient en danger est une étape dans le processus de cession des cotisations aux créanciers de Macron. De celà, les contestataires de la Loi Macron sont-ils conscients ? La réponse est certainement négative. La plupart croient qu'une telle chose est impossible et qu'elle dérive du complotisme. C'est ce que les média appartenant à BlackRock et Vanguard leur disent [3]. Qu'en est-il ? Nous n'en savons rien. Mais, dans l'époque de catastrophe que nous vivons, rien de mauvais pour le peuple n'est imposible. Le transfert de richesses du peuple vers la Caste est organisé depuis plus de trente ans. Macron détesté pour ses liens vrais ou supposés avec les déprédations de la caste financièreMais il existe une seconde cause à la détestation que le peuple exprime contre Macron dans la réforme des retraites. Il s'agit d'une forme variable de constat qu'il est inféodé non pas à la Nation, non pas à la République, non pas à la Démocratie, mais au régime américain comme un Gauleiter. Et le régime américain ne se limite pas à l'administration Biden. Qui n'en est qu'un acteur de plus en plus mineur. Et probablement lui-même occupé de sorte que Biden n'est lui-même que le Gauleiter des Etats-Unis occupés par le régime occidental. Très peu de gens sont conscients de cette situation. Mais, ils détectent un grand nombre de faits qui devraient les conduire à ce jugement. Souvent, les gens utilisent de vieilles catégories issues des luttes du XX° siècle et même parfois du XIX° siècle. Comme la lutte des classes. Et le cliché que Macron est une créature des banquiers, puisqu'il aurait été employé chez Rotschild ... Certains se sont fait l'idée que Macron serait corrompu, par exemple à l'occasion de la vente par Nestlé à Pfizer d'une branche industrielle ... Les gens ne sont pas tous aussi avertis, mais beaucoup ont conscience qu'il y a des affaires louches autour de Macron : il n'aurait pas déclaré à temps son ISF, des entreprises industrielles comme Alsthom auraient été vendues dans des conditions questionnables, Macron accroît la dette, ... Toutes ces accusations, rarement correctement instanciées dans l'esprit public, pousse une grande majorité de français à se méfier de Macron et de son régime. D'autres affaires politiques que la réforme des retraites chauffent aussi l'exaspération : l'insécurité criminelle, l'immigration illégale, la décadence du niveau scolaire et universitaire, les folies "woke", les mensonges climatiques et énergétiques, .... Tout cela alimente quelque chose qui dépasse l'habituel mécontentement populaire, habilement résolu par les médias aux ordres du régime. Classiquement, un tel mécontentement devrait, dans le cadre des institutions républicaines, trouver sa résolution non pas dans la manipulation de l'opinion que j'évoquais quelques lignes plus haut, mais par l'action politique des partis d'opposition. Or, la plupart d'entre eux oscillent entre deux attitudes : grogner juste assez pour ne pas perdre les avantages acquis ou la chance de devenir ministre - cas des LR et peut être de certains membres de la NUPES quasi défunte. Il est donc probable qu'aucune formation politique n'exploitera le mécontentement populaire. Plus grave, aucune formation politique ne s'est mise en mesure de donner un canal institutionnel à ce mécontentement populaire - relativement indistinct, il faut le reconnaître. cette situation politique médiocre peut évoluer :
Quel avenir proche ?Il semble que la première évolution soit - et de loin - la plus vraisemblable, les deux autres ayant très peu d'avenir.Pourtant, ces trois possibilités ne sont nullement exclusives les unes des autres ... Mais, il y a fort à parier que Macron continuera tranquillement ses exactions et qu'à l'issue de son mandat, il sera remplacé par un autre commis mandaté par la Caste américaine qui a asservie la France, l'Europe et les Etats-Unis. Sans chercher à allonger maladroitement cette analyse, il faut tout de même noter les faits suivants :
Notes[1] Plusieurs politologues expriment cette idée que la "minorité législative" représente la majorité populaire. Lire par exemple Maxime Tandonnet - haut fonctionnaire : Le grand marasme politique -pour la Revue Politique et Parlementaire – le 29 avril 2023 par Maxime Tandonnet : "Le mouvement social actuel ne concerne pas seulement la petite minorité des manifestants et des syndicalistes. Profondément populaire, il est soutenu par les quatre cinquièmes du pays, selon de multiples enquêtes qui convergent dans le même sens. Il exprime une révolte de la France profonde contre le sentiment de l’arrogance et du mépris des élites dirigeantes envers le peuple et contre « l’entre-soi »." [2] Lire par exemple : Retraite en France : quels sont les montants moyens ?, Groupama, Publié le 13/07/2022 [3] Derrière la polémique BlackRock, l’ombre de la retraite par capitalisation, France 24, 02/01/2020. Le P-DG de la filiale française de BlackRock et un ancien conseiller économique de Chirac puis de Raffarin, un temps P-DG de Gaz de France. L'article fait une "vraie fausse-erreur" : le passage à la retraite par capitalisation qui serait une révolution sociale, sert en fait à garantir la dette française détenue massivement par BlackRock. Et d'autres. Lire particulièrement : À qui profite la réforme des retraites de la macronie ? À BlackRock !, Jeune Nation, 26 janvier 2023. Et l'accusation de complotisme est lisible chez Le Monde !
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