1 - Le conflit vu du côté ukrainien

Si les progrès sont faibles, il faut souligner que les assauts se font sur de nombreux points du front. On note :

1. Région de Kherson Pont Antonovsky : les ukrainiens sont toujours sur la rive sud du pont. Ils ne font aucun progrès vers le sud, ni pour étendre la tête de pont. Ils ont miné la zone russe de sorte que les russes ne s'approchent plus de l'endroit.
2. Région de Zaporijzia, village de Pyatikharky : les ukrainiens qui depuis plus d'un mois font des aller-retours fréquents, ont fini par occuper "définitivement" le village ainsi qu'un bois à l'ouest du village. Ils tentent ainsi de progresser vers le sud-ouest vers le village de Zherebrianky.
3. Région de Zaporijzia, au sud d'Orikhiv (ukrainien) : les assauts ukrainiens continuent de se briser sur les défenses russes et il n'y a pas de progrès
4. Région de Zaporijzia, village de Robotyne (russe) : les assauts ukrainiens continuent de se briser sur les défenses russes et il n'y a pas de progrès
5. Région de Donetsk, vallée de Staromajorske (russe) : les assauts ukrainiens continuent de se briser sur les défenses russes et il n'y a pas de progrès
6. Région de Bakhmut, village de Klishevska : après deux semaines d'aller-retours, les Ukrainiens sont revenus en force. Ils viennent de remporter un succès soudain : ils auraient occupé les hauteurs à l'Ouest du village situé au Sud de Bakhmut. Etant dans une vallée, il est probable que les russes vont devoir se retirer vers l'Est sur les hauteurs de l'autre versant de la vallée qui ouvre l'accès au sud de Bakhmut. Sauf si les russes font une contre-offensive efficace ...
7. Crimée, Pont de Kersh : deux drones navals ukrainiens venant de la Mer d'Azov ont percuté au moins une pile du pont de Kersh. Seule la partie routière est interrompue sur 100 mètres, tandis que le traffic ferroviaire est inchangé. La performance se situe surtout de la provenance des drones, la mer d'Azov étant sous contrôle de la seule marine russe.

2 - Le conflit vu du côté russe

Les russes sont entièrement en défense. Cependant, certaines sources - comprenant des sources ukrainiennes - font état d'une armée russe de 100.000 hommes et 900 chars, 650 systèmes d'artillerie et 300 lance-missile multiples qui serait actuellement stationnée à l'Est de Kharkov dans l'oblast de Lougansk. S'agit-il d'une offensive russe ? Pointera t'elle sur Kharkov ou vers le sud vers Koupiansk, puis Kramatorsk ?

1. région de Lougansk, Koupiansk : les russes font une offensive limitée vers le sud sur Radkivka ;
2. région de Donetsk, Torske : suite à une avance importante vers l'ouest la semaine passée, les russes semblent viser le village de Torske, peut être pour couper la route de Terny au Nord.
3. région de Donetsk, Dibrova : les russes avancent très lentement vers l'Ouest ;
4. région de Donetsk, forêt de Serebriansky : les russes avancent très lentement vers l'Ouest et vers le sud ;
5. region de Donetsk, village de Bilohorivka : les russes ne progressent plus depuis un mois ;
6. région de Donetsk à l'ouest de la ville : les russes ne progressent plus sur les villes de Avdievka et de Mariinka qu'ils occupent presque complètement ;
7. région de Donetsk, Ugledar : les russes ne progressent plus vers ce village qui reste ukrainien.

Les Russes ont annoncé qu'ils se retiraient de l'accord d'Istambul sur les grains. Il en résulte que l'Ukraine ne peut plus utiliser la Mer Noire pour vendre ses grains. Et pour réintroduire des armements clandestins au retour des cargos. Les Ukrainiens ont alors lancé une attaque contre le Pont de Kersh qui a été partiellement détruit. En rétorsion à l'attaque contre le pont de Kersh, les russes ont lancé des attaques massives de missiles, notamment sur Odessa. Selon plusieurs sources, il semble que la Défense anti-aérienne ukrainienne n'ait pas réagi.

Les Russes ont informé les Africains qu'ils étaient disposés à se substituer aux ukrainiens pour la fourniture de grains. On sait cependant que la majeure partie des grains ukrainiens est destinée à l'Europe.

3 - Quelques observations

La question des munitions ukrainiennes

On note que deux types de munitions "Otan" font débat : les obus à uranium appauvri pour leurs effets néfastes sur les régions bombardées et les munitions à sous-munitions, à cause de la dispersion d'explosifs actifs dangereux pour les civils après la guerre. Pour l'uranium appauvri, il ne semble pas qu'il ait été utilisé par les Ukrainiens. Mais il existe une probabilité élevée que le stock de ces munitions à uranium appauvri ait été détruit par un bombardement russe, il y a quelques mois dans le centre de l'Ukraine et que le nuage pulvérulent dégagé ait circulé sur l'Europe du Nord. Dans le même ordre d'idées, les ukrainiens auraient utilisés les obus à sous-munitions et, en rétorsion, les russes viennent eux-même de les utiliser sur le front. Il semble que, en calibre 155 mm, l'Otan n'ait plus d'autres munitions que celles-ci ...

Les tactiques ukrainiennes

Les pertes ukrainiennes sont tenues par les sources de toute orientation comme énormes. Après le recours à la tactique de l'Otan, début juin 2023, les ukrainiens semblent se limiter à une tactique adaptée à leur niveau professionnel. Il s'agit de lancer sur tout le front des escarmouches au niveau d'une cinquantaine d'hommes avec quelques transports blindés et un appui de l'artillerie quand c'est possible. Il semble cependant que beaucoup d'hommes soient sacrifiés dans cette tactique. Il faut noter que la tactique de l'Otan n'est applicable que si l'adversaire ne dispose pas de barrage d'artillerie. Or les russes ont un barrage d'artillerie à toute épreuve. Et ils disposent de deux outils majeurs en plus : les champs de mines qui sont des pièges mortels pour de nombreux assauts ukrainiens, et les hélicoptères d'attaque au sol, qui étaient menacés en 2022 par les armes anti-aérienne d'épaule, qui semblent avoir disparues de la dotation de l'armée ukrainienne.

On ignore quel rôle pour un camp ou pour l'autre peut encore jouer l'assèchement du Dniepr par le sabotage du barrage de Kakhovka. On a supposé un moment que les ukrainiens pourraient traverser le Dniepr en face de Energodar. Mais il semble qu'il n'y ait pas de mouvement dans cette région. Dans l'autre sens, les Russes ne mènent aucune opération de traversée du Dniepr. On ne comprend toujours pas l'intérêt de ce sabotage.

Envisager la fin de la guerre en Ukraine ?

Donald Trump a récemment indiqué que, quand il sera élu président, il mettra fin à la guerre d'Ukraine en deux jours. Il compte abolir l'aide à l'Ukraine, retirer toutes les forces américaines d'Ukraine et ordonner aux ukrainiens de trouver un accord avec les russes. Il semble ignorer que ces mesures sont sans efficacité à moins qu'il n'en prenne une préalable : mettre en prison environ 500.000 fonctionnaires, universitaires et "clubistes", rien qu'aux Etats-Unis.

Pour la suite du conflit, on peut penser que les russes attendent l'effondrement de l'armée ukrainienne pour une cause ou pour une autre. Cependant, cet effondrement se fait attendre alors même que les approvisionnements en matériel de l'occident doivent commencer à se raréfier. De même, même si certaines rumeurs font état d'un certain découragement des troupes ukrainiennes et à l'arrière des populations civiles, la combativité des troupes ukraineinens est encore suffisamment élevée pour envisager des assauts répétés. Cette tactique, brutale, semble cependant assez réussie, par exemple à Bakhmut, où la branche sud de l'offensive ukrainienne vient de prendre un avantage. La branche Nord cependant, semble avoir reculée.

Il faut noter que les dirigeants occidentaux commencent à ressentir un manque d'enthousiasme pour soutenir la "cause" de l'Ukraine. La réunion de l'Otan à Vilnius n'a débouché sur rien de concret en faveur de Zelinskyy qui aurait seulement compris qu'il avait reçu un ultimatum : cesser les combats vers Novembre 2023.

Dans cette optique, les russes disposent donc de quatre mois pour infliger le maximum de pertes tant aux ukrainiens qu'aux Occidentaux. A l'heure actuelle, une négociation avec l'Ukraine bloquerait certainement sur l'acceptation des conquêtes territoriales russes. Or, celles-ci manquent de beaucoup de territoires. Les oblasts de Kherson, Zaporizjia, Donetsk et Lougansk ne sont que partiellement ou très partiellement conquis. Et il manque certainement les oblasts de Kharkov et d'Odessa. Par ailleurs, les russes devraient certainement exiger une zone démilitarisée probablement inadmissible pour l'Otan pour un certain temps.

On note que, dans le cadre d'un effondrement subi de l'armée ukrainienne le sort du régime Zelinskyy est certainement terminé. De même, le rôle des armées polonaise, hongroise et roumaine pourrait alors devenir crucial, notamment dans l'Ouest ukrainien. Dans cet aspect, la Biélorussie devra intervenir et probablement occuper l'oblast de Kiev. C'est peut être le rôle du groupe Wagner de former dans ce délai les troupes biélorusses ?

Bien entendu, ces observations sont hautement spéculatives ...