Le mirage du SMIC en 2024Il y a environ une semaine, la presse, assez goguenarde s'est fait l'écho d'une déclaration de Ménégaux, le patron de Michelin, le numéro 1 mondial du pneumatique. Michelin étend à l'ensemble de ses salariés, non pas le SMIC. non pas une augmentation du SMIC, mais un "salaire décent pour vivre. On lira avec profit le communiqué de presse lisible sur le site de Michelin Média Day Michelin 2024. « En moyenne, le salaire décent représente entre 1,5 fois et 3 fois le salaire minimum », a précisé à l'AFP Florianne Viala, directrice de la rémunération du groupe Michelin. Le salaire décent de Michelin en France atteint les 39.638 euros bruts annuels du salaire décent fixé pour une famille parisienne ou les 25.356 euros à Clermont-Ferrand, siège de Michelin, contre 21.203 euros pour le SMIC. Il ne s'agit pas d'une simple décision privée de Michelin. Michelin est adhérent d'un réseau mondial qui fixe les standards du salaire minimum décent . Selon le communiqué de Michelin :
Il faut attirer l'attention sur le fait que le "living salary" ou "salaire décent" du Plan des Nations Unis protège le niveau de vie d'une famille de quatre personnes dont un seul salarié. LIVING WAGE is the remuneration received for a standard workweek by a worker in a particular place sufficient to afford a decent standard of living for the worker and her or his family, as defined by the Global Living Wage Coalition (GLWC). Elements of a decent standard of living include food, water, housing, education, health care, transportation, clothing and other essential needs including provision for unexpected events. On notera que cette définition est contrôlée dans le monde entier par une Alliance, créée par les Nations Unies qui a publié un document de référence https://www.globallivingwage.org/about/anker-methodology/. Le salaire décent rejoint sensiblement la définition de la doctrine sociale catholique du "juste salaire". En contrepartie, l'initiative menée par les Nations Unies, impose aux entreprises et organisations adhérentes deux charges essentielles :
Je ne discuterai pas davantage les tenants et aboutissants de la politique du salaire décent, étant rappelé que, sauf information contraire, la seule entreprise française qui s'y soumet serait le Groupe Michelin. La différence entre le salaire décent et le SMICMais il faut remarquer que le SMIC est évidemment autre chose qu'un salaire décent. Il est possible que, lorsqu'il a été institué en 1950 (SMIG), il ait atteint cet objectif. Il dépendait de chaque zone de localisation du travailleur selon des modalités proches de celles déterminées dans une loi de Vichy de 1941 - probablement non appliquée. Mais, en réalité, il s'agissait d'une rénumération minimale, fixée arbitrairement par une autorité "indépendante" qui ne tenait aucun compte des charges essentielles qu'un travailleur assure avec son salaire. Mais la plus grande tromperie, vient du mode de fixation des augmentations successives du SMIC; Ces augmentations résultent d'un tir à la corde entre trois protagonistes, dont sont radicalement exclus les salariés, quelque vaines soient les espérances des trompés du régime social français. Le premier protagoniste est le regroupement factice des syndicats de salariés. Le deuxième protagoniste est le regroupement encore plus factice des employeurs privés et le troisième est le Raminagrobis des pouvoirs publics - Le chat, la belette et le petit lapin... Tous sont réputés "agir au profit des salariés". Mais en réalité, la seule chose qu'ils visent est une hausse la plus faible possible, équilibre entre les avantages des trois protagonistes. Aucune chance pour que le SMIC ait jamais été et ne soit jamais un salaire décent au sens de Michelin. Et plus le temps passe, moins le SMIC est un salaire décent. Mais certains agitent l'excuse de minorité : les smicards ne sont qu'une infime fraction de la population salariée, la partie la plus méprisable, sans qualification, sans .... Une telle réflexion devrait faire périr de honte ceux qui la profèrent, généralement très souvent, ce qui leur tient lieu de preuve. Il y a, selon le Ministère du Travail, 17% des salariés français au SMIC, et beaucoup d'autres sont à des salaires inférieurs au SMIC à cause de la précarisation de l'emploi avec les temps modernes. Le SMIC est un mirage utilisé pour faire taire les revendications socialesEt il y a encore pire. Du fait de l'accroissement astronomique des charges sociales pesant sur les salaires, l'Etat pour réduire le chomage des bas salaires à inventer d'exonérer de charges sociales les bas salaires à compter du SMIC. Ainsi l'exonération de charges divers intervient de 1 à 1,6 SMIC ou des fourchettes de ce genre. Résultat, les employeurs, appâtés par l'exonération des charges patronales exhorbitantes, n'embauchent plus que pour des salaires dans la fourchette de l'exonération sociale ! Résultat, non seulement le SMIC n'est plus - pour autant qu'il l'ait jamais été - un salaire décent, mais de plus en plus de salariés, pour l'exonération sociale de leur employeur, ne touchent pas davantage un salaire décent. Résultat : les charges sociales qui financent les prestations de l'Etat social de la V° République ne sont plus suffisantes et la protection sociale est souvent déficitaire en France. Et les solutions pour les renflouer sont encore pires que le mal. Exemple : l'immigration payée souvent sous le SMIC ! qui ne rapporte aucune cotisation au système de protection sociale. Le tout dans le mirage permanent de la protection du petit salarié par le SMIC ! Une honte de plus de cinquante ans. Et qui est faite pour durer |