Observations sur un rapport récent de la RAND Corp suiteIl s'agit de la suite d'un article précédent : 30.01.2023 - "Observations sur un rapport récent de la RAND Corp". La conclusion pratique de la lecture de ce Rapport "Avoiding a Long War - U.S. Policy and the Trajectory of the Russia-Ukraine Conflict", est que les USA devraient rechercher une solution diplomatique à cette guerre parce que sa prolongation n'entraîne aucun avantage pour l'Amérique. Très clairement, la RAND Corp s'aligne sur la position du Pentagone, Général Milley, et s'écarte de celle de l'Administration Biden, emmenée ici par Blinken et son adjointe, Nuland. Les préliminaires faux de la RAND Corp : l'agression russeRAND Corp commence par poser un préliminaire qui en dit long sur les réticences américaines à une confrontation militaire avec la Russie :
Malheureusement, cette sage assertion est déduite d'une erreur politique majeure : la RAND est persuadée que :
On ne voit plus très bien comment la RAND Corp peut ensuite soutenir la fin de la guerre. Il faut le redire contre la propagande américaine, reproduite ici par la RAND Corp et qui est totale en occident : la Russie a été provoquée par les Américains et par leurs vassaux ukrainiens du régime de Kiev. Et les Russes ont été rovoqués, non pas à une invasion, mais à une intervention de protection à la fois des populations russophones d'Ukraine et des intérêts géostratégiques de la Russie - l'opération militaire spéciale - par trois causes à l'initiative des Américains :
Les Occidentaux refusent de répondre à cette revendication russe, en répétant en boucle le mensonge de l'agression russe en se mettant à l'abri derrière l'apparence de préséance de l'opération du 24 Février 2022 et la manipulation de la "barbarie russe". Cinq dimensions clé analysées par la RANDLa RAND révise cinq dimensions clés du conflit selon son analyse. Il s'agit de :
Laissons de côté la "dimension 1". La Russie n'a aucun intérêt à utiliser l'arme nucléaire, même tactique, contre un autre adversaire que l'Amérique. Mais, la propagande américaine en occident espère mobiliser contre la Russie les anciens adversaires de l'arme nucléaire ... La stupidité étant largement répandue en Europe, ce n'est pas impossible que çà marche pour manipuler l'opinion publique dans le sens d'une guerre totale contre la Russie.. Mais c'est sans intérêt géo-stratégique. Si le cousin Charles-Henry se rappelle des pancartes "US Go Home" de ses vertes années 60, ce serait dommage de l'en dissuader ... La dimension 2 est très improbable. Les armées FR, DE, GB, IT, ES et autres sont incapables d'aligner la moindre troupe susceptible de se confronter avec la Russie. Même en troupeau .. Par contre, les Etats Baltes, la Suède, la Pologne et quelques autres pourraient avoir des tentations. Si les russes le veulent bien cependant, il suffira d'offrir la Galicie à la Pologne, et l'affaire sera vite conclue. La dimension 3 montre combien les Américains restent ignorants de la réalité géopolitique quand elle n'est pas au service de leur intérêt. Ils imaginent que la guerre s'arrêtera lorsque le régime de Kiev aura repris le contrôle de tout son territoire. La RAND admet que cette idée est très peu réaliste (...that remains a highly unlikely outcome). Mais, les Américains de la RAND ne peuvent s'empêcher de croire à leur propagande. La dimension 4 est la durée de la guerre. La RAND tente de mettre l'allongement de la durée de la guerre au bénéfice de l'Ukraine - elle regagnerait les territoires conquis par las Russes - et au détriment de la Russie - elle devient incapable de nuire ailleurs et elle s'appauvrit ... Mais, la RAND estime que si la guerre se prolonge il y a un risque que la Russie utilise l'arme nucléaire ou que le conflit attire l'OTAN. La dimension 5 est la forme de terminaison de la guerre. La RAND imagine que la guerre se terminera quand l'Ukraine imposera un changement de régime en Russie. Cette idée a germé dans les cerveaux occidentaux quand ils ont analysé le retrait des armées russes de Kiev en mars 2022, puis de Kharkov en Juillet 2022 et dernièrement de Kherson en décembre 2022. Mais, c'est de la simple propagande parce que la Russie a un plan stratégique et elle ne s'est jamais retirée parce que ses troupes étaient vaincues contrairement à ce qu'affirme la propagande occidentale. Mais la RAND estime quand même que cette solution est très improbable et elle passe à une autre option : l'armistice. Pour mettre en oeuvre cette armistice, la RAND imagine un "remake" du rideau de fer ... Cette hypothèse est hautement improbable. Elle se fonde sur l'idée que les forces de la Russie et de l'Ukraine sont devenues sensiblement égales. Or, cette idée est fausse. L'Ukraine est en train de se ruiner. Elle a perdu des centaines de milliers d'hommes jeunes, ses infrastructures civiles sont largement détruites déjà. Rien de tel pour la Russie. Elle a engagé très peu d'hommes. Le gros des forces russes au sol sont des Ukrainiens russophones du Donbass. Les troupes russes servent dans l'artillerie et les missiles. Et l'industrie russe n'est absolument affectée ni par les prétendues sanctions économiques, ni par l'effort de guerre. Très clairement, il existe un mouvement politique en Russie qui a compris que, pour la survie du régime russe, le régime de Kiev doit être totalement détruit et l'Ukraine démantelée. Le Vice-Président de la Douma, Piotr Tolstoï estime que l'armée russe prendra Lvov. Cette idée se confronte à l'estimation du risque d'une extension du conflit. Mais, on peut estimer, d'après les réalités de terrain, que, à la suite de cette invasion totale de l'Ukraine, la Russie cédera la Galicie à la Pologne et tout rentrera dans l'ordre. Sans les allemands, sans les américains. Mais probablement avec un rideau de fer et un contrôle des armements. La durabilité de la paix - comme fin de guerreLa RAND semble estimer que toute cessation des hostilités ne sera pas stable. Et si les deux parties en conflit sont restées de même force, la RAND aura raison. Mais, la Russie n'a aucune raison d'arrêter la guerre avant la destruction radicale du régime de Kiev et la destruction de tous ses moyens militaires, industriels, civils. Cette position extrêmement polémique exige une destruction totale des moyens du régime de Kiev, et un affaiblissement suffisant des Etats européens vassaux des américains pour les dissuader d'une aventure armée. Or, la richesse des américains peut leur permettre de contrôler la misère des états vassaux et de s'en servir comme chair à canon. On peut estimer que 90% de l'état-major français est disposé à cette solution. En réalité, la terminaison de la guerre, si elle est accrochée à la destruction ou de l'Ukraine, ou de la Russie, dépend au second degré de la polémologie de la Chine. Une fois l'Europe convenablement ruinée, la Chine se retrouvera nécessairement en guerre contre les Etats-Unis. Et aujourd'hui, le reste du monde est plutôt favorable à la Russie et à la Chine. Mais, il est difficile d'en déduire des forces claires, de sorte qu'aujourd'hui, si on admet même à l'état-major américain, même à l'état-major allemand, que l'Ukraine ne peut pas gagner, on ignore encore de "combien" la Russie peut elle "gagner son "opération spéciale". Au-delà des mensonges occidentaux repris par la RAND, voir la réalité ?Ce qui est sûr c'est que le concept d'"opération militaire spéciale" de Poutine est en train de muter en une véritable guerre. La mobilisation partielle en est un signe. Les destructions massives des infrastructures de Kiev en est un autre. Il manque encore les grandes avancées russes dans le dispositif ukrainien. La question la plus grave pour la terminaison de la guerre est : pourquoi ? La réponse occidentale - dont la RAND doute dans un certain degré - est que la Russie est trop faible pour écraser l'Ukraine assistée par les occidentaux. Ce n'est pas la bonne raison. Une autre idée se trouve dans le terrible esprit "germanique" du régime de Poutine. Ce régime "croit" dans la force du droit. Par exemple, il a vraiment "cru" aux accords de Minsk. Lorsque Porochenko, l'ex-président ukrainien, a dit que les accords de Minsk avaient été négociés seulement pour donner le temps à l'Ukraine de s'armer, Poutine a souri. Mais, cela l'a inquiété jusqu'à déclencher une mobilisation partielle. Lorsque Merkel a insinuée qu'en négociant les accords de Minsk, elle avait des instructions américaines pour gagner du temps en Ukraine, Poutine est devenu "blême". Il a ordonné de multiplier les bombardements sur les infrastructures ukrainiennes. Dernièrement, le lamentale Hollande et le furieux Johnson ont confirmé la tromperie. Le régime de Poutine a compris que sa position avec une "opération militaire spéciale" n'était pas adaptée. Si vous étudiez la position de la ligne de front, à quelques kilomètres près et sauf la région sud de Kherson, la Russie "respecte" encore la ligne de cessez-le-feu de 2015. Or, à l'ouest de cette ligne, les américains ont installé pendant 8 ans des centaines de fortifications et formés des milliers de combattants ukrainiens et autres, fanatisés par la haine néo-nazie contre les Slaves. Mais, la Russie ne pouvait pas - sauf aveuglement - ignorer les actions des occidentaux en Ukraine. Poutine voulait respecter le droit international et, malgré ce qu'en disent les occidentaux, ne pas envahir l'Ukraine, mais mener une opération militaire d'assistance aux Républiques autonomes de Lougansk et de Donetsk, auxquels, trompé par les accords de Minsk, Poutine croyait sincèrement. Le 24 février 2022, Poutine a attendu une demande formelle des gouvernements de Lougansk et de Donetsk pour, "cérémonieusement", envahir l'Ukraine. Ce qu'il refusait de voir, c'est que les occidentaux tenaient les républiques autonomes pour des Etats fantoches, auto-proclamés, bien entendu pas reconnus par "la communauté internationale", alors qu'elles étaient les parties face à l'Ukraine des Accords de Minsk ! Les mensonges occidentaux sont la réalité des occidentaux. Mais en toute hypothèse, nous ne savons toujours pas comment la Russie va t'elle réagir pratiquement à la nouvelle situation dans laquelle, la Russie sait maintenant qu'elle a été trompé par les Américains et leurs vassaux. Ce que nous savons, c'est que la faiblesse de l'Occident bâtie sur ses mensonges ne devrait pas le mener bien loin. L'Occident a pratiquement épuisé ses capacités industrialo-militaires : presque plus de chars, pas d'avions, plus de munitions. Pas de soldats. Une situation économique en Europe qui va vers la catastrophe. L'Occident par ailleurs se ment à lui-même sur la force de l'Ukraine. L'Occident croît de plus en plus aux mensonges du régime de Kiev pour rendre sa défaite moins désagréable. Certains services spéciaux occidentaux tentent d'avertir de la situation : ruine complète de l'armée ukrainienne, des cimetières à n'en plus finir, ... Les politiciens occidentaux et leurs laquais à Kiev décrivent l'orgueil des "combattants de la liberté", l'écrasement des " barbares russes", leur incapacité à approvisionner leur armée, ... , la propagande occidentale ne nous a épargné aucune désinformation. Si on totalisait les pertes de l'armée russe annoncées par les ukrainiens et l'OTAN, on dépasserait de loin les effectifs de l'armée russe ... Mais, dans cette propagande, nous ignorons largement l'état militaire et économique de la Russie. Le régime de Poutine communique assez peu sur cet aspect de la question et comme la presse occidentale est entièrement acquise à la propagande américaine, nous ne sommes pas près de recevoir des informations fiables à ce sujet. De toute façon, la véritable situation dans un conflit n'est jamais la demie-somme des propagandes adverses ... Le rapport de la RAND ne s'est même pas donné cette peine. |