La "réaction", oppression de la droite par la gauche

Il est bon de se souvenir que le qualificatif de "réactionnaire" est une insulte politique lancée par l'extrême-gauche marxiste dès la fin du XIX° siècle. L'insulte prend sa toxicité maximale avec le marxisme-léninisme dans le cadre duquel elle est suffisante pour que l'individu ainsi dénoncé soit adressé au Goulag et même à la mort brutale sous les coups des comités marxistes locaux. Il va ensuite être utilisé avec guère moins de brutalité par les trotskystes et permettre l'élimination interne de gens opposés au Parti ou à la n-ième Internationale ....

Un certain nombre de courants petit-bourgeois, attirés par la toxicité de l'attribut, notamment parmi les socialistes réformistes ou les radical-socialistes en France par exemple, ont utilisé l'insulte de "réactionnaire" pour désigner à la vindicte populaire ou électorale leurs adversaires politiques ou simplement des gens qui leur déplaisaient comme les religieux, principalement chrétiens d'ailleurs.

L'étiquette de "réactionnaire" n'est plus guère utilisée parce qu'elle a peut être trop servi l'oppression de la droite par la gauche dans tous les régimes les plus tyranniques. Son emploi par Strauch-Bonart à l'égard de Zemmour est pour le moins une "fausse note".

Le conservateur est réactionnaire dans le régime occidental contemporain.

Dans le référentiel d'étiquettes politiques à la disposition du régime occidental contemporain, le "réactionnaire" est l'individu qui adopte une attitude critique à l'égard des initiatives du régime. Un régime occidental qui est inexorablement progressiste et, depuis une trentaine d'années, progressiste"woke". Devant les menées du progressisme le conservateur est contraint de d'opposer et son opposition est "géométriquement" une "réaction". C'est indubitable, incontournable. Reprocher à un conservateur d'être réactionnaire dans le régime progressiste "woke" est simplement le degré ultime de l'oppression. L'individu soumis au régime progresisste "woke" n'a pas le droit de réagir contre le "wokisme".

C'est la position paradoxale de Strauch-Bonart qui se référence comme "libérale conservatrice". Autant dire qu'elle s'imagine à la fois conservatrice et progressiste ! Enfin, chacun pense comme il l'entend ...

Quand le conservateur cesse d'être un réactionnaire ?

La réponse est simple : quand il vit dans un régime conservateur. Et alors, le progressiste devriendra - et ce n'est pas demain la veille - un réactionnaire ...

Notes :

[1] Laetitia Strauch-Bonart et Éric Zemmour : «Faut-il être conservateur ou réactionnaire ?», Par Alexandre Devecchio et Antoine De lagarde, pour Le Figaro Magazine, Publié le 6 mars 2025.