Une nouvelle année ?

Philippe Brindet - 3 janvier 2022

La coutume des voeux de nouvel an est une bonne coutume. Elle tend à accroître la bienveillance et notre époque en a un besoin accru. Malheureusement, lorsque nous élargissons notre cercle au delà de l'amitié et de la convivialité, les bons voeux touchent tellement de choses problématiques, qu'on recule parfois devant une tâche qui nous semble futile. L'année 2022 s'ouvre avec quatre défis d'une gravité peut être jamais égalée depuis longtemps :

  1. la conclusion de la crise épidémique dans le monde ;
  2. l'élection présidentielle en France ;
  3. la crise économique occidentale comprise entre inflation d'un côté et disparition rapide de l'énergie ; et
  4. la guerre de plus en plus proche entre l'Amérique et ses vassaux d'une part et un conglomérat regroupant autour de la Russie ou de la Chine d'autres nations comme l'Inde, le Pakistan, le continent africain, ... d'autre part.

La crise épidémique

Notre voeu pour 2022 est de voir s'éteindre cette épidémie.

C'est un voeu banal. Pire qu'un voeu : un aveu d'impuissance. Les forces qui animent cette épidémie nous dépassent d'autant que nous les identifions mal. Le premier ennemi est un pathogène, le SARS-CoV-2. Mais celui-là est certainement le moins dangereux de ceux qui nous menacent. Nous avons avant tout un groupe de gens sans aveu acharnés à tirer profit de cette crise épidémique et en même temps acharnés à nous nuire sans que cela se voye. Ce groupe de gens méprisables, nous l'avons déjà dénoncé depuis le début de l'année 2020. Il rassemble des membres de la caste industrialo-financière, de la caste des politiciens principalement américanisés et de la caste des hauts fonctionnaires de toutes sortes : nationaux, internationaux, et d'autres encore.

Si j'avais en ma possession la fameuse lampe d'Aladin, je la brosserai de mon coude et demanderai au bon génie qui l'habite de faire disparaître les nuiseurs et profiteurs d'épidémie. Comment ? Je l'ignore. C'est le travail du bon génie ...

L'élection présidentielle

N'osant pas invoquer à nouveau le bon génie, que j'ai imprudemment invoqué dès mon premier voeu, je suis horriblement gêné pour nous souhaiter, à nous Français, la moindre bonne chose.

Elire un Président de la République, c'est d'abord choisir un homme ou une femme parmi d'autres. Si j'ai mon idée particulière sur cette élection, je dois collectivement admettre qu'un autre choix que le mien s'impose finalement. Et c'est bien sûr la grande frustration de la démocratie moderne, qui agrège trop de contraires, d'intérêts divergents. Au prétexte d'un modèle athénien parfait. Qui avait la taille d'un gros village d'aujourd'hui. Aussi, je ne ferai pas le voeu de l'élection, mais recourant à nouveau un bon génie de la lampe d'Aladin, qu'il fasse disparaître les politiciens corrompus par les usages délétères, les trahisons inconnues, les alliances dissimulées avec le diable, ... Bien sûr, je ne nommerai personne.

J'oserai même un autre voeu. Que l'élu ait la volonté et les moyens de cette volonté. Une volonté de faire le bien public. Du bien public, tout le monde en parle. Sans l'avoir jamais vu. Et souvent même pas rêvé ...

La crise économique occidentale

A la réflexion, la crise économique ressemble bigrement à la crise épidémique. Elle met en scène à peu près les mêmes acteurs, sauf que, parmi les fonctionnaires, les sanitaristes sont rempalcés par les économistes, dont pas mal sont aussis sanitaristes. Je me comprends ... Mais nous avons un risque majeur dans cette crise économique. Après le dynamisme convergent des années 60, nous vivons une chute dans l'abîme. Nous sommes sur une pente qui se creuse de plus en plus et nous voyons bientôt venir la chute libre. Déjà nos pieds et nos mains ne nous servent plus guère pour freiner cette chute.

Nous n'avons plus d'autre espoir qu'un rebord miraculeux bloque notre chute. Déjà nos maîtres nous font manquer de l'énergie. Et les denrées essentielles, si elles ne manquent pas encore chez nous, sont d'une qualité qui les rend largement impropres à la consommation. L'une d'elles - de ces denrées essentielles - est même complètement corrompue et impropre à la consommation. Je veux parler de la "culture". Déjà beaucoup d'entre nous ne savent plus de quoi il s'agit.

Quel voeu formuler en cette nouvelle année en matière économique ? La libre circulation enfin des denrées essentielles de qualité : du travail, de quoi nous nourrir et une libre culture.

La guerre prochaine

Dans un plan géostratégique démoniaque, les Etats-Unis fomentent depuis plusieurs dizaines d'années des guerres qu'ils considèrent comme locales et qui, accroissant le désordre et la misère dans le monde leur paraissent de nature à assurer leur domination impériale. Ils rencontrent aujourd'hui deux difficultés : la Russie d'une part et la Chine d'autre part.

Le problème que pose la Russie à l'Amérique, ce n'est pas le choc de deux impérialismes comme le prétendent les universitaires américains, ces damnés idéologues fous, c'est la répression par les USA de la révolte d'un vassal qu'ils avaient subjugués à la faveur de l'effondrement du régime soviétique. Effondrement qui ne devait rien à l'action impérialiste des USA. Or la cause de l'effondrement du régime soviétique sera celle de l'impérialisme américain. Le mensonge.

Le conflit entre l'Amérique et la Chine a des ressemblances lointaines avec celui avec la Russie. Mais, la Chine a conservé son régime communiste et maoïste, régime qui ne s'est pas effondré le moins du monde. Et la Chine impériale a eu l'intelligence suprême de faire croire à sa soumission à l'imperium américain pour avancer masqué. Notre drame à nous autres les vassaux de l'Amérique, c'est que le possible empire chinois sera encore pire que celui des américains. Déjà, la Chine possédant plus des trois quart des capacités de production industrielle du globe, nous adoptons les méthodes policières du parti communiste chinois.

Et si nous autres européens devrions n'attendre rien de mal d'un éventuel triomphe de la Russie, nous pouvons craindre le pire d'un triomphe chinois. Déjà, des nations dont la puissance croît s'allient avec la Chine tout en montrant des divergences fortes comme l'Inde, ou l'Afrique, et rien de bien ne nous attend, ni dans ces rapprochements, ni dans ces brouilles avec la Chine.

Ici, je ne formulerai aucun voeu. La guerre est trop imminente. Je ne parie pas sur elle. Mais nous la savons tous imminente comme jamais. Une preuve ? Nous ne sommes pas prêts. Et, en France, cela vaut preuve.


Revue C-Politix (c) 31 Décembre 2021