Etat de la Guerre en Ukraine fin octobre 2023Réputée "deuxième catastrophe des temps courants" [1], la guerre en Ukraine, n'est pas une guerre. Aucune déclaration de guerre n'a été présentée à quelque belligérant que ce soit. Et la Russie paye toujours le transit de gaz par le gazoduc qui traverse l'Ukraine. Et bien d'autres "folies" au regard de la "logique". Elémentaire. Sûrement trop élémentaire ... D'autres analystes ont souligné que les Ukrainiens n'ont pas grand chose à voir avec ce conflit. Il s'agit simplement d'une action d'une violence inopuïe, engagée par les Etats-Unis pour détruire le régime politique de la Russie, démembrer sa Fédération et revenir à l'état de soumission de l'époque Eltsine, au cours de laquelle la corruption américaine avait mises en coupe réglée les immenses richesses de la Russie. Certains analystes évoquent une guerre par mandataire, les ukrainiens étant les mandataires des Etats-Unis. La presse occidentale a eu beaucoup de peine à l'admettre. La "contre-offensive ukrainienne", débutée le 4 juin 2023, doit être déclarée un échec. C'est le sens d'un article du 26 octobre 2023 dans Le Monde et du 19 du même mois dans RUSI [2]. Peu avant, le New York Times et le Washington Post l'ont reconnu. Or, l'OTAN avait formé et équipé 12 brigades - environ 35.000 hommes - pour attaquer dans la région de Zaporizjia et atteindre la Mer d'Azov à Berdiank pour couper en deux l'armée russe et mettre le pont de Kerch sous le feu des canons ukrainiens. Les ukrainiens ont tenté l'offensive sur le front de Zaporizjia en deux points en même temps. Les premières semaines de juin ont été une hécatombe de chars et de blindés ukrainiens sur Rabotyne - Verbove et sur Staromajorske. Vers le mois de août, les ukrainiens étaient parvenus à avancer de 20 kilomètres sur Staromajorske, ce qui était remarquable, mais ils n'ont pas atteint la ligne de défense russe. Sur Rabotyne-Verbove, les ukrainiens sont avancés de quelques kilomètres seulement et sont parvenus à entamer sur un front de 2 kilomètres la première ligne de défense russe entre Verbove et Rabotyne. Au prix de centaines de chars détruits et d'on ne sait combien de soldats tués ou blessés. En réalité, très vite, malgré leur acharnement à monter à l'assaut des défenses russes, les ukrainiens ont expérimentés qu'il était impossible de suivre la stratégie et les tactiques imposées par l'Otan qui applique les "recettes" qui ont conduit l'armée américaine à être vaincue partout où elle s'est engagée. Les blindés américains ne montent à l'assaut que lorsque l'artillerie et l'aviation ont réduit le pays agressé à l'état de ruines. Or, il n'était pas question pour les ukrainiens, même "formés" par l'Otan, d'appliquer cette stratégie aux Russes. Les ukrainiens, bernés par les occidentaux de l'Otan - essentiellement par les militaires américains - ont vite compris qu'ils devaient trouver autre chose. Ils ont alors attaqué sur plusieurs autres fronts :
De plus, ils ont réduit les effectifs d'assaut à des dimensions de plus en plus réduites pour "échapper" au rouleau compresseur de l'artillerie et des missiles russes. En Octobre, les assauts s'exécutent avec des escouades de 5 à 10 hommes avec au plus un blindé d'infanterie. Il est faux de dire que les ukrainiens ont échoué totalement. Il faut reconnaître qu'ils n'ont pas atteint l'objectif que les américains leur avait assigné : couper l'armée russe en deux sur une ligne Zaporizjia - Berdiansk. Le fait que l'armée ukrainienne ait attaqué sur presque l'ensemble du front montre que Zelinski n'a pas obéi à Biden. Et qu'il est possible que le régime ukrainien soit furieux contre son "protecteur" américain. En effet, les armes "merveilleuses" de l'occident se sont révélées de très piètre qualité. Si on excepte les HIMARS américians, les Storm Shadow britanniques et les Scalp français, le reste a été de médiocre à carrément mauvais. Il est possible que Zelinski et son régime aient les moyens de se venger de ce "mauvais tour" des américains. Probablement au détriment de l'Europe, Allemagne en tête ... Mais, aujourd'hui, Zelinski peut prétendre que l'échec de la "contre-offensive" est causé par le manque de livraison de munitions, d'avions, et de chars. Et par une stratégie totalement inadaptée. Pourtant, les occidentaux ont fourni des éléments d'une puissance indubitable. Le réseau Starlink de Elon Musk, repris en gestion par le Pentagone, est un exemple. Mais, il y en a d'autres. Le système de surveillance des troupes russes basé sur les drones lourds américains en Mer Noire notamment, mais aussi sur les satellites d'observation, a très certainement interdit aux russes de concentrer assez de troupes pour mener des actions décisives.Il semble que, dès que les russes concentraient en un point, les américains prévenaient les ukrainiens qui réduisaient la concentration avec de l'artillerie et des missiles. Plusieurs opérations, notamment en Crimée et sur les rivages de la Mer Noire, laissent penser qu'il y a eu une très forte coopération des forces ukrainiennes avec les forces spéciales britanniques et probablement américaines. Il semble que de très grands succès aient été remportés dans ces occasions, y compris sur le territoire "historique" de la Russie, jusqu'au delà de Moscou. Deux éléments relativement nouveaux nous indiquent que l'Ukraine a acquis des techniques agressives de premier ordre. Le premier élément est fondé sur les drones FPV. Il s'agit de drones légers qui font à la fois du renseignement, de la recherche d'objectif et de la destruction de cibles comme des camions, des chars, des pièces d'artiellerie, des abris fortifiés, ... Les ukrainiens en utilisent un nombre extrêmement élevé et ces drones sont de fabrication purement locale, souvent sur une base de produits grand public. Ils doivent beaucoup au réseau Starlink de Musk, mais pas grand chose à l'Otan. Le deuxième élément est celui des commandos qui opérent entre terrorisme et action militaire. Elimination d'individus ciblés, sabotages divers - même si le rôle des ukrainiens dans celui de Nord Stream est loin d'être prouvé - ... Entre drones FPV et "terroristes", le régime ukrainien tient là peut être la deuxième phase de son action contre la Russie. En effet, l'armée ukrainienne pourrait avoir été détruite. Dans la presse occidentale, férocement pro-ukrainienne et russophobe, on admet plus de 350.000 morts, et les analystes militaires indépendants estiment de 400 à 500.000 morts. Les pertes en matériel militaire et en infrastructures sont immenses et le soutien de l'occident a considérablement faibli. Manque d'envie de continuer d'une part, mais aussi, épuisement des ressources techniques et industrielle, d'autre part. Et il y a des rendez-vous politiques qui rendent le soutien de l'Ukraine délicat pour le régime occidental. Il y a des élections présidentielles en avril 2024 aux Etats-Unis. C'est demain. Il y a encore plus proches, des élections européennes. Ces deux "rendez-vous" pourraient laisser filtrer le mécontentement populaire et celui d'une partie des classes politiques au pouvoir en occident américanisé. Enfin, il y a l'explosion du conflit israélien qui, s'il rassure la Chine, inquiète les Etats-Unis, à cause du réveil du monde musulman. Tout celà n'est pas favorable au régime Zelinski. Mais, cela ne devrait pas rassurer davantage Poutine. En effet, la russophobie - ou la "poutinophobie" - des néoconservateurs n'a que faire des circonstances électorales. Ils vont tenter par tous moyens d'exciter Zelinski et son régime contre la Russie. Et la ressource de Zelinski pourrait être de transformer la guerre "militaire" en un terrorisme à la Hamas. Les drones y joueraient leur part avec les assassins et autres saboteurs. Poutine est loin d'avoir gagné sa sérénité ... Cette prévision peut être contredite par une autre stratégie de la Russie. Elle n'a pas gagné "la guerre", du moins pas encore. Mais, elle se trouve en position de le faire. Or, son objectif répété depuis le 26 Février 2022 est :
Pour gagner "la guerre", la Russie devrait "écraser" les Etats-Unis. Or, ceux-ci se tiennent prudemment à distance et la Russie "joue le jeu" qu'ils ne sont pas dans la bataille, ce qui est invraisemblable. Mais, c'est comme celà. Pour neutraliser la puissance militaire de l'Ukraine, protéger les russophones et écarter l'Otan, il est presque certain que la Russie doit au moins occuper ou imposer son ordre par quelque moyen que ce soit à l'est du Dniepr, de Kiev à Kherson. Il est même probable que la Russie a besoin de neutraliser la province d'Odessa, probablement sur tout le rivage de la Mer Noire. La Russie est très loin d'atteindre ce résultat dont on ignore si elle serait capable de le garder lors de "l'après-guerre" ... Mais, il existe une circonstance dans laquelle la Russie pourrait atteindre cet objectif. C'est l'hypothèse de l'effondrement des forces militaires ukrainiennes d'une part, et de la débâcle politique des néo-conservateurs, d'autre part. Dans cette hypothèse, en quinze jours, l'armée russe pourrait probablement occuper l'Est du Dniepr et, pourquoi pas, la région d'Odessa. Il existe au moins deux événements qui pourraient interdire cette hypothèse. Le premier est le réveil du monde musulman, extrêmement puissant en Fédération de Russie. Ainsi, au Dagestan, des troubles violents pourchassant des juifs se sont déroulés à la suite de l'agression du Hamas en Isaraël. L'agitation des républiques musulmanes et des populations musulmanes de Russie pourraient contraindre Moscou à s'occuper d'abord de leur cas. Le second événement serait l'entrée en guerre de la Pologne et des Etats baltes, actionnés par les services spéciaux américains. Tout a toujours été très compliqué. Pourtant l'Histoire est très simple ... Notes[1] Ukraine et Israël, le chaos occidental organisé, Revue C-Politix , 28/10/2023.
[2] Pourquoi la contre-offensive de l'Ukraine est en échec, Le Monde, Cédric Pietralunga - 26/10/2023 |