France Législatives - Avant le Second Tour. Observations

Philippe Brindet - 05/07/2024

Un grand foutoire. Voilà l'effet de 7 ans de macronisme. Son prédecesseur avait été remercié au bout de 5 ans de même que le prédecesseur de son prédecesseur. Chacun de ces trois sinistres individus n'ont fait qu'une chose : accroître le chaos. Et ils l'on fait avec une délectation qu'ils laissent apparaître une fois "retraité" du pouvoir. Macron lui-même le laisse déjà apparaître, reconnaissant certainement qu'il est déjà en "retraite".

Ce foutoire est multidimensionnel : économique, financier, monétaire, culturel, éducatif, judiciaire, policier, militaire. Et pour ce qui nous occupe aujourd'hui, politique.

La guérilla politique

Avec 33% des suffrages exprimés, et en tête dans 52% des circonscriptions disputées lors du premier tour des Législatives, le RN de Le Pen et Bardella aurait des chances sérieuses de l'emporter au second tour. Une seule question se posant de savoir si le RN aura ou non la majorité absolue. En fait, le découpage des circonscriptions répété sous chaque présidence de la république est guidé par la volonté d'empêcher que le parti qui soutient le président sortant puisse obtenir le maximum de voix aux législatives. Le but est de décourager les situations de cohabitation entre la "droite" et la "gauche". En pratique, entre les vestiges du parti gaulliste et ceux du parti mitterandien.

Or, la victoire du RN au premier tour a été "inattendue" des politiciens de gouvernement. Ils pensaient sérieusement que la propagande éhontée des média et des réseaux sociaux éviterait un tel désastre. Les électeurs n'ayant "rien compris", il allait falloir le leur expliquer sérieusement. Du coup Macron, d'accord avec les politiciens qui gèrent le parc d'attractions qu'on appelle LR, s'est rué sur une édification ultra-rapide d'un "front républicain" pour sauver leurs possessions des menées scélérates de l'extrême-droite.

Repris d'une bouffée d'acide gastrique, les politiciens qui errent dans les ruines du mitterandisme, ont commencé par ouvrir une reconstitution historique de la SFIO de 1936, reconstitution historique dans laquelle s'est engouffré le parti d'extrême-gauche bourgeoise de Jean-Luc Mélanchon. Les orphelins de Mitterrand, ses enfants naturels comme les écologistes, ont cru un instant qu'ils pouvaient ainsi bloquer Macron entre eux et Le Pen. Las, la reconstitution historique s'est soldée par la manifestations de bouffées délirantes. Certains se voyaient faire main basse sur l'épargne des français, d'autres sur leur domicile, d'autres encore sur je ne sais quelle fantaisie charmante. Et tous de brailler :"Moi, moi, d'abord !". Par exemple, Mélanchon comprenant qu'il ne sera jamais Président de la République, se voit bien premier ministre. De Macron ...

C'est alors que les avortés du gaullisme ont compris qu'ils se faisaient déborder par leur gauche. Appliquant les grands principes - pas d'ennemi à gauche - ils se sont alors rués dans une frénésie de "désistement qui n'est pas un ralliement", comme le leur ont doctement enseigné les macronistes. Parce que "ne pas se désister, c'est faire le jeu de l'extrême-droite ..."

Il en est résulté deux choses :

  1. Le RN pourrait ne pas avoir la majorité absolue ; et
  2. le bloc de Macron, coincé entre Le Pen à droite et Mélanchon à gauche, pourrait reprendre la majorité à l'Assemblée Nationale, peut être pas "toujours", mais quand il le demandera "gentiment" ....

Que sera le second tour ?

Les résultats de dimanche dépendent essentiellement des menées de deux pouvoirs, hélas conjoints. Si vous préférez dans les mêmes mains.

Le premier pouvoir est celui de la propagande politicienne, une force bien connue depuis plus de 70 ans. Elle est basée, on le sait, sur les média, juste modernisés par les réseaux sociaux. Et la propagande pendant ces Législatives est massive : "pas une voix pour l'extrême-droite fasciste, antisémite et xénophobe". Aucune promesse, aucun projet politique. Rien. Rien qu'un hurlement de haine.

Sera t'il obéi ? Jusqu'à présent, les électeurs français ont toujours obéi à la presse, à la propagande. Un jour viendra où ils ne lui obéiront plus. Sera-ce dimanche ?

Mais le second pouvoir est bien plus pernicieux. C'est la technique du "nudge". J'ai écrit un article hier sur le sujet : L'effondrement politique occidental, le coup de coude. La technique du nudge consiste à infliger une frayeur à une foule d'individus ignorants et à leur indiquer la seule solution pour calmer cette peur. La plupart croient à la réalité de leur peur et se ruent sur la solution qu'on leur indique si aimablement ...

Les politiciens du régime en place en France ont ainsi instillé la peur de l'"extrême-droite" et, grâce à la propagande, ils ont indiqué les candidats que les électeurs sont autorisés à élire. La chose n'est pas plus compliquée, sauf que le nudge est effectué à grande échelle sur trente millions d'électeurs.

Normalement, si la propagande et le "nudge" ont fonctionné, Bardella ne sera pas premier ministre, le RN n'aura pas la majorité des sièges à l'Assemblée Nationale, ou alors une majorité réduite, peut être instable.

A priori, il me semble que le RN n'ait pas cette analyse et continue imperturbablement sur les "acquis de sa dédiabolisation". Le RN n'aurait pas mis en place de stratégie de réplique au "nudge", ni même tenté de retourner à son profit les moyens du "nudge" dont il serait la victime.

Et le troisième tour ?

Traditionnellement, le "troisième tour" désigne l'agitation politique qui suit les résultats finals de l'élection législative. Réglements de compte divers, plaintes des perdants, jubilation des vainqueurs, tractations mafieuses pour les postes à l'Assemblée, etc. Dans cette édition des Législatives, deux événements pourraient intervenir et produire des troubles sérieux.

Le premier événement est provoqué par la soudaine vigueur de l'extrême-gauche en France. Jusqu'alors constituée essentiellement par le groupement d'intérêts personnels de Jean-Luc Mélanchon, LFI, elle a retrouvé son extrême-gauche "classique" - un ramassis de jeunes bourgeois et de déclassés vaguement marxistes, vaguement anarchistes. Ces groupes sont souvent liés à des ONGs, souvent filiales d'ONGs américaines, souvent financées par Soros et ses fondations. Mais de plus en plus aussi par Gates, Zuckerberg, ...

Ces dernières années on les a remarquées dans deux groupes de troubles sociaux, allant jusqu'à l'émeute :

  • les occupations et manifestations liées à l'écologie révolutionnaire (Sainte-Soline, ...) ; et
  • les mouvements et émeutes liées à l'immigration.

Il semble que depuis quelques semaines, ces groupes violents soient mobilisés contre "l'extrême-droite" et ils pourraient en effet agir de manière violente contre l'éventuel succès du RN. Relativement incertain, ce succès du RN pourrait être insuffisant pour lui réserver le poste de premier ministre, mais suffisant pour lever des émeutes contre lui et contre ses élus.

Le second événement est constitué par les Jeux Olympiques de Paris 2024. En effet, la présence de nombreux touristes, celle des média internationaux venus "couvrir" l'événement, le mécontentement d'une part croissante de la population soumise aux tracas imposés par l'organisation de ces Jeux, pourraient dériver dans des troubles allant jusqu'à l'altération ou l'annulation de certaines manifestations. En particulier, on sait que de nombeux salariés syndiqués ont prévu des mouvements sociaux que Macron n'est pas pervenu à faire interdire.

Le choc entre les deux événements - législatives et jeux olympiques - pourrait déboucher sur quelque chose de ... grandiose. Mais quoi ? Du Wagner (Le Crépuscule des Dieux) ou du Offenbach (Orphée aux Enfers) ... On prendra bien un peu des deux ...


Revue C-Politix (c) 05/07/2024