Le conflit avec les Etats-Unis - Quelques observations

Philippe Brindet - 22 Février 2023

Considérons les opérations militaires en Ukraine. La Russie, alliée à la Biélorussie, se trouve à moins de 30 kilomètres au nord de Kiev et de Kharkov. Or, elle préfère mener une offensive depuis l'Est à plus de 150 kilomètres de son territoire initial. Il y a là une bizarrerie qui ne s'explique pas. D'autant moins que le 24 Février 2022, la Russie a produit trois offensives : la première sur Kiev, la seconde sur Kharkov (plutôt sur Soumy) et la troisième sur l'ensemble du front tenu par les Républiques séparatistes du Donbass des accords de Minsk. On a expliqué leurs retraits de Kiev et de Kharkov en mars 2022 par le fait que l'armée russe y aurait été battue. Pourtant, l'armée russe est toujours là et très loin d'être "battue". Sauf sans la propagande opérée par la CIA.

La deuxième bizarrerie des opérations militaires en Ukraine vient du rôle militaire des Etats-Unis et de leurs vassaux, réunis ou non - on ne sait - dans l'alliance Otan. Alors que les détails montrent qu'il existe de manière clandestine des troupes au sol américaines, britanniques et polonaises, peut être aussi baltes, allemandes et françaises - la chose est très peu documentée - alors que ces Etats fournissent de manière publique commandement, renseignement, armes, munitions et plus encore au régime que les Etats-Unis ont installés à Kiev en 2014, ces Etats - qui constituent le bloc occidental à très peu près - ne se considèrent ni comme des belligérants, ni comme des co-belligérants. La Russie n'en dit rien ...

A moins qu'une information m'ait échappée, il faut noter que même la Russie n'a jamais déclarée la guerre à l'Ukraine, et encore moins aux Etats-Unis et ses vassaux.

La situation est tellement paradoxale que certains analystes - très loin d'être parmi les plus faibles d'entre eux - ont observé que la Troisième Guerre Mondiale pourrait avoir commencée à l'insu de notre plein gré ...

Et pourtant, paradoxe supplémentaire, la Chine - première puissance économique du monde - prétend ne pas être partie au conflit, ne cherchant selon elle, ni à racourcir, ni à prolonger ce qui - quelque soit ce que l'on en dit - est un conflit armé de haute intensité. En un seul mot : une guerre. Pourtant, elle soutient avec vigueur la position de la Russie. Et elle est rejointe de manière plus ou moins ouverte par d'autres Etats qu'on croyait souvent très proches d'être des vassaux des américains. Au premier rang se trouve certainement l'Inde. Mais, il faut lui ajouter l'Iran et l'Arabie Saoudite. Et aussi la Corée du Nord et l'Algérie. Et l'Afrique du Sud et d'autres ...

Le signe de cette "création" d'un bloc réuni autour de la Russie se trouve plus dans la consolidation d'une alliance économique et même civilisationnelle qui se heurte fortement à l'hégémonie américiane. Et cette alliance se réalise aujourd'hui par la création d'une finance dédollarisée et échappant à l'organisation financière imposée dans les années 1980 par les Etats-Unis, et surtout par la déviation d'une large part du commerce que la Russie dirigeait avant le conflit ukrainien vers l'Occident vers le nouveau bloc en cours de consolidation.

La Troisième Guerre mondiale comme affrontement entre le bloc occidental et l'autre bloc en formation.

Aujourd'hui, une telle guerre est improbable si elle est animée par la seule Russie, même avec la complicité plus ou moins officielle de la Chine et des autres Etats du bloc non occidental. Le problème le plus grave de la Russie est sa très grande faiblesse démographique - de l'ordre de 150 millions d'habitants confrontés aux 900 millions d'habitants du bloc occidental. Cette faiblesse pourrait être révélée par la difficulté visible que la Russie rencontre à triompher rapidement de l'Ukraine, pays maintenant de moins de 30 millions d'habitants.

Il est clair que la Chine et l'Inde qui regroupent 3 milliards d'habitants ont la décision du véritale déclenchement de la Troisième Guerre mondiale. Tant que ces deux Etats ne s'engagent pas davantage, une telle guerre restera probablement limitée à l'Ukraine et peut être aux Etats baltes qui piaffent d'impatience avec la Pologne.

Malheureusement, la participation d'Etats comme l'Iran ou l'Arabie saoudite au conflit actuel pourrait embraser un conflit plus large. Notamment parce que les Etats-Unis ont déjà préparées des ressources de déstabilisation (ONGs, corruption, ...) dans les Etats qui bordent l'empire russe à sa frontière sud. En Géorgie, au Tadjikistan ou en Azerbaïdjan, excitée par la Turquie qui jouera certainement un rôle dans un éventuel élargissement du conflit actuel sur le flanc sud de l'Empire russe. Tout le problème sera de voir si la Turquie joue la Russie ou les Etats-Unis ou les deux.

Un autre paramètre est aussi particulièrement important : les Etats-Unis sont un empire finissant et l'Union européenne est une zone économique ruinée.

La possible fragilité des Etats-Unis.

Si les hypermilliardaires américains - Gates et Soros, Musk et Bezos, Zuckerberg et Omahada - sont fabuleusement riches et font la stupide admiration de la populace européenne, leur richesse ne compte pas autant qu'on le croit dans la puissance des Etats-Unis. Ils ne lui payent quasiment pas d'impôts et ils maîtrisent leurs empires financiers dans au "au-delà" des lois occidentales ...

A l'inverse, les populations américaines sont devenues immensément pauvres. Tout récemment, la Bank of America notait que 57% des foyers américains ne disposaient pas de 1.000 dollars pour faire face à une dépense accidentelle comme une maladie grave. La majeure partie des travailleurs sont pauvres et sont incapables d'assumer leurs dépenses contraintes.

De même, l'Etat américain n'est pas riche. Il suffit d'examiner l'état des infrastructures civiles des Etats-Unis : elles sont ruinées et à l'abandon. Le réseau ferré est l'occasion d'accidents épouvantables - tout récemment les déraillements à East Palestine dans le Maine, et celui trois jours plus tard dans l'Ohio. Le réseau d'eau est totalement pollué et le réseau électrique est en blackout deux mois sur douze.

De même, la puissance industrielle des USA est des plus douteuses. Elle repose largement sur celle de la Chine ou encore du Japon et de la Corée du Sud. Plus grave, son industrie d'armement immensément riche, fournit des produits mirifiques ... mais dont l'efficacité est d'autant douteuse qu'ils sont plus chers. Ainsi le chasseur F-35, valant 80 millions de dollars pièce, a une vitesse faible et une furtivité douteuse et souffre de plus de 800 défauts dont beaucoup l'écarteraient du combat. La même chose existe sur les destroyers Zimwalt et le porte-avion Gerald Ford lui-même n'est pas exempt de défauts considérables. Enfin, l'Amérique souffre d'un retard dans plusieurs domaines d'armements modernes comprenant les missiles hypersoniques - déjà en service en Russie, Chine, Inde et Corée du Nord- mais aussi sur les planeurs spatiaux ...

Enfin, la doctrine stratégique américaine est extrêmement douteuse. Les Etats-Unis n'ont plus gagné de guerre depuis longtemps.Le citoyen américain n'a ni la rusticité, ni la santé robuste du GI de 1940 ou de 1954. On ignore combien de soldats convenablement éduqués et capables d'affronter une guerre moderne seront mis en ligne dans un conflit. Peut être que les américains comptent sur des peuples comme les ukrainiens ou les polonais, mais aussi sur leur forte immigration d'Amérique latine.

Il serait présomptueux de méconnaître la puissance militaro-industrielle américaine, erreur qu'aucun membre du pôle anti-occidental ne semble avoir encore commise. D'autant que les Etats-Unis seraient toujours la première puissance nucléaire du monde et la première puissance spatiale aussi. Mais, il existe des doutes.

La ruine de l'Union européenne

D'autant que ses alliés se divisent en deux groupes :

  1. les vassaux qui apprécient pour des raisons variables leur vassalité ;
  2. les "alliés" qui "trahissent" quand bon leur semble, comme les Turcs ou les Saoudiens.

Le plus fort représentant des "vassaux consentants" est certainement le magma européen. Or, cet ensemble hétéroclite est ruiné complètement :

Au point de vue politique,

il se complait dans un chaos d'organisations corrompues comme le Parlement européen, la Commission dite de Bruxelles, le Conseil européen, le Royaume-Uni, ... auquel il faut ajouter des Etats politiquement ruinés comme l'Allemagne, tenue pour l'Etat le plus puissant du magma européen, la France et l'Italie ...

Je ne détaillerai pas ici la nature ni l'étendue de la corruption politique. Qu'il suffise de constater que ces Etats ont renoncé aux règles de la République la plus élémentaire et qu'ils ont profité de la qualification de démocrate de leurs Républiques pour les corrompre avec un libéralisme de propagande qui réserve le capitalisme pour les très riches et soumet les populations ignorantes à un socialisme étatique tyrannique.

Au point de vue démographique ...

La corruption de la démographie a été assurée à la fois par la permissivité des moeurs qui détruit les familles, lieu dans lequel se développait naturellement jusqu'à présent la démographie, et par une combinaison démographiquement ruineuse d'avortements et d'euthanasies, opération que j'ai déjà étudié par exemple dans mon article Rabâchage de la réforme des retraites.

Dès à présent, la population européenne est vieillissante et la capacité guerrière de sa jeunesse est des plus faibles. Des assassins, mais pas de guerriers.Absence totale de niveau physique, mollesse générale, perversions hédonistes, ...Nous ne pouvons pas aligner de soldats. Pour un conflit de haute intensité, le Parlement français vient de déterminer que l'armée française pourrait tenir un front de 70 kilomètres pendant quelques jours ... Et c'est de loin la meilleure armée de l'Union Européenne ...

Au point de vue industriel

L'Union Européenne dispose d'un secteur industriel représentant 18% de son PIB. Mais le secteur industriel de la "meilleure" nation guerrière, la France, n'est que de ... 9% de son PIB ! L'industrie française est, selon un rapport parlementaire datant du 17 Février 2022, quelques jours avant le début de l'invasion de l'Ukraine, astreinte à un équipement "échantillonesque" de ses armées !

Or, on a les plus grands doutes concernant la ré-industrialisation des Etats européens, et si cette ré-industrialisation avait lieu ou non, de la capacité de cette industrie à se transformer en industrie militaire.

De fait, les Etats européens sont capables de fournir des matériels militaires à l'Ukraine selon des quantités allant de quelques unités à quelques dizaines. L'Allemagne pourra à terme fournir un demi-bataillon de chars Leopard II à l'Ukraine ... Et nous ne pouvons pas fournir de munitions au format OTAN à l'Ukraine. Ni les USA d'ailleurs ...

Il est inutile et pénible d'en dire plus ...

Le bloc non-occidental a t'il les moyens de la guerre ?

La première question se pose de savoir si la Russie a les moyens de la guerre contre les Etats-Unis. La réponse est difficile pour deux raisons :

  1. La première raison ressort de la propagande américaine

    Si on la suit, le régime de Poutine est politiquement au bord de l'effondrement. Pourquoi ? La propagande ne le dit pas. De même, sa puissance militaro-industrielle est une fraction de celle des Etats-Unis. Son PiB est à peine celui de l'Espagne ... Enfin son armée est incapable de soutenir une véritable guerre contre les USA parce que la Russie ne s'est pas relevée de l'effondrement de l'Union soviétique, qu'elle est isolée dans le monde contrôlé par les Etats-Unis.

    Cette analyse est probablement de la simple propagande dont les médias approuvés par le régime américain nous abreuvent. Elle serait entièrement fausse. Mais, il faut se garder de se forger une opinion en contestant seulement une autre opinion fut-elle de la vulgaire propagande dès lors qu'on ne peut se fonder sur des faits vérifiés.

  2. La Russie "peine" dans le Donbass

    Il faut admettre une chose basée sur la conjonction des nouvelles provenant du bloc occidental et des nouvelles provenant du camp russe : la Russie "piétine" dans le Donbass. Il est vrai qu'elle opère sur un front de l'ordre de 1.000 kilomètres. Mais, elle s'est retirée de l'offensive sur Kiev, de l'offensive sur Kharkov, de l'offensive sur Kherson. Elle a perdu la région de Lyman, même si elle ferait une partie du rattrapage du terrain perdu. Enfin la Russie a échoué sur Odessa. Elle a été incapable d'empêcher des actions ukro-otaniennes sur la Crimée (Pont de Kersh) et elle est souvent sous le feu de l'armée ukrainienne à l'intérieur de ses frontières, à Belgorod ou à Koursk.

    La Russie a été contrainte en Septembre 2022 de revoir son format en décrétant une mobilisation de 300.000 réservistes. De plus, si la situation n'est pas aussi détestable pour elle que la propagande occidentale le prétend, sa logistique semble parfois en deçà des résultats que le commandement russe a dû lui affecter.

Mais, il faut noter que, malgré ce que les médias occidentaux publient, les dommages de guerre subis par l'Ukraine sont beaucoup plus importants que ceux de la Russie. Il faut aussi noter que l'armée ukrainienne est protégée derrière des lignes de fortification préparées depuis l'année 2014. Cette ligne de défense extrêmement bien construite, pourrait expliquer la lenteur de la progression russe. Dans le même temps, le bombardement des infrastructures industrielles ukrainiennes par les russes, les pertes humaines subies par les ukrainiens, l'épuisement progressif des matériels et des munitions reçues par les ukrainiens, tout cela "travaille" en faveur des russes. Ils ne sont pas pressés. Comme l'explique la spécialiste de la Russie, Hélène Carrère d'Encausse, la Russie a le temps et l'espace. C'est ce qu'elle a jouée en 1812 avec Napoléon et en 1943 avec Hitler.

On ne peut en déduire que la Russie a les moyens de sa guerre. Mais, la chose est possible. Et lorsque la Russie aura vaincue le régime de Kiev, nul ne sait ce qu'il se passera ensuite. Même si les occidentaux braillent que la Russie ne s'arrêtera pas. Dans le passé, elle s'est arrêtée avc le Traité de Vienne et puis avec celui de Postdam.

La deuxième question est de savoir si le bloc "non-occidental" dispose de moyens pour exister en tant que "bloc".

Le bloc "non-occidental" comporte très certainement la Russie, la Chine et l'Inde. Que ce soit au point de vue démographique, industriel ou simplement militaire, ce bloc est deux à trois fois plus puissant que le bloc occidental.

Quelles sont les puissances militaires et industrielles réelles de la Chine et de l'Inde ? Il est très difficile de se faire une idée. Toujours est-il que la Chine, alors même que les Etats-Unis sont empêtrés dans le conflit ukrainien auquel ils prétendent ne pas "participer", n'a toujours pas ouvert de deuxième front à Formose ou en Corée. Et l'Inde, "boquée" par la Russie, n'a pas attaquée la Chine sur le Cachemire. Bref, les principaux agents de l'hypothétique "Troisième Guerre Mondiale" se tiennent cois.

La Troisième Guerre Mondiale aura t'elle lieu oui ou non ?

Je n'en sais rien. les événements actuels inclinent à penser qu'elle se déclenchera d'un seul coup, par des "petits" conflits locaux, alimentés par des alliances présomptueuses. Vous savez, ces alliances effrontément défensives ...

Quel est l'avenir prévisible ?

Je le redis : si la Troisième Guerre Mondiale éclate, se sera sur un incident. D'un seul coup, tout s'embrasera. Un missile balistique nord-coréen frappe la base militaire américaine de Guam. Ou une bombe nucléaire iranienne tombe sur Tel Aviv. Ou Biden lors de son quatrième mandat présidentiel, s'est endormi lors d'une réunion en appuyant sur le bouton du feu nucléaire ... Dans ce dernier cas, il est probable que peu de nous le saurons.

Mais, aujourd'hui, la Troisième Guerre Mondiale n'est la stratégie de personne.

La géostratégie des Etats-Unis

Depuis les années 1980, la stratégie des Etats-Unis est d'animer un monde entièrement corrompu et de ce fait chaotique. Monde dans lequel toute contestation de l'empire américain devient matériellement impossible. Y compris par la parole grâce au contrôle des populations. Il faut pour celà utiliser la puissance financière des hyper-milliardaires américains, qui sont en partenariat public- privé , non pas avec le système politique américain, qui est un pantin lamentable, mais avec le système administratif américain qui a complètement échappé au contrôle du politique depuis ... Eisenhower qui s'en est rendu compte trop tard.

Il faut se demander pourquoi il existe un conflit en Ukraine. Les Russes prétendent que c'est pour dénazifier et reprendre la protection de leurs russophones. Les américains se moquent complètement de cela. Ils ont déclenché leur guerre parce que l'Ukraine est l'endroit où la famille Biden a le plus développé sa corruption. Et la guerre totale est le lieu où l'enrichissement par la corruption est le plus important.

L'Irak avait été le lieu de l'enrichissement de la famille Bush, l'Ukraine celui de la famille Biden. C'est là presque le coeur de la géostratégie américaine.

La géostratégie des adversaires des Etats-Unis

Poutine l'a dit depuis 2007. Il veut construire un monde multipolaire où chaque civilisation peut se développer dans un partenariat harmonieux avec les autres pôles. Le problème de Poutine c'est qu'il n'a que 150 millions de Russes. C'est trop peu. Sa force, c'est d'avoir largement éliminée la corruption américaine de chez lui entre 1999 et 2005 environ. Depuis, il continue en renforçant la civilisation traditionnelle russe conservatrice en tenant compte du caractère multireligieux de l'Empire russe. Et il continue d'éliminer les ONGs occidentales dès qu'elles apparaissent sur son sol tout en apprenant à son peuple à se passer des largesses de l'occident corrompu. Mais, il reste encore de trop nombreux points d'infiltration de la corruption américaine.

Xi a deux objectifs : maintenir dans l'ordre et la discipline communiste un pays de presque 1,5 milliards d'habitants et continuer à l'enrichir en étant l'industriel attitré du pôle américain. Mais, Xi a fait une erreur. Il a trop de monde et pas assez de matières premières. Pire encore, il a laissé prospérer la corruption américaine. Peut être parce qu'il a cru que le commerce avec l'Allemagne équilibrerait celui avec les Etats-Unis alors que les premiers sont les vassaux des seconds. De fait, des chinois de Xi qui opèrent en occident par exemple dans les Universités et grandes entreprises américaines, nul se sait s'ils sont plus corrupteurs que corrompus.

Modi a un autre problème. Comme la Chine, il manque de matières premières pour entretenir une population immense. Son industrie est plus faible que celle de la Chine. Et l'Inde subit encore une forte corruption d'un autre vassal des Etats-Unis : la Grande-Bretagne. Au lieu d'avoir un corrupteur, l'Inde en a deux ; les USA et la GB. C'est beaucoup.

La géostratégie des trois puissances : Russie, Chine, Inde les place dans une large mesure en compétition sur le marché occidental. Chine et Inde tentent d'ailleurs de ralentir la marche de la Russie qui tend à les écarter du régime américain, dont ils ont besoin. Et la Russie a un excellent atout : sa richesse en matières premières. C'est aussi une faiblesse parce que la Chine pourrait vouloir s'en emparer. Mais la Russie dispose d'un arsenal nucléaire qui pourrait encore dissuader la Chine.

Il est donc compréhensible que le bloc anti-américain ne verra jamais le jour. D'ailleurs même la Russie n'a pas avantage à la confrontation. Ses avancées réussies jusqu'à présent vers la Chine et l'Inde lui permettent de contenir les Etats-Unis.

Dans les années 1950, l'idéologie capitaliste américaine avait son adversaire dans l'idéologie marxiste de l'Asie. C'est cet affrontement anormal qui a pris fin avec la chute du régime soviétique. Mais le capitalisme et le marxisme sont une seule et même idéologie. et particulièrement, le partenairat public - privé promu par le WEF et le club des hypermilliardaires américains permet d'effacer les rares différences entre les deux idéologies. Aujourd'hui, l'idéologie américaine se limite à la corruption généralisée. Marxisme et capitalisme ont été éliminés en Russie, "mariés" en Chine. En Inde, la situation est plus difficile.

Toujours est-il qu'au point de vue idéologique, l'Empire américain est devenu très faible. C'est la force de la Russie actuellement et la source de l'hésitation de la Chine. A l'intérieur, l'Empire américain impose sa corruption sur ses populations qui, bon an mal an, s'en sentent satisfaites. Le problème pour l'Empire viendra de l'appauvrissement de ces populations. Appauvrissement qui date environ des années 1980 quand le pouvoir américain a changé. Pour résoudre son problème intérieur, l'Empire américain dispose à la fois de la corruption et d'un terrible système de contrôle de la pensée, de la culture, de la politique, qui détruit toute liberté, toute contestation, toute alternative.

D'ailleurs le flux de dissidents est en train de s'inverser. Edward Snowden est en Russie ...

Sans idéologie, le pôle américain est incapable de mobiliser pour une Troisième Guerre mondiale. Face à la corruption, le bloc anti-occidental n'est pas encore prêt à la lutte. Mais, de la misère, des luttes locales avec les autres Etats du monde, un effondrement de la liberté et de la culture chez nous, voilà certainement notre présent et notre proche avenir.


Revue C-Politix (c) 22 Février 2023