Loi Macron sur les retraites après une manif' monstre

Philippe Brindet - 20 Janvier 2023

De grandes manif' pour rien ?

Hier, jeudi 19 Janvier 2023, les syndicats unis et une partie des partis politiques d'opposition ont mobilisé de 1,12 à 2 millions de manifestants dans deux cent manifestations à travers toute la France. Les macronistes en attendaient certainement dix fois moins.

Cependant, les macronistes ont fait bonne figure et contre "mauvaise fortune" bon coeur. En pratique, leur instinct démocratique est quasi inexistant de sorte que, contrairement à la vieille organisation politique du "droite- gauche", les macronistes ne moquent complètement de l'opinion publique. Ils le répètent depuis plusieurs jours : rien ne les empêchera d'adopter la loi sur les retraites. Les opposants ont beau redire que "la rue a parlé", les macronistes rétorquent que "le pouvoir n'est pas dans la rue". Les opposants rigolent et disent : "ce n'est qu'une début ! Continuons le combat !".

Du grand n'importe quoi.

La contestation est une atteinte à l'ordre public ...

Beacoup de macronistes et alliés semblent avoir été "traumatisés" par la prétendue révolte des Gilets Jaunes. Il est exact qu'une fraction des "Gilets Jaunes" était un peu excitée. Mais, en fait, les exactions qu'on porte au crédit des manifestations des Gilets Jaunes étaient souvent le fait de groupuscules salariés par les mandataires du pouvoir macronien, comme les "fameux "Black Blocks" subventionnés de Georges Soros. Et probablement agités par la police de Macron qui s'en sert pour justifier l'emploi de ses 200 blindés, canons à eau et ses 2 millions de grenades lacrymogènes commandés il y a encore peu.

Il semble que les "casseurs" se soient assez peu manifestés hier. Les macronistes ont prétendus qu'il y en avait. Pour l'instant, il semble que leur action a été marginale. Est-ce l'effet des milices de la CGT qui ont fait reculer à Paris les agents de la Préfecture de Police ? C'est possible. Mais, les "casseurs" permettent d'instiller dans le public l'idée que toute opposition aux décisions de Macron est un trouble à l'ordre public. Et les macronistes ainsi que les électeurs de Macron aiment beaucoup.

Le débat de l'équilibre des régimes de retraite

Un humoriste aux lèvres gercées a noté que les électeurs de Macron sont nombreux dans le troisième âge - celui de la retraite. Or, les retraités se piquent plus facilement que les autres avec les produits frelatés de Pfizer et consorts de sorte que la durée de prise en charge des retraites va se réduire, faisant "naturellement" se réduire le déficit des régimes de retraites ... Comme quoi les injectés aident les prélevés ... D'ailleurs, ils le font pour "protéger vos proches ..."

L'argument massue des macronistes pour alourdir la charge des retraites sur les cotisants c'est que de 4 cotisants pour un retraité en 1960, on se dirige vers 1 cotisant pour un retraité ... En général, le macroniste ne poursuit pas son raisonnement. Il faudrait pourtant.

Enhardis par l'incontestabilité prétendue de l'argument, les macronistes et leurs zélotes, sans s'attarder sur l'observation, en déduisent qu'il faut rallonger la durée des cotisations. Mais, c'est pour éviter de voir qu'on est en train de raccourcir la durée des pensions. On a désorganisée la santé publique dont le plus gros consommateur est le troisième âge. On a liquidé les établissements destinés à recevoir les personnes âgées dépendantes. On a promulgué des lois permettant d'euthanasier les personnes âgées dans la dignité ...

C'est là où l'on peut constater la débilité politique du régime macroniste : ce sont les retraités qui votent pour lui. Et Macron élimine les retraités à l'entrée et à la sortie de leur retraite ! A l'entrée, en reculant l'âge de la retraite et à la sortie, en "tuant" les petits vieux, grâce à un goulag médico-social parfaitement adapté à cette tâche.

La répartition en faillite

En fait, l'observation sur le déséquilibre entre les cotisants et les retraités est tout simplement la condamnation du régime des retraites par répartition. Ce régime se justifie dans une situation démographique simple : le nombre des cotisants doit être supérieur de 4 fois à celui des retraités. Ou de 5 fois, si vous préférez de meilleures pensions ...

Mais, quand l'équilbre démographique devient un déséquilibre, il faut en déduire que le régime par répartition n'est pas adapté. Et quand un régime de financement est inadapté, on en change ! Ce n'est pas demain la veille.

En pratique, une fois qu'un régime par répartition est établi sur de bonnes bases, les pensions des nouveaux retraités de l'année sont payées par les cotisations des nouveaux cotisants de l'année ! Le principe vaut au premier ordre, en travaillant sur un salaire moyen de cotisant et sur une pension moyenne de retraité. On peut préciser au deuxième ordre, au troisième ordre, etc.

Mais, à l'inverse, le nouveau cotisant commence à acquérir des droits à pension de rertaite sur des gens qui n'existent pas encore ! La aussi au premier ordre, le schéma de la retraite par répartition fonctionne comme une escroquerie à la Ponzi. Ou, si voulez être plus moderne, à la Madof. Et encore plus moderne, à la Bankman-Fried ! Mais quelque nom que vous lui choisissiez, le régime par répartition est financièrement une vulgaire escroquerie. Un mensonge organisé.

Je vous rassure, bonnes gens qui vivez dans l'honnêteté ! On ne meure pas pour escroquerie ... Mais, on peut faire faillite. Comme le régime de retraite par répartition. Une vie d'honnêteté et mourir en faillite !

Les causes du déséquilibre du régime par répartititon.

.. ou si vous le préférez, les remèdes au problème du régime par répartition. Beaucoup de gens - et parfois des économistes - ont de grandes idées de réforme. Elles n'ont aucune chance d'aboutir parce que, en réalité, le macronisme - qui a suivi le hollandisme, et le sarkozysme - n'a aucune intention de résoudre le problème. Le problème lui permet de tenir en sujétion la population retraitée d'un côté et la population cotisante de l'autre, puis de les dresser l'une contre l'autre à l'occasion. En réalité, les politiciens au pouvoir depuis cinquante ans ont recherché la même chose : détruire la population de la façon la plus irréversible qui soit.

Le premier moyen a été trouvé en 1974 : l'avortement ...

... qui a fait 250.000 tués chaque année depuis cette date, soit un déficit de population active aujiourd'hui de 7,5 millons de travailleurs. qui cotiseraient aujourd'hui pour les retraités. Il n'y a plus de déséquilibre. Or, la solution à ce problème est inconnue : 12,5 millions de tués par l'avortement ne vivront jamais. Et le pouvoir qu'il soit macroniste, hollandiste ou sarkozyste, le sait bien qui en ricane encore.

Par contre, pour l'équilibre future de la population française, la suppression de l'avortement - qui était le premier but de la loi Veil de 1974 - assure un avenir radieux aux retraités dans ... 40 ans !

Le deuxième moyen a été trouvé peu après. Il s'agit d'interdire le travail.

Sans travail essayez de lever des cotisations retraite pour votre régime par répartition ! Et la solution fut trouvée sous Giscard-Barre : le chômage de masse qui passe de 400.000 à 1 million lorsque Mitterrand paraît et se traîne vers les 10 millions sous Macron. Essayez de faire rentrer des cotisations dans un système de retraites par répartition avec une population active au chômage. Ou en très mauvais emploi.

Le troisième moyen a été la réduction du produit du travail ...

... jusqu'à rendre le travail sans aucun profit pour le travailleur. C'est certainement une innovation la plus récente. Mettons qu'elle date des années Mitterrand. J'estime que la majorité des travailleurs n'ont plus aucun avantage à travailler depuis les années Chirac, le tournant des années 90. Il y a deux intérêts au travail : la passion de son ouvrage et la rénumération que le travailleur en tire. Supprimez l'un et l'autre disparaît. Si vous hésitez à faire l'expérience, supprimez les deux. C'est ce qui fut fait à partir de la présidence Chirac ou à peu près à ce moment. Lentement, progressivement. Aujourd'hui, on a le choix entre un travail sans intérêt (les bullshits jobs), mais bien payés et les tâches passionnantes (médecine, artisan, ...) mais sans aucune rénumération. Essayez de toucher des cotisations retraite dans ce régime là !

Commencez par payer les tâches valorisantes (médecine en général, enseignants, policiers, magistrats, artisans,...) et vous verrez se combler le déficit des régimes de retraite.

Certains, notamment parmi les vestiges du gauchisme, opposent le revenu du travail à celui du capital. Ce n'est pas faux. Mais, l'idée que l'économie ou la politique ou les deux se limiteraient à un simple transfert de richesses sous l'autorité de la police qui prélèverait sa part au passage est une notion immorale. Elle est donc en vigueur. Et comme la politique est salarié des capitalistes, on sait de quel côté la balance de la "répartition" bouge. La première clé de détermination de la rénumération du travail est celui du juste salaire qui fait rire tout le monde dans les rangs macronistes, mais pas du tout dans la France périphérique.

Or, la perception d'une rénumération correcte assure un prélèvement de cotisations de retraite correctes. Les revenus de famine auxquels la moitié au moins de la population active française est condamnée est une cause importante du déficit des régimes de retraite par répartition. la solution est connue. Et elle a de nombreux avantages.

Il n'y a aucune raison de s'inquiéter pour les régimes de retraite. Nous connaissons les solutions à leurs problèmes. C'est pour celà que le pouvoir macroniste ne les prendra jamais.





Revue C-Politix (c) 20 Janvier 2023