Guerre en Ukraine. Nouvelle de l'offensive ukrainienne.

Philippe Brindet - 09/07/2023

Points de situation précédents :
le 24-06-23
le 21-06-23
le 08-06-23
le 05-06-23

1 - Etat Général du conflit

Nous sommes tributaires de trois sources souvent en contradiction : le camp occidental qui dépend largement de l'information officielle du régime Zelinsky ; la source russe, essentiellement les communiqués du Ministrère russe de la défense ; et les sources ouvertes, libres des parties au conflit, mais qui ou bien adhèrent aux motivations d'un camp ou de l'autre de façon explicite ou bien tentent de produire des informations et/ou des opinions indépendantes souvent de bonne foi sans être irréprochables.

Depuis l'offensive ukrainienne démarrée vers le 4 juin 2023, le camp occidental est passé rapidement de l'enthousiasme excessif à un abattement soudain. Le camp russe a été fortement perturbé par la rebellion Wagner-Prigozhin mais semble toujours acquis aux objectifs et moyens de l'opération militaire spéciale décidée par le Kremlin. Le camp occidental attend beaucoup - on se demande pourquoi, mais on verra bien - du prochain sommet de l'Otan à Vilnius. D'ailleurs beaucoup des efforts des forces de Zelinsky sont dirigés vers le but de flatter le camp occidental qui a déjà consenti à un effort tant financier que de matériel militaire élevé.

Sur le terrain, l'offensive ukrainienne n'a pas réussie en ce sens qu'elle n'entraîne encore aucun bouleversement du front et ne menace pas le front russe. De l'autre point de vue, si les russes résistent, ils n'ont pas menée de conre-offensive et n'ont pas tenté d'exploiter la prise de Bakhmut. Ils auraient en effet dû lancer une offensive par Ivanitske et Chasiv Yar, sur Kramatorsk au Nord.

Au lieu de cela, les forces de Zelinsky ont attaqué Bakhmut par le Nord - vers Soledar et vers Berkhivka - et par le Sud - vers Klischevka et vers Kurdimievka. Leurs assauts directs sur Bakhmut ont été innefficaces. Par contre les assauts au Nord et au Sud sont parvenus à faire reculer significativement des russes. Depuis quelques jours, il semble que les ukrainiens soient contraints de faire tourner leurs unités pour les remplacer après des pertes très élevées.

Les Russes depuis le début de l'offensive ukrainienne ont menée une opération le long de la rivière Oskil vers Koupiansk. Cette opération les a amené aux portes de cette ville au Nord et à l'Est et les forces russes semblent fortement implantés en ce lieu malgré les efforts des forces ukrainiennes.

Ailleurs, l'initiative est largement ukrainienne. Après les attaques combinées blindés- infanterie, les ukrainiens ont subies de lourdes pertes en matériel et aussi en aviation. Il semble qu'ils aient admis l'inadaptation du matériel occidentale dans cette offensive et qu'ils aient décidé de réduire la masse d'infanterie pour chaque attaque - maintenant de l'ordre de l'escouade jusqu'à la compagnie - et presque sans appui blindé. Les russes maintennent leur tactique qui consiste à frapper les ukrainiens en champ découvert avec l'artillerie, les missiles, les drones et l'aviation et s'ils parviennent aux lignes de défense, de faire reculer l'infanterie russe sur une position de secours. Lorsque les ukrainiens se retirent ou sont affaiblis, les russes reprennent leurs positions.

En fait, les ukrainiens recommençant dix fois leurs assauts finissent par occuper des positions russes plus de temps que les russes ... Mais il semble que leurs pertes humaines soient très importantes.

Or, cette tactique ukrainienne - et la réponse russe - est appliquée presque partout sur le front. Les points les plus importants sont :

  • Kherson, pont Antonovski : rotation de commandos ukrainiens sur la rive russe du Dniepr ;
  • Kherson en amont du barrage détruit de Kakhorvka : au moins deux points d'attaque ukrainens distants de 10 kiliomètres ;
  • Zaporizhia : deux points d'attaque ukrainiens sur Pyatikharki et 10 kilomètres à l'est au sud de Orikhiv (le fameux "Bradley Square") ;
  • Entre Levadne et Novodonetsk : avance notable des ukrainiens, qui sont depuis bloqués et perdent énormément de matériel et d'hommes
  • Makiivka, Adievka, forêt de Serebriansk, ... : combats souvent confus et rarement décisifs entre ukrainiens et russes, et ce, depuis plusieurs mois.

2 - Les relations entre l'Ukraine et les Etats-Unis

Le but des Etats-Unis est de provoquer grâce à la guerre en Ukraine une chute du ... régime de Poutine. L'idée paraît étrange mais elle se défend si on adopte le point de vue américian. Agresseur, Poutine expose son pays à des sanctions financières et économiques qui vont ruiner son pays et priver son régime de tout soutien populaire. Ajoutez à celà une ingérence classique pour les USA comme pour les "révolutions de couleurs" et la Russie serait facilement démémbrée. L'Ukraine ? Qu'est-ce que c'est ?

De son point de vue, Zelinsky appartient au système de corruption occidental. Il "tient" probablement Biden et certainement des personnalités du parti démocrate comme Victoria Nuland et sa famillle - d'origne ukrainienne d'ailleurs - par la connaissance des corruptions conduites par Joe Biden depuis bien avant le coup d'état de 2014. Zelinsky sait que lorsqu'un occidental annonce 1 millard de dollars d'aide militaire ou économique, il lui en est réservé une petite partie. Et il connaît celle réservée à Biden, puisqu'il fait partie des sociétés communes entre les oligarques ukrainiens et le gang Biden.

En réalité, la corruption est bien plus étendue que celle animée par Biden. Il existe très évidemment une corruption qui vise l'Allemagne et une partie des institutions européennes, mais aussi la Grande-Bretagne et une partie des institutions liées à l'Otan. Mais, pour les relations avec les USA, tant que la corruption Biden n'aura pas été dénoncée et abattue aux USA, le régime Zelinsky se maintiendra - sous réserve que la Russie le laisse survivre - grâce à l'aide occidentale qui finance donc les mafias occidentales, et jusqu'au dernier ukrainien.

Au point de vue de la stabilité politique, Zelinsky vient de passer une loi qui suspend toute élection politique en Ukraine jusqu'à nouvel ordre. Il est donc assuré du pouvoir tant qu'il le désire. Et pourquoi voudriez-vous qu'il l'abandonne ?

3 - Les relations entre l'Ukraine et l'Union européenne

L'Union européenne est dirigée d'une main de fer par une femme encore plus corrompue que Biden lui-même. Entièrement dans les mains du géant pharmceutique Pfizer - appartenant à l'hyper-milliardaire Bill Gates - elle a tout intérêt à maintenir un état de guerre puisqu'il assure encore à son patron la priorité sur le marché agricole. Gates est devenu en effet le plus grand propriétaire de terres agricoles en Ukraine. Le "deal" sur les grains n'avantage qu'un seul opérateur Bill Gates. Il en résulte que les relations de Zelinsky à la fois avec l'UE de von der Leyen et l'Otan sont destinées à rester excellentes quel que soit le résultat des combats.

Cependant, parmi les Etats européens, tous n'ont pas le même niveau de corruption avec Zelinsky. Il se forme deux groupes d'Etats. Le premier, représenté par la Hongrie, non seulement a des tendances pro-russes marquées, mais il a aussi des tendances anti-ukrainiennes liées a fait que l'Ukraine opprime des minorités ethniques liées avec les pays de ce groupe. Le régime des sanctions occidentales contre la Russie sont donc extrêmement mal ressenties. C'est d'ailleurs le cas aussi du second groupe de pays qui peu à peu découvrent :

  • que les sanctions économiques et financières imposées par les USA contre la Russie n'ont aucun effet négatf contre la Russie ; et
  • que ces mêmes sanctions économiques et financières n'ont d'effet négatif que ... sur ces mêmes Etats européens ...

Certains des Etats de ce second groupe adhèrent encore au régime imposé par les USA parce que leur caste dirigeante est entièrement corrompue par les américains. C'est le cas de l'Allemagne dont une grande partie des politiciens au pouvoir appartiennent au régime américain. Un exemple de cette appartenance est la ministre des Affaires Etrangères Baerbock ou le ministre de la défense Pistorius. Mais, il semble que la prétendue "contre-offensive" ukrainienne soit un peu la "dernière chance" laissée à Biden et Zelinsky avant que les Etats vassaux ne se révoltent.

A priori, une telle "révolte" ne devrait pas affecter ni Biden, ni Zelinsky ...

4 - La situation russe

Une fois de plus, les prévisions occidentales que les moyens industriels de la Russie ne lui permettraient pas de soutenir une guerre contre l'Ukraine appuyée par l'occident, et ce, d'autant plus que les fameuses sanctions financières et économiques étaient présumées jouer ce rôle. Or, au contraire, les ressources de la Russie lui permettent de soutenir un feu anormalement élevé pour une guerre de haute intensité. Et au contraire, les occidentaux sont à cours de munitions de sorte que l'appui feu est en faveur des russes dans le rapport estimé de 1 à 8 et même de 1 à 10.

De même, les occidentaux affirmaient que les fameux missiles hypersoniques russes ne seraient pas hypersoniques et qu'ils feraient rapidement défaut à l'armée russe. Ils ne font ni défaut et ils sont sui hypersoniques qu'il a fallu aux Ukrainiens remballer les batteries de défense anti-missiles Patriot. De même pour les drones, les occidentaux se moquaient de l'industrie russe qui, selon eux, serait contrainte d'acheter des drones "artisanaux" à des pays du Tiers-monde comme ... l'Iran ! La presse occidentale depuis plusieurs mois ne rapporte pratiquement plus aucun bombardement russe sur l'Ouest de l'Ukraine. Or, ces bombardements sont tout aussi nombreux qu'auparavant.

La surprise du "coup" de Prigozhin n'a pas durée. D'autant que ni les Ukrainiens, ni les occidentaux n'ont été capables - à notre connaissance - d'en tirer le moindre profit, sauf de propagande qui ne touche plus que les populations de l'occident américanisé.

Nous ignorons complètement l'état de l'armée russe. Il existe très peu d'informations sur l'incorporation des recrues de décembre 2022 ni sur leur attitude au combat. Beaucoup d'analystes occidentaux estimaient que la population russe se révolterait à cause de l'appel aux réservistes fait par Poutine alors. Il semble que l'état-major russe ait procédé à d'autres levées de troupes et le soutien des russes au régime d'après les sondages est toujours aussi élevé. Nous ignorons l'état des pertes en hommes et en matériel. Selon des analystes militaires indépendants, ces pertes seraient de 3 à 6 fois inférieures à celles des ukrainiens. Mais ce n'est pas une information et seulement une supposition basée sur le ratio des appuis feu.

Il semble que la fameuse offensive ukrainienne ne soit pas une inquiétude majeure pour les Russes. Cependant, deux événements proches doivent attirer leur atention. Tout d'abord le sommet de l'Otan à Vilnius, devrait maintenir le soutien économique et militaire des occidentaux à l'Ukraine. Peut être la promesse de la livraison de chasseurs américains F-16. On parle aussi de munitions interdites par les conventions internationales, notamment des obus de 155 mm à sous-munitions, extrêmement dangeruses pour les populations civiles dans la future après-guerre. Mais, il semble que les arsenaux occidentaux ne possèdent plus d'autres munitions de 155 mm, ce qui est tragique pour l'occident.

Le second événement sera la très probable non-reconduction de l'accord sur les grains entre la Russie, l'Ukraine et la Turquie. Cette non reconduction aurait plusieurs implications. Non seulement elle affaiblirait l'économie ukrainienne et ses soutiens comme l'hyper-milliardaire Gates (voir plus haut) mais elle pourrait conduire la Russie :

  • à établir un blocus naval et aérien en Mer noire pour interdire l'activité du port d'Odessa et l'activité aérienne et navale américaine en Mer Noire ; et
  • à envahir au moins l'île aux Serpents qui contrôle le couloir maritime de navigation entre Odessa et le Bosphore et, possiblement, un débarquement russe à Odessa.

On s'interroge toujours sur le lancement d'une offensive russe par le Nord de Kharkov qui descendrait jusqu'à Odessa en coupant le front ukrainien de ses arrières, prenant le gros des forces ukrainiennes entre deux armées russes.


Revue C-Politix (c) 9 Juillet 2023