Guerre en Ukraine. Nouvelle de l'offensive ukrainienne.

Philippe Brindet - 02/08/2023

Points de situation précédents :
19-07-23
le 09-07-23
le 24-06-23
le 21-06-23
le 08-06-23
le 05-06-23

1 - Le conflit vu du côté ukrainien

La situation du côté ukrainien s'enlise presque partout.

  1. Région de Kherson :depuis plusieurs semaines, il ne se passe plus rien de notable d'après les diverses sources consultées. Même au Pont Antonovsky.
  2. Région de Zaporijzia, village de Pyatikharky : toujours des incursions ukrainiennes très limitées et de quelques heures et des duels d'artillerie.
  3. Région de Zaporijzia, au sud d'Orikhiv (ukrainien) : les assauts ukrainiens ont fini par atteindre le sud-ouest de Robotyne. Les russes ont ensuite repris cette zone. On avait noté un effort ukrainien du Nord-Ouest au Sud-Est, suivant les lignes forestières vers Verbove. Ils ont fait peu de progrès et se so,nt retirés depuis.
  4. Région de Donetsk, vallée de Staromajorske (russe) : les ukrainiens se sont emparés de Staromajorske. Mais, il semble que c'était un piège russe et les ukrainiens sont sous le feu des russes qet tienennt avec des pertes énormes.
  5. Région de Bakhmut, village de Klishevska : il est toujours sous le contrôle des Russes. Malgré des efforts vers les villages à quelques kilomètres au sud, les ukrainiens ne progressent toujours pas. Au nord de Bakhmut et à Soledar, les ukrainiens semblent faire une pause. Selon certaines sources, une attaque coordonnée pourrait avoir lieu sur Soledar prochainement.
  6. Les Ukrainiens continuent de réaliser des attaques de drones sur Moscou - quelques drones lents - sur Tangorod et Rostov - sur la Crimée et par drones navals sur la flotte russe en Mer Noire au sud. Sauf par missiles de croisière - Storm Shadow britanniques notamment sur des infrastrucures et dépôts de munitions ou de carburant - ces attaques sont ou bien infructueuses ou bien peu efficaces.

2 - Le conflit vu du côté russe

Les russes sont entièrement en défense. Cependant, certaines sources - comprenant des sources ukrainiennes - font état d'une armée russe de 100.000 hommes et 900 chars, 650 systèmes d'artillerie et 300 lance-missile multiples qui serait actuellement stationnée à l'Est de Kharkov dans l'oblast de Lougansk. S'agit-il d'une offensive russe ? Pointera t'elle sur Kharkov ou vers le sud vers Koupiansk, puis Kramatorsk ? Une autre force militaire est en prératioon en Biélorussie. Les forecs privées Wagner sont installés en Biélorussie où leur rôle se limiterait encore à entraîner l'armée biélorusse. Ces forces menacent Kiev et l'Ouest de l'Ukraine.

  1. région de Lougansk, Koupiansk : les russes ne progressent plus ;
  2. région de Lougansk, Svatove : les russes ont lancé il y a une semaine une offensive très importante sur . Ils ont progressé en deux jours de 5 kilomètres sur un front de 10 kilomètres. Aprè_s un flottement, les ukrainiens ont contre-attaque et ont repris une partie de l'avance en deux colonnes au Nord et au sud de la tête de pont russe qui se maintient. Celle-ci leur fait traverser la rivière Zerebrest. Mais, l'avancée vers Borove semble remise à plus tard.
  3. région de Donetsk, Torske : les russes ne progressent plus.
  4. région de Donetsk, Dibrova : les russes ne progresent plus.
  5. région de Donetsk, forêt de Serebriansky : les russes ne progressent plus.
  6. region de Donetsk, village de Bilohorivka : les russes ne progressent plus depuis un mois ;
  7. région de Donetsk à l'ouest de la ville : les russes ne progressent plus sur les villes de Avdievka et de Mariinka qu'ils occupent presque complètement ;
  8. région de Donetsk, Ugledar : les russes ne progressent plus vers ce village qui reste ukrainien.

Les Russes ont démarré des destructions massives de positions ukrainiennes au Nord de Kharkov, qu'ils bombardent plus massivement depuis une semaine. Il semble que les Russes veulent réduire la force ukrainienne à la frontière Nord peut être pour lancer une offensive depuis Belgorod.

Après un bombardement russe sur le port ukrainien de Reni sur le Danuble, il semble que l'évacuation des grains ukrainiens par la Roumanie et le Sud de la Mer Noire ne soit plus envisagée.

3 - Quelques observations

La stratégie russe qui consiste à attendre les assauts ukrainiens pour les réduire par artillerie, mines, missiles, drones et drones suicide, mais aussi avec hélicoptères pourrait expliquer l'hypothèse non démontrée qu'ils auraient beaucoup moins de pertes que les ukrainiens. Cette hypothèse est vraisemblable. Le but de cette "opération militaire spéciale" ne serait pas d'annexer l'Ukraine. Ce serait d'éliminer totalement ses forces militaires. Une reddition de l'armée ukrainienne - absolument pas envisagée par l'Otan et l'Union européenne ... - serait donc une catastrophe pour cette stratégie russe si elle intervenait "avant" cette destruction totale.

Cette stratégie ne serait "gagnante" qu'à plusieurs conditions :

  • l'industrie russe doit soutenir l'effort de guerre aussi longtemps qu'il existe un vestige de forces armées ukrainiennes ;
  • les peuples russes doivent conserver la confiance dans leurs dirigeants, et pas seulement en Poutine, même si les pertes russes finiront immanquablement par peser sur leur moral ;
  • le gouvernement russe doit être capable de dicter aux USA, maîtres des ukrainiens, des conditions de "paix honorable" qui assureront la démilitarisation de l'Ukraine et sa "désotanisation". L'Union européenne ne compte pas.

Chacune de ces trois conditions est plus difficile l'une que l'autre, de la première citée à la troisième. Notamment, la capacité des Etats-Unis à accepter les conditions de la Russie est extrêmement douteuse dans la mesure où les Etats-Unis n'ont engagé que des moyens d'assistance qui, somme toute, leur ont peu coûté. Cependant, il semble que la capacité industrielle des Etats-Unis - ne parlons pas de celle de leurs "alliés - vassaux" - ait atteint ses limites depuis quelque temps. De même, l'efficacité militaire des armes sophistiquées - comme les missiles Patriot par exemple, ou les blindés Bradley, ou encore les bombes guidées - a été sérieusement mise en doute par la pratique ukrainienne.

On note que malgré ces inconvénients, les succès des forces ukrainiennes soient largement dus à la puissance des informations compilées et transformées en ordres tactiques pour les unités de l'armée ukrainienne. C'est aussi vrai de la détection des attaques russes et de leurs mouvements de troupes et de matériels, que de la préparation des attaques ukrainiennes. Notamment, le rôle des britanniques dans les attaques sur la Mer Noire, la Crimée et en Russie semble de plus en plus démontré. Et ce rôle ne serait pas limité à de l'information.

En matière de communication, l'aide américaine serait largement réalisée par le don gratuit du réseau de communication privé Starlink appartenant à Elon Musk. C'est par ce réseau que les ukrainiens contrôlent leurs drones. Mais, il serait aussi largement utilisé par les unités combattantes sur le terrain. Les informations concernant la bienveillance de Elon Musk à l'égard de ses "hôtes" ukrainiens sont assez contrastées. Il aurait exigé d'être payé de ses services de communication. On ignore ce qu'il en est. Mais Musk aurait aussi bloqué les communications ukrainiennes en dehors du territoire ukrainien. La question de savoir alors quel réseau de communication les ukrainiens utilisent lors de leurs attaques en Russie, en Crimée et en Mer Noire est posée.

La participation de Musk à l'effort de guerre ukrainien s'explique notablement parce que les entreprises de Musk ont été historiquement créées avec des fonds versés par la CIA via deux de ses fonds d'investissement. Musk n'aurait peut être pas eu son mot à dire en "prêtant" son réseau Starlink à l'Ukraine. Qu'il puisse "bloquer" ses communications est donc douteux. Il n'y a pas d'écho d'une contre-réaction russe à l'activité de Starlink. Mais étant un réseau privé, les russes pourraient considérer qu'ils pourraient détruire les satellites de Musk, sans que cela soit un acte de guerre contre les Etats-Unis. Il semble selon plusieurs sources qu'ils savent déjà le pénétrer. Sera-ce suffisant ?

L'autre versant de l'opération militaire spéciale russe viserait à affaiblir militairement et économiquement les Etats-Unis et leurs vassaux européens. Notamment le niveau de combat des unités russes, aguerries par l'opération militaire spéciale est devenu sans comparaison avec le niveau opérationnel des forces occidentales. Quant au domaine économique, malgré les rodomontades de ses médias - qui ne servent qu'à contrôler la méfiance très limitée des populations occidentales - il semble être à la peine. Et il ne faut pas se limiter aux déclarations publiques des autorités occidentales sur l'inflation qui est immanquablement "contrôlée" ou même "jugulée" ... Lle niveau industriel de l'occident s'effondre notamment à cause de la perturbation de son marché de l'énergie. Or, cette perturbation n'est que partiellement causée par la Russie. Une part - peut être majoritaire - de cette gabegie est provoquée par l'idéologie "net zero" que l'occident a développé "patiemment" depuis plus de vingt ans.

Quant à la capacité "nucléaire" de l'armée américaine, entre sa décadence continue depuis 70 ans et l'avance technologique de la Russie en lanceurs et missiles anti-missiles, elle me paraît d'autant douteuse que les occidentaux l'agitent comme un épouvantail. Pour dire les choses plus nettement, la plupart des installations nucléaires américaines pourraient se révéler obsolètes, ou même incapables de fonctionner. Beaucoup de sites ont plus de 50 ans d'âge. C'est le cas par exemple des vecteurs B-52. Et quant aux nouveaux vecteurs B-1 et B-2, ils ressemblent au chasseur F-35 qui aligne les défaillances et les interdictions de vol. La dernière ? Le F-35 peut être détruit par un orage. Il doit donc voler écarté de 50 kilomètres de toute zone orageuse ...

Nous vivons des temps incertains ... avec arrogance.


Revue C-Politix (c) 02 Août 2023