Les convois de la honte dit-on

Philippe Brindet - 12 Février 2022

Le macronisme hérite du socialisme d'Etat tel qu'on le voit au pouvoir aux USA par exemple, mais aussi en Allemagne ou en Italie, au Royaume-Uni ou en Autriche, son incapacité à admettre la contestation de ses oukases. Pour un socialiste petit-bourgeois, il ne peut exister de contestation parce que l'autorité de son Etat ne peut la supporter sans déchoir. Tout juste consent-il à une vague pédagogie dont il charge d'ailleurs la presse de propagande.

Et on peut admirer un Macron déclarant avec une vulgarité de potentat qui peut tout se permettre - Audiard a été plus concis - qu'il a "envie d'emmerder jusqu'au bout les contestataires."

Or, tous ces individus partagent un trait commun. Ils ont "des envies" et aucune idée. L'accession au pouvoir politique leur rend possible l'assouvissement de leurs envies sans craindre les rigueurs de la Loi. Un Macron est profondément pénétré de l'idée que "la Loi, c'est moi". Quelqu'envie qu'il forme, Macron peut l'assouvir immédiatement. Il a éteint le Parlement, fermé le Conseil d'Etat et le Conseil Constitutionnel qui sont devenus des salons de la Cour de son Versailles personnel. L'Etat de droit a sombré et l'esprit de la contestation a été littéralement muselé.

Certains imaginent que les "non-vaccinés" constitueraient une contestation. On se demande bien de quoi. Les non-vaccinés ne sont des contestataires de rien du tout. Tout simplement, ils n'ont pas envie d'être vaccinés et Macron a juste envie de les emmerder jusqu'au bout. La décadence de la politique voit s'opposer ceux qui ont envie d'emmerder les autres à ceux qui n'ont pas envie de se faire emmerder. C'est un peu court.

Les "convois de la liberté" sont une belle idée. On imagine mal qu'elle soit juste une envie ou une non-envie.

Mais, du moins en France, le convoi de la liberté me semble subir deux défauts natifs:

  • c'est une idée "inspirée" par la révolte de camionneurs canadiens ;
  • c'est un mouvement "routier" qui ressemble aux débuts des Gilets Jaunes.

Je n'ai rien contre les idées importées. Après tout la révolution russe a été une importation de la Révolution française. Mais, il y a des importatations qui ressemblent plus à des franchises de marques commerciales/ Ou encore, on joue à faire semblant. Il y a quelque chose d'irresponsable, d'enfantin, de puéril à faire "comme les canadiens". D'autant qu'il y a une différence de taille. Les "camionneurs" français sont rarement propriétaires de leur camion. Ou alors c'est une camionnette. C'est un détail qui semble avoir échappé aux laquais de Macron chargés de protéger son Versailles personnel. Ils ont mobilisé les blindés contre des camionnettes.

Enfin, tout cela n'est pas bien grave.

D'autant que l'on danse beaucoup chez les "camionneurs" français. Trop de sonos et de trémousseurs. Je sais que 1789 a commencé de manière très festive, notamment avec les dames du Palais-Royal, le claque personnel du Duc d'Orléans. Et que les trémousseurs font de très bons égorgeurs en 1791. Mais tout de même ...

C'était aussi le cas du début du mouvement des Gilets Jaunes. On était très festif, plutot genre saucisson et kil' de rouge sur les rond-points. L'idée de bloquer les rond-points était une "bonne" idée toujours dans le genre "envie d'emmerder". L'ennui, c'est que Maceron s'en fout des rond-points. Alors les Gilets Jaunes se sont transformés en gentils processionnaires avec bannières et tambours entre deux haies de gendarmes mobiles. Cà c'est "gâté" non pas parce que les Gilets Jaunes ont changé de startégie. Quand on a des envies, on n'a pas de stratégie. Non.

Ce qu'il s'est passé pourrait bien se reproduire. Des ONG d'extrême-gauche, probablement activées par les services spéciaux américains, genre CIA ou Open Border de Soros, ont encadrés les racailles de banlieue pour faire "dériver" les manif' bien sages. Comme les laquais de Macron ne comprennent rien à tout, que les "braves gens" - ces sinistres cons - enrageaient d'être gênés pour leurs courses du week-end, Macron a fait donner l'ordre à ses bandes de brutes galonnées de taper sur les Gilets Jaunes. A tour de bras. C'était "open bar".

Du coup, les Gilets jaunes sont devenus enragés. Les tapés se sont bien entendu radicalisés, tandis que leurs copains qui les ont vu la tête en sang, un oeil hors du crâne, se sont enfuis dans leurs gourbis.

Macron a eu si peur qu'il a ordonné que "l'on fasse de la pédagogie". Pathétique. Heureusement, sur ces entrefaits, le covid est arrivé et l'ordre est revenu. Mais après la première année de surprise passée, les Gilets Jaunes ont recommencé à défiler. Et, bizarrement, la racaille n'est pas revenue. Les Gilets Jaunes se sont remis à défiler entre deux haies de gardes mobiles. De temps en temps, on échange un coup de matraque ou un petit fumigène, un ou deux jets de canette de bière et chacun rentre chez soi. Cà fait un peu d'animation, et ne gêne personne. Revendication ? Rien. Contestation ? Aucune. Objectif ? Samedi prochain, la même chose.

Les "convois de la liberté" sont une trop "belle marque" pour être vrai. Quand c'est pour de vrai, on trouve le nom après, pas avant.

Depuis des années, le mécontentement populaire augmente, s'élargit dans la population au fur et à mesure que le nombre de français perdent leur source de revenus ou que celel-ci se réduise en dessous du seuil de survivabilité. Alors, les gens cherchent désespérement un moyen non pas de contestation, mais pour dire qu'ils ont des envies de vie moins dure. Une envie. C'est tout.

La démocratie crève d'envies sur le cadavre du bien public.


Notes et commentaires

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Revue C-Politix (c) 6 Février 2022