Le problème des autopsies et des causes effectives de décès "Covid-19"

Philippe Brindet - 8 Novembre 2020

Des autopsies Covid pratiquées aux USA

Un article américain récent alerte d'une situation sinon alarmante, du moins d'intérêt. Depuis une vingtaine d'années, les hôpitaux se désintéressent de plus en plus des autopsies. La raison n'est pas vraiment médicale, parce que l'autopsie est une source d'informations scientifiques de première importance. Mais la réduction du nombre des autopsies et la limitation de ces autopsies aux nécessités pédagogiques d'une part et de médecine légale d'autre part, résulte d'une politique bien occidentale de réduction des coûts non productifs en matière de santé.

D'un certain point de vue, celui des patients d'une part, des scientifiques d'autre part, cette régression est absolument catastrophique. Et tout porte à croire que la situation est générale en Occident, puisque la santé tend de plus en plus à se réduire à la pratique d'actes hospitaliers extrêmement coûteux selon leur tarification, mais pris en compte à la fois par la nomenclature gérée par l'Etat et par les assurances de santé. L'autopsie ne ressort ni de l'une ni de l'autre.

Dans le cas de la Covid-19, l'article américain interroge la pratique hospitalière dans l'Etat de New-York et quelques autres proches, dont le Massachussets. Les médecins de ces hôpitaux n'ont pu réaliser d'études post-mortem des malades de la Covid-19 que très rarement. Mais, de leur pratique, plusieurs informations essentielles ont été trouvées qui ont données lieu à des articles scientifiques qui ont énormément fait progresser la thérapeutique de la Covid-19. Particulièrement, l'article américain cite :

  1. la découverte de troubles de la coagulation au niveau du système pulmonaire et donc identification de la thrombose pulmonaire comme cause essentielle des décès au lieu de la paralysie respiratoire que l'on croyait au début et qui exige de la réanimation. C'est ce qui a rpvoqué la panique des respirateurs artificiels. Las, ces derniers seraient le plus souvent extrêmement nuisibles aux malades de la Covid-19. Par contre, les autopsies ont permis de mettre en place divers traitements à base d'anticoagulants très efficaces pour sauver les malades de forme la plus grave.
  2. la découverte d'infections à SARS-CoV-2 au niveau du lobe frontal du cerveau et aussi du système cérébro-vasculaire.
  3. la découverte que les trois quarts des patients Covid décèdent en fait d'une infection secondaire de type bactérien plutôt que de la Covid-19 proprement dite. Occupé par la lutte contre le SARS-CoV-2, le système immunitaire n'est plus efficace contre les infections bactériennes. Dont les infections nosocomiales ... L'idée que l'hospitalisation est nécessaire aux formes graves de la Covid-19 serait donc discutable.

Il est peut être imprudent d'étendre ces observations aux pays européens en général et à la France en particulier. Mais, les médecines en Amérique du Nord et en Europe sont extrêmement proches. Il est certainement légitime au moins de se poser la question en France de savoir si des autopsies ont été pratiquées, si on s'est aperçu des infections bactériennes et de leur fréquence, etc..

Pas d'autopsie Covid-19 pratiquée en France

Deux mois plus tôt, il semble que les spécialistes en France ne se posent probablement pas la question. Il n'y a pas grand signe que l'évaluation de la situation ait changé. Il existe depuis un ou deux ans une vogue extraordinaire dans la presse, disons professionnelle, à la vérification "scientifique" des nouvelles diffusées par des amateurs. Le caractère scientifique des vérifications se limite en général à l'affirmation furieuse du caractère incontestable de la "vérification", généralement extraite des sacarsmes de "sachants" consultés par le journaliste absolument ignorant du sujet qu'il vérifie, mais dont il "sait" qu'il "faut" qu'il pulvérise la réputation de son auteur ...

C'est ce qui est arrivé à un amateur qui aurait publié sur les réseaux sociaux l'opinion suivante : "30.000 décès dûs au Covid-19 ? Vraiment ? Il n'existe aucune preuve que ces décès soient dûs au Covid-19 car aucune autopsie n'a été pratiquée". Un journaliste de l'AFP a cru de son devoir d'éclairer le public sur son opinion au sujet de cette ... nouvelle : elle est fausse.

C'est une chose assez étrange de lire quelqu'un payé pour écrire une nouvelle qu'il a prise à quelqu'un qui écrit sans être payé. Et d'avoir comme seule "valeur ajoutée" le fait de dire que cette nouvelle est fausse. Mais, il y a des employeurs qui aiment bien ce genre de journalisme, somme toute assez facile et pas très coûteux, sauf à payer son journaliste. De la supériorité morale d'être payé pour parler de fausses nouvelles ....

Cet article confirme plusieurs autres articles publiés pendant l'épidémie. Le journaliste vérificateur a manifestement interrogé des responsables hospitaliers. Des réponses publiées on déduit qu'un malade décédé est ajouté aux morts de la Covid-19 dès lors qu'il a été testé positif par un test PCR et le cas échéant, mais pas nécessairement, s'il a été victime d'une détresse respiratoire ou d'une réaction immunitaire paroxystique. Le 28 août, en France, il semble que personne ne se soirt posé la question d'une infection bactérienne ni ne l'ait recherchée alors qu'aux USA, on soupçonne jusqu'aux 3/4 des décédés d'être en fait victimes d'une infection bactérienne.

Très clairement, les réponses obtenues par le journaliste sur la question des autopsies pratiquées en France correspondent à la situation aux USA : l'autopsie est pratiquée essentiellement sur requête de l'autorité judiciaire et elle est inutile pour la Covid-19. Quand on possède à la fois la meilleure médecine du monde et le meilleur journalisme du monde, il n'est guère étonnant d'obtenir une telle réponse. La France est le pays de l'excellence et nous ne valons pas le prix d'autopsies puisque l'Etat ne nous les accorde pas.

Au passage, le journaliste payé n'a pas démontré que la nouvelle était fausse. Mais ce n'est pas bien grave.

Sources :

Revue C-Politix (c) 8 Novembre 2020