Situation politique avec la loi retraitesMacron s'est engagé à ce que la loi sur les retraites, essentiellement la hausse de l'âge légale de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans et demi, soit adoptée rapidement. Il semble qu'il reçoive des pressions internationales élevées [1] pour atteindre cet objectif. Si l'alliance avec la droite chassée du pouvoir depuis 2017 permet à Macron de garder le contrôle du Sénat, Macron a "tremblé" devant l'Assemblée nationale, agitée par la double opposition du Rassemblement National - qui soutient un retour à 60 ans de l'âge légale de retraite - et de la nébuleuse Nupes, qui s'oppose à l'allongement de l'âge de la retraite toute en s'opposant au Rassemblement national. Malgré cette situation qui lui est extrêmement favirable, Macron a préféré s'en remetrre au passage en force de l'Article 59-3 de la Constitution. Reprendre une leçon de l'HistoireEn pratique, Macron n'est pas aussi certain que sa manoeuvre consistant à attiser l'animosité entre les deux grandes formations d'opposition, lui assurerait la majorité à l'Assemblée Nationale. En effet, même s'il fait répéter en boucle par sa "presses" et par les politiciens du "camp de l'ordre social" : "que la politique ne se décide pas dans la rue", la rue est tout de même considérablement agitée et, si "la rue de décide pas de la loi", il faut bien comprendre qu'il existe des circonstances historiques où un régime s'effondre de ne pas avoir entendu la rue : 1793, 1830, 1848, 1974 ... Il faut bien comprendre que le régime français ne doit rien à Bruxelles, ni à l'OCDE, ni à l'Otan ou que sais-je encore. Il doit tout d'une part au rejet de la monarchie exprimée en 1789 et d'autre part, à une opposition entre la liberté tempérée par la propriété - le conservatisme républicain et 1791 - et une égalité excitée par la démagogie 1793 et 1795 - le progressisme démocratique. Il y a dans la loi "retraites" le ressort d'une vieille lutte, Macron se comportant en monarque avec sa Cour et ses privilégiés. Mais aussi le démagogisme qui retrouve les accents d'un Saint-Just ou plus encore d'un Babeuf ou d'un Buonarotti. La "dramaturgie" de la loi "retraites" est donc largement une reprise, un "remake" de la révolution française. Et ce n'est pas, pour une république vieille de 200 ans, ce n'est pas un signe de santé. Parce que rejouer le Révolution n'est vraiment pas une bonne idée. Pourquoi le 49-3 ?Il semble que Macron ne peut l'emporter à l'Assemblée Nationale parce que le parti LR - le parti de l'ex-président Sarkozy, réputé "de droite" - est sincèrement ébranlé par la révolte populaire. LR pèse 4% de l'électorat. S'il veut revenir dans la course politique, il doit impérativement reprendre un électorat populaire. Or, les sondages le lui indiquent : les 3/4 des français sont opposés à la loi "retraites" de Macron. Et il se trouve que les "rares" électeurs qui lui font encore confiance ne sont pas parmi ces 3/4 des français .... Ils sont acquis à Macron ... De ce fait, après avoir certainement promis plein de "bonnes choses" aux alliés LR, Macron se rend compte - enfin - qu'ils ne pourront pas tenir leur promesse électorale : voter "sa" loi. Donc, Macron est, malgré tout ce qu'il avait promis, contrainte de passer en force sa loi "retraite" avec l'article 49-3 qui ferme le rôle de l'Assemblée Nationale. Mais, Macron rencontre alors un autre problème : le contre-coup de la motion de censure. L'opposition peut en effet présenter une motion de censure demandant la démission du gouvernement Borne. Au début, Macron savait que la Nupes ne pouvait pas "moralement" voter une motion de censure avec le Rassemblement national. Son problème est double. D'abord, la "moralité" de la Nupes est des plus élastiques. Et ensuite, LR qui est une formation politique populée comme disent les anglio-saxons ... par des traîtres de comédie, peut parfaitement venir appuyer la moton de censure de la Nupes. Ou du Rassembement National, ce qui est improbable. Avec le 49-3, Macron croit échapper à la traîtrise des LR. Mais, il risque de rencontrer cette traîtrise sur la motion de censure. Le coup d'après est la dissolution de l'Assemblée Nationale. Macron est-il certain de retrouver une majorité parlementaire absolue ? C'est très peu possible. Le Pen pourrait gagner ce qui serait du plus haut comique. Mélanchon aussi ... Mais ici, c'est lui qui doit compter avec une collection de traîtres à faire palir d'envie LR en personne ... Le risque d'une révolutionAujourd'hui, la bourgeoisie qui tient ce qu'elle peut des commandes du régime, estime que force doit rester à la loi et la loi, c'est le chef de l'Etat appuyé sur le Parlement. Le reste ne compte pas pour elle. En dehors de la période électorale. C'est là que "la rue", le peuple", interviennent pour protester. Ce qui gêne considérablement la tranquillité bourgeoise. Ce qu'il faut noter, c'est que la protestation de la rue contre la loi "retraites" est animée essentiellement par les syndicats ouvriers : CGT, CFDT principalement. Pas du tout par les députés "démagogues", la "Montagne" ou les "Enragés" si on veut référer à l'Histoire. On a connu cette situation en 1794 avec le rôle de la Commune de Paris. Et les clubs. Ignorer la rue, c'est se soumettre à la catastrophe inattendue de la Révolution, de l'émeute à tout le moins. Et on ne sait jamais où l'on va. Débordée "à gauche", la Nupes peut s'enflammer et prendre des mesures extrêmes. Les syndicats ouvriers excités par la Nupes, pourraient prendre le mors aux dents et aller plus loin qu'ils ne l'envisageaient. Par ailleurs, plusieurs révoltes - les Gilets Jaune, les médecins, les infirmières - ont montré une inflammabilité sociale qui ne respecte même pas les syndicats et encore moins les partis politiques institutionnels. La première tentative de cette dérive s'est appelée la révolte des Bonnets Rouges, sous le roi Hollande en 2015. Les bourgeois ont bien ri. Mais, ils ont souvent pleuré après avoir trop ri. Cela s'appelle la Révolution imprévue. Et une révolution est toujours l'Imprévue. Remettre les événements en perspectiveRien du régime des retraites actuellement en vigueur en France n'exige une réforme particulière. Les régimes sont en moyenne à l'équilibre et le slogan de la réduction du ratio des actifs aux pensionnés est une stupidité destinée à cacher une autre raison imposible à avouer. L'Etat macronien envisage t'il de ruiner les régimes de retraite pour renflouer ses 1.000 milliards de dettes ? Ou de les vendre pour cette somme à un fonds de pension américain ? La corruption des élites en France et du macronisme en particulier est avérée. Les puissances entre les mains desquelles cette corrution émane ne sont pas situées en France. Ou très peu. Notre influence sur elles est de plus en plus négligeable. C'est la source d'une sorte d'épuisement de la République et de sa démocratie. Pourtant, en théorie, le système politique français est fermé. Et il se joue essentiellement dans le peuple français qui choisit la République comme régime politique avec quatre attributs :
La République exige la considération d'un bien public. Il est aujourd'hui inconnu. L'unité suppose l'indépendance : l'Union européenne ruine cette unité. La démocratie a été limitée au mécanisme des élections dont la plupart ont été truqués par les mécanismes de désignation des candidats. La laïcité était parvenue à un certain équilibre qui a été rompu par la montée de l'islam et l'effondrement du catholicisme. Le système social rend furieux l'immense majorité des français qui y sont soumis dans des conditions économiques de plus en plus insupportables. C'est donc un régime en bout de course qui affronte - peut être - une situation insurrectionnelle. Notes[1] La presse se fait l'écho d'un engagement pris par Macron auprès de la Commissin de Bruxelles. certains politiciens français estiment que cette influence bruxelloise serait le produit d'une volonté double : poussser les Etats de l'Union bruxelloise à aligner leurs régimes de retraites, puis de les confier à la gestion d'un fonds d'investissement comme Black Rock. Le 17 mars 2023, des fonctionnaires de l'OCDE ont recommandé à Macron de conserver son objectif quioi qu'il arrive : Retraites : l'OCDE appelle le gouvernement français à "rester sur sa ligne", Le Figaro, 17/03/2023. |