Guerre en Ukraine. Nouvelles de l'opération militaire spéciale.

Philippe Brindet - 13/08/2024

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Les actions sur le front

Deux événements notables sont le fait de l'armée ukrainienne.

L'offensive ukrainienne vers Koursk

Au nord de la ville de Sumy, 4 brigades ukrainiennes ont franchies la frontière russe et, ne rencontrant rien de solide opposé à leur offensive, sont parvenues à occuper une sorte de triangle, pointe au N vers Koursk. Le triangle fait environ 30 kilomètres de hauteur et 30 kilomètres de base.

En plus de la déroute des maigres troupes russes - on parle de conscrits mal armés et pas formés - qui a produite une masse de prisonniers, les premières contre-attaques russes se sont soldées par des désastres de faible ampleur, mais des désastres tout de même. La plupart de ces désastres sont à mettre sur le compte d'une paresse incroyable du commandement russe au niveau de la division et/ou de l'Oblast (région administrative). Ainsi, une colonne blindée russe est elle restée une demie-journée stationnée en plein air. Repérée par les drones ukrainiens - et certainement d'autres ressources otaniennes - elle a été détruite par des tirs de précision de l'artillerie ukrainienne déjà installée en territoire russe.

Ainsi, le village de Zudza a été pris par les Ukrainiens qui contrôlent ici une tête de ligne de gazoduc russe.

Les combats se sont alors intensifiés et des ressources militaires russes sérieuses ont finies, au terme de 4 jours très dommageables pour les russes, par se mettre en place autour de la zone triangulaire d'invasion. Les ukrainiens ont menés plusieurs autres tentatives d'incursion à quelques kilomètres à l'Est et à l'Ouest de leur offensive principale. Il ne semble pas que ces offensives aient abouties.

Dans le triangle russe occupé par l'armée ukrainienne, les combats se sont intensifiés. L'Armée russe a par ailleurs, mis en place un bombardement permanent de l'arrière de l'armée ukrainienne jusqu'à Soumy pour gêner la logistique et les renforcements. L'Armée russe est parvenu à rejeter certains éléments ukrainiens vers le centre du triangle. Mais, l'offensive ukrainienne même si elle semble stoppée, est encore capable d'attaques limitées mais qui franchissent encore les lignes russes.

L'offensive ukrainienne, tout à fait étonnante dans le contexte d'une armée ukrainienne qui semble épuisée dans les combats du Donbass, est loin d'être stoppée.

Il semble cependant que cette offensive était destinée à ouvrir des diversions hors du Donbass. Ainsi, au même moment de l'offensive sur Koursk, les ukrainiens auraient opérés des assauts en face de Kherson et sur le front de Zaporijza. Ces attaques auraient très rapidement été stoppées par l'armée russe.

Cette offensive sur Koursk conduit les russes à écarter toute solution de paix négociée. On note cependant que - à moins qu'une telle chose m'ait échappée - l'état de guerre n'a pas été déclaré entre l'Ukraine et la Russie. La Russie s'est engagée dans une "opération militaire spéciale" qui ne revendiquait pas une capitulation de l'Ukraine. Depuis, la Russie a conduit une annexion de Quatre régions administratives de l'Est ukrainien sur la base de référendums russes, non reconnues par les ukrainiens et leurs alliés.

Comment cette guerre non déclarée peut elle se terminer est une question cruciale. Sa suite "naturelle" serait en effet un élargissement qui met en jeu certainement les Etats baltes et la Pologne, mais possiblement la Scandinavie te le groupe balkanique, Roumanie et Bulgarie. Depuis l'offensive de Kpursk, la Biélorussie alliée de la Russie a commencé à positionner des concentrations de troupes face à la Pologne d'une part et de l'Ukraine d'autre part.

On note que les américains - conférence de Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison-Blanche - ont marqué leur surprise sur cette offensive. Certains analystes occidentaux évoquent le soutien de l'état-major militaire britannique. Il est de fait que la presse officielle occidentale semble quelque peu embarrasée par l'action ukrainienne vers Koursk. On note cependant que cette offensive serait une conséquence naturelle du déblocage d'aides militaires par les Etats-Unis au mois de mai 2024.

On note que l'armée russe évoque de façon plus insistante sur la présence de militaires occidentaux, français notamment. Il n'existe aucune confirmation ni preuve matérielle de cette présence. Mais, elle serait largement rendue nécessaire par l'usage d'armes de haute technologie occidentales, hors de compétence des troupes ukrainiennes. Ce serait le cas notamment des batteries de missiles Sol-air Patriot.

L'attaque ukrainienne contre la centrale nucléaire de Zaporijzja

Selon diverses sources russes et occidentales (AEIA notamment), un bombardement ukrainien par drones aériens auraient incendiée une tour de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijsia, occupée par l'armée russe. Un tel bombadement est de nature à provoquer une catastrophe nuclaire, puisque le défaut de refroidissement de réacteurs nucléaires est de nature à produire une divergence de la masse fissile et de ce fait un accident nuéclaire de grande ampleur.

Les Russes ont indiqué qu'ils sont parvenus à stopper l'incendie et à restaurer des capacités de refroidissement pour garder le contrôle du fonctionnement des réacteurs.

Mais on note que la presse occidentale ne communique que très peu sur cet incident. Cet incident indique la volonté de l'armée ukrainienne d'utiliser une ressource nucléaire civile pour créer un accident atomique majeur. Il s'agit d'un crime de guerre qualifié.

Progrès d'ensemble de l'armée russe au Donbass

Les fronts de Kherson et Zaporijza sont gelés. Il semble ne plus se produire d'actions militaires sauf des bombardements russes visant des dépôts de munitions et autres constructions militaires.L'armée russe a pratiquement repris le front de Robotyne et Vesele.

Plus à l'Est, les russes semblent avoir reconcé à prendre Ugledar par le Sud et ils ont attaqué la route principale à l'Est d'Ugledar qui est aujourd'hui en leur possession. Mais le gros de leurs avancées ont lieu actuellement au NO de Avdievka vers la ville de Porovsk et au-dessus, sur les cités de Niu-York et de Toretsk. Pokrovsk permet aux ukrainiens de tenir le Donbass depuis 2014. La chute de cette ville qui pourrait intervenir avant l'automne, serait une prise stratégique pour les Russes, avant celle de Kramatorsk.

En remontant vers le Nord, il existe quelques progrès russes, mais peu significatifs. Chasiv Yar reste toujours investie par les russes mais, les ukrainiens y restent solidement installés.

Quelques remarques géostratégiques

On attend la sortie opérationnelle des chasseurs F-16 fournis par les occidentaux aux Ukrainiens. De nombreux commentateurs estiment que cette fourniture n'est qu'un message de soutien délivré au pouvoir américian : "Nous sommes pour l'Ukraine, nous sommes pour les Etats-Unis du parti démocrate, ..." Rien de moins, mais rien de plus.

Plusieurs sources soulignent les difficultés de recrutement de l'armée ukrainienne. Ces difficultés rendront impératives la présence militaire d'occidentaux quelqu'en soit le statut, civil ou militaire. Or, on a vu que l'invasion de la Russie par l'Ukraine va redonner de la force aux adversaires russes de Poutine. En effet ce dernier, s'il est chargé de tous les maux possibles et imaginables par les occidentaux, est le politicien russe le plus pro-américain possible. Remplacez le par un Medvedev ou par un Tolstoï, et le drapeau russe flottera de Riga à Odessa. Et peut être plus au sud ... C'est donc la guerre européenne totale qui se rapproche et avec elle, l'intervention des Etats du Moyen-Orient, encouragés par la faiblesse géopolitique de l'Occident.


Revue C-Politix (c) 13 août 2024