La situation en Israël et la situation en Occident au 10 Novembre 2023

Philippe Brindet - 10.11.2023

1 - La situation en Israël

Selon les informations disponibles dans la presse lourde et celles diffusés par des observateurs indépendants, on peut exposer la situation de la façon suivante.

L'armée israélienne attaque la Bande de Gaza au Nord et au Sud-Est. L'attaque au Nord a pris la forme d'un assaut sur trois axes Nord, Est et Est. Il semble qu'une étendue de 20 kilomètres de cette zone Nord de Gaza soit maintenant contrôlée par l'armée israélienne. L'attaque au sud-est semble actuellement destinée à empêcher l'exfiltration par l'Egypte de cadres militaires du Hamas. Il n'y aurait pas encore d'intention d'occupation.

Les bombardements israéliens sur l'ensemble de la Bande de Gaza sont intenses. La caractéristique de cette guerre, c'est que le Hamas s'est enterré dans des tunnels à 50-100 mètres de profondeur sous des installations civiles : immeubles, écoles, hôpitaux. Le Hamas se sert ainsi de la population civile de Gaza comme de boucliers humains. Les pertes civiles sont donc très vraisemblablement énormes. Les pertes en nombre de militants du Hamas sont inconnues. L'armée israélienne a informé de la mort d'un haut responsable militaire du Hamas lors d'un assaut.

La pression internationale pour faire cesser l'attaque israélienne est intense. Les appels à un cessez-le-feu, inspiré par l'Oumma, sont incessants de la part des "politiciens occidentaux". Israël aurait concédé quatre heures de trêve pour permettre aux civils de quitter les zones de combat sans que l'on sache très bien à quoi cela corresponde. Il semble qu'Israël demande aux Gazaouites d'évacuer la zone nord de la Bande de Gaza vers sa partie sud. Or, cette "injonction" devrait rester sans effet puisque la tactique du Hamas est justement de maintenir la population civile dans la zone de combats pour se protéger. De plus, l'intention de la population civile de se disjoindre du sort du Hamas n'est pas démontrée dans la presse.

Les informations obtenues jusqu'à maintenant ne permettent pas de se faire une opinion sur la suite de l'opération en Israël. On note cependant que, sauf quelques roquettes de Gaza et des tirs de missiles de croisière en provenance du Yemen, le territoire israélien serait retourné dans une relative tranquillité. On note cependant que les villages autour de la Bande de Gaza ont été évacués, que les 300 otages israéliens sont pour la plupart toujours détenus ou morts et enfin que le Hezbollah du Liban mène quelques tirs et escarmouches sporadiques.

On note que 40 citoyens français ayant souvent la double nationalité israélienne sont décédés depuis le 7 octobre 2023. De même, il y aurait 19 français juifs détenus par le Hamas. Les juifs français notent avec amertume l'extrême "discrétion" avec laquelle les autorités françaises traitent leur mémoire.

2 - La situation en Occident

La situation en Occident est au bord de l'incontrolable. La population occidentale en effet est maintenant - et probablement pour longtemps - composée avec une minorité musulmane extrêmement vigoureuse. Cette minorité musulmane est notamment soutenue et "courtisée" par une autre minorité "progressiste", elle même parfaitement équipée pour une action violente fondée notamment sur les organisations d'extrême-gauche, autour des "antifas", "Black Bloks" et autres écologistes radicaux.

Cet amalgame de minorités destinées à s'entre-déchirer, est actuellement à l'oeuvre mêlant avec cynisme l'antijudaïsme des ans avec l'antisionisme des autres. En un mot, les agitations actuelles en Occident expriment à la fois un profond rejet de l'Etat d'Israël, un sordide antijudaïsme, hélas souvent identifié comme un "antisémitisme", et un admissible antisionisme. En effet, même si je suis opposé à l'antisionisme, une telle opinion politique ou géopolitique est certainement admissible. Et donc discutable. Mais, l'antijudaïsme est criminel et les minorités islamo-gauchistes d'occident le savent parfaitement qui dissimulent le leur derrière un antisionisme de façade, réputé plus "présentable".

L'ensemble se révèle à la fois par des crimes racistes contre les juifs d'occident et par des manifestations monstres de soutien et de glorification abjecte du Hamas. Leurs multiplications sont croissantes partout en Occident : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Danemark, ...

Un certain nombre d'observateurs occidentaux soulignent que l'excitation actuelle des masses musulmanes en Occident fait craindre des débordements politiques majeurs. Comme un certain nombre de gauchistes ont perçu la force de cette minorité extrêmement unie, ils ont développé une stratégie d'exploitation de l'excitation musulmane pour prendre le pouvoir. Et cette prise gauchiste du pouvoir telle qu'elle est envisagée n'a rien à voir avec la démocratie institutionnelle. Les gauchistes et une fraction notable de la minorité musulmane ont compris que le pouvoir occidental est depuis quelques décennies largement désarmé.

L'effarante reculade de Macron en visite en Israël, passé de la proposition de la restauration de la Coalition contre Daesh en Coalition contre le Hamas à la "suggestion" d'une alliance pour "sauver la population civile de Gaza" provient certainement de rapports des services de renseignement qui ont alerté les autorités occidentales de l'effervescence islamo-gauchistes.

La situation s'aggave de ce point de vue en occident.

3 - Comment en est-on arrivé "là" ...

Il n'est pas question de définir une "cause unique" à la situation actuelle en occident. Mais, le récit historique permet de suivre la réalité du processus en cours.

On peut faire commencer l'affaire lorsque les juifs occidentaux, considérant les pogroms, en Europe centrale notamment à la fin du XIX° siècle, ont mis au point une stratégie permettant aux Juifs de se constituer une terre sur laquelle leur peuple pourrait vivre en paix. A l'abri de l'antijudaïsme. Il y a eu de nombreux essais et l'un d'eux le sionisme, s'est révélé plus efficace. Le retour à la Terre ancestrale d'Israël a été choisi par l'immense majorité des Juifs. Et l'installation de communautés juives et s'affirmant tel a commencé dans le début du XX° siècle.

En 1922, la Société des Nations confie un mandat de gestion de la Palestine à la Grande-Bretagne. Elle va se heurter alors aux luttes incessantes entre colons juifs et paysans palestiniens, dont beaucoup alors sont chrétiens, les Palestiniens n'ayant aucune conscience nationale, mais percevant l'installation des juifs comme un vol évident de leurs terres vivrières. Comme le flux de nouveaux immigrants juifs est incessant, la Grande-Bretagne va lutter contre les communautés juives au profit des palestiniens.

A la sortie de la Deuxième Guerre Mondiale, les juifs européens survivants de l'abominable persécution des Allemands subjugués par Hitler fuient l'Europe, traversent la Méditerranée et à l'aide de navires souvent ruinés, tentent d'aborder la "Terre d'Israël". Les Palestiniens se soulèvent à nouveau contre les immigrants juifs et la Grande-Bretagne repousse la plupart des bateaux juifs. Mais, incapables de résister au mouvement sioniste, la Grande-Bretagne renonce à son mandat palestinien et Ben Gourion proclame l'avènement de l'Etat d'Israël.

Les Palestiniens perdent peu à peu leurs terres et se radicalisent de plus en plus jusqu'à développer le premier terrorisme de l'époque contemporaine, notamment avec leur leader Arafat dans les années 70. Dans le même temps, l'Oumma, la communauté mondiale des musulmans, se soulève contre Israël, les Etats musulmans tentant de supprimer l'Etat d'Israël par la guerre en 1967 notamment.

Mais un fait a été peu perçu en Occident. Les Palestiniens ont peu à peu tourné vers un islam radical, exploitant son antijudaïsme primitif pour un antisionisme militant. Les Chrétiens se sont souvent expatriés parce qu'ils ne pouvaient rester dans une population qui devenait majoritairement et véhémentement islamiste.

Dans le même temps, l'ancien flux des embarcations qui amenaient des juifs en Palestine, a fait place à un flux de périssoires encore pires, mais qui allait dans le sens contraire et portait une immigration essentiellement musulmane en Europe. Un flux moins important, mais constant, s'est tourné vers l'Amérique du Nord et l'Amérique latine. Or, ces populations n'avaient pas de revendication nationale - étatique si vous préférez - et ceci n'a pas été compris du tout par les occidentaux. Les occidentaux ont accueillis ces migrants, non pas au motif de leur islam qu'ils préféraient ignorer, mais avec le prétexte qu'ils "fuyaient la pauvreté ou la persécution" pour adhérer aux "valeurs de l'occident". Or, passivement ces migrants instauraient en Occident l'extension "naturelle" de l'Oumma à l'insu du plein gré des occidentaux pourtant anti-religieux. Laïcs ...

Abrégeons cette explication des temps contemporains.

Nous n'avons pas importé "chez nous" les problèmes du Proche-Orient, comme on l'entend parfois. La communauté mondiale de l'islam, l'Oumma, s'est installé "naturellement" en Occident "laïc". Pour nous autres occidentaux, il s'agit d'un concept incompréhensible, qui paraît à beaucoup "folklorique", sans efficacité dans le monde moderne. Il n'en est rien et nous le constatons chaque jour davantage au fur et à mesure de la croissance de l'Oumma chez nous.

Pendant un temps, nous aurons une Histoire qui ressemblera peut être à celle de l'Etat d'Israël. Nous aurons, nous avons déjà, des enclaves qui échappent "à la Loi de la République". Des manifestations haineuses, des razzias, des émeutes, des massacres, ... Et après ?







Revue C-Politix (c) 10 Novembre 2023