Ukraine. Vers une guerre européenne

Philippe Brindet - 22 Juillet 2022

Les faits

Thèse : le côté russe

En 2014, suite au coup d'Etat de Kyev qui a installé un régime pro-américain et anti-slave, la Russie a annexée la Crimée. En 2014 et 2015, la Russie a négocié avec l'Ukraine, elle-même sous la garantie de l'Allemagne et de la France, des accords visant à protéger la vie des russophones menacés par le régime installé par les Etats-Unis lors du coup d'Etat de 2014. Au terme de ces Accords - dits Accords de Minsk [1] - les teritoires russophones du Donbass devaient recevoir une autonomie destinée à protéger leurs populations d'un tropisme qualifié de néo-nazi, et certainement anti-slave, des populations de l'ouest ukrainien. En février 2022, la Russie, après trois mois de manoeuvres militaires en Biélorussie à proximité des frontières nord kiéviennes, après avoir reconnu l'indépendance de trois républiques autonomes correspondant aux oblast de Louhansk, Donetsk et Kherson, lance une opération militaire spéciale destinée selon le Kremlin :

  • à interdire une installation de l'OTAN sur le territoire ukrainien ;
  • à dénazifier le régime kyévien ; et
  • à protéger les populations russophones d'Ukraine des exactions du régime kyévien.

Au 20 juillet 2022, l'opération militaire a occupé une grande partie de l'Est ukrainien. Elle a reflué de la partie nord après s'être avancée jusqu'à Kiev. Les armées des républiques autonomes et de la Russie procèdent avec rigueur sur un front de plus de 1.000 kilomètres de sorte que le territoire de la République de Louhansk est entièrement sous contrôle, ceux de Donetsk et de Kherson sont largement sous contrôle et, sont sous action militaire, les oblasts de Kharkov, et de Zaporija, tandis que le reste de l'Ukraine, et particulièrement, la région d'Odessa, est régulièrement bombardé par des missiles et des avions russes. Après avoir annoncé ses buts militaires, la Russie a dit que, sans être opposée à des négociations, elle augmenterait ses exigences, territoriales notamment jusqu'à la conclusion de la paix.

Poutine a toujours dit ce qu'il ferait.

Antithèse : le côté américain

La thèse russe a le mérite de la simplicité et de la clarté. Malheureusement, elle est entièrement contestée par l'antithèse américaine.

Selon la thèse américaine, emporté par une juste colère, le peuple ukrainien s'est révolté en 2014 contre les pantins mis en place par la Russie à Kiev et les ont chassé lors de la Révolution de Maïdan. Depuis, un régime démocratique, dont le premier président a été Porochenko, s'est instauré et donne toutes les satisfactions démocratiques à la communauté internationale.

Mais, menée par un dictateur sanguinaire, un criminel de guerre, Poutine, la Russie agresse constamment les efforts de l'Ukraine à rejoindre la communauté internationale. Elle a annexée l'Ukraine et fomenté des troubles dans le Donbass, certainement pour se fournir un alibi à une intervention militaire qui ,n'a pas manquée en février 2022.

Depuis cette date, le camp des démocraties soutient la juste lutte du peuple ukrainien, réuni sous son héroïque président Zelinsky qui résiste avec succès aux menées iméprialistes de la Russie qui écrase le peuple ukrainien de ses crimes de guerre. Le soutien de l'Amérique et de l'Europe passe par une coopération diplomatique sans faile avec le régime de Zelinsky, mais surtout par un soutien financier s'élecvant déjà à pluis de 70 milliards de dollars et à la livraison d'une grande quantité d'armes diverses au format OTAN, dans des conditions de financement douteuses.

Le fait que des conseillers militaires et administratifs, tant américains qu'européens, travaillerait avec l'administration ukrainienne n'est pas contesté mais reste ... disons confidentiel.

Synthèse : que penser de tout ces fracas.

L'écart entre la thèse russe et l'antithèse américaine est tel qu'il n'existe pas d'autre solution que de transformer la "simple" opération militaire spéciale de la Russie sur le territoire de l'Ukraine en conflit mondial.

Très clairement, depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Vladimir Poutine a eu un seul objecti : restaurer la puissance industrielle et militaire de la Russie pour lui permettre de se dégager de l'impérialisme américain. Il faut à ce propos se souvenir que, au siège de la plupart des sociétés russes un peu importantes, il existait un bureau dans lequel flottait le drapeau américain et qui était occupé par un agent de la CIA qui contrôlait chaque fait et geste de la direction de l'entreprise russe de façon à transférer vers les Etats-Unis le maximum des ressoruces industrielles et technologiques de la Russie soviétique disparue.

Ce pillage de la Russie libérée du communisme par son occupant américain s'est accompagné d'une corruption absolument invraisemblable mêlant anciens apparatchicks soviétiques aux businessmen américains - ou autres - qui s'emparaient des bribes de l'empire écroulé pour se les revendre les uns aux autres, tandis que l'Etat américain tentait, à l'aide d'organisations internationales, à commencer par la Banque mondiale, et d'ONGs, de s'emparer du contrôle de l'Etat russe vacillant. La grande cause de la haine du régime américain à l'égard de Poutine vient de ce que Poutine est parvenu à le chasser de Russie et à réussir une grande partie de ses objectifs industriels et militaires.

Or, les américains, politiciens et affairistes fraternellement mêlés, ont procédé exactement de la même manière en Ukraine et dans les autres anciennes Républiques soviétiques. Mais, à la différence de la Russie, les américains ont parfaitement réussis en Ukraine. La corruption des apparatchicks locaux, Porochenko et Zelinsky en tête, la corruption des affairistes et politiciens américains qui se sont emparés des richesses de l'Ukraine - Biden père et fils en tête - est proprement ahurissante [2].

Un conflit mondial est de plus en plus possible dans la situation actuelle particulièrement parce que les USA se sont suscités deux zones distinctes - encore pour un moment - de combats acharnés : en Europe avec la Russie, en Asie avec la Chine, sachant que la Russie et la Chine sont alliés avec la plupart des pays du monde et que l'Europe est à peu près la seule zone économique vassalisée par les USA.

Mais, les USA sont probablement incapables de la moinde guerre. Ils ont été incapables de gagner la moindre guerre depuis 70 ans pour des raisons qui tiennent à leur dégénerescence. Population amollie, divisions effrayantes en riches et pauvres, progressistes et conservateurs, minorités dissolvantes, et économie complètement ruinée. La solution que semble vouloir mettre en oeuvre les USA serait de faire combattre les Européens contre la Russie et les japonais, les sud-coréens, les taïwanais et peut être les philippins contre la Chine. Mais ces vassaux sont strictement incapables de conduire la moindre guerre : armées squelettiques, sous-équipées, complètement démilitarisées. Dans les Etats de ces deux zones d'influence américaine, on ne perçoit même plus la différence entre l'Armée et une police de la route.

En Europe, pour des raisons historiques et à cause d'un développement économique qui les place peut être dans une dégénrescence moins marquée, les anciennes populations d'Europe centrale sont plus susceptibles de faire la guerre pour le compte des américains. Il en résulte que, si le conflit ukrainien dégénère, il est vraisemblable qu'il verra l'entrée en guerre d'Etats comme les états baltes, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, la Macédoine et la Slovaquie. Mais, des Etats comme la Hongrie ou la République tchèque, la Serbie ou la Grèce semblent plus proches de Moscou que de Washington, malgré les rodomontades suscitées par la diplomatie américaine.

Cependant, l'Europe - la zone économique la plus stupide que l'Histoire ait jamais représentée - s'est presque déjà auto-détruite en s'imposant des sanctions économiques qu'elle croyait - trompée par la corruption américaine - imposer à la Russie. Le comportement desEtats européens a perdu depuis longtemps toute rationalité. On peut donc craindre le pire, à commencer par une guerre biologique et pour finir une guerre nucléaire. A moins que les européens soient tout de même trop paresseux pour se lancer dans l'aventure.


Notes et commentaires

[1] Les textes de ces accords sont inaccessibles. J'ai trouvé seulement dans The Telegraph, Minsk agreement on Ukraine crisis: text in full, Oliver Gill - 12/02/15.

[2] Lire un article de Associated Press : Ukraine graft concerns resurface as Russia war goes on, By MATTHEW LEE and NOMAAN MERCHANTJuly 20, 2022. Lire dans la Revue C-Politix :

  • La question russe. Observations françaises, Philippe Brindet - 17 Mars 2022 ;
  • Observation d'une guerre de civilisations avec la Russie, Philippe Brindet - 27 Mars 2022.

  • Revue C-Politix (c) 19 Juillet 2022