La situation géopolitique au 1er août 2022

Philippe Brindet - 1er août 2022

La situation craque de partout. Nous sommes en vacances au soleil et l'occident tremble comme un vieux rafiot qui a tenté de mettre en route ses machines pour un dernier voyage on ne sait où. L'ennui, c'est que le capitaine est occupé on ne sait à quelle besogne en fond de cale et ce sont les soutiers qui tiennent la barre. Pour sortir du port, ce n'est pas la meilleure situation. Et pourtant les machines chauffent.

Qu'est-ce qui va mal ?

Oh, ce n'est pas un drame ! L'occident a certainement connu pire. Mais, là, c'est différent. En réalité, tout va mal et tellement tout, qu'on hésite par quoi commencer pour finalement se rendre compte que la liste de ce qui va mal est probablement si longue que ce n'est vraiment pas le moment - les vacances.

L'occident ou les écuries d'Augias ...

Les dirigeants occidentaux ou bien sont atteints de sénilité ou bien sont des psychopathes, vaguement contrôlés par des individus louches qui tentent de profiter de la situation. Par exemple, la France est elle-même dirigée par un individu qui tente désespérement de caresser le dos ou les fesses du premier chef d'état qui lui passe à portée de main. Devant les rebuffades, l'individu les traite alors d'hypocrites ou de corrompus. Les mots que cet individu prononcent n'ont strictement aucune importance pour ceux qui les écoutent sans d'ailleurs les avoir demandés parce qu'il possède un Etat en faillite qui dispose en tout et pour tout de trois jours d'approvisionnement pour faire une guerre quelconque. Quand l'oracle parle, les étrangers parlent d'une "macronade" ...

L'occident est aujourd'hui organisé autour des Etats-Unis. Un pays lui-même complètement en faillite, dirigé par un très brave homme - totalement corrompu, mais bien brave - qui a le défaut - ce n'est pas sa faute - d'être complètement sénile. Ca arrive. On n'en fait pas un drame. Seulement, jusqu'à présent, on avait évité de le faire héberger par la Maison-Blanche. Aujourd'hui, c'est fait ... C'est un pays dont l'immense puissance militaire lui a permis de perdre toutes les guerres qu'il a engagé depuis 70 ans. Une puissance militaire dont une flotte d'avions de chasse hyper-modernes vient d'être entièrement immobilisée parce que leurs sièges éjectables avaient la fâcheuse manie de se déclencher tout seul. Un avion de chasse qui ne peut pas tirer avec son canon au risque de déformer sa structure. Un avion furtif qui perdait son revêtement d'invisibilité s'il dépassait la vitesse du son qu'on atteignait presque dès 1945 ....

Du coup, les Etats-Unis et leurs "vassaux" occidentaux" ont décidé de faire la guerre à la Russie en utilisant un pays arriéré, l'Ukraine. Pour le mettre en guerre contre la Russie, les Etats-Unis ont déjà dépensé plus de 60 milliards de dollars, soit plus que le budget militaire annuel de la Russie. Las, entièrement corrompue, l'Ukraine revend aux Russes le matériel livré par les Occidentaux et se contente d'agiter devant les caméras à leur dévotion les exactions de quelques bandes de néo-nazis déguisés en militaires otanisés à la hâte.

Comprenant que l'action militaire était certainement mal engagée, les occidentaux, sur l'ordre des américains, ont décidé des sanctions économiques contre la Russie. Nous avons ainsi connu chez nous un "ministre" de profession qui a annoncé son intention de faire une guerre économique et financière totale à la Russie. En conséquence, on voit en occident les prix des produits de consommation courante s'envoler, l'énergie devient inabordable. Le travail manque. Les salaires se contractent. L'argent manque partout. La barbarie devient de la routine dans les rues, ...

Déjà les Balkans, après une première éruption dans les années 1990, sont en train de se réveiller. Les Serbes accusent leurs nouveaux voisins du Kosovo de génocide des slaves qui habitent encore leur région. Les Hongrois sont très mal à l'aise dans la vassalité européenne tandis que les roumains lorgnent sur les minorités ruthènes d'Ukraine. Ne parlons même pas les minorités installées en Moldavie ... Mais la Pologne se prend à rêver du vieil empire du XV° siècle où elle régnait jusqu'en Grèce ... Animés par une vieille rancune à l'égard de la Russie, les Polonais sont rejoints par les Baltes avec une irrepressible envie de faire mordre la poussière aux russes haïs. On a parfois l'impression que les Polonais feraient n'importe quoi pour celà.

L'Asie où coule tranquille le Yang-tsé Kiang ...

En Asie, les Chinois hésitent. Ils sentent confusément que la richesse des américains pourrait bien être de la pacotille et que leurs armées ne seraient peut être pas aussi puissantes que ce que les journaux en disent. Ils sont très contents de la stupide décision de Nixon de leur confier l'industrie du monde entier. Cette décision, puissamment "calculée", a été comme une drogue ébriétante pour les chinois qui se sont à peu près tenus tranquilles depuis quarante ans. Ce n'est pas complètement l'opinion des Indiens, mais, dans l'ensemble, c'est un peu vrai ...

Nous n'avons donc qu'à espérer qu'entre doute sur la faiblesse militaire américaine et envie de continuer à vendre ses produits manufacturés aux occidentaux, la Chine ne vas pas se lancer à son tour dans des aventures belliqueuses en Mer de Chine, spécialement à Taïwan. Mais aussi au Cachemire et en Afghanistan ... Et s'il leur prend la fantaisie de prêter la main au militarisme russe, .... Plus au nord, on trouve le Japon et la Corée, qui forment la vassalité locale du suzerain américain. Notamment le Japon a un contentieux ancien sur les iles du Nord avec la Russie. Si le pro-américanisme est certainement encore menant en Corée, seule la faiblesse démographique du Japon lui interdit de secouer la suzeraineté de la brute américaine. Le Japon a d'ailleurs fait de gros efforts vers la Chine.

L'Afrique où les foules regardent avec appétit vers l'Europe ...

... et ses classes dirigeantes regardent vers la Chine et la Russie ! Ces dernières sont d'ailleurs largement rejointes par les classes dirigeantes du monde musulman. Afrique et Moyen-Orient sont révulsés par l'immoralité américaine par sa corruption morale et son impuissance civilisationnelle. Mais, les peuples africains ont une très forte tendance à émigrer vers l'Europe qu'ils considèrent à tort comme des "eldorados" où l'on fait fortune en quelques mois. Yannick Noah, qui ne venait pas d'Afrique est allé s'installer au Cameroun dont sa famille état originaire. Mais, il est un cas très isolé. Une fois immigrés, les Africains sont presque emprisonnés en Europe. Coupés de leurs racines, ils n'adoptent pratiquement pas les moeurs européennes qui se sont complètement corrompues. Elles ne présentent aucun progrès pour eux. Au contraire, ils se trouvent plongés dans un désordre et une corruption qu'ils n'ont aucun moyen de corriger aujourd'hui.

Avec la crise totale qui frappe l'occident, les migrants africains ont peu d'avenir et il faut admettre qu'ils accroissent les difficultés de l'Europe. Mais, leur mouvement de migration a justement été organisé dans ce but. On ne va donc pas se plaindre d'avoir réussi quelque chose ... et cette migration est calculée pour durer.

Mais la plus grande menace est bien domestique ..

Nous autres européens, avons une propension non réprimée à rechercher la faute chez le voisin et à promener notre prospère satisfaction à la grande fureur de nos voisins.

Pour faire bref, je dirai que nous avons deux problèmes : la corruption et l'idéologie.

Sur la corruption, entendons-nous bien. Je ne prétends pas qu'il est notoire que les visiteurs à l'Elysée ne s'y rendent jamais sans un tonneau de louis d'or à l'intention du seigneur des lieux. La corruption est devenue quelque chose de bien plus raffinée. Quelque chose de très comme il faut.

Je voudrais revenir sur la "dernière" affaire de corruption : les "uber files". Pour faire court, on rappelera que Uber est une très grosse société américaine qui cherche à faire disparaître le marché réglementé des taxis au profit d'un marché expérimental libre de toute réglementation "superflue", les VTC. Lors de la monarchie "normale" de Hollande, Macron fut ministre de l'Economie et, selon des révélations incontestées, a utilisé sa position dans le gouvernement Hollande pour "faire sauter" le verrou des réglementations des taxis au profit de Uber. Il faut indiquer que Uber a utilisé exactement les mêmes influences favorables en Allemagne, en Hollande et en Grande-Bretagne. Ailleurs certainement aussi, mais là je n'ai pas d'information.

L'affaire a fait un peu de bruit pendant deux jours au début du mois de juillet. Elle a aujourd'hui complètement disparue. Or, cette disparition au moins médiatique, et certainement judiciaire, est la preuve certaine que nous vivons dans un régime totalement corrompu. Très simplement, les actions entreprises en faveur de Uber par le ministre de l'économie de l'époque ressortent du Code pénal. Or, les journaux qui ont révélés les "uber files" ont immédiatement abandonné la charge. Aucune instance ni judiciaire ni parlementaire ne s'est saisie du dossier autrement que pour l'enterrer.

Pour comprendre pourquoi, il faut écouter Macron lui-même, devenu Président de la République, suite à des campagnes électorales partiellement financées par des gens liés à Uber. Interrogé par les télévisions françaises, il a affirmé que, si cétait à refaire, il le refairait. Pourquoi ? Parce que cette réforme de la réglementation a permis de faire progresser l'emploi et parce que des sociétés nouvelles ont investi en France. "Stupéfaits", les journalistes se le sont tenus pour dit. Il n'était pas utile de "la refaire" ... C'est exactement la "bonne" corruption : si c'était à refaire, le corrompu le refairait ! Et devant tout le monde !

Imaginez que cette situation est exactement la même en Hollande et à la Commission de Bruxelles avec Nelly Kroez dans le rôle de Macron, en Grande-Bretagne avec ... Et quand ce n'est pas Uber, c'est ... Et si ce n'est Macron, c'est le ministre un tel, le député truc, le sous-préfet machin, ... Cette corruption est financière. Mais elle n'est pas la plus terrible. Il y a surtout la corruption idéologique. Parce que le deuxième mal qui nullifie l'Occident, c'est l'idéologie.

Aujourd'hui, le réel est devenu incompréhensible pour la majorité de nos dirigeants. Il est beaucoup trop compliqué. Il leur faudrait des dizaines d'experts, des centaines de scientifiques, pour se faire expliquer tout çà. De toute façon, pas le temps ! Problème d'inculture, d'ignorance, ... Mais surtout parce qu'il est politiquement avantageux de remplacer la réalité par l'idéologie. L'idéologie vous permet tout. Le politicien ne peut plus être confronté à la réalité quand cette dernière est masquée par l'idéologie. Les mesures du politicien doivent seulement rester conformes à l'idéologie. Alors elles sont politiquement incontestables. Et on perçoit à la fois de l'agacement et même de l'étonnement chez les politiciens contemporains quand un vain peuple s'entête à contester une mesure politique. Si vous contestez une mesure politique conforme à l'idéologie, c'est que vous n'avez rien compris. On va vous expliquer "aimablement". La pédagogie.

De quelle idéologie s'agit-il ?

Le socialisme a sombré avec le marxisme de l'Union soviétique et de même le libéralisme à la Blair ou à la Hollande ... Le capitalisme lui-même a sombré. Les deux idéologies majeures du XX° siècle ont formé sans s'en rendre compte une sorte de pâte informe à l'odeur nauséabonde, le capital-socialisme : le capitalisme pour les riches, le socialisme pour les pauvres et, entre les deux, l'étatisme pour faire régner le bon ordre : les riches - eux - doivent devenir plus riches et les pauvres - nous - plus pauvres.

Bien entendu, tout ceci serait beaucoup trop simple pour expliquer la crise de civilisation qui sévit en Occident. Mais on trouve côte à côte les décès du capitalisme et du socialisme et le triomphe de leur affreux mélange. Et ce dernier ne peut survivre avec une telle bipolarisation. Ce qui assure sa survie - et il faut craindre son triomphe - c'est l'idéologie, le réel nié et représenté par le mensonge. Et en fait de mensonge, d'idéologie, tout le réel est transformé par l'idéologie. A titre d'exemples, dans le tableau suivant, on a représenté trois couples "problème - solution", qui ont été posé par idéologie et résolu par idéologie..

Le problème posé par idéologieLa solution idéologique
L'épidémie de coronavirus vient d'une zoonose issue de la chauve-souris. Le vaccin sauvera le monde du coronavirus
Poutine est un dictateur sanglant qui étrangle l'Ukraine. Il faut éliminer Poutine et réduire les russes en esclavage.
L'activité de l'homme provoque des gaz à effet de serre qui réchauffe le climat Il faut interdire l'activité de l'homme qu produit des gaz à effet de serre

Pour établir ces couples problème - solution, les politiciens ont besoin de faire représenter le réel par des "scientifiques". Ces derniers sont suffisamment corrompus pour représenter le réel par une idée manipulable à l'envie. Or, de tels individus se trouvent de plus en plus aisément. D'abord parce que l'argent coule à flots sur ces gens-là. Ensuite, parce que leurs formations et leurs pratiques scientifiques sont de plus en plus réduites. Il suffit d'interroger les scientifiques qui sont tenus à l'écart des comités "théodule" qui servent à faire une représentation idéologique du monde aux politiciens, pour noter leur effarement devant l'ignorance et l'erreur dans laquelle se complaisent les "scientifiques" sélectionnés par le régime.

Mais, les protestations des gens compétents et qualifiés n'y changent rien. Parce que l'idéologie est fortement structurée. Par exemple, beaucoup de couples "problème - solution" mis en oeuvre dans l'idéologie dérivent de dogmes idéologiques plus lointains comme ceux de la décroissance, du développement durable, de la transition écologique, et autres fariboles qui orientent tous ces gens. Et ils se reconnaissent entre eux par leur soumission à ces dogmes. De sorte que, si vous contestez un seul de ces dogmes, vous êtes à tout jamais écarté des comités d'experts qui forment l'idéologie du régime.

Mais, une fois que vous adhérez aux dogmes, vous ne rencontrez plus de problèmes. La politique devient un art tout d'exécution. Plus besoin de laborieuses discussions, de débats parlementaires. Le parlement ne sert plus qu'à "expliquer" aux gens pour obtenir leur soumission. Il suffit d'un comité d'experts pour poser idéologiquement le problème et esquisser la solution idéologique, puis d'un cabinet de conseils pour diffuser des notes d'exécution de la solution idéologique dans toute l'administration et le politique peut alors jouer pleinement son rôle de chien de garde du peuple au bénéfice du capitalisme.

Mais, il s'agit d'une corruption absolue de la république, cette institution sacrée qui établit que les affaires publiques se débattent publiquement pour être décidées en vue du bien public. Ce principe sacré est aujourd'hui complètement saccagé et la crise de l'Occident est avant tout la corruption de la République.

Dans l'indifférence de la démocratie bafouée. Dans le cynisme de la classe politicienne complice et bénéficiaire de la corruption.


Revue C-Politix (c) 01 août 2022