Une politique de santé publique complètement erronnée - Deux exemples

Philippe Brindet - 9 Avril 2021

De très nombreux articles sont publiés depuis longtemps pour dénoncer les errements des politiques de santé publique. Mais on peut sans craindre de démenti estimer que le nombre de ces publications critiques s'accroît avec une vitesse accélérée. Notre Revue C-Politix a participé à sa mesure à cet accroissement [1] à l'occasion de l'actuelle épidémie de SARS.

Pour ne pas rester abstrait, voici deux exemples récents.

Les tests COVID nuisent gravement à la santé ...

L'Académie Nationale de Médecine (France) vient de publier une Communication [2] dans laquelle elle alerte (qui ?) sur les dangers des prélèvements nasopharyngés largement utilisés pour la réalisation des tests RT-PCR et antigéniques (ou encore des autotests) qui sont à la base de la politique sanitaire conduite contre l'épidémie actuelle.

Selon les articles scientifiques cités par l'Académie, il semble qu'une fraction des prélèvements nasopharyngés soient mal exécutés, bien entendu par du personnel mal formé. Comme les autotests Covid utilisent aussi le prélèvement nasopharyngé, les craintes de l'Académie sont de plus en plus vives puisque ces autotests arrivent sur le marché juteux des tests Covid en France.

Que se passe t'il ?

Lorsque le test démarre, un batonnet de prélèvement, appelé souvent écouvillon, est entré dans le nez à travers les fosses nasales. Par un mouvement de brossage, le batonnet est manoeuvré sur les parois nasopharyngées pour tenter de prélever du mucus nasopharyngé qui doit contenir des virions du SARS-CoV-2 si le test est destiné à être positif.

Le problème c'est que, si le prélèvement est opéré trop à l'entrée des fosses nasales, il n'y a aucune chance de recueillir "du virus". Par contre, si le batonnet entre trop loin, il peut endommager une paroi et particulièrement une paroi située à la base de la boîte cranienne, de sorte qu'un foyer infectieux peut être initié à l'endroit de la blessure.

Lorsque l'on réalise quelques tests avec du personne infirmier, en hôpital, les risques d'erreur existent, mais sont faibles.

Or, dans l'épidémie actuelle, le ministère de la santé publique est très fier d'annoncer qu'il a organisé plus de 68 007 540 tests par prélèvements nasopharyngés [3]. Et cela au 5 avril 2021. A 70 euros le test moyen, on arrive tout de même à un montant de l'ordre de 4 760 527 800 Euros, presque 5 milliards à la charge de la Sécurité Sociale !

Avec un tel nombre de tests, la probabilité faible d'accidents de prélèvement induit un nombre d'accidents de prélèvements à l'échelle d'une population qui devient insupportable. De plus, comme ce nombre de tests est complètement déraisonnable, le personnel affecté au prélèvement, mais aussi les patients qui se font un autotest, commettent des erreurs en nombre trop élevé, qui viennent encore accroître les accidents.

Quel est le risque ?

Les chercheurs ont notamment reconnus à la suite d'erreurs de prélèvement nasopharyngé des cas d'infections de la membrane méningée, des méningites donc, dont l'issue est rarement favorable surtout en situation d'épidémie qui a complètement désorganisée le système de santé publique.

Les académiciens découvrent donc après douze mois de politique de santé publique complètement erratique que le dogme du "Testez !" conduit à des faux négatifs (si le batonnet n'est pas enfoncé assez loin) et à des infections gravissimes (s'il est avancé trop loin !). Et ne parlons pas des faux positifs induits par la massification de l'analyse des tests RT-PCR [4]. Or, non seulement on a imposé des tests à toute la population, des tests qui n'ont aucune utilité pour 90% d'entre eux, mais des tests qui sont complètement inutilisables pour conduire la lutte anti-Covid selon une politique saine de santé publique. Et pour couronner ce palmarès de la nullité sanitaire, on a systématiquement infecté une proportion de la population.

Que l'on ne vienne pas agiter la stupide balance bénéfices- risques ! Sur l'affaire des tests anti-Covid, il n'y a aucun bénéfice et il n'y a que des risques.

Et la conséquence, c'est que la politique de santé publique mise en oeuvre pour lutter contre l'épidémie de SARS ayant tout misé sur les tests - PCR et antigéniques - est complètement disqualifiée.

Le vaccin AstraZeneca est imposé aux vieux pour lesquel il n'a aucune efficacité et interdit aux jeunes pour lesquels il est dangereux !

Le Ministère de la Santé publique a décidé que seuls les français de plus de 55 ans pourraient se faire vacciner avec le vaccin AstraZeneca [5]. Environ 600.000 personnes ont déjà reçu une première dose de ce vaccin alors qu'elles ont moins de 55 ans. Elles seront donc injectées avec un vaccin à ARMm ont décidé les sanitaristes. Malheureusement, même AstraZeneca ne semble pas très enclin à faire fréquenter son vaccin avec d'autres. Et pas seulement pour des raisons commerciales.

Il y a un seul problème : c'est que le vaccin AstraZeneca n'est probablement pas efficace pour les personnes âgées ! C'est écrit dans le Vidal [6], la "bible" des médicaments en France qui souligne que les quatre essais cliniques menés sur le vaccin AstraZeneca portent pour des patients de 18 à 55 ans (sauf pour la quatrième qui monte à 65 ans sans indiquer d'amélioration dans l'âge). On voit mal que les thromboses qui sont la cause de l'arrêt de la vaccination des moins de 55 ans, ne soient pas présentes chez les plus de 55 ans ! Or, il y a pire : si la vaccination des moins de 55 ans est interdite avec le AstraZeneca, son ATU dans l'Union Européenne délivrée par la scandaleuse EMA ne mentionne aucun risque vasculaire. Aucune thrombose n'a été identifiée lors des quatre essais cliniques. Autrement dit, sauf à répéter en boucle que le nombre de thormboses relevées ne met pas en cause la balance bénéfice - risque, AstraZeneca et les autorités sanitaires qui ont autorisé sa mise sur le marché ignorent absolument tout des raisons pour lesquelles ces thromboses sont oproduites par la vaccination. Il suffit de se reporter au dossier totalement insuffisant, déposé par AstraZeneca auprès de l'EMA pour obtenir son autorisation d'utilisation [7].

On sait que plusieurs équipes [8] ont identifiés des mécanismes pour expliquer la formation de thromboses ou d'agrégations plaquetaires à parti de la protéine S générée par les vaccins AstraZeneca. Mais aussi Pfizer et Moderna. Ces études montrent qu'il y a bien un problème thrombotique avec la protéine S. Le même problème que pose la Covid dans ses formes graves. Or, c'est surtout chez les sujets agés que ces formes graves se développent. Réserver le vaccin AstraZeneca aux plus de 55 ans ne parait pas raisonnable.

On note que dans les essais cliniques menés par AstraZeneca, la meilleure efficacité a été de 60% - ce qui est très faible - pour les moins de 55 ans. L'efficacité du vaccin AstraZeneca pour les plus de 55 ans est donc très probablement plus faible encore alors qu'on y trouve la population à risque des formes sévères de la Covid.

On a ainsi une politique de santé publique incohérente qui ne vaccine plus une classe d'age avec un vaccin efficace pour la classe d'âge et qui au contraire vaccine la classe d'âge supérieure pour laquelle l'efficacité est au mieux inconnue, probablement très faible, et pour qui les risques d'effets adverses sont certainement plus importants.




Notes

[1] A titre d'exemple d'articles de la Revue C-Politix :

[2] "Les prélèvements nasopharyngés ne sont pas sans risque". Communiqué de l’Académie nationale de médecine. 8 avril 2021. Ce Communiqué cite deux articles scientiques parus l'an dernier et un autre au début de l'année. Il faut savoir gré à l'Académie d'avoir alerté. Mais, elle a mis le temps et semble surtout craindre les futures publications sur le sujet plus que les méningites qui seraient leur objet.

[3] https://dashboard.covid19.data.gouv.fr/suivi-des-tests?location=FRA.

[4] On pourra lire dans la Revue C-Politix, notamment :

[5] On pourra lire Le Figaro : AstraZeneca : les moins de 55 ans devront recevoir une deuxième dose d'un autre vaccin, recommande la Haute Autorité de santé, daté du 9 Avril 2021. On peut y lire ce verbiage ridicule :

Nouvel épisode dans la série AstraZeneca. Après que l'Agence européenne du médicament (EMA) a reconnu qu'il existait des risques "très rares" de caillots sanguins après une injection du vaccin anglo-suédois, la Haute Autorité de santé française s'apprête à publier un communiqué préconisant une deuxième dose d'un autre vaccin pour les moins de 55 ans.

En effet, depuis le 19 mars, seuls les Français dont l'âge est supérieur peuvent se faire vacciner avec AstraZeneca. Une décision qui intervient alors que près de 600.000 personnes, majoritairement des membres du personnel soignant, avaient déjà reçu leur première injection. Quelle seconde dose faut-il alors leur administrer ? La Haute Autorité de santé semble opter pour un vaccin ARN messager soit Pfizer ou Moderna, efficaces à 95%.

"C'est totalement logique", a réagi vendredi 9 avril le ministre de la Santé Olivier Véran sur RTL. Limiter les injections AstraZeneca "est une mesure de précaution" et "il est tout à fait normal de proposer une deuxième injection d'ARN messager dans les 12 semaines" qui suivent afin de respecter les délais.

La France n'est pas le seul pays à prendre une décision de la sorte. Déjà l'Italie et l'Espagne avaient choisi la prudence, annonçant jeudi réserver le vaccin du laboratoire anglo-suédois aux plus de 60 ans, tandis que la Belgique le destine désormais aux plus de 55 ans et le Royaume-Uni aux plus de 30 ans. D'autres ont fait un choix plus radical comme la région de Castille-et-Leon, dans le nord-ouest de l'Espagne, qui a, elle, totalement suspendu son utilisation, tout comme le Danemark.

[6] Lire Vida, VACCIN OXFORD-ASTRAZENECA CONTRE LA COVID-19 : RIEN NE SERT DE PARTIR À POINT SI C'EST POUR SE PERDRE EN ROUTE… publié le: 15 Décembre 2020. On peut y lire cette analyse des essais cliniques menés par AstraZeneca et utilisés par ce fabricant pour emporter le marché de la vaccination COVID :

l'essai COV001 est une étude de phase I/II, menée au Royaume-Uni sur 1077 personnes âgées de 18 à 55 ans (2 injections à 4 semaines d'intervalle), en simple aveugle, où le groupe témoin recevait 2 injections d'un vaccin contre la méningite (dans le but d'empêcher les participants de savoir s'ils avaient reçu le vaccin ChAdOx1-nCoV19, les effets immédiats typiques d'une vaccination pouvant avoir lieu dans les 2 groupes) ;
l'essai COV002, de phase II/III, mené au Royaume-Uni sur 7 548 personnes âgées de 18 à 55 ans (puis étendu à des sujets plus âgés), en particulier des soignants et des travailleurs sociaux, en simple aveugle, utilisant également un vaccin contre la méningite comme placebo (voir ci-dessous pour une description plus détaillée de cette étude complexe) ;
l'essai COV003, de phase III, mené au Brésil sur 4 088 personnes âgées de plus de 18 ans, notamment des soignants, en simple aveugle, avec 2 injections à un intervalle allant de 4 à 12 semaines, le vaccin contre la méningite étant le placebo de la première injection et un soluté physiologique celui de la seconde ;
l'essai COV005, de phase I/II, mené en Afrique du Sud sur 2 130 personnes âgées de 18 à 65 ans, en double aveugle, avec 2 injections séparées par 4 semaines, un soluté physiologique comme placebo et un sous-groupe de 100 patients séropositifs pour le VIH/sida.

[7] On peut lire : COVID-19 Vaccine (ChAdOx1-S [recombinant]), document produit par AstraZeneca à l'Ema et disponible sur le site de cette Agence. Plusieurs risques importants ont été considérés par AstraZeneca notamment au niveau neurologique ou sur l'association avec d'autres vaccins. Aucun effet n'a été étudié mais aucune raison pour les craindre n'a été retenu. Le risque thrombotique n'a pas été évoqué. Il est pourtant - dans la limite pourtant étroite des déclarations d'effets adverses - suffisament grave pour avoir tué plusieurs dizaines de vaccinés.

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[8] On peut lire notamment :

Ces données ne dépendent pas de la marque du vaccin, mais de l'action de la protéine S induite notamment par les vaccins Pfizer ou Moderna.



Revue C-Politix
(c) 9 Avril 2021