Probabilité de faillite de l'Etat français

Philippe Brindet - 16/10/2023

https://www.youtube.com/watch?v=6Q0nTzk5EBs

Dans cette capsule Youtube, Eric Verhaeghe du Courrier des Stratèges expose le risque de faillite de l'Etat français. Pour lui, cette faillite sera déclenchée par les dépenses sociales, et plus précisément par le service des pensions de retraite des URSSAF, contrôlé par l'ACOSS.

Verhaeghe ne prétend pas prévoir cette faillite. Il estime simplement que les faits récents montrent que sa probabilité s'accroît avec la situation économique et financière de la France relativement au reste du monde.

Comment cela se passera t'il ?

Le paiement des retraites du régime général CNAV est réalisé presque entièrement le même jour de chaque mois - mettons le 10 du mois. Actuellement, le total des paiements des retaites CNAV du mois à verser se monte à près de 10 milliards d'EUR. Il s'agit d'une somme énorme qui, cumulé avec les autres dépenses sociales, SS principalement, se monte à près de 45 milliards d'Euro par mois.

En fait, chaque mois la CNAV ne dispose que rarement du montant nécessaire en trésorerie. Pour mener à bien ce versement, la CNAV se tourne généralement vers la Caisse des Dépôts et Consognations, appartenant à l'Etat, qui va chercher le montant sur le marché privé en émettant des obligations à court terme, des "billets de trésorerie". Si le virement de l'emprunt obligataire intervient à temps, la CNAV peut payer les pensions de retraite à temps.

Si le crédit de la CNAV est insuffisant, les retraites du mois ne seront pas payées et l'Etat de proche en proche fera défaut.

Cela a failli arriver en 1008 lors de la grande crise bancaire issue de la crise des subprimes. Les mesures que l'Etat a prises ont consisté à renforcer le rôle des emprunts obligataires sur les marchés financiers et la CNAV est ainsi devenu le quatrième vendeur d'obligations à court terme du marché mondial ce qui l'expose au risque de ne pas trouver un jour le financement nécessaire.

Lorsque les obligations étaient à taux zéro ou même négatif, tout allait bien. Mais depuis la crise ukrainienne, les taux se sont envolés et il faut payer de plus en plus d'intérêts pour financer la trésorerie mensuele des paiements.

Or, la dette publique française s'accroit et avec elle le montant des intérêts qui dans deux - trois ans devrait dépasser les 75 milliards d'Euro par an, soit le plus gros poste budgétaire de l'Etat.

En revenant à la trésorerie des dépenses sociales, il suffit qu'un jour le marché obligataire décide que la situation économique de l'Etat français ne garantit plus le remboursement de sa dette et le concours obligataire sera d'abord refusé à la CNAV. Les retraites ne seront pas payées.

La France sera alors attirée par un effet dominos vers un défaut de paiement caractérisé.

Ce sera très dur pour les retraités français et aussi pour les assurés sociaux du régime maladie - invalidité. Et la faillite de l'Etat obligera l'Union européenne et le FMI la gestion des finances publiques françaises.

Il est possible que cela conduise alors à un changement de régime politique en France. Il est à craindre qu ele réalisme du réglement des faillites ne soit d'abord éprouvé par la population française, bien plus que par sa classe dirigeante.

Or, celle-ci a cru acheter sa protection en pourrissant le peuple français de dépenses sociales. Il n'est pas sûr que le peuple accepte un retour aux réalités que lui imposerait une autorité extérieure. Si l'occasion s'en présente, nous verrons bien ...


Revue C-Politix
16/10/2023