Une leçon du philosophe André Comte-Sponville sur la République et les errances sanitaristes de la Covid-19

Philippe Brindet - 30.09.2020

Une journaliste sur TFX je crois recevait hier 29 Septembre 2020 le philosophe André Comte-Sponville à l'occasion de son nouveau livre Un Dictionnaire amoureux de Montaigne. ASC fait plusieurs déclarations intéressantes qu'il soutient parfois par l'exemple de Michel de Montaigne.

Il proteste de son obéissance aux lois civiles. Il respecte donc scrupuleusement les ordres du gouvernement sur les distanciations sociales, le confinement, le masque même s'il sait que ce dernier ne sert à rien dans plusieurs contextes. Mais il essaye de mettre en pratique l'adage du philosophe Alain : "Dans la république on pratique l'obéissance et la résistance citoyennes."

La formule claque, même si elle est assez discutable pour son vague : on obéit à quoi, on résiste à quoi. Le problème de la formule, c'est le "à quoi" qui peut ruiner l'héroïsme et le transformer en infecte soumission au tyran.

La peste de 1585 a une létalité de 100%, celle de la Covid de 2020, 0,5%

Par contre, ASC est très remonté contre le gouvernement et ses conseils scientifiques. Il estime que la politique sanitaire qui a été adoptée est une catastrophe. Il commence par noter que lors du second mandat de Montaigne comme maire, en 1585, la peste a frappé Bordeaux. Elle a fait 100% de morts. Les seuls à survivre, comme Montaigne, s'étaient enfuis de la ville. La Covid-19 fait une mortalité de 0,5 à 0,8%. ASC estime donc que nous devrions avoir un peu de modestie devant une épidémie banale.

Sacrifier l'avenir des jeunes à la santé des vieux est une atrocité civilisationnelle

Il estime que, à plus de 80%, sont frappées les personnes âgées, pas les jeunes et les personnes actives. Il convient du devoir moral de protéger les personnes fragiles, mais conteste le sort qui est fait aux très jeunes et aux jeunes de sacrifier leurs vies au bénéfice des vieillards. Il estime que les jeunes générations - celle à l'école et celle qui entre dans la vie active - ont un avenir complètement détruit par les mesures antisociales prises par le gouvernement. Or, selon ASC, c'est le contraire. Ce sont les vieux qui savent qu'ils devraient se sacrifier pour les jeunes. ASC dit qu'il n'y a pas un grand-père qui refuserait de se sacrifier pour l'avenir de ses petits-enfants. Le contraire est une atrocité qui condamne une civilisation.

Le pouvoir n'appartient pas aux médecins

ASC a été scandalisé par la tribune publiée par un groupe de médecins qui déclaraient : "il faut siffler la fin de la récréation", en évoquant la période de déconfinement. ASC demande pour quoi se prennent ces individus sans aveu pour décider de la conduite des citoyens dans une démocratie. Il exige que les épidémiologistes rentrent dans leurs casernes et laissent le pouvoir aux civils légitimement investis du pouvoir démocratique.

Le tout est prononcé avec le petit sourire et la voix lente et mesurée que l'on connaît à ce philosophe républicain bien dans la ligne de Montaigne et de Alain.

Sera-t'il entendu ? La journaliste, d'abord effarée par la position contestataire de ASC au sujet de la Covid-19, semble s'en convaincre et se rendre à ses raisons. Sera t'elle imitée par nos gouvernants ?

Pour ASC, nous ne marchons quand même pas vers la dictature ...

On n'ose pas faire de pronostic, parce que ASC fait un pari risqué : malgré les mesures antisociales, il ne voit pas un mouvement d'ensemble depuis quarante ans de marche vers la dictature. Un mouvement.tel que nous le voyons dans notre article La répression macroniste contre les Gilets Jaunes et les opposants au confinement dénoncée dans un rapport d'Amnesty International. Malgré tout, écoutons au moins les jugements républicains et raisonnables de Alain Comte-Sponville.


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