Rumeurs de guerre. Où en est l'Occident ?

Philippe Brindet - 31 Décembre 2022

Certains occidentaux, quand on évoque une guerre mondiale, haussent les épaules et parlent d'autre chose. Qu'il y ait une guerre européenne, n'échappe à personne. Qu'il y ait des mouvements de guerre avec la Chine, la Corée du Nord, l'Inde, l'Iran, la Turquie, Israël, l'Ethiopie, le Yemen, ...

Que la guerre en Ukraine puisse dégénérer en un conflit plus large, chacun le sait. Les illuminations "géostratégiques" du régime occidental américanisé, les appétits de la Pologne ou de la Hongrie, de la Serbie ou du Kosovo, l'insolence allemande ou l'inconsistance française, ou encore la servilité russophobique de la Grande-Bretagne, accrochée au "porte-avion" américain, l'activisme islamique de la Turquie, tout peut "aider" à un élargissement vers une guerre, sinon mondiale, du moins très élargie.

Le Vice-Président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, a soulevé les cascades de rire "homériques" des journalistes occidentaux en faisant d'étonnantes "prévisions" pour 2023. Je ne voudrais pas les analyser ici,. Mais elles ne prévoient pas un élargissement du conflit. Seulement une dégénerescence des alliances mal bâties de l'occident américain, l'effondrement du machin de Bruxelles, des guerres civiles inter-communautaires aux USA et en Europe, ...

Par contre, sauf volonté de destruction préventive, la Russie n'a aucun avantage actuellement à avancer vers l'Ouest. A quoi lui servirait d'attaquer des pays ruinés, au bord de l'effondrement politique. C'est trop tôt.

La question abordée ici se borne à estimer, si malgré tout, les moyens de l'occident américanisé à livrer une guerre qu'elle fut offensive ou défensive.

Les forces occidentales en Asie

L'occident américanisé en Asie est essentiellement composé des Japonais, des Taïwanais et des Sud-Coréens. Les autres alliés me le pardonneront. Mais leurs forces sont trop faibles. Les trois armées seraient fortement équipés de matériel américain. Peu à peu les Etats asiatiques se dotent de capacités militaires propres. C'est le cas du chasseur KC-1 ou d'un prototype de chasseur de sixième génération au Japon.

Il y a quelques jours, un raid de cinq drones nord-coréens a traversé la frontière et a survolé Séoul pour revenir sans perte en Corée du Nord. Plusieurs hélicoptères armés ont tenté d'abattre les droines intrus sans résultat et un chasseur KC-1 s'est écrasé lors d'une tentative d'interception de l'un des drones nord-coréen.

Les Alliés en Asie ont certainement la capacité d'enregistrer des lancements de missiles balistiques ou hypersoniques nord-coréen ou chinois. Y répondre paraît plus aléatoire. Taïwan ne se permet pas de répondre à des raids massifs de chasseurs chinois s'approchant de son espace aérien. Le 26 décembre2022, unee escadre de 70 chasseurs chinois s'est approché du territoire de Taïwan ... au grand regret des Taïwanais et des Américians, qui se bornent à de faire circuler des vaisseaux de guerre en Mer de Chine ou dans le Détroit. Une frégate française participe à ces gesticulations, propres à occasionner un incident important et à exciter les manoeuvres chinoises.

Les forces occidentales en Europe

Une seule armée pourrait être opérationnelle : l'armée française. Les armées d'Allemagne, de Grande-Bretagne ou d'Italie sont dans un état de débilité profonde depuis plus de trente ans. La seule assistance à un Etat en guerre modérée (l'Ukraine face à l'agression russe) met à zéro les réserves d'armes et de munitions de l'Europe, et même menace les ressources des Etats-Unis. Le Parlement français publiait un rapport une semaine avant l'offensive russe, dans lequel il était clairement exprimé que l'armée française était incapable d'une guerre de haute intensité.

Clairement, des opérations de police militaire sont envisageables sur des intensités de combat faibles et sur des périodess courtes. Plus, c'est impossible.

Il existe une certaine inconnue : quelle serait la combativité réelle des troupes d'Europe centrale ?

  1. L'Ukraine

    Son armée a passé de 2014 à 2021 à se préparer à un conflit direct avec la Russie. Le résultat est extrêmement coûteux pour les Etats-Unis et l'Europe. Surtout pour l'Europe. Mais ce résultat est loin d'être négligeble. Il est évident que depuis 2000, la Russie s'est préparée grâce à toutes sortes de conflits : la Tchétchénie, la Géorgie, la Syrie, ... Mais, malgré son retard, l'armée ukrainienne présente depuis le 24 févruier 2022 une résistance efficace à l'agression russe. Il existe des explications stratégiques du point de vue russe. Mais, les faits parlent d'eux-mêmes : l'armée russe n'a pas fait s'effondrer l'armée ukrainienne en 9 mois de guerre relativement intense.

    Ce succès doit énormément à l'appui matériel américain, à la direction militaire tactique américaine. Et peut être aussi à des troupes polonaises ... Mais, il pourrait aussi devoir à la stratégie russe qui ne cherche pas une victoire rapide, mais plutôt une destruction lente et totale des forces militaires et militarisables de l'Ukraine.

    Une mauvaise pensée pourrait agiter certains esprits : Pourquoi l'Ukraine ne profiterait-elle pas d'un cessez-le-feu avec la Russie pour ... se retourner contre les Européens ? On ne voit pas bien ce qui l'arrêterait. D'autant qu'elle pourrait "rendre" ainsi les munitions et "utiliser" les armes occidentales que son armée n'aurait pas encore consommées contre les russes ? Il y a dans l'Histoire, des histoires plus glauques que celle-là. Les occidentaux y ont-ils songé ?

  2. La Pologne

    La Pologne a une armée dans l'ensemble au moins équivalente à celle de l'Ukraine. Elle lui est très inférieure cependant au niveau des blindés et de l'artillerie. Sa valeur militaire n'a pas été publiquement évaluée par des guerres. Elle dispose d'une tradition militaire mais, pas de succès particulier. Comme l'Ukraine, elle est largement tributaire de l'industrie militaire américaine, parce qu'elle est membre de l'OTAN. Ceci n'empêche pas qu'elle produise certains armements au format OTAN, comme un canon automoteur de 155 mm, dont une trentaine d'exemplaires ont été vendus à l'Ukraine.

    A ce propos, voyez ici un trajet des fonds de l'aide militaire votée par le Congrès des Etats-Unis. Les fonds US arrivent à Kiev qui fait alors son marché : ici vers la Pologne pour 30 canons Krab automoteurs et 700 millions de dollars. Ces dollars quittent les USA, transitent par l'Ukraine pour arriver à Varsovie en Pologne. Ce trajet est loin d'être optimal et certains analystes estiment qu'il est l'occasion d'une corruption suspectée aujoud'hui, mais sans preuve.

    L'engagement de la Pologne contre la Russie est peu vraisemblable. D'abord parce qu'il y a la Biélorussie entre eux. Mais, en réalité, la Pologne a un autre terrain d'intérêt : la région occidentale de l'Ukraine, occupée par un fort peuplement polonais qui ne demande qu'à se réunir avec la patrie de Varsovie. Face à une Ukraine affaiblie, cette annexion serait une grande tentation pour la Pologne qui en aurait certainement les moyens militaires, sauf intervention contrariante de l'OTAN.

  3. Les Etats Baltes

    Leurs forces armées ne sont pas très importantes. Mais elles sont très fortement entraînées et encadrées par les militaires américains. Deplus, ils semblent aussi russophobes que les Polonais, sinon pire. Mobiliser ces hommes bien équipés dans une aventure contre la Russie, ne serait pas très difficile pour les Etatst-Unis. De plus, le personnel politique "balte" est presque exclusivement composé de "vassaux" formés dans les universités américaines, sous le contrôle de la CIA.

    Leur proximité de Moscou (600 kms) et de Saint-Pétersbourg (130 kms) sera une tentation terrible pour les américains, d'attaquer là la Russie. Le fait que l'OTAN n'ait pas ouvert là un second front après les retraits de l'armée russe en Ukraine, pourrait dénoter une absence de plan tactique d'invasion de la Russie. Mais, l'Ukraine est peut être utilisée comme un terrain d'observation de l'effort militaire russe avant un déclenchement du "vrai" conflit.

  4. La Serbie et la Hongrie

    Ces deux pays ont des particularités géopolitiques différentes. Mais tous deux ont des liens "bizarres" avec le régime occidental américanisé. La Hongrie est actuellement dirigée par un mouvement conservateur - au sens occidental - et qui a des liens d'intérêt et d'amitié avec la Russie actuelle. Très mal à l'aise dans l'Union européenne, progressiste, la conservatrice Hongrie a des liens assez avancés avec ses voisins la Slovaquie, la Pologne, Avec d'autres conservateurs européens, comme l'Italie de Meloni, la Hongrie peut former un pôle qui n'est pas aussi pro-américain qu'il y paraît, ou que les américains voudraient qu'il soit.

    Mais, la Hongrie a, comme la Pologne avec laquelle elle devra alors s'entendre, des visées sur des régions occidentales de l'Ukraine, qui sont peuplés de Hongrois depuis des siècles. Aujourd'hui, on imagine mal la Hongrie attaquer l'Ukraine. Ses forces armées sont 5 fois plus faibles presque partout, sauf en arme blindée - où le rapport est de 1 à 20 - et pire dans l'artillerie, quasi inexistante en Hongrie. Il faudrait vraiment que l'Ukraine ait été très affaiblie par sa guerre avec la Russie. Et de plus, la Pologne étant beaucoup plus forte que la Hongrie, cette dernière est très peu susceptible de résister à la Pologne lors d'une éventuelle invasion de l'Ukraine.

    La Serbie est encore plus faible militairement que la Hongrie relativement à l'Ukraine, avec laquelle la Serbie n'a pas de frontière. Sa faiblesse est de 1 à 10 en général, sauf qu'elle fait jeu égal (avant la guerre avec la Russie) dans les lance-roquettes multiples. Le problème de la Serbie est triple. Elle a des liens culturels et davantage avec la Russie, liens qu'elle est contrainte de "désavouer" à cause de la victoire de l'OTAN en 1995. Son personnel politique est largement composé, comme celui des Etats baltes, de vassaux américains, formés aux USA. Mais, ils sont encore des Serbes, de sorte qu'ils se trouvent plus près du ressenti géopolitique de la Hongrie que de celui de la Pologne.

    Le plus gros problème de la Serbie est certainement le Kosovo, soutenu par la Grande-Bretagne et par l'Albanie. Le problème vient de ce que le Kosovo est une terre historiquement serbe d'une part, ce qui forme l'identité géopolitique de la Serbie, qui tient que le Kosovo lui a été retiré par la force, et d'autre part il existe de nombreuses régions dans le Kosovo qui sont peuplées de Serbes extrêmement menacés par les albanais du Kosovo, souvent installés là par l'OTAN dès 1992. Depuis quelques mois, des agitations ont lieu au Kosovo et la Serbie montre des signes d'impatience. Moscou semble lui avoir transmis des signaux l'engageant à ne pas encore compliquer la situation géopolitique. Combien de temps pourra t'elle retenir la marche de la guerre ?

  5. Les gros européens

    Il s'agit de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la France et de l'Italie. Ensemble, ces Etats alignent une armée professionnelle de 754.000 hommes, 3.221 avions de combat et 1.099 blindés. Certaines de ces unités sont très certainement des combattants très bien entraînés, ou bien par les Américains (cas des Anglais et des Allemands, ou des Français, (Guerre au Mali). L'ensemble est certainement très bien commandé par les américains dans le cadre de l'OTAN, les matériels et les commandements étant entraînés à respecter des standards dont on peut penser qu'ils sont efficaces.

    Mais, ces troupes ne connaissent pas le feu de l'artillerie moderne développée par les Russes. Ainsi, de nombreux mercenaires issus des troupes professionnelles occidentales - certains sont peut être envoyés en mission par leur commandement - ont rejoint les troupes ukrainiennes. Beaucoup qui exhibaient des carrières impressionnantes, se sont retirés du conflit parce qu'ils n'imaginaient pas ce que représentaient la frappe d'un Kinzhal ou d'une salve de Grad. Affronter le fusil d'un berger afghan est une chose, le feu d'une batterie russe, une autre. Manifestement, le commandement OTAN, pourtant probablement en place en Ukraine, n'a pas préparé les troupes occidentales à affronter ce genre de situation dangereuse.

    Mais, en toute hypothèse, il ne faut pas sous-estimer la vaillance de troupes bien commandées. Tout le monde peut, avec un fonds militaire correct, apprendre des situations nouvelles. Le problème militaire de l'occident américanisé est ailleurs.

L'état militaire de l'occident américanisé

L'occident américanisé a manifestement un problème difficile.

Le premier aspect du problème est matériel.

La guerre moderne, telle qu'elle a été préparée, principalement par les Américains depuis 70 ans, est une guerre de très haute technologie.

Or, le matériel de très haute technologie demande plus des techniciens et des ingénieurs que des soldats. Confier ce rôle uniquement à des soldats est impossible, de même qu'uniquement à des ingénieurs. Un travail d'équipe est nécessaire. Mais, cette complémentarité n'est naturelle ni à l'un ni à l'autre de ces deux mondes. De plus, ce matériel très coûteux conduit à un défaut de rusticité de la part des équipages qui le servent. L'art de la guerre est l'art de manipuler de manière guerrière des outils adaptés à des guerriers. Le fait d'assister des guerriers avec des ingénieurs, ou de développer un hybride n'est pas plus satisfaisant. On doute un peu ...

Il existe un deuxième problème. Les armes de haute technologie sont produites par des industries très spécialisées. Leur monopole les a conduit à augmenter considérablement le prix de revient d'une tonne d'équipement militaire et cette situation ravit le complexe militaro-industriel. Beaucoup moins les militaires. Or, le nombre de programmes de développement d'armes modernes qui débouchent sur de véritables fiascos militaires pourrait commencer à alarmer les politiques qui les financent et les militaires qui sont destinés à les utiliser. Il semble ne rien en être.

Les USA

Le chasseur furtif F-35 destiné à être le fer de lance de l'armée de l'air américaine, mais aussi des armées de l'air britannique, allemande ou belge, accumule un nombre remarquable de défauts à corriger avant de l'utiliser au combat. Très lent, il est mal armé à cause de sa furtivité et cette dernière semble avoir des problèmes de durabilité, surtout en environnement opérationnel. Le chasseur prédecesseur furtif était le F-22 qui avait lui aussi de nombreux défauts de sorte que l'USAF n'a jamais commandé tous les exemplaires prévus.

Dans la Marine, les nouveaux porte-avions présentent aussi un coût de production et d'exploitation absolument énorme. De plus, leur caractère fonctionnel laisse beaucoup à désirer. Le problème est partagé par exemple par les destroyers "furtifs" de la classe Zumwalt.

Dans les missiles, on note que les Etats-Unis sont incapables de produire le moindre missile hypersonique alors que la Chine, l'Inde et la Russie en disposent. Et il semble que la Corée du Nord en possède aussi. Les Etats-Unis ne disposent pas plus des planeurs spatiaux comparables à ceux développés par les Russes depuis 2018. Leurs missiles de base comme le Patriot auraient de nombreux problèmes. Le missile de base du système Patriot coûte 4 millions de dollars et plusieurs rapports, tant du Sénat US que d'instituts américains indépendants, font planer un doute sérieux sur son efficacité au combat.

La France

Le Rapport parlementaire de Février 2022 qui fait un certain état des forces françaises qualifie celles-ci de "modèle d'armées certes échantillonnaire". Sur l'existant, le Rapport parle de l'objectif de "maintenir". Ce qui paraît bien peu. Pour le futur, le Rapport parle d'intelligence artificielle et d'informatique quantique. C'est très savant, mais un peu léger pour résister ou répliquer à une salve de missiles ou de drones perdus. Il évoque aussi beaucoup la lutte contre la désinformation, ce qui signifierait que, pour les parlementaires, la guerre est surtout une affaire de propagande et de censure. Là aussi, on sait faire pour pas très cher, mais c'est un peu court.

Les parlementaires ont simplement reconnus qu'il fallait faire un très sérieux effort financier pour atteindre le niveau permettant aux armées de se livrer à ses exercices et que, pour une guerre à haute intensité, il n'en est plus question depuis longtemps.

La Grande-Bretagne

La Grande-Bretagne est dans un état encore pire. Ses sous-marins nucléaires "brûlent" tout seuls et selon des informations, leur base principale serait le siège d'un accident atomique inconnu. Leur armée n'a ni chars, ni canons et très peu d'avions.

L'Allemagne

L'Allemagne n'est guère mieux lotie. Elle vient depuis peu de temps de se doter de nouveaux véhicules blindés, très lourds, les Puma. Un escadron de 18 Pumas a été testé dans un exercice en campagne. Aucun d'eux n'a réussi la moindre mission. Le reste du matériel dans les trois armes serait dans la même situation, conjuguée avec une extrême rareté.

L'OTAN

On note que, sauf pour le matériel américain, les Ukrainiens qui reçoivent énormément de matériel européen au standard OTAN sont très peu satisfaits du service rendu. La plupart des pièces d'artillerie ne peuvent rester qu'une courte période sur le front avant de devoir retourner dans l'Union européenen pour être réparées par des spécialistes. De plus, l'armée ukrainienne ne reçoit que très peu de munitions à opposer aux russes. Et elle n'en a presque plus pour son vieux matériel soviétique.

Le second aspect est moral

Même bien entraîné, le soldat professionnel n'a plus la rusticité des recrues de la Deuxième Guerre mondiale. La plupart étaient des paysans, qui savaient dormir à la belle étoile, se contentaient de peu d'alimentation, de très peu de confort. Une campagne militaire se déroule à la campagne ou dans une ville dévastée qui ressemble à la campagne. Si la guerre s'aggrave au point de contraindre les états à engager des civils, se sera encore pire. Non seulement, 90 % de la population, même vivant à la campagne, a perdu la rusticité, mais encore le niveau physique des hommes jeunes est consternant d'après toutes les études menées aussi bien par les organisations sportives que par les armées.

Sur le plan moral, l'idée de combattre est devenue une idée étrange, digne de temps reculés et barbares. Il n'est plus question du pacifisme. Le pacifisme des années 1950 provenait d'une fraction de la population de 30 à 50% en occident, de gens qui étaient idéologiquement favorables aux ennemis de l'occident. Dans l'après guerre, c'était essentiellement le marxisme et ses avatars communistes. Effondré, la "foi" communiste a laissée la place à la croyance en des valeurs propres à l'occident qui ont exclues tout esprit guerrier. Il en reste juste une forme "policière" qui tend à criminaliser toute pensée libre et indépendante du régime occidental. C'est quelque chose de nouveau qui vient avec la théorie du genre, la mollesse des moeurs, le wokisme, la cancel culture. Ce nouvel esprit de l'occident américanisé se fonde sur la perte assumée et complète d'instruction notamment sur le plan historique, religieux, politique. Il existe encore des gens qui regrettent le patriotisme du temps jadis. Mais, l'instruction de l'Histoire qui était au moins pour moitié celle de guerres plus ou moins bien légitimées, est complètement disparue. Il n'est pas sûr que les gens encore attachés au passé de l'occident américanisé soient capables de faire évoluer les mentalités vers un esprit guerrier, même limité à "la défense de nos valeurs".

Il faut souligner que les occidentaux qui sont pourtant persuadés d'avoir fait s'effondrer le communisme par leur propre force, ont systématiquement perdues toutes les guerres qu'ils ont entrepris depuis 70 ans. Ce constat ne les empêche pas, emportés par l'hubris américain, de déclencher des guerres partout : en Irak, en Arabie, en Somalie, au Mali, en Syrie, en Yougoslavie, en Ukraine, ....

On peut craindre qu'une part importante d'occidentaux, même parmi les troupes professionnelles, n'aient plus cette connaissance préalable qui permet de justifier la moindre intervention armée et de la conduire avec un esprit de décision pour atteindre la victoire. Pour ces troupes professionnelles, il reste juste le respect du contrat. Or, ce contrat est généralement limité de 3 à 5 ans. Et si une action militaire dépasse une certaine intensité et une certaine durée, il est à craindre que la combativité des troupes professionnelles ne décline énormément.

Ce que pourrait être une guerre occidentale

L'état militaire des Etats alliés de l'occident américanisé est donc médiocre. A tout le moins. Cependant, on fera remarquer que les Ukrainiens se comportent si vaillament que leur agresseur russe fait au mieux du sur place, quand il ne se protège pas dans une fuite sans gloire. La propagande occidentale bruisse de ces rumeurs caractéristique de l'arrière. Mais, dans le cas de l'Ukraine, il faut se souvenir de deux choses :

  1. Tout d'abord, le régime ukrainien, animé par les USA, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, disposait d'une tradition néo-nazie vieille de 80 ans, absolument enragée contre le monde slave. On a pu voir jusqu'à la veille du conflit, des documentaires sur des camps de vacances où de jeunes ukrainiens et ukrainiennes, de 8 à 16 ans, subissaient à la fois un entraînement militaire et un endoctrinement russophobe de très haute intensité. De telles initiatives connues en occident ont à la fois formées le moral des combattants qu'aujourd'hui on ne s'étonne plus de trouver dans les troupes du régime kiévien. Parce que, lorsque la presse occidentale diffusait ces documentaires, ses commentaires étaient extrêmement critiques et alarmistes sur l'infestation nazie. Depuis, cette "infestation" est louée par tous les médias occidentaux dans un revirement étrange.
  2. Ensuite, il existe depuis longtemps des milices néo-nazies, qui d'ailleurs animaient les camps de vacances précités, qui sont les héritiers des milices de l'époque de Bandera, qui s'étaient repliées souvent aux Etats-Unis à la fin de la Deuxième guerre mondiale, et qui se sont reconstituées dans les années 1990 avec la libération de l'Ukraine du monde soviétique. Ces troupes sont extrêmement fanatisées, souvent droguées. Elles servent de troupes d'assaut mais aussi de police politique, veillant à la destruction des fuyards et des défaitistes, de tout suspect de sympathie slave. On les a repérées à l'arrière des lignes de front et n'hésitent pas à fusiller les unités qui reculent sous la pression russe.

Ces observations sont faites pour situer ce que pourrait être une guerre occidentale américanisée. Elle utilisera les troupes professionnelles, quelques engagés volontaires qu'il faudra rapidement militariser ou bien dans des compagnies privées ou bien dans des milices paramilitaires. Mais le gros du corps de bataille sera composé de natifs d'Europe centrale, dont les populations sont - peut être - encore assez rustiques, pour servir de fantassins.

Ce ne sera pas forcément donc une guerre "par mandataires" comme la guerre en Ukraine. Il y aura certainement un certain niveau d'engagement des "grands pays" : Etats-Unis, France, Allemagne, ... Mais cet engagement sera peut être au niveau des états-majors, de l'encadrement depuis l'arrière. Et bien sûr, il y aura l'emploi des armes de haute technologie : avions supersoniques, avions furtifs, drones, missiles de croisière, missiles balistiques, ... Bien entendu la guerre électronique, les communications, mais aussi la logistique. Et bien entendu la production d'armements.

Une sorte de mixage entre la guerre en Yougoslavie et celle plus récente en Ukraine.

Une telle guerre peut survenir à tout instant dans deux situations :

  • Un dérapage du conflit mondial entre les Etats-Unis et le reste du monde : Chine, Russie, Inde, Iran, ...
  • La montée en puissance des mouvements qui, depuis 50 ans, ont investi dans l'idéologie du chaos créatif comme moyen de domination du monde : néocons, progressistes, politiciens corrompus au pouvoir partout en occident américanisé, "intellectuels" copiant sans le savoir la folie des "gardes rouges" du maoïsme, ou des fonctionnaires de la Stasi, ...

Revue C-Politix (c) 31 Décembre 2022